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Terremer tome 1 sur 3
EAN : 9782266023467
Pocket (08/01/1993)
  Existe en édition audio
4.03/5   252 notes
Résumé :
Ici, il y a des dragons. Il y a des enchanteurs, une mer immense et des îles. Ged, simple gardien de chèvres sur l'île de Gont, a le don. Il va devenir au terme d'une longue initiation, en traversant nombre d'épreuves redoutables, le plus grand sorcier de Terremer, l'Archimage.
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« Infinies sont les arguties des mages »…

Ursula le Guin est une magicienne…elle a l'art de provoquer un véritable enchantement se basant sur une subtile compréhension des forces occultes à l'oeuvre dans toute rencontre entre un récit et son public. Sa plume est bâton de sorcier, ses mots sortilèges, son récit élixir de jeunesse, son message incantation apaisante…

Se basant sur la magie, plus précisément sur la sorcellerie, le tome 1 des contes de Terremer est envoutant et passionnant, étonnamment épique mais en même temps très doux et attachant. Un roman de fantasy publié en 1968 qui saupoudre avec grâce des étoiles dans les yeux, de celles que nous avions enfant, et offre avec générosité cette volupté rare, celle de nous maintenir pelotonnés des heures durant, à ne pouvoir lâcher le livre tant on s'y sent bien. Je comprends totalement le succès rencontré par cette série et même à mon âge Ursula le Guin a réussi à me redonner, le temps de cette lecture, un peu de mon âme d'enfant et d'adolescente. Je crois que je peux affirmer désormais que j'aime la Fantasy. Ce dont je n'étais pas certaine auparavant ayant eu quelques rencontres difficiles, n'arrivant pas à me projeter totalement dans le monde imaginaire proposé, parfois violent, souvent guerrier. Ici le récit est doux, féminin si j'ose dire, il n'y a pas de grandiloquence, d'armes, de combats telluriques, juste une quête métaphysique et philosophique afin que la lumière réapparaisse dans les ténèbres. Je ressens aujourd'hui combien un tel monde offre évasion, rêves, déconnexion, et connaissance de soi.

Oui, la connaissance de soi imprègne ce récit : comment affronter et accepter, du moins savoir contrôler, son ombre maléfique, celle qui fait partie de tout un chacun, pour devenir un être complet ?

Nous suivons Ged, un jeune garçon turbulent et impétueux qui s'avère avoir de véritables dons. Des dons de magicien. Il sauve notamment son village de l'attaque d'ennemis sanguinaires grâce à un enchantement de brumes et de brouillards. Il est ainsi envoyé auprès d'Ogion, le sorcier mage de ce territoire de Gont, pour lui enseigner les rudiments de la magie. S'avérant être doué et avide de connaissances, il est ensuite envoyé sur l'île de Roke, dans une institution réputée, école de sorciers en quelque sorte, pour parfaire son éducation et devenir Mage. Là il apprend les arts magiques et les différentes techniques de sorts. Cependant, Ged est trop impatient, trop jaloux et trop orgueilleux, et une rivalité avec un camarade le pousse à montrer ce dont il est capable alors qu'il ne maitrise pas encore tout à fait son don n'étant qu'un apprenti. Sa vantardise va invoquer accidentellement un esprit maléfique qui n'aura alors de cesse de le poursuivre. Il doit fuir et apprendre à maîtriser ses pouvoirs pour vaincre l'esprit maléfique et se libérer de sa malédiction. Ged, pétri de remords, expie pour son péché d'orgueil, et comprendra que la fuite ne fait qu'amplifier son malheur. Il lui faut plutôt affronter cette force, devenir le chasseur et non le gibier. Il sera aidé dans cette quête de son ami Vesce.

« Il suivait à présent cette peur comme le chasseur suit les larges empreintes griffues de l'ours qui, à tout instant, peut surgir d'un fourré et se ruer sur lui ».


Cette quête au sein des différentes îles de l'Archipel voit défiler des paysages d'une beauté renversante où la magie est connue de tous et semble naturelle. Chaque hameau a son sorcier comme s'il s'agissait d'un médecin. Mais au-delà de la guérison des maladies, seuls les mages peuvent changer le sens des vents, jeter des sorts bénéfiques aux bateaux de pêche pour leur éviter de sombrer, apporter la lumière au milieu des ténèbres, comprendre le langage des oiseaux. le mage est respecté dans tout l'archipel de Terremer.

