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EAN : 9782754307338
100 pages
Livre Actualité (31/07/2018)
4.62/5   21 notes
Résumé :
Si elle était Prévert son Abécédaire serait Bon comme un Croissant. Si elle était Sempé il serait gai comme un pinson. Si elle était Debussy il serait ensorcelant comme le Clair de Lune. Mais l'Abécédaire de Maryna Uzun, c'est un Abécédaire de Paris, écrit pour Dimitri, et qui fait Ding et qui fait boum ! Il leur arrive de traverser tout Paris seulement pour entrevoir une Courbe irisée dans le ciel depuis le Bazar du pont Neuf… Cependant parfois ils quittent le Carr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Hier, a été une date mémorable pour ma bibliothèque, réception de 2 ouvrages : la toute récente oeuvre autobiographique de Michelle Obama "Devenir" et la dernière prouesse de ma grande amie sur Babelio, Maryna Uzun, "Le carnaval des majuscules ".
Du coup j'ai mis Benazir Bhutto, de qui j'étais en train de préparer un billet sur la base de la biographie d'Éric Raynaud, en attente. Une simple question de priorités !

Cinq étoiles. le maximum ! Moi qui n'en donne que très rarement. Non pas que j'irai à prétendre que son ouvrage soit la révélation de la rentrée littéraire 2018 en France, mais concevoir et réaliser une telle oeuvre, écrite en vers de surcroît, dans une langue qui n'est point sa langue maternelle, tiennent du prodige ! Mes premières réactions en ouvrant le paquet de la poste étaient doubles : la stupéfaction et l'admiration !

Car n'oublions pas que la jeune dame, qui vient de célébrer tout juste ses 44 printemps, s'est déjà faite un sacré renom comme virtuose du piano, elle donne des récitals et des cours de cet instrument à Paris. Avec ses 2 romans, "Le voyage impaisible de Pauline" et "Les silences d'Isis" (voir mon billet du 24 avril dernier), à côté de ses créations musicales, notre Maryna pourrait se plaindre à la rigueur de l'injustice en France et en Ukraine, d'où elle est originaire, mais sûrement pas que le bon Dieu l'aurait oublié lorsqu'Il distribuait les talents. Et pour terminer la série de ses performances qui m'impressionnent, elle a de sa propre main illustrée par des dessins originaux son opus. Quand bien même qu'elle n'ait rien d'un Caran d'Ache ("карандаш" 1858-1909), ses dessins valent également la peine d'être regardés de près, et surtout d'être appréciés par nos tous jeunes amis, les gosses.

"Le carnaval des majuscules" se présente comme un abécédaire littéraire imaginaire et singulier, qui nous permet de découvrir mieux la personne derrière son auteure. le livre compte 105 pages, dont une partie sous forme de dessins de l'artiste. On pourrait le lire en un minimum de temps bien sûr, mais ce serait vraiment dommage. Ce livre délicieux mérite qu'on le déguste à petites doses. Ainsi, je lui ai trouvé une petite place sur ma table de nuit.

Les vers de Maryna Uzun sont tellement beaux que je pourrais sans aucun problème en multiplier les citations dans cette critique, qui risquerait de devenir la plus longue des 370 que j'ai pu envoyer jusqu'à ce jour à notre site préféré.

Permettez-moi quand même une seule citation, pour vous donner un tout petit aperçu de la teneur et la valeur du livre.

La lettre "P" comme Passoire :

" Servant de poche ou de pantoufle
La pauvre lettre P s'essouffle.
Un jour, râpé jusqu'à la corde,
Le P reçoit miséricorde. "

(page 64).

Pour celles et ceux qui auront comme moi aimé cet opus, notre Maryna vient de publier, ce mois-ci, "Le carnaval des majuscules : prolongation exceptionnelle".

