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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cuca Martinez est cubaine. Peu avant la révolution castriste, elle arrive de sa province à La Havane et, lors de sa première escapade nocturne, tombe amoureuse d'un petit contrebandier, le Ouane. Elle attend près de quatre années pour le revoir et faire l'amour avec lui. Elle donne naissance à Maria Regla, qui devient journaliste communiste. le Ouane laisse à Cuca un billet de un dollar et s'exile aux États-Unis, où il devient gangster et fonde une famille. Des années plus tard, son chef le renvoie à Cuba pour retrouver le billet, qui porte le numéro d'un compte très important. Bien des choses ont changé, Cuca retrouve le billet, qu'elle avait semé, le donne au Ouane, ce qui le sauve. Ils sont arrêtés, le Ouane déclaré persona non grata, Cuca relâchée à Santa Clara, où, éprouvée, elle est détachée de sa réalité soudain par une apoplexie. Maria Regla, dont la vie est échangée par l'apparition de son père meurt dans l'effondrement de son immeuble, qu'elle a provoqué en sautant cinq marches qui s'étaient effondrées.
Le livre est profondément marqué par l'île cubaine, sa chaleur qui incite à la sexualité. La promiscuité, en particulier celles déclenchées par le régime castriste y est décrite. Avant déjà, on vivait assez mal, mais on se débrouillait. Après… Dénoncé dans toutes ses largeurs, en particulier Fidel XXL Castro, le communisme est surtout représenté grâce aux personnages secondaires. La culture est très pop : celle des Beatles, d'Édith Piaf de la bande originale du livre, interprétée par le Café Nostalgia : musique-danse-boléro.
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« La douleur du dollar » est un roman inclassable . On nous y narre l'histoire triste à pleurer de Cuca Martinez, une jeune campagnarde peu gâtée par la vie qui, abandonnée des siens, monte à la capitale à la recherche d'une vie meilleure.

En dépit d'un travail de bonniche, qu'elle réalise en véritable forcenée, Cuca se lie avec deux femmes burlesques et frivoles qui vont lui faire découvrir les folles nuits havanaises où l'alcool, la musique et le sexe sont rois.

C'est lors de sa première soirée que Cuca a le coup de foudre pour Juan Pérez, un petit malfrat au regard de braise (et à la mauvaise haleine). Cette unique danse scelle son destin et Cuca va se dévouer corps et âme à cet homme qu'elle ne reverra que des années plus tard. En attendant, c'est une vie miséreuse et monacale qui l'attend.

Quand Cuca se décide enfin à revenir à la vie, le régime Castriste est en place et c'est, cette fois, pour sa propre survie qu'elle va devoir lutter.

Entre l'amour qu'elle voue à un homme égoïste et la recherche constante d'un bout de quelque chose à manger, Cuca n'a que peu de moment de bonheur. Elle se réfugie donc dans (la folie) la musique et, tout particulièrement, dans les langoureux boléros cubains qui semblent chanter l'âme de la Havane.

Outre cette tragédie amoureuse, c'est sur les effets dévastateurs du communisme cubain et l'absurdité de la situation que se focalise l'autrice. Dans ce régime, prétendument égalitaire, le peuple est en proie à la misère la plus dégradante. Les files d'attente sont interminables pour pouvoir fouiller les détritus des mieux lotis, les habitations sont de véritables taudis qui menacent à chaque instant d'engloutir leurs occupants, les Cubains en sont réduits aux invasions de cafards, à l'absence d'eau/d'électricité et à inventer des recettes à base de semelles de chaussures et de vieille serpillères.

Si l'intrigue et la critique politique acerbe sont intéressantes, j'ai eu beaucoup plus de mal avec le style narratif de Zoé Valdés. En effet :

- je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages (malgré leur triste sort) ;
- les politiciens ne sont jamais nommés (mais affublés de surnoms) et ce qui était probablement compréhensible pour les lecteurs de 1997 l'est moins en 2020 pour ceux qui ne sont pas calés en géopolitique ;
- le style est cru, obscène et souvent dégoutant. L'autrice n'a de cesse d'insister sur des détails peu ragoûtant : manque d'hygiène, croûtes, pus, champignons, liquides visqueux et malodorants, tout y passe, si bien qu'on a l'impression que les protagonistes et la ville en sont couverts. Si on sent que c'était l'intention de l'autrice, la lecture en devient toutefois assez désagréable. Dans le même sens, de très nombreux passages tournent autour d'allusions sexuelles peu plaisante et inutiles pour l'histoire ;
- enfin, des passages entiers sont consacrés aux digressions de l'autrice : recettes de cuisine, références culturelles sud-américaines ou boulgi boulga de pensées dont on a du mal à suivre le fil.

