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Citations sur Vongozero (30)

- Odintsovo se trouve à dix kilomètres de Moscou, Anna. Comment ça pourrait être calme là-bas ? Réfléchis. Et puis, tu sais quoi ? Nous, on surfe sur une vague qui emporte tout le monde, alors ne donne aucune info sur qui on est, où on est, avec quelle voiture on voyage, pigé ? Si ce type dit la vérité, alors même la petite réserve de gasoil qu'on a pourrait pousser n'importe quel citoyen bien sous tous rapports à nous faire la peau, et je ne te parle pas de la collection de dingues qui pullulait sur cette voie rapide, même quand les temps étaient plus cléments.
- Je sais, répétai-je, toujours aussi irritée.
Et nous restâmes silencieux. Sergueï se taisait lui aussi : dans le silence le plus complet, nos trois véhicules tournèrent en même temps vers la station qui se trouvait sur la droite et s'engagèrent aussitôt sous le panneau portant l'inscription : "Novopétrovskoïe", au delà duquel s'étendaient des quartiers résidentiels. Je vis bientôt la station-service de l'autre côté de la route, puis près de la sortie, au beau milieu de l'autoroute, deux longs camions bâchés qui stationnaient tous phares éteints ; la station elle-même était éclairée, bien que absolument fermée : aucun doute là-dessus, il n'y avait personne ni près des pompes ni à la caisse. Sans ralentir, nous la dépassâmes ; il me sembla que la vitre de la caisse était brisée et que des éclats de verre luisaient sur l'asphalte propre et sec, mais avant que j'ai pu me faire une idée exacte de la situation, la route décrivit une légère courbe et la station-service disparut de mon champ de vision.
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Je regagnai ma chambre, jetai un pull de Sergueï sur mes épaules - il traînait par terre, parmi les affaires chaudes que j'avais préparé la veille -, et approchai un fauteuil en rotin de la fenêtre : comme il me parut trop bas, je dus m'accouder au rebord et appuyer mon menton sur mes mains afin d'apercevoir la rue. Au bout de quelques minutes, le carré de lumière en provenance du salon s'éteignit sur la neige, signe que Boris essayait de s'endormir sur le canapé du bas et que Micha avait pris son tour de garde pour deux heures ; tout s'apaisa, les chiens n'aboyaient plus, et j'entendais même la montre de Sergueï - mon cadeau d'anniversaire - égrener son tic-tac sur la table de chevet. J'étais assise dans uns position inconfortable - le siège était dur et froid -, fouillant la rue obscure du regard, et je pensais : il n'a pas emporté sa montre.
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Je n'avais même pas envie d'ôter mon blouson, comme si le froid qui m'avait tourmentée toute la nuit s'était tapi quelque part sous ma peau, dans mes os, ma colonne vertébrale., si je l avais laissé sortir, il aurait aussitôt empli l'espace, chassé la moindre parcelle de chaleur que recelait cette pièce minuscule à travers les fissures des fenêtres et je n'aurai alors plus jamais été capable de me réchauffer.
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J'ai les pieds gelés et le dos fourbu, j'ai envie d'aller aux toilettes et j'ai peur de détourner le regard de cette fenêtre, comme si en arrêtant de scruter le chemin j'allais empêcher le retour de la voiture noire que j'attends.
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(...)on ne peut pas vivre dans ces conditions; ça, tout ça, promiscuité, étouffement, poussière, affaires d'autrui, un être humain ne peut le supporter longtemps.
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(...)il était parti petit à petit, pad d'un seul coup, mais quand même très rapidement, trop vite pour elle comme pour moi, sans nous laisser la possibilité, ni à l'une ni à l'autre, de nous accommoder d'une situation nouvelle pour toutes les deux, comme le font souvent les hommes en prenant des décisions dont les conséquences se dressent, telles des arêtes de poisson acérées, jusqu'à ce que les femmes trouvent enfin le moyen de les atténuer et de les dissimuler au prix de petits efforts certes insignifiants mais qui, répétés chaque jour, permettent à la vie de redevenir compréhensible et fournissent aux événements non seulement une explication, mais aussi une justification.
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Elles se ressemblaient toutes, ces petites villes septentrionales, dont la population entière aurait aisément trouvé place dans quelques gratte-ciel moscovites : une dizaine de rues, de rares immeubles en pierre, des arbres élèves au milieu desquels se blottissaient les toits de maisons individuelles, des palissades disparates, des enseignes amusantes.
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Cette fois-là, je ne me réveillai pas sur-le-champ ; il est des réveils, surtout si la journée ne promet rien de bon, où l'on ne parvient plus à se protéger les oreilles des sons et les yeux de la lumière mais où l'on cherche pourtant à replonger dans le sommeil à tout prix ...
Je ne suis pas là, je dors, je n'entends rien, et mes paupières sont fermées ...
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Sans doute est-ce ainsi que les maisons s'opposent aux intrusions : en envoyant à l'étranger qui s'est endormi en elles des chimères nocturnes, désespérantes et interminables, des rêves mélancoliques où se mêlent les soupirs mécontents du vent dans la cheminée, les odeurs inconnues et les sons émis par l'habitation inquiète qui regrette ses véritables propriétaires - les vieux objets, les murs et les escaliers grinçants essayent de leur rester fidèles, quand bien même ils ont péri depuis longtemps et ne reviendront plus jamais.
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Quelle somme d’émotions un être humain pouvait-il supporter d’affilée ? Combien de fois son cœur pouvait-il bondir, sa respiration se couper avant qu’il ne devienne indifférent à tout et que les événements alentour ne se transforment en un décor dépourvu de sens, sans vraie réalité ?

(Pocket, p.179)
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