À cause de ses dons multiples et variés, mon épouse et moi-même avons hâte de rencontrer Maryna Uzun en personne, si, toutefois, son agenda fort chargé lui permet de perdre une bonne demi-heure de son temps à s'entretenir avec ses fans belges et bavarder avec ma femme de musique et avec moi de littérature ?
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"Le Carnaval des Majuscules : Prolongation exceptionnelle chez l'orthophoniste" lu en juillet, août, septembre, octobre, novembre, décembre 2022... 2023... 2024...

Chalumeau, ciseau à bois, clé à molette, clou, échelle, équerre, escabeau, établi, étau, hache, lime, maillet, marteau, meuleuse, perceuse,ponceuse, rabot, râpe...
Stop !!!! Ras-le-pompon des listes de bricolage, moi j'veux du badinage, des bavardages, du bariolage, des enfantillages ! J'veux mettre de la couleur sur tes lèvres, j'veux que les A, les B, les C... s'envolent en l'air comme des bulles de savon que je viendrais piquer de mon crayon.


A - Arbre de Noël

"C'est la première des voyelles
A, mon bel Arbre de Noël,
Fait de trois lignes irréelles
De cônes bruns ornés de gel !"

Je pique la rime sur tes lèvres
Et je l'accroche à mon sapin
Peut-être entendrai-je demain
ton rire de pantomime mièvre ?


B - Boudeuse

"Le B, la bouche de boudeuse,
La Belle, morne à tout jamais.
Ses boucles blondes, si soyeuses,
Font soupirer bien des niais

Un troubadour balance en vain
Le baldaquin de la princesse
Les mots badins qu'il dit sans cesse
Ne changent rien à l'oeil bovin !"

De tes bouderies
De ta bouche en coeur
Comme par magie
Je deviens spectateur
Tes mots badins comme un refrain
Me rendent complètement zinzin


C - Courbe

"La lettre C, bel arc-en-ciel,
Bientôt tu vas l'apprivoiser :
Elle descend dans ton manuel.
Mais que de courbes irisées !
Un cache-nez si peu standard
Pour une gorge de canard !
Les C culbutent ou chahutent
Sous les coupoles-parachutes..."

C comme Cacophonie
C comme Chante, oui chante, ma belle orthophonie
Mais prends bien garde à toi
Mon nouveau cahier de leçons couleur carnaval
Désormais ne craint plus la monotonie


D - Défilé

"Les d'se donnent en spectacle
Et qui pourrait leur faire obstacle
S'ils demandaient à mettre en vers
Des verbes dépouillés, amers ?"
...

Vilain d'! Tu ressembles bien trop à un T !
Tu me fais perdre la tête
Alors que je devrais être à la fête
De tes pirouettes grammaticales
Notre entente saura-t-elle être plus cordiale ?


L - Lettre

"Assise dans la chaise longue,
Lisant la lettre du Mékong
L prend, sans voir, un bain de lune
Plus aucun bruit ne l'importune...

Lettre pliée et dépliée
Tout doucement glisse, oubliée.

Yeux aveuglés, tels des menhirs,
Par un afflux de souvenirs
Des souvenirs si déréglés
Face au papier toujours réglé...

Lettre pliée et dépliée
Tout doucement glisse, oubliée."

Lettre pliée et dépliée
Ton l'se fait grave et sensuel
Danse lascive de ta langue, remonte vers ton palais
Tout doucement glisse, oubliée...
Du l'De tes lèvres si confidentiel
Je suis devenue une inconditionnelle


W - Week-end à deux des W

"Week-end à deux, hors des corvées :
Papiers, cocktails, plateaux, cuvées,
Du risque d'être interviewé,
Du clan des jupes entravées ! ...

Les W, pour se sauver,
Vont visiter le vieux Montmartre.
C'est le Paris jadis pavé
Qui les invite à ses mansardes !"
...

Le W je ne rate jamais,
Le W pour me sauver
Dernier Wagon dans lequel sauter
la bouche en coeur, énamourée
Je revisiterai tout l'alphabet !