Paradoxalement – et abstraction faite de ce qui précède – Zoé Valdés a une plume imagère qui peut donner naissance à de très beaux passages, notamment sur la ville de son coeur qui, en dépit de ses critiques amères, manque à cette exilée politique.

En bref : J'aurais pu apprécier ce livre et son message, malheureusement j'ai été parasitée par les longueurs, les apartés peu compréhensibles et les obscénités. Mon ressenti est donc très partagé. Je pense être passée à côté de ce livre de Zoé Valdés, laquelle est – par ailleurs – une écrivaine reconnue pour son talent. « La douleur du dollar » s'apprécie avec le recul, une fois que les mauvais passages sont oubliés et qu'on se focalise sur le message politique de l'autrice et les moyens narratifs employés pour le véhiculer.
Lien : https://thecosmicsam.com
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Roman d'une longueur modérée mais foisonnant de détails, d'un peu plus de trois cents pages, La douleur du dollar est un récit étonnant qui vous surprendra probablement. Son auteur, Zoé Valdés, est décrite comme dissidente cubaine, son ouvrage le néant quotidien ayant déplu au pouvoir en place lors de sa publication en 1995. La douleur du dollar a été rédigé après le départ de l'auteure pour la France et malgré cette double nationalité franco-espagnole de la romancière, ce récit reste indubitablement une oeuvre baignée par l'esprit, la langue et la culture cubaine.
En effet, le titre hispanophone est tiré d'une chanson cubaine présente à travers le roman, qui n'a de cesse de rythmer la vie de ce drôle de bout de fille puis de femme incarné par notre Cuca Martinez ou plus souvent surnommée la Môme, le nom d'une jeune fille qui n'a jamais grandi – ou s'est plutôt arrêtée de grandir – à un point donné de sa vie. Ce moment où l'homme qu'elle considère être l'amour de sa vie va soudainement la quitter sans ne plus donner de nouvelles.

Comment ne pas évoquer le style de Zoé Valdés, qui détonne et vous oblige à regarder sans détourner les yeux la violence de cette réalité cubaine crue, dure et violente? J'ai mis quelques pages à m'y faire, j'ai rarement croisé au fil de mes pérégrinations littéraires un style aussi franc, sans fard presque brutal et qui, quelquefois, ne fait pas que frôler l'obscénité, disons-le. L'auteur ne prend aucunes pincettes et n'épargne absolument aucune vérité à son lecteur, aussi brutale soit-elle. de fait, les personnages sont dépeints à l'image de ce style, sans aucune concession. La verdeur de ce style permet au lecteur de garder ses distances vis-à-vis de ces vies complètement perdues au sein d'un monde complètement replié sur lui-même, destiné à ne jamais connaître autre chose que cette pauvreté aride, ce soleil incandescent dévorant tout sur son passage, les individus comme la végétation, les sentiments comme l'envie de vivre. Où ne reste que le désir inaliénable de survivre, lors des soirées et nuitées balayées par le rythme infernal de la samba et des corps qui s'agitent. Car ce qui donne son caractère au roman, c'est le rythme, la musique qui scande le récit, de par les chansons, cubaines avec le chanteur Bola de Nieve, françaises – par la présence d'Édith Piaf au coeur de ce maelström de musiques – anglaises, entre mambo, cha cha cha, guaracha, rumba, boléro.

Dans cette prison sans murs qu'est Cuba, ses habitants ont un avant-goût de cet autre monde, les États-Unis, l'ennemi qui provoque à la fois hostilité et fascination, qui incarne en quelque sorte cette image de la liberté absolue. Monde à la fois vivant et foisonnant d'activité et en même temps complètement renfermé sur lui-même, sans aucune issue. le titre français démontre de cette dualité dans le roman de cette société cubaine, prise entre deux feux, ceux des démons américains, de son capitalisme, de sa richesse, sa liberté absolue et la passion, la fureur et joie de vivre cubaine. L'auteure pointe également le côté absurde de cette société, à l'image de la décision de la Môme de rester fidèle ad vitam æternam à celui qui l'a quitté enceinte sans un mot. Ridicule à l'image également des retrouvailles des deux amants, vieillis, usés par le temps, poussés par la recherche de ce dollar que Juan Perez avait laissé autrefois à Cuca, telle une relique sainte.

