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EAN : 9781859956168
255 pages
Parkstone (29/08/2007)
4.83/5   3 notes
Résumé :
The Book :
This book contains 120 of Hiroshige’s most amazing prints and combines them with valuable comments. Its didactic structure enables the reader to become easily acquainted with the impressive work of this famous Japanese artist.

The Author
Mikhail Uspensky was a leading art historian and curator of the Japanese art collections of The State Hermitage Museum. 

120 illustrations, 256 pages.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce sont essentiellement des paysages et des vues des alentours de la ville ancienne d'Edo ("La porte de la Rivière", devenue Tokyo en 1868), de sa baie et de son arrière-pays, qui s'offrent au regard dans cette monographie des éditions Parkstone consacrée à Hiroshige.

Ando Hiroshige (1797-1858) est un peintre Japonais natif d'Edo qui, à partir de 1830, consacra une partie de son oeuvre à l'estampe (ukiyo-e : littéralement "images du monde flottant"), et réalisa notamment, entre 1856 et sa mort en 1858, les "Cent vues célèbres d'Edo" dont il est question ici. Sur chaque double page, à gauche un commentaire éclairé et discret guide celui qui se trouverait dépaysé par cette immersion totale dans les faubourgs et les quartiers anciens d'Edo et de sa périphérie, à droite une reproduction de l'estampe illustre le propos et parle au lecteur.

C'est autant un voyage dans la géographie et l'histoire de l'ancienne Edo, dans ses quartiers aristocratiques ou populaires, qu'une invitation délicate à connaître la culture japonaise, ses coutumes et ses fêtes ou ses rituels, que ce livre propose au gré des saisons. C'est peut-être aussi une expérience esthétique visuelle destinée à nous éloigner de nos propres canons et à tout redécouvrir dans l'oeil de ce peintre japonais talentueux.

D'emblée, on est saisi par ce que le peintre raconte par l'estampe : l'immensité de la baie, l'omniprésence de l'eau (p. 125, 151, 177), la multiplicité des voiles blanches ou des barques chargées de fret (p. 77), remontant des fleuves sinueux, des rivières ou des canaux qui se frayent un passage dans les terres qu'ils irriguent (p. 147), et que viennent relier entre elles d'innombrables ponts ou passerelles aux légères et savantes structures en bois (p. 129, 207, 217).

Des quartiers commerçants ou artisanaux, Nihonbashi reste le plus emblématique de la culture urbaine d'Edo ("Vue générale de la première rue du quartier Nihonbashi", 36 x 23,8 cm, août 1858, p. 99). de même le pont qui porte son nom car, à partir de 1604 quand le clan Tokugawa établit son shogunat, toutes les distances du pays furent calculées d'une borne érigée en son milieu (p. 13). Edo était la ville la plus peuplée du monde à la fin du XVIIIè siècle.

Partout visible du vieil Edo, la figure tutélaire du mont Fuji s'invite sur nombre de ces estampes mais c'est sans doute sur la colline de Surugadai dans le quartier Kanda que sa vue est la plus belle, dit-on (p. 106). Qu'il surgisse d'une aube naissante (p. 21) ou apparaisse au-dessus d'une nappe de brume, tel un fantôme, au bout d'une rue animée d'un quartier commercial des environs de Nihonbashi ("Surugachô", 34,3 x 21,9 cm, septembre 1856, p. 27) le mont Fuji s'impose au peintre. C'est un culte : à Méguro (p. 59) deux collines artificielles créées dans le premier quart du XIXè siècle se dressent face à lui pour l'honorer.

Au détour d'un chemin ou du haut d'une colline se révèlent un sanctuaire shintoïste ou un temple bouddhiste, une procession ou un rassemblement. le peintre s'attarde à Ueno, meilleur endroit pour la contemplation des cerisiers en fleurs. Les jardins de pruniers de Kamata (p. 65), celui de Kameido (p. 71), copié par Van Gogh ou le somptueux motif d'iris ("Horikiri-No hanashôbu", 36,1 x 23,6 cm, mai 1857, p. 139) que l'art occidental n'oubliera plus, célèbrent le printemps (hanani), tandis qu'à Mama on admire les érables rouges en automne (p. 199).

Des paysages d'hiver sublimes nous sont offerts : un grand aigle majestueux qui déploie ses ailes au-dessus d'une plaine marécageuse figée dans la neige glacée (p. 225) ou d'autres ciels sombres criblés de flocons blancs.

Des stries obliques très fines et très serrées sur toute la surface d'une feuille signalent une averse d'été (yudachi : phénomène du soir) sur le pont Otashi (p. 127). Maurice Denis s'en inspira-t'il vers 1899 pour « Pluie en Bretagne »?

On sent presque la brise dans le vol des cerfs-volants multicolores de la fête Tanabata (p. 157). Tant de sensations et si peu de moyens plastiques, c'est tout l'art d'Hiroshige.

Des cigognes à tête rouge, symbole de longévité, peuplent les territoires où le shôgun pratiquait la chasse (p. 215). Des carpes, symboles de la réussite, sont un nouveau prétexte à montrer le mont Fuji (p. 107), des dragons qui règnent sur les étangs captivent l'attention, ou encore ce pin dont les branches fantasques se prêtent à l'artiste pour y inscrire au centre la vue d'un monastère ("Ueno sannai Tsuki-no matsu", 33,9 x 22,5, juillet 1856, p. 189).

Les maisons de thé ou les lieux de divertissement ne sont pas oubliés (P. 175).

Aucun modelé, aucun contraste, aucune ombre, la perspective se construit dans un parcours où la couleur se pose en aplat (on pense aux "Nabis"). Au pays du Soleil Levant, la matière s'efface devant des instants d'éternité et la transparence pourrait bien rendre visible l'éphémère. Les sujets les plus ordinaires de la vie : le transport des denrées, les marchés, la pêche, l'artisanat ou les fêtes et les rituels, les saisons, comme la contemplation et la méditation, conduisent l'homme en sa profondeur et nourrissent l'art populaire ukiyo-e. Hiroshige donne à ce parcours sa dimension visuelle et spirituelle et l'estampe est composée comme une circulation entre ce monde ci et ce monde là.

Certains livres d'art érudits peuvent inhiber, on reprocherait leur simplisme à certains autres. Celui-là tout simplement ravit.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Conformément au principe ukiyo-e qui consiste dans la représentation de la vie de tous les jours, Hiroshige n'évite pas le quotidien. Chez lui, il n'y a pas d'objets "vulgaires" et chacun d'entre eux est un moyen de raffermir les liens entre l'homme et la nature.
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