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EAN : 9782709642620
342 pages
J.-C. Lattès (05/02/2014)
3.38/5   13 notes
Résumé :
Venue chercher l’inspiration au bord de la mer, Zamia, écrivaine cubaine, rencontre sur la plage une jeune femme mystérieuse, qui se présente comme une chasseuse d’astres. C’est Remedios Varo, grande artiste surréaliste oubliée de nos contemporains, comme beaucoup de femmes. Deux femmes qu’un siècle sépare, et dont les histoires résonnent pourtant avec harmonie. Peintre et artiste surdouée née en Espagne au début du XXe siècle, Remedios Varo fut l’amie de Dali, Lorc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Deux fils de vie qui se croisent, s'entremêlent et finissent, au fur et à mesure d'une trame serrée, par se rejoindre pour former une belle oeuvre.... Un grand merci à Babelio (livre lu dans le cadre de Masse critique), aux éditions JC Lattés... et à Zoé Valdés pour cette belle biographie de l'artiste surréaliste Remedio Varo, redécouverte par une jeune femme cubaine dont l'écriture met en parallèle deux vies, une fictive (mais largement autobiographique) et l'autre réelle dans cet imaginaire qui est celui de toute reconstitution. Entre (auto)biographie et roman, qui peut dire où se situe réellement la vie ?
Femme libre dont la vie amoureuse choquait dans un monde encore peu propice à la liberté des femmes, femme artiste dont toute la vie fut éclairée par le surréalisme bien qu' éloignée de tout dogmatisme en la matière, femme qui vécut dans la misère et y trouva ses propres richesses, femme généreuse et ouverte aux autres en dépit de sa propre vision du monde (ou peut-être à cause d'elle) Remedio Varo, née en pays catalan, vécut un long moment à Paris avant de finir sa vie au Mexique. Et c'est en partant à la rencontre de son passé que Zoé Valdès a pu finir par se libérer du sien, fort douloureux comme on le comprend par petites touches, pudiques et sincères.
J'aime beaucoup le style extrêmement vivant de Valdès qui a su traduire avec exigence et vérité la vie et la riche personnalité d'une artiste hors normes, malheureusement éclipsée par la notoriété de sa contemporaine Frida Kahlo.
Je me suis précipitée sur la Toile pour découvrir ses oeuvres, somptueuses, oniriques, à la limite de ce qu'on appelle de nos jours la fantasy. Pour qui aime le surréalisme, ou tout simplement rêver devant une belle oeuvre d'art, c'est une découverte magnifique à faire. Encore merci à Valdès de nous y conduire avec tant de profondeur.
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Le roman de Zoé Valdès commence comme il finit : par l'évocation de ses intentions, lors d'une visite en bord de mer .Zamia, femme de lettres cubaine en mal d'inspiration, vient contempler la mer ; elle est la proie, croit-elle, de la vision d'une femme qui s'approche d'elle et lui déclare : « Tu es une charmeuse d'océans .Et moi, une chasseuse d'astres. »

