Je connais
Naoki Urasawa depuis ses débuts chez nous et j'ai aimé chacune de ses séries, mais Yawara étaient peu comme l'arlésienne chez nous, puisque pendant longtemps l'auteur n'a pas voulu que cette série parue à ses débuts sortent chez nous car il n'en était pas satisfait, préférant ses plus récentes. Je suis donc ravie de voir qu'il a enfin changé d'avis afin qu'on puisse la découvrir.
Pour cela, c'est Kana qui s'y colle dans une édition grand format, un peu comme Happy du même auteur chez Panini, qui comptera 20 volumes quand même ! Je suis bien contente de pouvoir le découvrir en grand format, afin de bien sentir l'impact des prises de l'héroïne. En prime, nous avons droit aux pages couleurs et bichromes de la prépublication, parfait ! Seul petit défaut, je trouve le papier un peu fin...
Avant Happy, qui mettait en scène une jeune star prometteuse du tennis dans les années 90,
Urasawa s'était déjà frotté au manga sportif avec Yawara où, entre 1986 et 1993, il narrait l'ascension d'une jeune judoka que son grand-père rêve de transformer en star nationale à l'occasion des J.O. de 1992 où le judo féminin est enfin devenu une discipline officielle.
Avec beaucoup mais vraiment beaucoup d'humour et de tendresse, le mangaka met dont en scène le parcours de cette jeune fille et sa relation haute en couleur avec son grand-père, son mentor de toujours. J'ai beaucoup aimé l'ambiance drôle et chaleureuse du titre qui colle à merveille avec les titres de ces années-là que j'ai pu lire. Cela donne un ton un peu désuet à notre époque qui est vraiment savoureux, avec un humour un peu sous la ceinture qui m'a beaucoup amusée. Pour qui a lu des auteurs comme
Akira Toriyama,
Izumi Matsumoto,
Mitsuru Adachi ou
Rumiko Takahashi entre autre, vous retrouverez le même humour simple mais terriblement efficace qui repose sur beaucoup de cocasseries et de quiproquo.
En plus de cette ambiance, ce qui rend le titre vraiment savoureux, c'est le décalage entre les souhaits du grand-mère et de sa petite fille. Celui-ci l'a formée depuis toujours pour en faire une star dont le talent éclatera lors des J.O. Il est donc bien décidé à garder le secret mais à ce qu'elle consacre sa jeunesse à ce sport. Or, celle-ci est une ado de son temps et rêve d'amourettes, de soldes et de sorties entre copines, ce qu'on comprend très bien. C'est donc très drôle de voir cette ado céder à plusieurs reprises aux circonstances qui l'obligent à faire étalage de ses talents alors qu'elle aimerait bien oublier ce sport. Elle ne peut non plus s'empêcher de continuer pour faire plaisir à ce grand-père qui l'élève depuis toujours. C'est donc une relation drôle et tendre à laquelle on assiste entre eux et j'ai adoré cela. le grand-père est très drôle. Il est vraiment en décalage avec la vie d'une ado, à fortiori une fille, et en même temps ses plans sur la comète complètement surréalistes amusent vraiment le lecteur. J'ai trouvé Yawara toute mignonne dans ses contradictions et sa naïveté vis-à-vis des garçons. Ce sont deux personnages très attachants.
Naoki Urasawa a vraiment un talent de conteur né pour mettre en scène leurs aventures. Alors qu'Happy avait un format épisodique assez marqué avec parfois des chapitres plutôt indépendants les uns des autres, ici, la narration a quelque chose de plus maîtrisé. Les chapitres s'enchaînent vraiment, s'emboîtant les uns dans les autres pour donner un tout qui conte les entraînements de Yawara, sa révélation au grand public, sa rencontre avec une rivale, ses liens avec les hommes (journalistes, amoureux potentiel, camarades de lycée, grand-père...). C'est vraiment frais, fluide et addictif. Malgré l'épaisseur du tome, on enchaîne rapidement les chapitres pour notre plus grand plaisir.
Après graphiquement, c'est clairement daté, mais c'est un trait old school chaleureux qui me plaît et dans lequel on retrouve déjà la patte
Urasawa, notamment dans ces visages carrés, ses sourcils fins, ses visages remplis de mimiques et pourtant réalistes. On sent qu'il y a une vraie recherche pour inscrire le titre dans son temps. J'ai beaucoup aimé les différents looks qui habillent l'héroïne, notamment dans les pages d'ouverture de chapitres très fashion, qui rappellent également certaines couvertures de magazines de l'époque. En plus, c'est un dessin et une mise en page très dynamiques qui font parfaitement ressentir la puissance et la vivacité de l'héroïne dans son sport. Et l'auteur a un trait extrêmement varié qui lui permet de mettre en scène toute une palette de personnages haut en couleur. On adore.
Encore plus que les débuts d'Happy, son autre titre sportif, ceux de Yawara m'ont vraiment convaincue. C'est drôle, pêchu et ça utilise à merveille les codes du manga de sport. En même temps qu'il nous amuse
Urasawa traite aussi d'un sujet plus sérieux tel que les enfants stars mais côté sport. Une très belle découverte dans une belle édition !
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