Guerres indiennes

Il était une fois des tribus qui pensaient que la terre appartenaient à tous et qui vivaient en harmonie avec la nature, jusqu'à ce que l'homme blanc foule la terre de leurs ancêtres et décident qu'il était temps de leur apprendre à vivre en hommes civilisés. Ces tribus, ce sont celles des Indiens d'Amérique, et ce livre est une source d'informations d'une grande richesse.

Contrairement à ce que l'on veut parfois nous faire croire quand l'homme blanc est arrivé sur leurs terres les Indiens étaient loin d'être des sauvages vivant dans l'anarchie. D'abord « Indien » ne veut pas dire grand-chose, car il y a autant de façon de vivre que de tribus : Séminoles, Iroquois, Cherokees, Creeks, Cheyennes, Sioux, Hurons, Navajos, Comanches, Apaches, Omaha, Cris, Nez percés … la liste est longue. A chaque tribu ses rites, ses coutumes, ses règles, sa justice, son système politique, sa religion, rien à voir avec l'anarchie et la désorganisation à laquelle on voudrait nous faire croire. Pour de nombreuses tribus la hiérarchie avait une importance capitale. de grandes différences entre ces peuples qui les ont probablement perdus car si les indiens avaient réussi à s'unir contre l'homme blanc je doute que celui-ci aurait eu le dessus. Ce livre retrace plus de 200 ans de combats et de luttes acharnées pour des terres. A travers cette guerre on découvre en fait un génocide cruel et sans pitié. Hommes, femmes, enfants, vieillards, traités comme du bétail. Présentés comme des sauvages, cruels et devant être exterminés pour le bien de l'humanité. Les Indiens ont d'abord été repoussés sur des terres souvent stériles, où rien ne poussait et où aucun gibier ne permettait de se nourrir. Qu'ils soient chasseurs ou cueilleurs ils n'avaient aucune chance. Certains diront que ces terres leur ont été acheté mais comment un peuple qui ne connaissait pas la valeur de l'argent aurait pu vendre quoi que ce soit. Sans compter que d'un point de vue culturel cela n'avait aucun sens pour eux « tout indien censé savait que la terre était pareille à la mer, et que tous pouvaient l'utiliser. A la rigueur, plusieurs tribus pouvaient se choisir des territoires différents, mais jamais un seul homme ne pouvait en être propriétaire ».

Poursuivis repoussés sans cesse ils n'avaient aucun répit et les Anglais ne reculèrent devant aucune bassesse ou fourberie pour les exterminer, le whiskey fut la première arme à faire dégât parmi les Indiens, puis on trouva d'autres moyens : « le deuxième cadeau des blanc était la maladie, la variole notamment, qui arriva avec le bateau annuel qui apportait le ravitaillement au fort, en juin 1837. Cette épidémie à elle seule tua environ 15 000 indiens dans la région du Missouri ». Pas calculé ? Cette fois-là non, mais quand les soldats comprirent que les indiens n'étaient pas immunisés contre la maladie, ils leur offrirent des couvertures ayant servis aux malades de la variole. Ce fut une hécatombe.

Dépossédés de leurs terres à coup de traités injustes, et jamais respectés par l'homme blanc qui plus est, les indiens n'ont eu d'autre choix que de combattre. On pourrait dire qu'ils furent cruels, tuèrent des femmes et des enfants, torturèrent… mais d'après ce que j'ai lu dans ce livre ils restèrent plus dignes et moins fourbes que les Américains mais une guerre n'est jamais propre.
Ils se montrèrent des combattants redoutables et particulièrement fiers et courageux : « Les Séminoles, par leur obstination, avaient coûté vingt million de dollars aux Etats-Unis, nécessité plus de trente mille soldats, et tué près de mille cinq cent d'entre eux. Eux même à ce moment-là ne se rendirent pas tous. Plus de quatre milles furent au bout du compte amenés dans l'Ouest, mais d'autres groupes, trop affaiblis pour continuer le combat, et trop fiers pour se rendre, s'enfoncèrent loin dans les marécages. Quand un siècle plus tard les Etats-Unis entreront dans la seconde Guerre Mondiale, certains de leurs descendants refuseront de se faire recenser parce qu'ils ne se considèreront toujours pas comme citoyens américains, mais comme membres de la nation Séminole, une nation souveraine jamais vaincue. »

