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Critique de oblo


Premier tome d'une quadrilogie qui mit trente ans à voir le jour, paru en 1960, Coeur de lièvre situe son action à Brewer, Pennsylvanie, ville d'importance locale dans laquelle vit Harry Angstrom, dit Rabbit, 26 ans, marié et père d'un tout jeune garçon nommé Nelson et bientôt d'une petite fille. Un soir, après avoir effectué un match de basket avec de jeunes adolescents tels qu'il en faisait lui-même étant jeune – il a été, quelques années auparavant, une star locale de ce sport –, l'angoisse le prend quand il revient chez lui. Sa femme, Janice Springer, se laisse aller au fil du temps et est devenue petit à petit une alcoolique. Après une énième et banale dispute – tellement banale que le fil habituel de la vie reprend très vite ses droits –, Harry prend sa voiture mais, au lieu d'aller acheter les cigarettes comme le lui a demandé Janice, il file, quitte la ville, se met en tête de voir le jour se lever sur le golfe du Mexique. Si son escapade ne le mène pas très loin – jusqu'en Virginie –, l'influence de ce voyage est considérable et va introduire des bouleversements majeurs dans la vie d'Harry et des siens.

Le roman évoque, à travers ce personnage gauche mais attachant qu'est Harry, la volonté de liberté absolue. Cette liberté ne souffre aucune contrainte : ni religieuse (le mariage est un sacrement), ni familiale (que ce soit ses parents, son épouse ou ses enfants : rien ne retient Harry). Cette quête est d'autant plus absolue que le monde de Harry, c'est-à-dire les Etats-Unis des années 1950-1960, est encore largement englué dans les conventions sociales malgré le vent de libéralisme économique qui fait briller le blason du pays. Dans cette ville de cent mille habitants où tout le monde se connaît – malgré l'importance de la population –, les rumeurs vont bon train et les réputations, surtout les mauvaises, se tissent vite. Harry est encore un jeune homme mais ses exploits sportifs sont de plus en plus lointains, et sa situation professionnelle – il est commercial – ne lui convient pas. Il tente bien de se faire une raison mais la vie est la plus forte.

A travers la description d'une l'Amérique rurale et protestante qui sent le choc venir entre ses traditions austères et la quête de plus en plus fréquente de liberté – liberté sociale notamment –, Updike a écrit un roman simple et juste dont la portée est tout à fait contemporaine, plaçant l'individu – bien qu'imparfait – au centre de l'interrogation suprême : que fais-je ici ? Et, si d'aventure la réponse ou plutôt l'absence de réponse fait peur, Harry Angstrom offre une possibilité : détaler.
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