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EAN : 9782896944002
Alto Voce (05/11/2018)
3.58/5   60 notes
Résumé :


À une époque où la nature a été entièrement cataloguée, colonisée ou assujettie, on peut encore découvrir quelques espaces insoupçonnés à la lisière de la civilisation : des chemins effacés par la neige, des villages mauvais. Il faut rester à l’affût pour les débusquer.

Sinon il suffit de suivre Laura sur les routes menant à la brumeuse cité de Shivering Heights ou vers le hameau flottant au milieu d’un lac infesté de dangers sou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Avant-propos

Hier j'ai lu Faunes, de l'autrice Québécoise Christiane Vadnais. Initialement paru aux Éditions Alto en 2018, ce premier roman a déjà remporté de nombreux prix littéraires et a été traduit dans plusieurs langes. Comme pour de précédents ouvrages de la collection Dentelle du Cygne aux Éditions l'Atalante, j'ai été séduite par la splendide couverture, de Martin Wittfooth, puis le titre et la lecture de la 4ème de couverture ont plus que validé mon attrait pour ce livre.

J'ai ressenti le même élan envers Faunes que pour Jusque dans la terre de Sue Rainsford aux Éditions Aux Forges de Vulcain : des univers weird, nappés de réalisme magique, abordant la monstruosité sous le prisme de l'animalité, le rapport au corps etc. Là où la frontière entre l'humain et l'animal – ou plus exactement entre l'animal humain et l'animal non humain – se dilue, il faut redéfinir le genre humain, repenser son rapport au monde, sa place dans la Nature.

Cette lecture m'a conquise !

.

Mon retour

« Pour que des rêves advienne la survie de l'espèce, il faudra revenir à des temps plus sauvages. »

Premier roman de Christiane Vadnais, Faunes est une vision ensauvagée, qui dilue les frontières. Les frontières entre l'humain et l'animal, le vivant et l'inanimé, le temporel et l'infinitude, la survivance et l'impermanence. La vision d'un songe sauvage, cannibale, primitif. L'autrice livre une réflexion sur notre monde, sur l'évolution et les mutations génétiques, sur l'écologie, le réchauffement climatique, sur la définition même du vivant, de l'être humain.

Découpé en plusieurs fragments, telles les étoiles d'une constellation que l'on relit, le récit nous immerge dans un paysage aqueux, flouté. L'eau et le ciel ne font qu'un. Dans ce décor liquide et brumeux, des maisons-bateaux, et quelques habitations (un zoo, un spa, un centre de recherches) lentement absorbées par le brouillard. Ce sont des restes de civilisation que la nature digère progressivement (la bruine, l'averse orageuse, la tempête de neige).

Les saisons se mélangent, en un cycle du vivant qui mute. Nous sommes dans un récit mêlant l'onirisme, le fantastique, la science-fiction, en une weird fiction saupoudrée d'horreur. En effet, sous le prisme du regard de Laura, biologiste, nous assistons à des mutations qui touchent la faune et la flore, mais surtout les êtres humains. L'eau est le berceau de la vie, et ici, les eaux accouchent d'une nouvelle forme de vie. Ce phénomène, induit par le changement climatique, est une réponse de Mère Nature aux dérives humaines ; un retour à la nature, au sauvage. La survivance des espèces fait état de mutations évolutives rapides, comme de très lentes qui s'étirent en millénaires. Empruntant un autre chemin quant à l'effondrement écologique, ou à diverses fin du monde apocalyptiques, Christiane Vadnais propose l'émergence de mécanismes naturels.

L'être humain retourne à sa nature animale, via l'apparition d'un nouveau parasite, comme de mutations. Ce sont de fascinantes métamorphoses auxquelles nous assistons, teintées de body horror et d'onirisme. le rapport au corps devient par moment maladif, anxiogène : une vision morcelée, étrangère. Dans tous les cas, les changements corporels sont naturels (mutations rapides, grossesse), mais les regards et les ressentis des personnages sur les métamorphoses qu'ils vivent distendent les frontières, redéfinissent le genre humain au profit du vivant.

