Il était une fois dans un beau royaume (pas si) lointain une jolie petite fille à la longue tresse brune. de ce royaume tous disaient qu'il était merveilleux à tel point qu'il inspirait les plus illustres poètes et écrivains tels que Maïakovski,
Essénine,
Tchekhov et tant d'autres encore... Alors comment ce royaume aurait-il pu ne pas inspirer la petite fille devenue femme puisque toute jeune déjà elle avait compris qu'avec des mots et des notes de musique on pouvait rendre la vie moins ordinaire, plus merveilleuse ?
Un jour elle décida qu'elle serait une princesse. Une princesse pour toute la vie. Princesse des rimes qui nous raniment, anti-déprime ; princesse des coeurs contre la torpeur. Tantôt fragile, tantôt mutine mais toujours éprise de liberté, elle ne manquait jamais de répartie, ah ça oui, des doutes elle en avait plein son petit panier de plage mais elle prenait bien soin de les recouvrir avec des coquillages et dans ses poches, des poignées de sable et des rimes joyeuses car ce qu'elle préférait c'était transformer ses doutes en de jolis rêves colorés car elle avait aussi compris une chose importante : c'est que la tristesse à défaut de pouvoir s'en débarrasser, elle pouvait la rendre joyeuse. Je crois bien qu'elle avait trouvé là le moyen de rendre la vie plus merveilleuse.
La promesse sans promesse
Mon coeur, rappelle-toi
Tes premières caresses
Brûlant tes bouts des doigts,
Tes tendres maladresses
Oublie tes duos bastringues
Songe au goût de meringue
Refais ton odyssée
Au courant inversé
Avec une paresse
Tes souvenirs se tressent
Car ton amour les presse
Les tient par la promesse
Ta peau s'est déplissée
Ton dos s'est redressé
Et tu n'aspires qu'à
Revoir ton Odessa,
Cette enfant à la tresse
Que tu étais là-bas
Toujours tenue en laisse
Mais rêvant des trois-mâts
Tu écoutais
Pouchkine
Et non des voix mesquines,
Pensais au grand amour
Mastiquant le boulgour
Tu avalais les pages
Rêvant des équipages,
Haute-formes en fleurs,
Charades en couleurs...
Souviens-toi de ton Odessa, souviens-toi des jours là-bas, cherche bien en toi, ton âme d'enfant tu retrouveras, jamais tu ne la perdras, elle est la clef de ta
poésie. Souviens-toi de la petite fille, serre la fort dans tes bras, elle aimait tant contempler la mer, la mer Noire d'Odessa qui recouvrait ses pas et sa tristesse.
Je suis la mer
Je suis la mer, nagez en moi
Je suis la mer, crachez en moi
Mer d'Odessa, j'ai l'habitude
Je suis mer Noire
Maisons construites sur mes rives
Telle l'acné me défigurent
Je suis la mer et non la soupe
Je vous pardonne
Je suis la plage, ensablez-vous
Et imprégnez-vous de mon sel
Promenez-vous, inspirez-vous,
Respirez- moi !
Caressez-moi, sillonnez-moi
Je suis l'amour, je suis la femme
Il restera toujours ma voix
Voix de la mer
Avec ce magnifique recueil de 189 pages, illustré de photos marines,
Maryna Uzun rend un hommage vibrant à ses racines, à Odessa, à ses habitants, à ses proches aussi. Elle convoque la petite fille qu'elle était (qu'elle est toujours) pour nous offrir une poésie joyeuse et débridée. Sa mélancolie ? Elle l'enrobe d'un grain de folie pour en faire des petits bonbons sucrés recouverts de papier de soie dont le froissement se veut doux à nos oreilles. Plutôt que des larmes elle préfère nous laisser des sourires, des regards complices. Ses peines et ses regrets ? Elle les garde pour elle, évoquant à demi-mot et avec beaucoup de pudeur les absents...
J'ai été plus que touchée par cette belle poésie au swing thérapeutique, il y a des mots qui font du bien quand on sait y mettre la bonne couleur, le bon ton,
Maryna Uzun a indéniablement ce talent là.
Ma devise d'Odessa
Sans efforts, notre vie
Est une vie sans défis
Se tirer vers le haut
Est au prix des tensions
Tu peux toujours pencher
Sans jamais relâcher
Si tu ramasses des pelles
Recommence de plus belle !
Et même si Odessa n'est plus celle que tu as connue, il restera toujours Odessa de ton enfance, Odessa de tes souvenirs. La barbarie des hommes, petite fille, mais tu le sais déjà, abîme tout. En refermant ce recueil je pense à l'Ukraine...
Mon Odessa des catacombes,
Des labyrinthes souterrains,
Mon Odessa des résistants,
Et Odessa du Luna Park
Mon Odessa des souvenirs
Mon Odessa pour alunir...
Je ressors heureuse de cette lecture, j'ai ramassé tous les coquillages éparpillés entre les pages de ce recueil, je les ai déposés un à un, au fil de ma lecture, dans mon petit panier de plage, j'y ai rajouté quelques accords au piano (Brahms, Liszt) et j'ai recouvert à mon tour tous mes doutes. Maintenant voyez comme mon cerveau devenu cerf-volant se balance dans les airs, cerveau-rêveur polyvalent, il était temps ! Merci infiniment Maryna pour votre confiance et surtout de m'avoir permis de découvrir une poésie qui me touche, dans laquelle je me sens incroyablement vivante tout simplement.