J'ai retrouvé quelques ingrédients que j'avais tant aimés dans la Horde du Contrevent de Alain Damasio…Cette quête exténuante, appréhendée dans la Horde comme un contre, des vents fous contre lesquels lutter ou avec lesquels s'allier, des eaux tempétueuses, des déserts arides et désolés dans lesquels errer pour mieux méditer. Comme dans la Horde, Terremer c'est également un territoire, un Archipel avec Havnor en son coeur, Ea où sont nés les mythes, les terres étranges des Marches lointaines, la passe des Dragons où on trouve encore en effet ces créatures monstrueuses, les terres désolées et stériles d'Osskil, au nord la Terre de Hogen et ses bancs de glace…Ursula le Guin imagine un territoire, une géographie essentiellement aquatique parsemée d'îlots rocheux et de grandes îles escarpées sur lesquels quelques peuples des terres centrales méconnaissent la mer.

« de la mer s'élèvent des monstres et des tempêtes, mais pas de puissances maléfiques, car le mal naît de la terre ».

Si le vocabulaire de Damasio se veut inventif et créatif, celui d'Ursula le Guin est classique mais porté par une plume fluide, poétique et épique. Il n'y a aucune longueur, aucun temps mort, et pourtant l'action s'entremêle toujours à l'observation des beautés de la nature.

« Il garda le cap au sud-est, et le lointain rivage disparut alors que la nuit engloutissait la frange orientale du monde. le creux des vagues était plongé dans l'ombre, tandis que leurs crêtes brillaient encore du reflet rougeoyant de l'ouest ».

L'ombre maléfique est fascinante. Je la vois comme notre part la plus sombre, celle qui peut rejaillir en cas de haine, d'orgueil, celle qu'il nous faut accepter et apprendre à maîtriser. Pour cela une vie est nécessaire, et parfois même ne suffit pas, pour apprendre ce qu'elle est, comprendre son essence, ses racines, avant que cette ombre ne prenne notre apparence et devienne nous-même, nous engloutissant complètement.

Ursula le Guin, sous couvert d'un roman de fantasy dont elle maitrise les ressorts à la perfection, nous offre une belle leçon d'humanité où le retour aux sources est la clé de toute complétude.

« Un homme sait vers où il se dirige, mais il ne peut le savoir qu'à condition de se retourner, de revenir à son origine et de garder cette origine à l'intérieur de son être. S'il veut être autre chose qu'une brindille ballottée par les tourbillons du torrent, il doit être le torrent tout entier, de sa naissance jusqu'à l'endroit où il se jette dans la mer ».
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Terremer : c'est d'abord un monde d'eau qui tolère la présence de quelques pitons rocheux éparpillés ici et là sur lesquels, vaille que vaille, les hommes s'accrochent. Dans ce monde liquide et de terres éparses, la magie est omniprésente. On la trouve dans le vent qui agite les cheveux ; elle pénètre au coeur des arbres vénérables dans les forêts profondes, ou au milieu des haies vives à l'orée des champs. Aux yeux du mortel, elle parait aussi naturelle que la respiration, aussi indiscutable que les cycles de la vie. Pour lui, elle peut se montrer bienveillante ou effroyablement cruelle.
Seuls les mages peuvent maîtriser cette terrible puissance capable d'infléchir les vents, de raisonner la vague impétueuse, de soigner les maladies ou de comprendre le chant des oiseaux. Elle peut être destructrice, cette puissance, si elle n'est pas utilisée avec sagesse et tempérance.
Ainsi commence l'histoire de Ged le chevrier ! Ce sale gosse, insolent, impétueux, a les dons d'un grand mage. Il voit les choses invisibles pour tous les autres ; il comprend et maîtrise les mouvements désordonnés de la nature. Mais la sagesse manque à ce jeune trublion. Malgré les enseignements et les avertissements de ses Maîtres, il fait preuve d'une effarante vanité. Dominé par la jalousie et l'esprit de compétition, il finit par se perdre. Pauvre Ged, l'apprenti mage le plus doué de sa génération, qui se retrouve poursuivi sans trêve ni repos par son ombre maléfique…
Ce premier livre, c'est comme une chanson de geste, un poème épique. C'est un roman de Fantasy différents des autres, enfin ! de ceux que j'ai pu lire… Pas de fracas des armes, pas de râles des morts, pas de civilisation qui s'effondre, où de perfidies immondes… Rien d'autre qu'un malheureux qui expie pour ses errements, aidé dans sa quête par de fidèles compagnons, et qui sème la joie là où il passe. Ce roman, c'est une union permanente avec le vent fou, les arbres, les vagues endiablées, et les grands oiseaux… Et pourtant, allez comprendre ! durant tout le livre, je me suis retrouvé baigné dans une sorte de douceur attachante. J'ai vraiment hâte de retrouver Ged…