Tout, dès lors, est articulé autour de ce déclenche cette vision .Zamia est passablement désabusée : par les hommes qu'elle côtoie , Pablo, son époux légitime, Alvaro , son amant , au concours affectif incertain et aléatoire .Pablo est diplomate, salarié du régime castriste, et doit rendre des comptes, y compris sous la forme de transmission de renseignements sur l'activité contre-révolutionnaire des citoyens cubains à Paris .Zamia cherche pourtant à écrire , sur Cuba, sur Batista, et bientôt sur Remedios Varo, peintre surréaliste des années vingt d'origine catalane .Elle découvre sa vie, ses orientations artistiques, l'ambiance de l'époque et y voit , pour elle-même, auteure potentielle d'un roman , un modèle , une référence , une aide précieuse.
Pourtant, elle découvre par exemple que la conception de la liberté sexuelle prônée par Remedios Varo n'équivaut pas à la représentation qu'elle s'en fait elle-même :
« Quant à la libération sexuelle réclamée à cor et à cri par les surréalistes sous prétexte de modifier la société, elle ne put jamais s'y résoudre(…) L'amour était la matière première qui nourrissait le désir .Le sexe était pour elle la liberté propre et transparente. »
Zamia découvre également, à travers les tableaux et éléments de la biographie de cette artiste, sa conception de l'art, de la liberté : « Ecrire, c'est comme monter dans un train et tenter d'attraper les paysages, de les nommer d'un trait. Peindre, c'est comme un voyage en bateau, fermer les yeux et laisser le sel et le vent éclabousser d'embruns son paysage ; ces gouttes amères feront lever des milliers de sollicitations visuelles, de même que les nuages percés par la splendeur des rayons solaires qui jouent dans le bouillonnement de l'océan, juste à l'intérieur de l'iris. »

Tous ces constats vont conduire Zamia à se considérer comme le double de Remedios Varo. Elle va faire équivaloir sa propre quête de liberté et de reconnaissance au parcours de Remedios : « Je crois que Paris est pour moi ce que Mexico fut pour elle. Il faut faire de notre vie un art, c'est la clé de tout, c'est ce que Remedios Varo a fait. » Plaisant récit, écrit avec des allers-retours entre les vies de Zamia et de Remedios, comme pour illustrer le parallélisme de leurs aspirations et leur caractère intemporel, avec en prime d'éclairantes réflexions sur l'art et la possibilité de sa vérité
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" Grande artiste surréaliste du siècle passé, Remedios Varo est aujourd'hui oubliée des amateurs d'art. J'ai écrit La chasseuse d'astres pour qu'elle m'habite toujours. Je pense avoir réussi. Au travers de son histoire, j'ai enfin pu raconter la mienne, sans rancoeur, avec passion et avec raison." Zoé Valdès

L'auteur a plus que réussi ce portrait d'une artiste, une grande amoureuse de l'art, de la liberté et des hommes. Et ce sont même deux artistes qui m'habiteront longtemps.
Zamia, jeune poétesse cubaine, La chasseuse de mers, qui par une espèce de rencontre surréaliste décide d'écrire sur La chasseuse d'astres, une peintre contemporaine de Breton ou Dali. L'une est née en 1960, l'autre en 1908. Elles ne se sont jamais rencontrées, si ce n'est lors d'un rêve en bord de mer.
Remedios quitte l'Espagne en 1937. Elle fuit l'anarchie avant la guerre civile, sans son premier mari, Gerardo Lizarraga, basque anarchiste. A Paris, elle vit misérablement avec son second époux Benjamin Péret jusqu'à la guerre. En 1940, elle doit évacuer sous les conseils d'Esteban Frances, son amant, dans le Sud de la France. Peret, communiste est emprisonné. Elle vit quelques temps dans une cabane sur la plage avec son autre amant Victor Brauner, un artiste roumain. Puis, avec l'aide de Varian Fry, oeuvrant pour le Comité de salut d'urgence financé par l'américaine Guggenheim (voir le fil de la vie de Nine Moati), elle prend le bateau à Oran pour Cuba puis le Mexique.
" C'est au Mexique que je me suis sentie accueillie et assurée."
Remedios n'était pas le genre de femmes à aimer un seul homme. Elle n'eut jamais d'enfants mais ses maris et amants étaient ses enfants.
" Elle n'a jamais accepté d'avoir des enfants. Enceinte de Benjamin Péret, elle a avorté, sans traumatisme. Elle était la mère de la lune."
Elle les aimait tous d'un même amour sincère et fidèle. Seul son dernier mari, Walter Gruen, valorisera son oeuvre et la fera connaître par des expositions largement saluées.
Les récits et souvenirs de Remedios se mêlent à ceux de Zamia. Elle, aussi, connaît l'exil à Paris. Elle est mariée à un diplomate devenu violent et a un amant, Alvaro. Sa vie privée est très surveillée par les services de la Sécurité de l'État. Ses écrits avec une autre exilée cubaine, ses photos nues faites pour gagner un peu d'argent lui vaudront un cruel chantage. Zamia rêve aussi de liberté pour assouvir son art de l'écriture. Tout comme Remedios, elle vit d'étranges rencontres, des visions surréalistes, des expériences communes de prémonitions auprès de prêtresses de culte cubain. L'une comme l'autre sont des femmes envieuses de liberté, destinées à transcrire leurs visions et leurs rêves dans l'art.
Le roman de Zoé Valdès est d'une richesse inouie. Non seulement, l'auteur illustre les périodes tourmentées de l'Espagne, de la France et de Cuba mais elle analyse l'oeuvre de ce peintre surréaliste bien moins reconnue que Frida Kahlo (qu'elle a croisé au Mexique) par le biais de sa vie et par la description de certains tableaux.
La construction est complexe puisqu'elle entremêle les vies et souvenirs de Remedios et de Zamia. Mais quel voyage surréaliste ! Un très beau et très riche moment de lecture.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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Nous avons reçu ce livre dans le cadre desmasse critique de Babelio et nous les remercions ainsi que les éditions JC lattés

