Un lieu commun de notre époque, c'est cette phrase qui me hérisse, utilisée pour tout et n'importe quoi et qui ne veut rien dire: c'est mon ADN, ou c'est dans mon ADN.
Cet ouvrage montre au contraire que notre vie n'est pas conditionnée par notre ADN, c'est à dire que nos gènes, notre hérédité dont l'ADN est le support, ne sont qu'une faible partie de ce qui explique notre chemin de vie, et notamment l'apparition de maladies.
L'épigénétique est ce nouveau domaine de la connaissance qui montre que notre environnement, c'est à dire notre mode de vie, notre alimentation, notre niveau d'activité physique, notre stress, nos relations sociales, sont capables de modifier la façon dont nos gènes s'expriment. Et aussi que ces modifications sont capables d'être transmises à notre descendance, ce qui explique en partie la prédisposition à certaines maladies: diabète, obésité, hypertension artérielle, etc.. Et, au passage, que ces différences d'expression des gènes sont notables entre hommes et femmes, ce qui est important pour s'orienter sur une prise en charge « sexuée » de certaines maladies. Et enfin, que la survenue des cancers ou le vieillissement dépendent fortement des facteurs épigénétiques. Autrement que tout ne dépend pas de notre ADN!
La journaliste
Valérie Urman a composé ce livre à partir d'entretiens avec des scientifiques, dont une grande spécialiste française de la question, Claudine Junien, des médecins, dont le cancérologue
David Khayat, et avec le biologiste vulgarisateur qu'est
Joël de Rosnay. Entre ces entretiens, de petits textes, font le lien par une synthèse de l'entretien précédent et une introduction à l'entretien suivant.
J'ai été assez déçu de ce livre, car il ne va pas assez au fond des différents points de la question, il manque d'exemples et d'illustrations, et, pour le dernier intervenant, il n'est pas assez clair et documenté sur les nuances que l'épigénétique apporte au déterminisme génétique darwinien. Des exemples précis montrant comment on peut montrer que l'adaptation n'est pas qu'une question de sélection génétique auraient été les bienvenus.
Bref, un livre qui se lit vite, mais que j'ai trouvé fort superficiel, qui n'apporte pas beaucoup d'informations, excepté les très intéressants entretiens avec
Dean Ornish pour le rôle du mode de vie sur les modifications de l'activité des enzymes qui évitent le vieillissement de nos chromosomes, et avec Claudine Junien, qui explique très bien la transmission héréditaire de marqueurs épigenétiques, et l'importance de la différence d'expression des gènes entre homme et femme pour la prise en charge médicale.
Les autres entretiens manquent de consistance et les « intermèdes » aussi.
C'est dommage pour un livre qui se propose de montrer que tout n'est pas écrit dans nos gènes, comment la façon dont nos gènes fonctionnent peut être modulée par de nombreux facteurs environnementaux.