Club imaginaire 2017 Poul Anderson et Ursula le Guin
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Et voilà, je commence ce fameux cycle de Terremer dont j'entends parler depuis mon adolescence. Je l'ai peut-être commencé un peu trop tard ; un peu de la magie que j'en attendais n'était pas au rendez-vous, mais il m'est difficile de dire pourquoi. J'ai probablement vieilli, lu beaucoup depuis.
Cela dit, à la place de la magie, c'est avec un sentiment plaisant et serein que ma lecture s'est faite.

Mon ressenti se mélange un peu avec les intentions qu'Ursula le Guin dévoile dans la postface. Je suis impressionné par le fait qu'elle a commencé cette oeuvre de commande – un livre pour les jeunes – en dessinant la carte et en nommant les lieux. Elle a en quelque sorte utilisé la « magie des noms » comme ses mages. Je suis frappé par le fait qu'un archipel tel que celui-ci renferme toute la variété de climats et de civilisations que l'on retrouve de la Scandinavie à l'Afrique. Mais en fait sa taille est de l'ordre de plusieurs milliers de km si j'en crois la carte. L'impression de resserrement dans l'espace est fausse. On le sent lors des longues, si longues traversées en mer de Ged.

La magie imprègne le monde de Terremer comme la Force celui de Star Wars. L'auteure construit un système original à l'époque, bien plus que celui du Seigneur des Anneaux. Est-elle la première à avoir inventé l'idée que les sorts devaient être « tissés » à l'aide de mots et de runes ? Depuis l'expression s'est répandue. le vrai nom des choses et des gens est l'élément essentiel. le connaître, c'est avoir le contrôle, même de quelque chose d'aussi gros et puissant qu'un dragon. Les élèves-mages apprennent donc des bibliothèques entières de noms : une bonne mémoire est essentielle, une maladie telle qu'Alzheimer ferait des ravages inouïs sur Terremer. de plus, cette importance du nom fixe les limites des pouvoirs des mages, car les sorts les plus complexes réclament un nombre presque infini de noms (mon esprit matheux a rapproché cela de la classe des problèmes mathématiques NP-complets, dont on ne sait trouver la solution efficacement).
J'ai trouvé que l'enseignement de la magie pêche par ce manque d'explications, ce secret que les professeurs s'obstinent à maintenir. « Comment pourrais-je savoir des choses, quand vous ne m'enseignez rien » dit un jour Ged à son maître Ogion. Une méthode très orientale, semble-t-il, dans laquelle l'élève doit découvrir les choses par lui-même. Mais cette absence de psychologie, ce déni du besoin de connaître le caractère des élèves et d'adapter l'enseignement au cas par cas, permet aux élèves les plus talentueux et les plus orgueilleux tels que Ged de faire de graves bêtises. C'est finalement l'un des déclencheurs de conflit.

Dans ce premier tome, tout tourne autour de Ged, le jeune garçon issu du peuple et disposant d'un pouvoir latent inconcevable. Il apprend vite, plus vite que sa maturité, et son orgueil sa rivalité avec Jaspe, lui font dépasser les bornes. Oui, ce drame lui met du plomb dans la tête, mais l'oblige aussi à des voyages sans fin pour fuir ou traquer l'ombre qu'il a ramené par son sort d'invocation des morts. Finalement, cette aventure lui est bénéfique car il lui survit (pas de spoil ici, on sait dans la préface qu'il réapparait dans les tomes suivants). Il apprend qui il est vraiment en prenant conscience qu'il n'est pas que bienveillant, mais possède une part noire comme tous les être humains (George Lucas a dû lire Terremer). le Bien et le Mal en tant qu'entité intrinsèques existe sur Terremer, mais ils sont plus frappants dans leur dimension relative : le bien de l'un pouvant être le mal de l'autre.