Du surréalisme je ne connaissais peu de chose, de Remedios Varo encore moins et pourtant cette femme m'a troublée. J'ai aimé découvrir son univers, me perdre dans ces « visions » qui lui ont fait créer un univers onirique et incroyable. J'ai été rechercher ses tableaux sur le net. Ils m'ont touché pourtant je n'y connait rien en peinture (désolé Anne et JP ).

Cette femme a aimé, a souffert comme tant d'autre mais à cela il faut rajouter qu'elle est restée fidèle à ses amours car elle en a eu plusieurs mais même après leur séparation elle leur est restée dévolue.

Une vie qui de nos jours semble improbable entre exile et création, entouré d'artistes comme Bunuel ou Breton.

La misère, l'amour, la création : c'est cela la vie de Remedios Varo et bien plus encore

De Zamia, la deuxième figure féminine du livre je garde l'image d'une vie de souffrance loin de ses proches avec la peur des services secrets de Cuba toujours tapis dans l'ombre. Poète fictive mais qui est un peu l'auteur quand même. Elle m'a moins parlée tant la figure de Remedios est forte.

L'auteur nous montre des périodes difficiles de l'Espagne, La France ou du Mexique qu'ont traversé ses personnages, sans pathos.

Parfois je me suis perdue dans les rêves de Remedios et l'écriture de l'auteur. Je devais faire des poses pour ne pas complètement passer à côté de l'histoire. Mais je pense que l'auteur l'a voulu ainsi car la vie de Remedios était cela : un mélange de rêve et de réalité.

A part ces quelques petits passages qui peuvent risqués de faire décrocher le lecteur, l'écriture et fluide et l'on passe d'un personnage à l'autre sans trop de difficulté. Zoé Valdès a réussi à créer deux magnifiques portraits de femme qui vont m'accompagner longtemps je pense.

Même la couverture me plait ^^ c'est une photo de Remedios.

