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Michèle Hechter (Traducteur)
EAN : 9782020311915
328 pages
Seuil (01/02/1997)
3.64/5   18 notes
Résumé :
A la fin des années soixante, Tristão, jeune noir des favelas de Rio, rencontre Isabel, jeune blanche de la riche bourgeoisie, sur la plage de Copacabana. Leurs amours contrariées par la malédiction d'une mère et l'acharnement implacable d'un père puissant les entraînent toujours plus loin, jusqu'aux confins inexplorès du Mato Grosso. Ils connaîtront la pauvreté, la faim, la violence, la captivité, et de leurs épreuves ils sortiront changés. Pourtant, malgré le dout... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Fantaisie sympathique, agréable à lire, divertissante et souvent drôle, dans la bibliographie de l'auteur américain. Jamais vulgaire mais parfois osée, sa prose fait la part belle à l'extravagance érotique. L'écrivain cite en fin d'ouvrage ses sources d'inspiration mais, à ma surprise, ne fait pas référence, aux deux seules oeuvres que la lecture m'a remémorées : les films "Orfeu Negro" de Marcel Camus ( Palme d'or à Cannes en 1959 et Oscar du meilleur film étranger en 1960 ) et "L'homme de Rio" de Philippe de Broca (1964).
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Brésil est un roman extraordinaire dans tous les sens du terme. J'en ai d'abord énormément aimé le style. Beaucoup d'élégance, de subtilité, d'humour, d'érotisme cru et puissant (Patrick Grainville l'a peut être lu), de fantaisie, de sens du détail et du paysage. Mais c'est aussi un roman qui joue de ses références assumées (Euclides da Cunha, Lévi-Strauss, le roman de Tristan et Iseut, John Hemming, Elisabeth Bishop…) qu'il assemble et transforme, pour obtenir un ensemble hybride qui commence comme un roman social et quasi naturaliste, touristique même, pour progressivement atteindre une dimension épique puis mythologique avant de revenir à un désenchantement pragmatique sans être moral.
Subtilement on a le sentiment que les temporalités progressivement se confondent. On démarre dans les années 60 mais bien des épisodes dans cette odyssée à travers le Brésil semblent appartenir à des époques bien plus lointaines (les chercheurs d'or, le rapt par les indiens…).
On est entre le roman d'initiation, la critique sociale, le poème épique, le récit d'aventures exotiques. Un voyage en forme de fantasme sur le Brésil comme en ferait un auteur qui ne l'a jamais visité mais qui le rêverait à travers les livres, les ouvrages historiques, politiques, poétiques qui l'ont inspiré. C'est presqu'un exercice de style mais en même
temps c'est très construit et il y a des personnages de chair et de sang qui souffrent et qui se transforment. Et une écriture imagée et souvent magnifique. C'est superbe et même si j'ai peut-être moins aimé certains parmi les derniers chapitres je ne veux pas lui retirer d'étoile. Updike est un grand écrivain.
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En commençant ce roman, j'ai pensé à La Salamandre, de Jean-Christophe Rufin… Seulement parce qu'il se passe aussi au Brésil, mais c'est en fait leur seul point commun. A la fin des années 60, Tristão, rencontre Isabel, sur la plage de Copacabana. Il en tombe tout de suite amoureux et l'aborde en lui offrant une bague volée.

Tout les sépare : Isabel, petite bourgeoise blonde à la peau claire et aux yeux bleus, est issue d'une famille richissime et Tristão est un jeune Noir des favelas ; l'endroit où il vit se résume à un réduit de quelques mètres carrés que se partagent les huit membres de sa famille. Malgré les innombrables obstacles, les deux jeunes amants feront tout pour rester ensemble, puis se retrouver après l'éloignement imposé par leurs familles respectives.

On se retrouve plongé au coeur du Brésil, admirablement bien décrit et raconté par John Updike. Sur la plage de Copacabana, dans les favelas de Rio, au coeur de la fourmilière de São Paulo ou de Brasilia… Les deux amants vivent un temps à Serra do Buraco, ville minière agitée par la fièvre de l'or ; plus tard, ils se retrouvent en fuite dans les entrailles du Mato Grosso là où « l'homme retrouvait son humble place dans le bouillonnement de la lutte pour la vie, cet océan de protéines affamées, cet écumant délire prédateur… »

C'est un roman dense, sans concession, qui explore tour à tour les thèmes du couple, de l'amour, des Noirs issus des favelas, de l'esclavagisme, des Indiens du Mato Grosso, leur condition, sans oublier la vague communiste qui déferle sur le pays… Dans une langue tout à la fois poétique et brutale, incisive, l'auteur nous conte l'histoire – sur une vingtaine d'années – d'un amour peu commun, sauvage, qui décide de vivre envers et contre tout, et à travers lui, l'histoire d'un pays aux multiples facettes.