X - Dans x temps

"Quand madame X lit ses comics
Ou cherche, en classe, tous ses X
Je creuse seul un souterrain,
Qui mène aux grands monstres marins.
Un jour, nos pas feront un X
Dans x temps, j'en suis certain.
Nous nous verrons, en reine et roi,
Dans mon château de sable étroit !"

X comme x temps, le temps infini, le temps de lire ce recueil, il est de ceux que l'on ne referme jamais. Vous serez chanceux si vous l'ouvrez... Il m'a accompagnée au fil des derniers mois, il a veillé sur moi comme un ami, il m'a réconfortée bien souvent, il m'a fait sourire, beaucoup... Et surtout depuis deux semaines il égaye mes séances de lecture labiale tant il est riche de mots et de couleurs, je ne pouvais pas trouver meilleur support et avec l'aval de mon orthophoniste ça a été comme une évidence pour toutes les deux. Pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, je vous invite à découvrir ce merveilleux ouvrage qui vous réservera de belles surprises notamment sur les dernières pages avec "Le Conte merveilleux à la manière des collages de Picasso" et d'autres beaux poèmes dont l'un m'a tout particulièrement touchée : "Famille verte" et pour finir je ne saurais conclure ce billet sans souligner le talent d'illustratrice de Maryna Uzun dont la multitude de dessins colorés ont fait émerger la petite Gaëlle, studieuse, qui aimait tant dessiner les trains de son papa avec ses pastels.


La bouche en coeur, la bouche mordue, la bouche cachée
la bouche figée, la bouche pincée... dansent les mots de Maryna, joyeuse farandole de Majuscules qui gesticulent, conciliabule dans mon vestibule.

M comme... Mille Mercis Maryna !



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"Mais quelle est cette royauté
Des signes tarabiscotés ?"

"Il était une fois"... pour paraphraser la chronique d'une charmante amie babéliote. J'espère qu'elle ne s'en formalisera pas.
Ou encore, comme on dit dans les contes slaves : "Il était, il n'était pas..."

Il n'était donc pas une, mais deux petites filles, qui ont passé leur enfance quelque part à l'Est. Elles ne se connaissaient pas, mais les deux ont pareillement grandi avec les contes slaves, les histoires d'Andersen, Perrault, frères Grimm... et probablement aussi avec les livres de Nikolaï Nosov et la série animée "Ну, погоди !". L'une a choisi la musique comme métier, tout en pratiquant le dessin pour le plaisir, et - chose amusante - l'autre a fait exactement le contraire. Elles ont fini par se rencontrer un beau jour sur un site littéraire en France, car elles ont toutes les deux toujours aimé la poésie.
La "grande" poésie classique, mais aussi la "petite" poésie du quotidien, cachée dans tout et dans n'importe quoi : la poésie de la pluie, des moustaches d'un chat, des tâches sur un mur écaillé. Poésie des boulevards animés de la grande ville, poésie des phrases, des mots et des lettres.
Poésie des malléables MAJUSCULES.

J'ai toujours adoré les majuscules. Non seulement elles me permettaient de lire et de tracer mes premiers mots avant même d'aller à l'école, mais par une sorte de métamorphose magique, elle pouvaient se transformer en "métamajuscules". Dans mes premiers abécédaires, c'étaient des entités dotées d'une vie propre, qui faisaient travailler l'imagination : S comme (presque obligatoire) "serpent", X comme les deux baguettes croisées de "xylophone". H comme "hôtel"... sans doute quelque part à Paris, la ville toujours très présente dans les poèmes ludiques de Maryna.
Sur les pages de son livre, les majuscules se déguisent pour un carnaval, et se transforment en tout ce que vous voulez. Et vous en voulez encore, car c'est rythmé, coloré, inventif , amusant et agrémenté par des petits dessins simples au pastel à l'huile en parfait accord avec les poèmes. Les lettres costumées sorties de l'imagination de Maryna donnent envie de continuer le jeu et d'en inventer d'autres... sans aucun "programme" littéraire ou artistique bien défini, seulement pour le plaisir de regarder la vie d'une autre façon, pour qu'elle devienne elle-même un poème.
"Au lieu d'être uniment utile,
La lettre, étrange et versatile,
S'offre un goût de la beauté
On l'examine avec doigté !
Elle est rebelle à tout calcul
Lançant partout ses tentacules !"