Les instincts primaires reprennent le dessus. C'est dans cette ampleur que surgit la dévoration, omniprésente dans le récit. La faim se traduit comme l'élan de survivance par excellence ; manger ou être mangé. Elle est aussi prédation côté désir et sexualité, où l'absorption de l'autre évolue jusqu'à cannibaliser le vivant. À travers la naissance d'un nouveau regard sur le monde, tout est vivant ; les arbres, l'eau, le ciel, la roche, les plantes, les animaux humains ou non font partie du Tout-vivant. Aussi absorber, dévorer l'autre fait acte de cannibalisme.

À travers Faunes, Christiane Vadnais repense le vivant. du territoire emmêlé en une seule tempête de Shivering Heights à un zoo, en passant par les maisons-bateaux cernées de prédateurs carnivores, ou encore par le Grand Nord où les ours polaires faméliques errent et s'attaquent aux hommes, jusque sur les berges de la rivière-source de nouvelles bactéries, c'est un monde qui se redessine, qui se recompose, selon des assemblages atomiques inédits.

Dans la brume aqueuse omniprésente, les personnages paraissent des fantômes, des silhouettes qui se perdent, se diluent en une expérience un brin chamanique qui les métamorphose ; tout est transformation qui rime, à Shivering Heights, avec survivance, survivance mutagène. Là où les frontières s'effacent, des jeux de miroir s'opèrent entre les animaux humains et les animaux non humains. Les premiers ressemblent davantage aux seconds et vice versa, car nous nous ressemblons, nos origines initiales se ramifient dans l'eau.



L'évolution mutagène rapide des êtres humains dans Faunes rappelle l'urgence actuelle de changer, repenser nos habitudes, repenser la Terre que nous détruisons. L'idée de cannibalisme du vivant avancée par Christiane Vadnais souligne la symbiose que nous n'entretenons plus avec Mère Nature : « Revenir à des temps plus sauvages. »

« Partout, dans la terre, à l'envers des feuilles, au creux des arbres, ce qui attendait n'attend plus.
Tout est vivant. »

.

En bref :

Avec Faunes, l'autrice Québécoise Christiane Vadnais signe son premier roman. Nous sommes dans un récit mélangeant l'onirisme et le fantastique, la science-fiction en une weird fiction saupoudrée d'horreur, où la réponse à l'effondrement de la Terre, la fin de temps, est la survivance mutagène. Là où les frontières se diluent, il faut repenser le vivant, le vivant qui se métamorphose. Faunes incarne la vision d'un songe sauvage, cannibale, primitif. À Shivering Heights, survivance rime avec dévoration, et dévoration avec symbiose. Un roman original, tant sur le fond que sur la forme que je recommande vivement !

« le temps de la survivance est éternel. »
Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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Un très court roman qui se lit comme on fait un rêve, de manière un peu décousue, un peu absurde, mais qui parle à l'âme sans que la raison soit vraiment invitée, ni même bienvenue.
J'ai commencé par chercher une intrigue, un fil conducteur à ce texte, ou plutôt à cet assemblage à la fois disparate et cohérent, mais ce n'est que quand j'ai arrêté de chercher et décidé de me laisser porter par la beauté et la force des mots et l'épaisseur de l'atmosphère que j'ai trouvé ce fil rouge : la vie. La mort. Entre les deux, la naissance, le changement, la maladie. La nature, la Nature. L'humanité, dans son acception individuelle et collective.
Je serais bien incapable de classer ce roman : fantastique ? Anticipation ? Fable écologique ? C'est à la fois tout ça et pas ça, c'est vraiment un alien inclassable mais c'est aussi ce qui fait son charme. le tout est de se laisser embarquer sans trop se poser de questions.
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Il y a dans ce livre un sujet intéressant (et d'actualité): l'exploitation des ressources naturelles à outrance a créé pour l'homme un environnement hostile et toxique dans lequel il finit par s'adapter à coup de mutations plus ou moins cauchemardesques. Et, malgré quelques maladresses de style comme par exemple "le tissu qui faisait avancer les bateaux" pour désigner la voile, maladresses qui auraient pu ne pas en être si ces périphrases avaient été répétées tout au long du texte pour faire comprendre aux lecteurs la perte du vocabulaire résultant de la décadence de la civilisation (juste une idée comme ça) donc, malgré ces quelques lourdeurs de style, l'écriture est riche et la phrase bien structurée. Alors pourquoi ce 21/2 un peu sévère? Parce que même si il y a un sujet, il n'y a pas de récit. Ce livre est plus une suite de nouvelles qu'un roman placé dans un contexte historique bien documenté et peuplé de personnages complexes. On reste sur sa faim, on lit le premier chapitre, puis le deuxième et on s'attend à ce que le troisième fasse le lien entre les deux premiers, mais non. Alors on se dit peut-être que ce sera pour le quatrième... toujours non. Oui, il y a l'eau, la brume et le virus mutagène omniprésents qui servent de lien mais quand le lecteur doit se poser trop de questions sur qui fait quoi, où et pourquoi, la confusion qui en résulte nuit au plaisir de la lecture et on ne peut que s'interroger sur l'intention derrière cette absence de contexte: est-ce un effet de style voulu (raté - stimulation artificielle) ou est-ce le résultat d'une incapacité de l'autrice à écrire un vrai roman.
J'irai quand même jeter un œil sur son prochain roman.
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J'ai flashé sur ce livre tout à fait par hasard à la Foire du Livre de Bruxelles. Je ne connaissais pas cette collection de formats courts chez l'Atalante et j'ai eu envie d'essayer. La magnifique couverture de ce roman, à la fois sauvage et végétale, m'a conquise. Il s'agit du premier roman de l'autrice québecoise, et quel roman ! Cela faisait longtemps que je n'avais pas été si happée par une lecture.

