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Michel Jarrety (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070407576
300 pages
Gallimard (24/10/2000)
4.21/5   17 notes
Résumé :
Poche : 300 pages
Editeur : Gallimard (25 octobre 2000)
Collection : Poésie
Lorsqu'en 1894 Valéry ouvre les Cahiers qu'il ne cessera de tenir jusqu'à sa mort, son ambition n'est pas d'en faire un lieu de poésie, mais l'espace au contraire d'une réflexion abstraite qui se développera inlassablement, chaque jour, sur près de trente mille pages. L'un des étonnements du lecteur est bien alors de découvrir très tôt, parmi les analyses abstraites, des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Paul Valéry pourrait faire figure d'intimidant classique, auréolé d'un certain ennui officiel et promis à un oubli rapide, avec toute notre culture. C'est le poète néo-symboliste de la Jeune Parque, de L'album de Vers anciens, de Charmes. C'est le prosateur fin et subtil écrivant sur l'art, la danse, la civilisation. En somme, il n'a rien du classique que l'on relit, comme Hugo ou Zola, pour ses bonnes grosses idées humanitaires.

Tous les matins, cet homme "officiel" travaillait à ce qui allait devenir ses Cahiers : des essais d'écriture sur tous les sujets possibles, à commencer par le sommeil, l'éveil, le retour de la conscience de soi, que le Matinal guette avec perspicacité, plume à la main. Il en ressort un foisonnement de pensées et d'idées que l'auteur, puis les éditeurs ont classé en deux volumes de la Pléiade. Mais Valéry n'est pas pour rien le contemporain des surréalistes : il lui vient des poèmes "bruts", des proses, des vers, parfois brefs, parfois plus longs, qu'il consigne sans plus d'élaboration. le Cahier du matin est réservé, chez Valéry, à la pensée ou à la poésie comme elles viennent. le résultat est prodigieux. Valéry disait que dans la création d'un poème, une part (un vers, un mot) était donnée, et le reste incombait au travail de l'artiste de la langue. Ce petit volume est fait de pages "données". Il est précédé d'une préface remarquable de clarté et riche en informations indispensables.
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Une des meilleures parties des cahiers de l'auteur qui nous régale ici par une prose superbe, très bien articulée et fruit d'une belle réflexion, un ouvrage pour moi à lire absolument !
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Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
B.
Ma vie était comme une maison que je connaissais dans ses moindres parties. Et tant je la connaissais que je ne la voyais presque plus - Ses formes régulières, ses avantages, ses inconvénients me semblaient ceux de mon corps même et de mon temps.
Je ne concevais pas d'autres demeures. Mon âme était là, et si habituellement là qu'elle n'était, en somme, nulle part.
Un jour, j'ai touché par hasard je ne sais quel ressort et voici qu'une porte secrète s'est ouverte. Je suis entré dans des appartements étranges et infinis. J'étais bouleversé pas à pas par mes découvertes. Je sentais en me mouvant dans ces chambres inconnues et si mystérieuses qu'elles étaient la vraie demeure de mon âme.

VIII, 778 (1922) Poèmes et PPA

Note de l'éditeur
B.: Béatrice, l'un des surnoms de Catherine Pozzi. Valéry a rangé cette page sous la rubrique « Éros ».
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Rien ne me touche plus que le matin de l'été. Cette paix du bleu frais peinte sur or. Or et nuit. Cette pudeur que le soleil commence à tirer du repos. Il y a un instant où l'on dirait que la nuit se fait voir à la lumière, comme l'esprit au réveil fait voir la naissance / naïveté, l'inexistence / son néant/, et les rêves, à première lucidité. Nudité de la nuit pas encore habillée. La substance du ciel est d'une tendresse étrange. On sent cette fraîcheur divine qui sera chaleur tout à l'heure, jusqu'à l'intime.
On sent la lassitude avant le travail, la tristesse de reprendre son être / un corps / plus vieux d'un jour, l'espoir, la simplicité du vivre, la promesse, et la vanité de la promesse - Tout cela peint comme un tableau naïf où les actes divers d'un personnage sont rapprochés, mêlé dans le calme et la pureté... Toute la pauvre vie dans un cristal.

(extrait de VIII, 212 [1921] Poèmes et PPA) - Pp. 144-145
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   Et puis…  il y a un moment — où tout ce qui est
le plus certain — les bases mêmes de l'être vacillent
— palpitent — comme —
   comme un décor de toile qui va s'enlever
   comme un voilier qui sent le vent et bouge autour
de son ancre
et puis la connaissance devenue tremblante et
                        l'encens de la vanité —
                                analyser cela.

                     I, 339 (II, 212)[1898-1899]

p.61
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Matutina - Psaume
Malheureux qui n'a rien à donner.
Mais mille fois plus malheureux qui n'a personne pour partager avec soi ce qu'il a. Quis me sustinebit ? - Quis me audiet ? *
Ma fontaine tarit et son eau devient amère si la colombe et la soif n'y viennent pas.
L'abondance devient le mal insupportable. L'eau qui jaillit de l'esprit et de l'âme se ressaisit elle-même, se change en une boue empoisonnée. Malheureux qui allait donner, qui était fait pour être obtenu, et pour répandre sa substance.
Sa richesse l'éveille. Sa lumière intérieure perce la nuit de son corps ; elle dissipe son sommeil. Ses fruits triomphent de ses racines. Ses puissances triomphent de ses faiblesses, et bien avant le jour, il est envahi d'un soleil. Il se dresse armé de sa vie, et tandis que les questions et les choses reparaissent autour de lui, il leur jette aussitôt le défi clair et joyeux de sa pensée. Mais personne n'est là. Il retombe au milieu de ses forces.
- C'est peut-être le malheur de Dieu et pourquoi il nous en veut tant. Comme nous crions : Seigneur, Seigneur, - Il crie d'une voix inintelligible : Humains, esprits ! ... écoutez-moi, comprenez-moi ! - mangez-moi, voici mon fils, voici mon sang. Mais personne n'en veut, et tout le monde a raison.

* qui me soutiendra ? qui m'entendra ?

p. 158, 1922.
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   L'Homme de Verre.

« Si droite est ma vision, si profonde ma sensation,
si pure, si maladivement pure ma connaissance et si
déliée, — si nette ma représentation ; et ma science si
achevée que je me vois et me pénètre depuis l'extré-
mité du monde jusqu'à ma parole silencieuse, et dès
l'informe chose jusqu'au désir se soulevant, le long de
fibres et dans les centres, je me réponds, je me reflète,
je frémis à l'infini des miroirs — je suis de Verre. ».

                                   III, 440 [1903]

p.77-78
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Videos de Paul Valéry (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Valéry
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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