"Le Carnaval" m'a fait souvent penser au livre de mon cher Vítězslav Nezval, appelé "L'Alphabet", qui est aussi un hommage poétique aux majuscules. Les photo-illustrations avant-gardistes qui mettent en scène la danseuse Milča Mayerová en légère tenue de sport ont fait un petit remue-ménage dans les hauts cercles académiques en 1926, ce qui ne risque pas d'arriver - heureusement - aux plaisants pastels de Maryna, mais on y trouve le même jeu avec les mots et la typographie, les mêmes associations spontanées, et la même prédilection pour les thèmes de la ville, les voyages exotiques et les petites choses ordinaires qui revêtent un habit extraordinaire dans un autre contexte. La même sensibilité malicieuse, capable de charmer n'importe quel lecteur entre trois et cent trois ans.
"L'Alphabet" s'inscrit dans ce courant artistique typiquement tchèque qui est le "poétisme" : une sorte de surréalisme plus léger, plus joueur, totalement apolitique et essentiellement optimiste.
Le livre de Maryna Uzun est comme une réinvention moderne de ce "poétisme" que j'aime tant, avec son invitation à rêver devant la mêlée des M, les entrechats des E, les roulades des R, les cabrioles des C, les imbroglios des I... MERCI Maestro !
"Mais à présent c'est à Vous !
Ne manquez pas le rendez-vous !"
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« Notre Abécédaire ne dort jamais sur une Étagère mais il se laisse balancer dans un Hamac. Ou il se feuillette à la lumière d'un Abat-jour violet. Ou encore on le récite assis Dos à Dos dans l'herbe humide de rosée. »

Moi non plus, mon abécédaire ne dort pas sur une étagère. Il attend sagement sur mon bureau que je le feuillette quand l'envie m'en prend. Et l'envie m'en a justement pris durant ces jours fébriles d'intense fatigue. À force de le parcourir à l'endroit, à l'envers, à force de picorer de ci de là au gré du hasard, une idée a germé dans mon esprit embrumé. Je me suis mise à rechercher le poème qui, ou les vers qui. Enfin, quelque chose, je cherchais quelque chose sans savoir quoi. Un écho, une musique, un rythme, une scansion. Et j'ai fini par trouver. Deux vers qui. L'idée prenait forme, mais la fièvre fut la plus forte, et je dus retourner me coucher.

Deux vers qui m'inspireraient. Voilà, c'était ça, l'idée. Qui m'inspireraient un poème à mon tour. Un poème avec contrainte puisque je devais y loger les vers de Maryna, ces deux vers sautillants qui lui ressemblent tant, enfin, qui ressemblent tant à l'idée que je me fais de Maryna. Je me doute que Maryna ne passe pas ses journée à sautiller, mais c'est ainsi que je me la représente : sautillante et primesautière. Et me voilà aussitôt lestée d'une nouvelle contrainte : loger « primesautière » dans mon poème, et trouver par là-même une rime en « tière ». Je ne me simplifiais pas le travail. La fièvre fut une fois de plus la plus forte, et je dus retourner me coucher.