Ce roman court se présente comme une suite de petites nouvelles, qui nous semblent au premier abord sans lien, mais dont le sens apparaitra par la suite. Des personnages, de lieux, des éléments reviennent, donnant des pistes à suivre sans pour autant dévoiler la clé du récit. Ces scènes sont entrecoupées de pages noires, avec un petit texte sur les instincts, la nature animale qui nous régente, nous domine, ces penchants qui font que les êtres humains restent des animaux malgré toutes les évolutions.

Cette inclinaison spontanée pour la survie à tout prix, ainsi que ce lien proie/prédateur sont étudiés dans les différentes nouvelles qui nous sont proposées. La nature, résiliente et puissante, est centrale. Comment elle reprend ses droits sur la vie quand elle le veut. Comment elle dirige nos vies. Les personnages subissent ce qui se déroulent et ceux qui essaient de comprendre n'ont pas plus d'emprise sur la situation que les autres.

L'ambiance y est aussi toute en ambivalence : là où la vie éclot, elle se meurt également. le prédateur rode et la proie n'est pas toujours qui on croit. Il y a parfois de la joie, mais aussi de la peur. de l'émerveillement, de la mélancolie, des moments doux et d'autres affreux. La vie y est décrite dans toute sa complexité et son panel d'émotions.

Cela faisait longtemps que je n'avais plus croisé une aussi jolie plume. J'avais un peu peur du fait que l'autrice soit québecoise, car les structures de phrases et le vocabulaire sont quand même fort différents (du moins dans les autres livres canadiens que j'ai déjà pu lire), mais ce ne fut pas le cas ici. J'ai vraiment pris grand plaisir à parcourir ces lignes, bercée par la langue à la fois rigoureuse et mélodieuse de ces pages.

Un roman court que j'ai adoré : une plume magnifique qui étudie sous forme de nouvelles la force de la nature, mais aussi sa cruauté et sa résilience. Rien n'est jamais acquis, la relation proie/prédateur est sans cesse remise en question. Tout cela dans une ambiance ondulant entre la la joie de donner la vie et la peur de la mort, teintée d'une magie sauvage, primitive. Une lecture que je recommande grandement !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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« Il n'y aura pas de vivant sans dévoration. »

Et pas d'histoire non plus. Ni d'intrigue. Pas de sens du tout, d'ailleurs. Déception !

