Voilà plus de trente ans, je découvrais Arthur Upsfield, le bush australien et son héros récurrent
Napoléon Bonaparte, rien à voir avec la triste histoire de notre empereur.
A cette époque, je n'avais pas encore pris l'habitude, à la fin d'une lecture, d'écrire mon ressenti ; si bien que auteur et titres ont disparu dans les méandres de ma mémoire.
Seul y est resté l'inspecteur métis, né d'une mère aborigène et d'un père européen tellement fan de l'empereur qu'il baptisa son fils
Napoléon Bonaparte !
Le fiston grâce à sa part de culture aborigène est devenu un flic spécialiste du bush où il est capable de lire les traces laissés par les suspects. Indigène et Nature, défenseur de la loi : un tel personnage ne pouvait faire que sens avec mes idées écologistes et mon côté Robinwood.
Récemment une amie CDIste à la retraite, à qui je parlais de ma mémoire qui flanche par rapport à ce personnage, a retrouvé l'auteur en trois minutes. La médiathécaire de la commune a fait le reste avec «
le récif aux espadons », voilà donc ma PAL enrichie.
Et … quelle surprise !
Pour son septième opus, Arthur Upsfield, inspiré par une histoire vraie, délocalise notre enquêteur au bord et sur l'océan, suite à un drame de la mer. Un planté de décor un peu long (une cinquantaine de pages) pour nous décrire ce bush maritime !
Puis l'auteur, sans se prendre pour Achab face à Moby Dick, se fait le plaisir du récit de sa partie de pêche au gros. Cela sent l'expérience vécue.
Et chose rare pour un polar, l'enquête proprement dite ne démarre qu'à la page 100 !
Là, notre homme du bush australien se trouve confronté à l'absence de traces laissées par les protagonistes du récit – récif (pour le jeu de mots).
Le coup génial d'Upfield, c'est de donner à son personnage la capacité de visualiser des traces là où il n'y en a pas, via la cartographie maritime. Et ça marche. Implacable. L'enquête ira au bout.
Cependant, deux points me chagrinent dans cette oeuvre. Peut-être mes pâles souvenirs m'ont trop fait idéaliser le personnage et son auteur.
Premièrement, Upfield dans on écriture, transpose l'air de son temps ; en l'occurrence, par exemple, l'idée que l'Océan est une ressource INÉPUISABLE et que conséquemment il pourrait contribuer à un mieux être social … on peut mesurer aujourd'hui où nous a conduit cette surexploitation marine.
Deuxièmement, j'ai reçu un coup au foie en constatant que mon inspecteur préféré s'est rendu coupable de meurtre, sans préméditation. Même si c'est un homme de fiction, je pourrais me dire après tout que, comme tout un chacun, il a pu être amené à commettre l'irréparable. Ce qui m'offusque, c'est que Upfield rend responsable la part aborigène du héros, dans cet acte et que dans sa condition de flic, sa part européenne, l'absout et lui confère l'impunité. Grrrr !
De ce fait je reste bien mitigé quant à mon appréciation de ces retrouvailles romanesques : 2,5 étoiles.
Ancelle, le 28 septembre 2023