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Marianne Millon (Traducteur)
EAN : 9782374911441
120 pages
Quidam (04/03/2021)
3.62/5   29 notes
Résumé :
« Je croyais que ce serait toujours elle et moi. Mais les adultes abîment tout. »

Des cousines que sépare une dispute familiale, deux jeunes femmes que tout oppose éprises l'une de l'autre, le désastre d'un amour virtuel, une visite sordide dans une école défavorisée… Ce pourrait être les vies de femmes banales, mais elles sont quiltras. Avant tout des «sans race, sans classe», des «chiennes bâtardes».
Arelis Uribe écrit ce que la littérature c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Deux très proches cousines sont séparées par un conflit familial. Une adolescente comprend qu'être femme ou chienne errante comporte les mêmes dangers dans la rue le soir. Une jeune femme prend la mesure de l'infranchissable fossé qui la sépare des beaux quartiers. Une lycéenne est durement rappelée sur terre après les illusions d'un long flirt virtuel. Une assistante sociale réalise le triste état de l'enseignement dans son pays en visitant les sordides infrastructures d'un collège public. Une collégienne désespérée de ses insuccès affectifs est confrontée au poids des convenances au travers de sa soeur fille-mère…


Les huit nouvelles de ce recueil ont toutes pour narratrices de jeunes Chiliennes très ordinaires, issues d'un milieu modeste, au bord de leurs vie de femmes dans un pays qui se réveille à peine de la dictature de Pinochet. Premières expériences amoureuses, fêtes, joints, alcool, voyages loin des parents : chacune de ces filles s'efforce maladroitement de quitter le rivage de l'adolescence pour s'élancer vers sa vie d'adulte, dans une confrontation souvent douloureuse à une réalité décevante, moche et sordide. de ces papillons tout neufs aux ailes encore chiffonnées, la vie commence déjà à écorcher les rêves et les espoirs, pourtant l'on sent que l'élan et la force de ces insignifiantes et invisibles ne mourra pas si facilement, et qu'à elles toutes, elles finiront bien par revendiquer leur place dans une société sexuellement et socialement très inégalitaire.


S'inscrivant délibérément en contre-pied d'une littérature chilienne habituellement si masculine et si élitiste, l'auteur impose sur le devant de la scène cette majorité silencieuse de femmes sur le point de prendre conscience de leur appartenance à une même famille : celle des « bâtardes » sans pedigree, issues des quartiers populaires, déclassées et négligées, mais dont le frémissant éveil semble porter le germe d'une mutation sociale et féministe à venir.


Un livre lapidaire, à première vue déconcertant, mais qui n'en finit pas de résonner des craquellements de vies féminines ordinaires, potentiels signes annonciateurs d'une révolution à venir de la société chilienne.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Il y a des gros livres, avec beaucoup de pages mais peu de poids réel. Et il y a les autres. Ceux qui en une centaines de pages arrivent à capturer le monde.
C'est le cas de ce recueil de nouvelles, de ces huit histoires dans lesquelles l'écrivaine Arelis Uribe parle de femmes en marge du Chili visible. Racialisées, exclues sociales, hors des lignes parce que issues des classes pauvres, des invisibles en somme, montrant la particularité d'être une jeune femme et d'y survivre.
Des tranches de vies qui abordent des questions telles que la sexualité, l'amour virtuel, l'adolescence et l'éducation au Chili, le tout d'un point de vue critique, pointu, engagé et féministe.
Des histoires d'amours adolescentes et interdites, de déception, de peur et d'oubli, marquées par les stéréotypes du rôle supposé des femmes qui oblige à se comporter de manière à se cacher du «qu'en dira-t-on».
On sent la volonté de l'auteur de dépeindre des femmes fortes même si ce sont des femmes inquiètes pour leur sécurité, des femmes qui ont besoin de la protection et des conseils de leurs soeurs, des femmes qui fuient l'exemple négatif de leur mère.

Un regard attentif, sensible, vigilant et blessé qui arrive à transcender la simple peinture de la société chilienne pour porter des problématiques universelles.