Un poème en forme d'hommage, un jeu poétique en forme de facétie. Je la tenais, mon idée. Et de plus en plus fermement. L'hommage serait masqué. J'adore les textes à clé, les énigmes et les charades. Il m'est revenu en mémoire un lointain souvenir d'école. Un poème qui dissimulerait un mot ou une phrase, voilà ce que je voulais. Après quelques recherches, j'ai trouvé : acrostiche.
« L'acrostiche est un jeu littéraire fondé sur une figure de style qui consiste à écrire un texte poétique ou la strophe d'un poème, de façon à composer un mot ou une expression avec les premières lettres des vers. »
Une contrainte de plus, mais au point où j'en étais… Il me restait à trouver l'expression en forme d'hommage (facile), puis à écrire un poème dont la première lettre de chaque vers serait imposée (moins facile). Et en plus, il fallait que ça rime. J'ai commencé à rédiger, mais la fièvre m'a terrassée et j'ai dû une fois de plus retourner me coucher.

J'ai fini par le terminer, mon poème. Mais quelque chose n'allait pas. Un problème de rythme, un poème bancal. Un coup, neuf pieds, un coup, douze, un coup, dix. Les vers de Maryna comportent huit pieds, donc ce serait un poème en octosyllabe, une contrainte supplémentaire, mais au point où j'en étais…
Voilà qui était beaucoup mieux, voilà qui changeait tout. Musique, rythme, poésie, tout est lié et voilà pourquoi Maryna est Maryna.

Et mon poème-hommage facétieux, le voici :

Manipulons les mots, les vers,
Alphabétisons à l'envers,
Rions encore de nos travers,
Y perdrons-nous notre univers ?
Ne nourrissons pas nos poètes,
Aimons leurs déliées pirouettes,

Partageons-la, leur joie fantasque,
Oublions la poisse à nos basques,
Etirons nos rires jusqu'à l'âme,
Tant que Ruskin aura Sésame,
Et Proust ses plaisirs, ses jours,
Ses doigts seront des oiseaux-mouches
Sur quelque quatre-vingt-huit touches!
Elle se hâte parfois en amour,

Mais s'arrête pour contempler
Au détour d'une ombre portée,
Jouant dans les divins bosquets,
Une fée, un troll guilleret.
Se coulant dans le plein des mots,
Comme dans les notes du piano,
Unique, allegro mais pas trop,
Libre, rêvée, primesautière,
Elle enchante la vie entière.

Trouverez-vous l'expression cachée? Et les deux vers de Maryna, les reconnaîtrez-vous?

« Si j'étais Prévert mon Abécédaire serait Bon comme un Croissant. Si j'étais Sempé il serait gai comme un pinson. Si j'étais Debussy il serait ensorcelant comme le Clair de Lune. »
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Rimbaud avait célébré les voyelles et leurs couleurs, Maryna Uzun a choisi d'honorer toutes les lettres de l'alphabet, voyelles et consonnes, en une succession de poèmes consacrés chacun à l'une d'entre elles.

Et c'est une belle réussite que ce recueil où les lettres engendrent des mots qui viennent s'emmêler au fil des strophes que le lecteur parcourt en admirant cette poésie sonore qui instrumentalise chaque lettre avec une thématique différente.

J'y ai vu une analogie rimbaldienne avec le buffet, lequel, s'il nouvre pas ses "grandes portes noires" laisse admirer ses sculptures en "vieux noyer" et imaginer l'argenterie qui attend de recevoir les grands crus pour les faire chatoyer dans leur cristal.

J'ai aimé l'Abat-jour, sauveteur de "l'Amour muet", l'Ironie, le Jonc, la Valse, le Toit et bien d'autres.

C'est l'enchaînement de toutes ces lettres et de tous ces poèmes qui jouent avec elles qui fait la richesse de ce petit recueil que Maryna m'a aimablement envoyé pour une belle lecture du estivale, volontiers partagé dans mon entourage présent et à venir.

Merci Maryna pour cette belle attention et tous mes compliments pour la richesse poétique tirée de la matière première de ces vingt-six belles.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Poème bonus du Carnaval des majuscules : Prolongation exceptionnelle.

FAMILLE VERTE
Une famille très heureuse pourtant elle n’est pas nombreuse

Maman qui prise les balades : forêts, cueillettes, fleurs, salade

Papa qui kiffe les musées, non seulement les Champs-Élysées !