Comme elle le dit dans sa postface, Ursula le Guin exècre les récits de combats dont la fantasy est friande. Elle prouve ici qu'on peut construire un récit intéressant sans violence, où même les combats sont dominés par les mots. Pas besoin de faire gicler le sang dans des batailles dantesques. Là aussi je crois qu'elle a fait école, bien que je n'aie pas assez lu de fantasy pour le prouver. Une façon d'écrire que je retrouve surtout chez des auteures. Je pense à Claire Duvivier et son magnifique Un long voyage. Peut-être aussi Robin Hobb ?

Ged et son ego, Ged et sa complétude, en fin de compte l'archipel sert uniquement de toile de fond et, si l'on voyage beaucoup, on ne fait qu'effleurer sa grande diversité. J'espère que les tomes suivants nous permettront d'approfondir l'univers lui-même, au-delà du mage. En tout cas, la liste de ses exploits à venir me donne envie de poursuivre l'aventure. Sera-ce extatique ou « plaisant et serein » ? L'avenir le dira.

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"Il n'est de mot que dans le silence,
de lumière que dans l'obscurité,
et de vie que dans la mort :
radieux est le vol du faucon
dans l'immensité du ciel."
(La création d' Éa)

***

Au fil de sa carrière, Ursula K. le Guin s'est imposée comme une figure incontournable des littératures de l'imaginaire, écrivant aussi bien de la fantasy que de la science-fiction. Disparue en 2018, elle a laissé derrière elle une oeuvre immense et abondamment primée. 

Son nom figurait sur ma liste des auteurs à découvrir immanquablement et je me réjouis de ne pas avoir repoussé davantage ce premier rendez-vous qui s'est révélé enchanteur. J'en garde des étoiles plein les yeux. 

*

Petit bijou du genre orienté jeunesse, le sorcier de Terremer (1968) inaugure un cycle qui se compose de 5 romans et d'un recueil de nouvelles. Y sont posées les bases d'un univers à la fois riche et cohérent, singulier et poétique, mystérieux et envoûtant qui, sans montrer la complexité ni l'extrême minutie de l'univers de Tolkien, s'avère d'une belle profondeur. Y sont laissées des interstices où peuvent éclore et s'épanouir les rêveries du lecteur.

Ce dernier s'envole vers Terremer, un monde constitué d'archipels épars et baigné de magie. Puissante, celle-ci permet de "façonner le temps", "d'influer sur les vents", de guérir la plupart des maux ou encore de faire surgir la lumière des ténèbres, quand ce n'est pas l'inverse. Subtile, celle-ci se fonde sur la connaissance du véritable nom de toute chose, animée ou inanimée.

*

Fabuleusement contée, l'histoire est celle de Ged, un jeune chevrier au caractère orgueilleux et ombrageux qui très tôt  montre les dons d'un "mage-né". Faisant fi des avertissements de ses différents maîtres,  il utilisera son pouvoir à mauvais escient et libérera une force maléfique qu'il devra affronter avant qu'elle ne prenne possession de lui.

Roman de formation, ce tome 1 suit par ellipse son parcours  de l'enfance à l'âge adulte. Un parcours jonché d'épreuves et d'obstacles qui le pousseront d'île en île, de mer en mer et où le plus grand combat sera celui qu'il devra livrer contre lui-même en apprenant à se connaître et s'accepter. N'est-ce pas là d'ailleurs le plus grand défi de toute vie…

"Quand tu étais enfant, tu croyais qu'un mage était un homme qui avait le pouvoir de tout faire. Je l'ai cru moi aussi, autrefois. Nous l'avons tous cru. La vérité, c'est qu'à mesure que le véritable pouvoir d'un homme grandit et que ses connaissances s'étendent, le chemin qu'il peut suivre se fait toujours plus étroit,  jusqu'à ce qu'il n'ait finalement plus d'autres choix que de faire ce qu'il doit faire, et le faire pleinement…"

***

Servie par une plume sublime, évocatrice et immersive, un récit qui saura transporter, émerveiller mais aussi nourrir la réflexion des petits comme des grands.  Plusieurs niveaux de lecture sont possibles. S'il peut se suffire à  lui-même, il est surtout une invitation irrésistible à poursuivre avec le deuxième tome. J'y cours… 