Traduit par Marianne Millon
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Ces bâtardes-ci résident du côté de Santiago du Chili. Elles sont jeunes, tout juste sorties de l'adolescence, découvrant la vie de femmes chiliennes. Les premiers émois, les premières cuites, les premières sensations lesbiennes ou bisexuelles, les premiers regrets, les premiers scrupules, les premiers remords.

Ces huit nouvelles pouvant presque se lire comme une suite donnant un roman fluide sont celles d'une initiation, les débuts de l'indépendance intime au coeur du Chili de la décennie quatre-vingt-dix, celui qui vient de rejeter la dictature de PINOCHET. de politique il n'en est guère question, même s'il reste palpable que la jeunesse en porte les stigmates. La liberté commence par les fêtes, la boisson, les joints, les flirts souvent foireux.

D'illusions en déceptions, ces jeunes femmes (on pourrait être tenté d'écrire « cette jeune femme » tellement à chaque fois la narratrice ne pourrait être qu'une), traînent déjà un passé mais vont de l'avant.

Un Chili avec ses premiers balbutiements sur Internet, les premiers réseaux sociaux. Alors on est jeunes, on drague, on séduit, on cherche à se faire passer pour qui l'on n'est pas, on tend à optimiser les charmes, gommer les faiblesses, on présente ce qui nous avantage, par pur ego. Et puis rencontres dans la vie réelle et désillusions : il est si facile et hypocrite de bien se « vendre » derrière un écran, mais la réalité est parfois tout autre. On reprend un verre d'alcool.

Ces « bâtardes » sont attachantes car entières, rebelles, féministes, et si elles lâchent parfois la rampe, c'est pour mieux l'agripper ensuite. Arelis URIBE, par ailleurs journaliste, nous emmène dans les dédales de Santiago, nous traîne jusqu'en Bolivie. Au Chili certaines de ces adolescentes jouent les punks, mimétisme de ces jeunes révoltés qu'elles croisent sur les trottoirs. Car oui le punk s'est aussi implanté au Chili et ne compte pas faire de la figuration.

Tous les portraits sont ceux de jeunes femmes faillibles mais pleines d'énergie, qui peuvent enfin crier leur féminisme et leur envie de vivre, malgré un récent passé politique lourd et traumatisant. Ces femmes veulent faire entendre leurs voix, et Arelis URIBE en devient une porte-parole à l'écriture simple et orale qui happe par sa sincérité et sa ténacité. Recueil à lire et à se prêter, traduit par Marianne MILLION et postfacé par Gabriela WIENER, sorti tout récemment chez Quidam éditeur, simple d'accès et qui touche droit au coeur.

https://deslivresrances.blogspot.com

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Deux cousines, deux amies presque des soeurs se perdent de vues à la suite d un conflit familiale dont elle ne connaisse pas le sujet.
Elles grandissent éloignés l une de l autre pour se retrouver à l université lors de leur étude. Voilà avec quoi débute ce bouquin...

Les nouvelles nous donne un roman fluide, avec toutes les premières fois que l'on peu imaginé. Un premier amour, une première expérience homosexuel, un premier amour virtuelle, une première grossesse adolescente dans un chili qui vient à peine de mettre en place internet, un pays qui prône plus la gente masculine,.
Arelid Uribe nous entraîne dans.un livre qui dévoile la femme "bâtarde" qui prône le féminisme et la rébellion .