Enfant friand des bords de mer, des crépuscules éphémères,

Des promenades en ciré, mouettes, huîtres et marées…

Aussi trouvent-ils de bon ton de jouer à trois au badminton !


Et dans leur petite maison, qui reste verte aux quatre saisons,

La médecine est préventive, et la cuisine n’est pas hâtive

Et le régime dit crétois qui les captive, est très courtois

Et la cuisson à la vapeur toute l’année est à l’honneur !


Enfant poète, rêveur lunaire, c’est un cœur tendre et solitaire

Mais pour qu’il ne s’envole pas, son vieux côté « grimpeur » est là !

Il vous dessine tout partout : sur la maison de son toutou,

Sur la blancheur des coquillages qui cuisent au soleil des plages,

Et même sur les emballages, sans que ce soit du barbouillage !

Sur les fenêtres embuées, il laisse un elfe éberlué

Il vous dessine une frimousse sur un dos couvert de mousse

Avec sa boîte de clipo il fait parfois du Picasso !
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T – Table bistro
La lettre T, l’avez-vous vue
Se transformer en une table ?
Cela vous semble peu probable
Même avec une longue-vue !

Mais les doigts fins d’un menuisier,
D’un designer rue Bonaparte,
Vous construiront tout à la carte
Sans qu’il soit né Le Corbusier !

Table de pierre ou de métal,
Table du beau bois de santal !

Les lettres T, les parisiennes,
Les tables sveltes de bistro
Près d’une bouche de métro
Sous une enseigne ou des persiennes…

Lorsqu’une averse tambourine
Sur une table-ballerine
Les tasses blanches se remplissent
De l’eau de pluie et se bénissent !

Table de pierre ou de métal,
Table du beau bois de santal !
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Aux temps anciens, ou peut-être futurs, l’alphabet est une sorte de kaléidoscope : un instrument poétique réfléchissant à l’infini et en couleurs la vie extérieure. Il contient les lettres mobiles en verres colorés produisant d’infinies combinaisons de jolis mots. Les enfants et les grandes personnes s’émerveillent de lui, ils regardent d’un côté du tube, la lumière entre de l’autre et se réfléchit sur les miroirs magiques. C’est leur joujou préféré et chacun essaye d’en avoir un chez soi. Il en a toujours été ainsi depuis son invention.
Pourtant, peu à peu les hommes oublient le kaléidoscope attirés par l’argent, le pouvoir et les médicaments qui les rendent presque immortels. La poésie cesse de les intéresser au point de les énerver.
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H – « Hibou »
La cathédrale est un hibou
Aux deux aigrettes très très hautes
Un H énorme, bien debout,
C’est une halte pour ses hôtes.

Ce gratte-ciel du Moyen Âge,
Du style svelte dit gothique,
Il apparaît comme un mirage.
Le prêtre y chante le cantique.

La cathédrale enjambe un gouffre,
Le gouffre immense de la ville
Qui sent les frites et le soufre
Qui sonne rap et qui grésille.

Dans cette vie à perdre haleine,
Où nous étions souvent perdus
Par la colère et par la haine,
Prier est un travail ardu.
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X - Xérès

Aux temps anciens, la lettre X
Etait la dame du pirate
Comme une sorte d'idée fixe
Au croisement de ses pensées,
Au croisement des deux épées
Ainsi qu'au croisement des os !
Elle adorait tresser sa natte
En haut du mât souvent grimpée !

La lettre X sur son foulard,
Il effrayait tous les trouillards.
Dans son bateau nommé Xérès,
Il contrôlait toutes les eaux
Et les îlots jusqu'à Paros.
Et son ami Cacatoès,
Un combattant non moins féroce,
Bien redouté jusqu'en Ecosse,
Il répétait toujours prolixe :
"La lettre X, la lettre X !"
C'était cela, sa panacée
Quand sa vie était menacée.
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