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«Cet enfant, ne sera pas non plus un homme comme les autres…»

Je ne connais pas du tout cette auteure, je remarque qu'elle se spécialise dans la science-fiction et la fantasy. En regardant sa fiche, je vois qu'elle reçoit de nombreux prix pour ses ouvrages, dont le roman «La main gauche de la nuit», qui se distingue. Je constate aussi qu'elle gagne un prix pour le conte de Terremer :
- Prix locus du meilleur recueil de nouvelles, 2002

«Car c'est une bien dangereuse chose que de tenir dans l'obscurité l'esprit d'un mage-né.»

Captivant, Intriguant, Angoissant



Quand j'ouvre mon livre, je m'envole dans un autre univers avec notre héros, qui se prénomme Ged. Jeune, il s'aperçoit qu'il possède un don, lorsqu'il grandit, il s'en sert par instinct pour sauver son village. À la suite de cet évènement, un inconnu vient le chercher, pour qu'il exploite son potentiel. Il doit donc partir pour aller à l'école des sorciers.
C'est alors que Ged, à l'école, relève un défi pour son rival et il enfreint les règles, puis il en subit les conséquences. C'est ainsi qu'il est poursuivi par une ombre, qui libère des ténèbres. Pour s'en défaire, il doit la traquer.
C'est dorénavant sa quête, il voyagera alors à travers les terres, il traversera les mers. Sur sa route, il affrontera des obstacles, il fera des rencontres risquées et inattendues. Est-ce qu'il va survivre dans ce territoire obscur et hostile ? Est-ce qu'il va réussir à s'en sortir ?



C'est ma première excursion, dans le monde d'Ursula Le Gain et à ma grande surprise, c'est une belle découverte. Je suis alors conquise par son écriture raffinée, magnifique et soutenue. Pour décrire son récit, elle joue merveilleusement bien avec les mots, ses descriptions sont très imagées et bien détaillés. Au coeur de cette nature sauvage, on imagine bien les couleurs, on hume les odeurs. Au fil des pages, on soupçonne toujours une ombre, qui épie et on suspecte les dangers, qui peuvent survenir, lors de ses contrées étrangères. Elle écrit tellement bien, qu'on se laisse subjuguer par les aventures de notre héros.



L'auteure réussit très bien à nous créer un cadre enchanteur où il fait bon de s'évader. Sa plume est tellement expressive et ses lieux sont tellement bien précis, on s'y croit nous aussi. Je constate que le livre est bien construit, j'aime bien les sous-titres dans la table de matières et il y a une carte aussi. Je trouve que ça permet de nous repérer. C'est un monde à part où il y a une part d'ombre et de lumière, ainsi que le mal et le bien, s'y glisse. C'est subtil, ça se ressent dans l'air où il y a toujours une tension fragile, où un doute persiste autant pour le lecteur que pour son personnage Ged.



Dans l'ensemble, c'est une belle histoire, qui se lit facilement, avec des personnages hauts en couleurs. L'auteure manœuvre bien son intrigue et elle maintient ton attention. Je n'ai pas vu vraiment de points négatifs à part que je n'ai pas tout retenu les noms des villes ou des personnages. Je ne veux pas analyser le côté fantasy, je crois qu'il y a d'autres critiques qui le font et je ne suis pas encore familière avec ce genre, je mentionne plus mon ressenti ici.

Pour terminer, c'est un petit livre à mettre entre deux pavés et je vais poursuivre avec plaisir ma découverte de cette auteure talentueuse. «Est-ce que c'est vrai que seule une ombre peut combattre une ombre ? Seules les ténèbres peuvent vaincre les ténèbres ? »