Un livre à livre qui peut être plus adresser à des plus j aime mais qui durant toute sa lecture à son charme bien à lui.
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L'auteure met en scène des personnages féminins qui vivent des aventures indépendantes. Ainsi, on retrouve un récit d'atttraction entre deux jeunes filles avec une complète hiérarchie des classes entre elles et celui d'une adolescente en déambulation nocturne qui s'amourache d'une chienne des rues, de celle que l'on trouve par hasard, comme les pièces de monnaie ou les billets, et qu'on ne reconnaît pas quand on les revoit, le parallèle entre leurs deux existences faites d'accrocs est palpable. Entre grossesses adolescentes et amours virtuelles, ces témoignages de notre temps aspirent à des heures moins rudes.
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critiques presse (2)
LeMonde
28 juin 2021
Dans ses nouvelles, l’écrivaine et journaliste chilienne restitue sans filtre la précarité et l’énergie de sept jeunes filles confrontées aux vicissitudes du monde adulte.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
12 avril 2021
Dans "Les Bâtardes", la Chilienne Arelis Uribe donne chair et voix à des jeunes femmes à la marge.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le trio de futures mamans t’a demandé le nom de ton ancien collège et elles ont ouvert de grands yeux quand tu as dit Buin English School College ou quelque chose comme ça. Elles t’ont demandé si tu parlais anglais et tu as répondu que oui, que tu savais prier et je ne sais pas pourquoi, tu as commencé à réciter le Notre Père, Our Father, who are in heaven. Elles en sont restées bouche bée, de rire ou de peur. Elles t’ont demandé le Je vous salue Marie et toi, obéissante, tu as commencé Holy Mary, Mother of God et à la fin, comme une bonne petite fille, tu t’es signée In the name of the Father and the Son and the Holy Ghost, amen. Je m’en souviens encore, je sais encore prier comme toi, car je ne priais pas, même en espagnol, mais en t’entendant j’ai voulu apprendre. J’ai imaginé que Dieu pourrait mieux m’entendre en anglais, que prier dans une autre langue pourrait réduire les longues distances, être un préfixe qui faciliterait la façon dont j’enverrais à Dieu mon interminable liste de demandes et de plaintes. J’ai beaucoup prié, mais les aides ne sont jamais arrivées. Peut-être parce que mon anglais n’a jamais été bon.
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La dernière chose importante qu’on ait partagée, ce fut d’avoir nos premières règles presque en même temps. Elle avait trouvé je ne sais où un livre qui expliquait tout. Avec les dessins d’un homme et d’une femme qui ne portaient pas de vêtements. On l’avait lu. C’était la première fois qu’on se touchait comme ça. On vérifiait si on avait des poils pubiens. On était seules chez elle. Ce soir-là, ma mère était venue me chercher. Elle s’était disputée avec tante Nena pour une raison qui m’échappait, et on n’était plus jamais revenues.
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J’aimais sa peau claire, comparer ses grains de beauté couleur café au lait et les miens, café noir. J’aimais la toucher et sentir près de moi une peau comme la sienne, que j’aurais tellement voulu avoir dans l’enfance, parce que dans mon école de quartier toutes les brunes étaient amoureuses du seul blond de la classe, lui-même amoureux de la seule blonde, selon une logique qui dépassait le racisme pour obéir aux règles du marché, à la loi de l’excédent de cheveux bruns et de la pénurie de cheveux clairs.
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J’ai touché la courbe de ses jambes, et j’ai été prise d’un fourmillement. J’ai touché ses seins sous le tee-shirt, ils étaient doux et menus et je les ai imaginés roses sur une peau blanche. On a emboîté nos jambes, je me suis collée contre elle et réciproquement. J’imaginais ses pommettes rouges comme au cours de Pilates, je lui ai caressé le cou avec le nez et suis restée là, la tête appuyée contre son épaule, gémissant, haletant, écoutant ses cris étouffés. J’ai ôté ma tenue de sport, elle aussi, j’ai posé la langue sur son nombril, suis revenue à sa bouche et elle m’a sucé le sein gauche comme un bébé affamé, je n’y tenais plus et suis morte en quelques secondes en l’entortillant dans mon slip.
On est restées allongées l’une contre l’autre, peau contre peau. Puis on s’est couchées dans son lit et on s’est endormies. Mon principal souvenir de cette nuit, ce sont les draps. Les plus blancs et les plus doux que j’avais jamais vus.
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Je pense au 29 février comme à une date inhabituelle. Comme si tout ce qui se passait ce jour-là était un bonus, une parenthèse dont, une année normale, nous aurions pu nous passer. Un jour qui pouvait tout aussi bien exister ou que nous pourrions éliminer, avec tout ce qui s'y produirait. Un jour d'été en plus, un jour encore pour échapper au collège. (29 février, pages 85-86)
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