Ce livre est un coup de coeur
Lien : http://memelessorciereslisen..
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Il s'agit de deux récits parallèles. Un concerne la vie de Remedios Varo, peintre surréaliste espagnole, l'autre relate la vie d'une jeune poète cubaine, écrivant sur cette peintre surréaliste. Cet alternance des deux récits permet de rendre l'ensemble dynamique et vivant, et de mettre en commun ce qui lie les deux artistes : la connaissance de l'exil à Paris notamment. Enfin, et surtout, l'art reste intemporel.
Je tiens à préciser, pour avoir contemplé certaines peintures de la peintre sur Internet, que ces tableaux sont harmonieux et poétiques. Le réel se mêle très bien au surréalisme. J'en conseille la découverte ! Un grand merci à Zoé Valdés pour la découverte de ce peintre, de sa vie artistique et amoureuse ! Très enrichissant !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Couchée sur le sable je somnole, je rêve à d'autres mers, celle de Saint Domingue, couleur vert émeraude, argentée en hiver, tout comme celle de Cuba, ou en France celle de Saint-Malo, sur la Côte d'Emeraude. Dans l'obsession de retrouver l'odeur, la saveur, la présence indescriptible de la mer cubaine, mon corps s'est échoué sur d'autres plages, j'ai plongé dans les profondeurs d'autres océans, avec le désir de recouvrer la chaleur des flots qui berçaient mon enfance, mon adolescence, dans le vaste azur de Cojímar.
Je suis une chercheuse de mers.
(...) Une femme se tient au loin. Nous sommes seules, elle et moi sur la plage.
(...) La femme semble voler, le visage aigu comme celui d'un oiseau. Elle s'approche de moi....
---- Tu es une charmeuse d'océans. Et moi une charmeuse d'astres murmure-t-elle.
Son regard est vif, étincelant.

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Maintenant que j'ai fini d'écrire, en mille désordres, sur elle, sur nous en définitive, quand en posant ma tête sur l'oreiller je rêve d'elle et qu'elle m'apparaît constamment, je m'aperçois que je n'écris pas seulement sur elle ; que désormais cette femme, avec sa vie, m'a transmis un legs, m'a faite sa fille, m'a engendrée, parce qu'en m'identifiant à son destin et à ses valeurs elle m'a faite héritière de sa connaissance, de sa poétique, et m'a offert une identité nécessaire pour retourner à ce lieu où je suis partie, où je me suis enfuie, où je me suis égarée... Remedio Varo m'a pressentie avec son art et m'a sauvée du suicide.
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Le fait est que Remedios aussi commençait à s'ennuyer ferme au contact du bric-à-brac et des balivernes des têtes pensantes du surréalisme ; elle en avait sa claque d'entendre toujours le même blabla, y compris les théories de Breton et celles de Péret, surtout ces dernières. ça l'écoeurait de voir le traitement qu'ils infligeaient à leurs femmes. Nadja fut oubliée par Breton, après avoir fait d'elle sa principale muse. En outre, il n'avaient que le suicide et la mort aux lèvres, comme démon artistique, alors que Remedios, au contraire, désirait vivre longuement.
Les femmes étaient utilisées de préférence pour leur talent de cuisinières et comme éléments décoratifs à tel ou tel moment, mais quant à les écouter et à tenir compte d'elles, bien peu le faisaient.
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Elle entreprit un tableau blanc et argenté, peignit le salon, les rideaux au vent, un tapis et dessus une femme à longue chevelure rousse, qui tient dans sa main une pelote de laine dont le fil l'unit à la figure d'un homme, sur la poitrine duquel s'ouvre un labyrinthe aux portes gothiques d'où s'envolent des oiseaux, sans qu'on sache s'ils sortent ou s'ils entrent. l'homme a été tissé par la main de la femme, ou bien c'est elle qui le détisse, il n'a pas de visage, sur le parquet brillent, çà et là, des fleurs d'automne qui ont pénétré par la fenêtre.
Elle ne ferma pas l'oeil de la nuit et à l'aube le tableau était terminé.
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Victor et Remedios eurent le temps de s'aimer dans la solitude la plus absolue, face à la mer, avec juste le nécessaire pour se nourrir, vêtus pauvrement ; ils vécurent l'amour comme peu de personnes l'ont vécu ici-bas. Et il suffisait de tourner la tête et voilà, la guerre était là.
Remedios a la certitude que ce fut là une belle façon de résister à la guerre.
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Reportage sur la romancière Zoé Valdés dans la chaine France 24.
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