P.S Je remercie mon ami, qui m'a suggéré cette lecture et vous pouvez aller voir la critique à Bernacho.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Ged s'était imaginé qu'en devenant l'apprenti d'un grand mage, il aurait immédiatement accès aux mystères et à la maitrise du pouvoir. Il comprendrait le langage des bêtes comme celui des feuilles, se disait-il ; d'un mot, il infléchirait les vents, et il apprendrait à changer de forme à son gré. Peut-être son maitre et lui se feraient-ils cerfs pour galoper ensemble, ou survoleraient-ils la montagne jusqu'à Ré Albi, portés par leurs ailes d'aigles.
Mais ce n'est pas du tout ainsi que les choses se passèrent. C'est à pied qu'ils s'en furent, descendant d'abord dans le Val, puis contournant lentement la montagne par le sud-ouest ; on leur offrait le gîte dans les petits villages, ou ils devaient passer la nuit à la belle étoile comme de pauvres sorciers itinérants, dinandiers ambulants ou mendiants. Ils ne pénétrèrent dans aucun domaine étrange. Il ne se passa rien. Le grand bâton de chêne du mage, que Ged avait tout d'abord regardé avec une crainte mêlée d'espoir, se révéla n'être qu'un robuste bâton de marche, rien de plus.
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Désirant boire une tisane de roussevive, il sortit chercher de l’eau à la source qui coulait un peu plus bas devant sa chaumière. Les bords du petit bassin de la source étaient gelés, et la mousse flétrie parmi les rochers était marquée de fleurs de givre. Il faisait grand jour, mais il faudrait encore une heure avant que le soleil n’apparaisse au-dessus du puissant contrefort de la montagne ; toute la partie ouest de Gont, du rivage au pic, échappait à ses rayons, dans le silence et la clarté de ce matin d’hiver. À côté de la source, le mage contemplait en contrebas les terres en pente, le port et les vastes étendues grises de la mer, lorsqu’il entendit un battement d’ailes au-dessus de lui. Il leva les yeux en étendant un peu le bras. Un grand faucon vint se poser sur son poignet en battant bruyamment des ailes.
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L'Archimage Nemmerle, Gardien de Roke, était un vieillard ; on disait de lui qu'il était le plus âgé de Terremer. Il souhaita aimablement la bienvenue à Ged, d'une voix tremblante comme le chant de l'oiseau. Sa robe, sa barbe et ses cheveux étaient blancs, et l'on aurait dit que le lent passage des années avait épuré de son corps tout ce qu'il avait pu contenir de lourd et de sombre, le laissant blanc et lisse comme du bois flotté qui aurait dérivé pendant un siècle.
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- Il est très rare , dit enfin le jeune homme, que les dragons proposent aux hommes de leur rendre service.
- Mais il est très commun, répondit le dragon, que les chats jouent avec les souris avant de les tuer.
- Je ne suis pas venu ici pour jouer, ni pour que l'on joue avec moi. Je suis venu conclure un marché avec toi.
Aussi effilée qu'une épée, mais cinq fois plus longue, la pointe de la queue du dragon vient s'arquer comme celle d'un scorpion au-dessus de la cuirasse de son dos, plus haut que la tour. Il répliqua sèchement :
- Je ne conclus jamais de marché. Je prends. Qu'as-tu à m'offrir pour que je ne puisse te prendre quand il me plaira ?
- La sécurité. Ta sécurité. Jure de ne jamais venir voler à l'est de Pendor et je jurerai de ne point te faire du mal.
La gorge du dragon émit un son rocailleux, comme une avalanche de pierres sur les flancs d'une montagne. Le feu dansa sur sa langue à triple fourche. Il se dressa encore plus haut, couvrant les ruines de son ombre : ''Tu m'offres la sécurité ! Tu me menaces ? Avec quelle arme ?''
- Avec ton nom, Yevaud.
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Lorsque leurs regards se croisèrent, un oiseau se mit à chanter, perché sur une branche. À cet instant précis, Ged comprit ce chant, il comprit le langage de l’eau qui tombait dans le bassin de la fontaine, la forme des nuages, le début et la fin du vent qui faisait bruire les feuilles : il eut l’impression de n’être lui-même qu’un mot dans la bouche du soleil.
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Vidéo de Ursula K. Le Guin
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Réflexion sur le genre et féminisme, écologie, inégalités sociales, ce sont autant de préoccupations qui se dessinent subtilement dans l'oeuvre monde de cette touche-à-tout
En compagnie de ses invités, Catherine Dufour, écrivaine de science-fiction et Jérôme Vincent, directeur éditorial des éditions ActuSF, Antoine Beauchamp vous propose de découvrir cette immense autrice qui fut un temps pressentie pour le prix Nobel de littérature.
Photo de la vignette : Dan Tuffs/Getty Images
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