A travers le ton de fausse légèreté, la critique du gouvernement cubain est sans concession: l'absurdité de ce monde replié sur lui-même est à l'image de la vie de Cuca, en perpétuelle attente de l'homme de sa vie qui brille par son absence. D'un gouvernement, pris en étau entre l'embargo américain, la pauvreté d'une île à la limite de vivre en auto-suffisance et qui contraint ses têtes pensantes à chercher des solutions, des plus simples aux plus franchement farfelues, pour développer la croissance économique de leur île. Une population abreuvée d'une propagande abracadabrantesque au nom d'un idéal révolutionnaire, dont personne ne saisit vraiment la portée. Une révolution qui finit par dévorer chaque cubain, qui se dévoue corps et âme à la construction et au bien être de cette farce, que Zoé Valdés dénonce n'être au fond qu'une idéologie commune à l'Europe de l'est et l'Amérique du Sud et qui ne favorise en rien la vie des insulaires. Des vies sacrifiées pour rien, en somme. À l'image de la vie de la Cuca, sacrifiée elle-même par deux fois, l'une à son pays, l'autre à cet homme à qui elle a choisi d'appartenir.



A travers ces pages pointe le reflet d'une identité cubaine à la « sensualité capricieuse » qui se perd, dénaturée entre l'influence de cette Amérique latine ou « agonie andine », de ce socialisme omniprésent et ses ennemis qu'on lui a imposés, dont elle se tient à se démarquer. Cuba cette île des Caraïbes qui joue des symboles occidentaux, du consumérisme occidental, depuis le coca-cola américain à la chaîne française de grands surfaces Carrefour, des chansons d'Édith piaf à la sauce cubaine, de ces noms de la littérature française, anglaise, allemande. Ce pays déchiré entre son impétuosité, sa fougue, naturelles et les symboles mercantiles de sociétés autrement plus riches qu'elle crée des individus eux-mêmes décalés.


Décidément, la condition féminine n'est pas brillante, à Cuba encore moins qu'ailleurs. À travers l'excentricité de ce roman, qui donne vie à des scènes à la limite du burlesque, des personnages désespérés, mélange d'une envie de vivre inébranlable et d'une misère sans fin, et une écriture si particulière, tellement percutante qu'on a parfois du mal à l'apprivoiser, cette révolution cubaine apparaît totalement dérisoire, vidée de sens par une idéologie fomentée par des têtes pensantes soviétiques qui veulent transposer à cette île des Caraïbes leur propre choix politique. Un pays qui s'est retrouvé renfermé sur lui-même par une idéologie qui le dépasse totalement, qui le laisse exsangue et que personne n'arrive à comprendre finalement.
Lien : https://wordpress.com/post/t..
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Cubaine, l'autrice avec un langage assez cru, critique le régime castriste. Elle ne nomme jamais Fidel Castro, le surnomme XXL, entre autres ...
J'ai lu ce livre facilement malgré les nombreuses digressions incompréhensibles pour moi qui ne connaît pas la Révolution cubaine.
J'ai moyennement aimé, mais je suis sûre que ce livre va rester dans ma mémoire, il m'a marqué. Sans doute parce que je suis allée à Cuba en 2000. J'ai constaté la misère du peuple cubain, la recherche frénétique de dollars pour améliorer l'ordinaire, la décrépitude des magnifiques maisons, le manque d'approvisionnement dans les magasins. On aurait dit un pays se relevant d'une guerre.
Quant à l'histoire de Cuca, jeune fille que l'on suit jusqu'à l'âge mûr, elle m'a bien plu. J'ai beaucoup aimé ce personnage qui essaie de survivre dans la Havane avant et après la Révolution.
Le début du livre est intrigant. Il commence par cette phrase :
"Ce n'est pas moi qui ai écrit ce roman. Moi, c'est le cadavre"
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Je ne suis pas sensible à l'écriture hispano-portugaise... alors j'ai lu sans en avoir rien retenu et peu ressenti d'émotions
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