L’étonnement se lisait sur son visage. Il fixait la personne qui se trouvait à deux pas de lui, avec incompréhension. Un mélange de surprise et de peur s’imprégnait dans ses yeux couleur chocolat. Incapable d’imaginer comment tout cela avait pu se produire et comment il allait s’en sortir. Et pourquoi en étaient-ils arrivés là!? Il comprit alors qu’il allait mourir, que tout se terminerait ici pour lui. Quand on ne peut voir le lendemain c’est nécessairement la fin. C’est d’ailleurs ainsi qu’il l’avait toujours imaginé: au moment de mourir, il devait être impossible de se projeter dans le futur. Déjà? Si tôt? Qui allait prendre soin de Sandrine, de sa famille? C’était donc comme ça que sa vie allait se terminer, d’un coup de poignard au cœur. Il s’était pourtant mis en tête qu’il mourrait comme son père: d’une crise cardiaque. Un seule, fatale, et ultime. Mais non, on l’assassinait. Malgré ce qu’il avait pu faire... il ne méritait pas ça. Mais méritait-on sa mort?
La fausseté d’esprit vient d’une fausseté de cœur; elle provient de ce qu’on a secrètement pour but son opinion propre, et non l’opinion vraie. L’esprit faux est faux en tout, comme un œil louche regarde toujours de travers.
Joseph Joubert, Pensées