Au début un peu distante, je me suis vite attachée aux deux personnages : on les suit dans leur évolution, leur fuite, leurs nombreuses remises en questions, et dans leur lutte incessante pour vivre… « La vie nous vole de nous-mêmes, morceau par morceau. Et ce qu'il en reste est quelqu'un d'autre. » C'est pour moi une très belle lecture qui m'a transportée ailleurs et a fait germé en moi une multitude d'émotions et de réflexions.
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Quel plaisir ce fut pour moi de retrouver le Brésil déjà étudié en vue de conférences lors d'Europalia-Brésil, il y a quelques années déjà... le temps passe si vite !
Rio, Brasilia, Sao Paulo, le Minas Gerais, tous ces noms magiques, cette musique qui vous remonte le moral et trace sur votre visage un magnifique sourire.
Mais John Updike nous donne à lire ici le résultat d'une bonne connaissance du pays avec hélàs ses mauvais côtés : le racisme, la violence, la pauvreté côtoyant la richesse, le taudit face aux jolies plages dorées. Il ne nous épargne rien.
Lecture intéressante pour qui veut voyager dans ce pays où l'infini est partout, transposition originale de Tristan et Yseult, description des paysages empreinte de poésie.
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Magnifique épopée, fantasmagorique, l'amour à mort, l'amour par tous et partout... Une aventure incroyable mais qui marche en vous entraine jusqu'au bout, jusqu'à plus soif. Une histoire d'amour cruelle qui se termine en apothéose de sueur, de sang, d'excréments, de salive, de beauté...
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Une déchirure sur les épaules de son tee-shirt révélait un triangle de peau plus noir que le palissandre verni, et elle se souvint combien la peau des Noirs était délicate, comme elle cicatrisait mal ; contrairement aux peaux blanches, elle n’oublie rien et garde la marque de la moindre égratignure, de la plus petite ampoule qui forme une tâche indélébile, d’un gris terne, semblable à une trace de craie sur un tableau noir mal effacé.
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Dans le paysage rural il y a une mélancolie, une stupidité qui engourdit les coeurs urbanisés du jeune couple..., une répétitivité qui fait bailler, comme produite par quelqu'un qui ne connaîtrait que peu de mots mais ne pourrait s'empêcher de parler sans cesse.
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- Ange ou putain? demanda-t-il à son demi-frère Euclide.
Celui-ci était myope, et lorsqu'il ne voyait pas, cachait sa confusion derrière des questions philosophiques.
- Pour quelle raison une fille ne pourrait être les deux? s'enquit-il.
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Du grand « mato »ensoleillé, broussailleux et viril, elle passèrent dans un monde féminin plus luxuriant est plus sombre. D’imperceptibles sentiers que les yeux d’Isabel n’auraient jamais pu suivre serpentaient dans un univers d’ombres vertes, lourdes de fleurs et de fruits. Le son trompetant du «jacu », les cris aigus et le froufroutement d’invisibles singes-araignées accompagnaient leur progression incertaine dans cette dense tapisserie dont le haut dais de branchages ne laissait filtrer que d’infimes rayons de soleil dans lesquels tourbillonnait une poussière d’insectes. Entre la douce et grise monotonie des troncs d’arbres festonnés de plantes grimpantes, étayés de racines extirpées de terre, la végétation au sol était rare. Les deux femmes marchèrent, des kilomètres durant, sur un brun tapis de cosses racornies sur leurs graines desséchées et de feuilles de palmier, comme sur les inégales pierres tombales de quelque sombre cathédrale en ruine exhalant une odeur douceâtre d’encens et de pourriture.
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L’intérieur du taudis où habitait la mère de Tristão était, ici est là, traversé d’esquilles de lumière qui s’infiltraient entre les plaques de zinc du toit et l’assemblage de bois peint et de cartons formant les murs. Ces lumineux éclats bleutés ne pouvaient pénétrer profondément la dense atmosphère qu’épaississaient non seulement la fumée de tabac et l’huile de friture, mais encore la poussière du sol et des matériaux friables, constamment remplacés à cause des vols successifs et censés protéger des intempéries - les brûlures du soleil, le pilonnage de la pluie, le vent de l’océan lors des nuits sans lune. Le taudis était noyé dans la nature, perché sur une des pentes les plus hautes et les plus raides du Morro do Babilôna, et quand ses habitants sortaient, franchissant le rideau loqueteux qui servait de porte, s’offrait à leurs yeux douloureusement éblouis le somptueux spectacle de la mer martelée de soleil, avec ses bateaux à voile et ses îles.
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Vidéo de John Updike
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