Je suis passée complètement à côté de cet OLNI pourtant multi-primé. Je me suis terriblement ennuyée pendant cette lecture et j'ai mis trois jours à lire 123 pages, ce qui est inhabituel et mauvais signe (pour info, j'avais lu les 600 pages de Pyramides en une journée la veille). Mais surtout, j'ai trouvé ce « roman » terriblement prétentieux et même malhonnête : quelques bribes de texte expérimental assemblées pour former quelque chose de consistant, imprimées sur du beau papier et emballées dans une jolie couverture. le pire, c'est que cette lecture ne m'a même pas paru novatrice ou originale. J'ai parfois eu l'impression d'une redite de la Trilogie du Rempart Sud (Annihilation) et même de Blackwater, avec les mêmes intervenants : les ours anthropophages, la scientifique neuro-A qui expérimente les transformations en son propre corps, la micro-communauté locale, la femme-poisson qui fout la merde, la crue qui balaye tout... Tout ça pour ça ? Alors ok, c'était joli, avec des petites phrases parfois percutantes et bien ciselées (mais dans lesquelles j'ai eu l'impression que l'auteure recherchait avant tout une forme d'artificialisation, justement !)
Pour moi clairement, la volonté de faire « écolo », « expérimental » ou « edgy » ne suffit pas à faire un bon roman. Dommage ! Si les thématiques du retour au sauvage et de la recomposition du vivant vous intéressent, lisez plutôt Algernon Blackwood ou Jeff Vandermeer.
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
05 février 2019
Pour son tout premier roman, Faunes, la talentueuse Christiane Vadnais a imaginé un univers où l’irréel côtoie le vrai et où la nature domine toujours tout, même si les humains pensent l’avoir cataloguée et domestiquée.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaPresse
15 novembre 2018
À la lecture de Faunes, très rapidement remonte en nous le souvenir du formidable roman Coquillage d'Esther Rochon, par son écriture charnelle, d'une beauté carrément envahissante, et c'est sans étonnement que l'on découvre dans les remerciements Karoline Georges, une influence certaine d'une nouvelle romancière qu'il faudra suivre.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mammifères, oiseaux, reptiles reviennent sans cesse à la dévoration. Plongés dans le sommeil, chats et chiens continuent de chasser, les pattes agitées de soubresauts. Volatiles et lézards endormis réinventent le frétillement des insectes, le glissement des vers charnus, la fuite des proies minuscules et l’arrivée de prédateurs plus voraces.
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La vie grouille partout. Dans l'eau de la rivière, dans les flaques, à l'envers des roches, partout dans la terre lourde de pluie qu'ils soulèvent pour creuser à leur compagne son lit définitif. Vers, coléoptère, champignons, algues, virus, protozoaires. Calliphora vicina. Tout est habité : le ciel, la forêt, la rivière, le sol remuant et l'eau qui coule dans ses fissures. Alex ne sera pas ensevelie seule, mais accompagnée de tout ce qui amorcera sa désintégration.
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Ils espèrent que dans la mort on redevient soi, un soi solide et univoque, alors qu'ils savent très bien que c'est le contraire. Sous la terre on se démembre et chacun des atomes qui était soi devient autre - on imagine toujours un arbre, une plante, une fleur, mais ce pourrait bien être une larve, ou encore plus repoussant et infime : un fungus.
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Il ne faut pas se baigner le soir, disent les habitants du village, car il est trop ravissant, le feu de la joie. Même les monstres du lac s’en approchent par tous les côtés.
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Dans son rêve, elle retrouve une brume où se dessinent les contours d’animaux imprécis, une forêt de silhouettes qui s’effleurent en tournoyant dans l’espace. Des cerfs. Des renards. Des créatures allongées, ni tout à fait couleuvres ni tout à fait vers, s’extirpent hors de cette masse vaporeuse et s’échappent dans l’eau.
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Videos de Christiane Vadnais (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christiane Vadnais
FESTIVAL DES UTOPIALES 2023
Entre prise de conscience éthique et confrontation au réel du bouleversement climatique. Le changement de nos habitudes alimentaires, de nos coutumes vestimentaires, et les mille manières que nous avons d'exploiter ou menacer l'existence des êtres qui cohabitent avec nous sur cette planète sont devenus des questions fondamentales. L'exploitation animale peut-elle être un humanisme ? Qu'en dit l'Imaginaire ?
Moderateur : Ophélie Bruneau Les intervenants : Simon Liberman, Ketty Steward, Christiane Vadnais
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