Les Séminoles étaient particulièrement détestés par les Américains car ils offraient un refuge et de l'aide aux esclaves en fuite. Cela explique sans doute pourquoi certains indiens avaient la peau noire, ils sont probablement restés dans les tribus qui les ont accueillis.

Quand les tribus furent acculés on décida de les parquer comme du bétail avant de les déporter ailleurs sur des terres dont personne ne voulaient. Pour cela ils les réunirent tous au même endroit dans le sang et la violence. Les soldats tuèrent, violèrent pillèrent… après tout il ne s'agissait que de sauvages. « L'armée garda les Cherokees parqués dans des camps de concentration pendant tout l'été, dans une chaleur étouffante. Beaucoup moururent, et encore plus tombèrent malades. A l'automne et au début de l'hiver on les fit partir dans l'Ouest, certains dans des bateaux à fond plats, d'autres en charrette, d'autres encore à pied ». C'est ainsi que les Cherokees durent quitter les terres qui les avaient vu naître et parcourir 2 000 km pour atteindre l'Est de l'Oklahoma. Un épisode tristement célèbre et connu sous le nom de « Piste des larmes ». Les Cherokees formaient pourtant un peuple pacifiste qui invitait les blancs à ses fêtes et vivait à leurs côtés sans jamais faire preuve d'agressivité. Plutôt que de défendre leurs terres en prenant les armes ils firent appel à la Cour Suprême en se basant sur un traité que leur peuple avait signé. Etonnamment la Cour Suprême leur donna raison, cela ne suffit pas, l'homme blanc à coup de bassesse et de fourberies finit par les déposséder.

Certains en étaient toutefois conscients « Si je le pouvais, je mettrais dès demain tous les Indiens jusqu'au dernier hors d'atteinte de l'homme blanc, qui attend tel un vautour, prêt à fondre sur sa proie pour la dépouiller de tout ce qu'elle possède ou de ce qu'elle va recevoir du gouvernement des Etats-Unis ».

Les Français ont également joué un rôle dans ces guerres du fait de leur présence en Amérique du nord. J'ai été surprise d'apprendre qu'ils avaient lutté contre les Anglais aux côtés des Indiens. S'ils avaient aussi essayé de les convertir par des missions de jésuites leur but était surtout de repousser les Anglais hors des territoires Indiens. Certainement que l'objectif était d'empêcher les anglais d'étendre leur pouvoir en étendant leur territoire et en commerçant avec toujours plus de pays. Toujours est-il que les Français ne maltraitèrent pas les Indiens, Francis PARKMAN un spécialiste de l'époque précisa : « La civilisation espagnole a écrasé les Indiens ; la civilisation anglaise les a méprisés et négligés ; la civilisation française les a enlacés et chéris ». le but des Français était le commerce, par les terres, ce qui explique certainement les bonnes relations avec les tribus indiennes.

J'ai également été surprise d'apprendre que certaines tribus telles que les Iroquois étaient les alliés des Anglais.

Un livre qui contient beaucoup d'informations fouillées et dont les sources sont citées. La réflexion étant axée sur les conflits, il aurait été intéressant de disposer de cartes voir d'une frise chronologique pour mieux situer les évènements dans le temps et dans l'espace car j'avoue que parfois j'étais un peu perdue. Difficile aussi de faire le parallèle avec l'histoire de France (pendant ce temps-là on faisait quoi nous… ?). Un livre intéressant qui se lit bien, à condition d'être intéressé par le sujet sinon ça peut vite devenir pénible.