La fourmilière

- Je suppose que quand on s'enfuit et qu'on veut disparaître, a-t-elle enchaîné, on veut aussi que tout ce qu'on a laissé derrière soi disparaisse avec nous. Mais ce n'est pas le cas.

(...) il y dit qu'une fourmi seule ne peut accomplir de grandes choses, mais qu'ensemble elles sont capables de soulever des montagnes.

Si tu savais à quel moment ta vie allait commencer à dérailler, est-ce que tu arrangerais les choses avant qu'il soit trop tard ?

Je songeais à quel point il était étrange d'avoir disparu d'un endroit tout en se trouvant dans un autre.

- Mon pauvre enfant. Tu viens ici vivre en ermite après avoir fait voeu de silence et tu te fais adopter par une enfant de dix ans atteinte de diarrhée verbale.

J’aimais les inconnus, et particulièrement l’idée d’en être un.

J’aimais que tout ce dont on a besoin se trouve à portée de main, au bout de la rue, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.

J’aimais qu’on puisse se rendre presque partout à pied.

J’aimais les graffitis, les poubelles et les odeurs de huit différents fast-foods qui se mélangent dans chaque rue. (…)

J’aimais le fait de ne pas avoir à penser à ce que j’avais laissé derrière moi et dans quel pétrin je m’étais fichu.

Et pourtant, si j’avais eu le courage d’appeler, si j’avais pu partager mes impressions sur cette idée de venir d’un endroit et de vivre dans un autre, ce n’est pas ce que je leur aurais dit.

- Vous vous rendez compte que tout pourrait revenir à l'état de poussière si une coupure de courant durait pour toujours, si jamais rien ne se rallumait ?
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Je veux dire qu'on a beau avoir recours à tous les déguisements possibles, en dessous on trouve toujours la même chose.

Partir à l'aventure est vraiment éprouvant. Vous faites votre chemin tranquillement, puis vous vous rendez soudain compte que vous n'avez absolument pas droit à l'erreur, car tout repose sur votre succès.

Il a raconté quelque chose à propos de la campagne qui était comme une femme superbe quand on la quitte, morne et ordinaire quand on reste auprès d'elle.

Je sentais que j'avais un sourire bizarre figé sur le visage, comme ceux qu'on fabrique avec un bout de carton et qu'on accroche à un bâton de sucette.