Déjà en ouvrant les première pages, on remarque le style peu commun d'
Elene Usdin dans l'univers de la bande dessinée, on est plus proche de celui de la peinture. Les couleurs sont saturées, posées en taches intenses et fortes, l'ensemble est assez chargé en couleurs, et en contrastes, cela fait penser aux peintures post-impressionnistes, à des artistes comme
Paul Gauguin,
Emil Nolde, August Macke… Couleurs lourdes, peu de blanc, intensité des surfaces, douceur des formes avec même des moments plus psydhédéliques, des ronds concentriques plus Delauniens nous embarquent dans un onirisme plein de tensions, de peurs, de magie.
Le propos est presque surréaliste, on voyage dans l'univers des rêves et du subconscient de ce petit garçon, qui devient une fille par moment, ou un adulte, il est à la recherche de son doudou, mais c'est une quête bien plus lourde en réalité, autour des mystères de l'adoption, de la sexualité, de l'identité.
Ce thème pourrait paraître assez pompeux et lourd, mais avec son graphisme inventif, son imagination débordante, son inventivité surréaliste et ses références à diverses mythologies (inuit en particulier),
Elène Usdin lui apporte une dramaturgie pleine de poésie, et en fait un mystère d'une grande beauté, fort et intense.
J'ai adoré ces choix graphiques, j'ai adoré cette manière de raconter par la couleur, j'ai adoré l'audace. C'est une bande dessinée déconcertante, mais qui laisse une impression forte comme une rémanence rétinienne.