Le poids d'un ange d'Eugen Uricaru nous fais voyager dans le temps. Nous sommes balladés dans les années 1940 et 1960 où nous suivons principalement deux personnages mystérieux: Neculai Craciun et Basaeab Zapa.
J'ai apprécié ma lecture de cet ouvrage que j'ai trouvé très réaliste et documenté. L'intrigue est originale et très intéressante en plus de se dérouler sur fond historique puisque l'action prend place en Roumanie communiste.
Les personnages sont vraiment intriguant et ils constituent ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman. J'ai eu l'impression d'être complètement immergée dans leur tête et de pouvoir décortiquer leur psychologie et leur lutte intérieure.
Grâce à eux, le lecteur est plongé au tréfonds de la violence et de la mesquinerie où tout lui est révélé de façon très visuelle comme s'il prenait part aux événements.
Toutefois, j'ai eu beaucoup de mal avec la narration du récit qui a rendue ma lecture peu aisée. En effet, bien que la plume de l'auteur soit harmonieuse, l'histoire comporte une double narration avec un mélange de souvenirs de deux personnages différents sans qu'aucune transition ne soit faite.
Cette lecture fut une découverte assez sympathique mais le tout rendu difficile par la narration. Je pense relire cette oeuvre une deuxième fois dans le futur car parfois nous ne sommes pas forcément dans le bon état d'esprit pour un type de lecture; ce qui peut altérer notre jugement premier.
Je remercie l'Opération Masse Critique organisée par Babelio et la maison d'éditions Noir sur Blanc pour l'envoie sympathique de ce roman.
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Eugen Uricaru nous plonge dans le régime communiste roumain d'après guerre avec ce magnifique roman. Neculai Cracium est chargé d'éliminer toute trace du passé de son chef, Todor Grancea, afin de lui permettre une ascension au sein du parti exempte de tâche. Neculai ne sait pas ce qu'il cherche puisque son chef ne lui a rien dévoilé. Il se retrouve dans la ville de Peta où son chef a passé quelques années et y rencontre Petra Maier, une connaissance assez intime de Todor. Il organise à son insu son licenciement afin qu'elle lui soit reconnaissante de lui retrouver du travail et de lui acheter des vivres. Petra n'est pas seule, elle vit avec son fils, Cezar, enfant très étrange protégé par un vieillard, Basarab Zapa. Neculai, jaloux du rôle de protecteur de Basarab, décide de l'arrêter et de le soumettre à un interrogatoire musclé. Commence alors une lutte psychologique entre Basarab et Neculai. Cette histoire n'est qu'un prétexte pour nous emmener dans les arcanes des horreurs subies durant les dictatures communistes d'après guerre, du système asocial de cette triste époque, des manipulations et des trahisons politiques. L'écriture est magnifique. Je recommande vivement le poids d'un ange à tout amateur d'histoire contempraine traitée au travers d'un roman.
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Après la guerre, quand fuir Cernăuți était considéré comme une attitude fasciste, antisoviétique – c’était à moitié vrai d’ailleurs, il avait fui les Soviétiques, ce qui ne voulait pas dire qu’il était fasciste (il avait également fui ceux-ci) –, il n’y avait plus que deux moyens de continuer à vivre. Le premier : accepter d’être un ennemi de l’ordre nouveau, et par conséquent se livrer à ses tenants, se faire emprisonner, mais être nourri, le deuxième : essayer de faire perdre sa trace, dans la pagaille des personnes déplacées, et s’efforcer de ne pas mourir trop vite de faim.
(p. 119)
L'attente nous fait souffrir plus que le coup, finalement le coup ne compte plus, la douleur, l'épuisement nerveux et la souffrance intérieure sont plus forts que la douleur du coup en soi.