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Ouvrage regroupant certaines oeuvres du poète publiées entre 1920 et 1934, ces Poésies n'ont pas forcément été ce à quoi je m'attendais. J'avais en effet une image de Paul Valéry, transmise par mes années fac, et sans avoir eu l'occasion de vraiment entrer dans son oeuvre : celle d'un poète obsédé par la rigueur et la perfection formelles, empreint d'un classicisme à contre-courant de nombre de ses contemporains, mais pas pour autant dénué de modernité.

Alors oui, j'ai parfois retrouvé le classicisme et la rigueur attendus, dans des constructions lexicales, rythmiques et syntaxiques vraiment travaillées, donnant une certaine harmonie musicale à l'ensemble. de même, j'ai parfois retrouvé une certaine modernité, surtout formelle, dans l'utilisation de la prose ou de formes libres, alternant strophes et mètres variés, toujours utilisés dans une recherche de cette même harmonie musicale. le tout aurait pu, sans conteste, me plaire.

Mais, excepté dans le cimetière marin, et dans certains poèmes de Charmes, j'ai trouvé cette poésie d'une grande froideur, certes à la recherche de perfection et d'harmonie, mais à mon sens trop artificielle, ne me touchant de fait quasi pas. Or, pour moi, la poésie n'est pas que recherche poétique, elle doit aussi être émotion. Je m'attendais de fait à quelque chose de plus incarné.

Une rencontre relativement ratée en somme, alors que je me faisais une joie, depuis longtemps, d'enfin plonger dans l'oeuvre du poète sétois...
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Si je dois être sincère, je n'ai pas été particulièrement emballée par la première partie du recueil…. et j'en ai honte. Des « vers anciens », largement inspirés par la nature et la mythologie antique, se dégage une beauté limpide et harmonieuse, douce, mais finalement distante et je ne me sens pas très concernée. Les Charmes m'interpellent d'avantage, plus dynamiques ou percutants, je retrouve le fameux Cimetière marin où la brise légère des films de Miyazaki cède la place à « Une grande mer de délire douée », où « La vague en poudre ose jaillir des rocs ! ». Enfin, la puissance poétique à son paroxysme !
Les poèmes clôturant le recueil me paraissent plus modernes que les premiers, ils m'amusent parfois et me séduisent bien d'avantage. Toutefois, toutefois…il me faut bien admettre que je reste globalement hermétique aux écrits de Paul Valéry. Dois-je en conclure que je suis sensible à une poésie plus contemporaine ? Ai-je fait l'erreur d'épuiser ma lecture dans ces vers anciens qui ne seraient pas du meilleur cru ? Je reste perplexe devant mon propre manque d'enthousiasme… et suis bien curieuse d'avoir votre avis sur la question !
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Pour Valéry, être poète est un travail, ou plutôt, c'est être capable de prolonger par un travail acharné un vers unique "donné" par l'inspiration, qu'il s'agit de poursuivre par un texte qui sera à sa hauteur. La réflexion formelle de Valéry l'a conduit aux portes de la pensée structuraliste, qu'il contribua à fonder par sa réflexion, et par sa poésie si particulière et si belle, dans la ligne du Parnasse et de son maître Mallarmé, hostiles à l'effusion, la facilité, aux effets de sincérité, mais attentifs à faire "rendre" aux mots leur pouvoir d'évocation maximal. Les poèmes de ce recueil sont très beaux, ce sont de belles pièces de collection pour lesquelles on se passionnera comme fait un collectionneur, mais ils ne créeront pas l'amour qui naît de la communication approfondie entre deux subjectivités, celle du poète et celle du lecteur. le courant lyrique ne passe pas, mais il n'y a pas que le lyrisme en poésie. Il y a aussi l'admiration, la surprise, et le bonheur du langage.
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Disciple de Mallarmé, donc de l'art pour l'art et de l'esthétique parnassienne, Paul Valéry fut poète officiel de la bourgeoisie française d'après la 1ère Guerre mondiale, mais aussi engagé dans la sauvegarde de l'enfance et anti-collabo manifeste durant la seconde Guerre mondiale. Surtout, grand travailleur, il s'est entraîné, sa vie durant, à la curiosité intellectuelle et, en poésie, à une recherche permanente de la précision et de la perfection formelle.
Mon 1er contact avec lui, très physique, dura 15 ans, années de collège, de lycée, puis d'études, pendant lesquelles j'écrivais sur un sous-main transparent sous lequel je pouvais lire et relire, imprimé sur papier brut souvenir du Moulin Richard de Bas, son texte "La feuille blanche". Ce contact physique prolongé avec ses mots, aux propriétés hypnotiques maintes fois vérifié, me poursuit toujours, tant dans ma crainte de la page blanche que dans l'intense et rude exigence de s'améliorer toujours...
Je lui dois donc beaucoup. Pour autant, la lecture de ce recueil m'a déçu. Il est pour moi comme un grand-père un peu froid, dont l'idéal supérieur suscite l'admiration et un sentiment d'inaccessible, mais ni la séduction ni la fraternité de la plume au lecteur, qui encouragent le commun des mortels, dont je suis, au progrès.
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Il serait difficile de définir la poésie de Valéry sans sombrer dans de fastidieuses explications. Qu'il nous suffise de savoir qu'elle est éminemment musicale, ainsi que celle son aîné et ami, Stéphane Mallarmé.
À ce propos, « Mallarmé et Valéry se rencontreront entre 1892 et le 14 juillet 1898. Mallarmé meurt subitement début septembre. Mallarmé ne doit rien à Valéry sauf une présence affectueuse —mais intermittente — et une écoute à la fois intelligente et sensible… Et Valéry, lui, se construit d'abord contre — donc aussi avec — un tel poète, une telle figure, une telle entreprise, tout en gardant intactes son admiration puis son affection » (Françoise Haffner « Sous une si grande ombre… Valéry et le fantôme de Mallarmé »).
Donc, mieux vaut, sans doute, picorer çà et là des vers contenus dans ce sublime recueil, oscillant entre la mythologie et les choses de la vie, pour reprendre un fameux titre de film…
Ainsi, au détour de notre lecture, on tombe sur des vers qui s'envolent (« La lune mince verse une lueur sacrée, / Comme une jupe d'un tissu d'argent léger ») ; d'autres qui contemplent (« Dormeuse, amas doré d'ombres et d'abandons, / Ton repos redoutable est chargé de tels dons ») ; qui aiment désespérément (« Hélas !... J'embrasse en vain l'abondante étendue... / Je n'épouse que l'onde et m'épuise éperdue / Et n'ai fait qu'irriter cette fureur d'amour / Que j'avais cru distraire en m'éloignant du jour... »), etc.
Ces vers – qui parlent autant de Sémiramis, la mythique reine de Babylone, que d'une simple fileuse –, recèlent une beauté implacable, laquelle frappe nos oreilles d'une musique langoureuse, comme ceux-ci, extraits du plus fameux poème de Valéry (« Cimetière marin »), auquel s'est amicalement et humblement frotté, plus tard, Georges Brassens dans sa « Supplique pour être enterré à la plage de Sète »: « Les cris aigus des filles chatouillées, / Les yeux, les dents, les paupières mouillées, / le sein charmant qui joue avec le feu, / le sang qui brille aux lèvres qui se rendent, / Les derniers dons, les doigts qui les défendent, / Tout va sous terre et rentre dans le jeu ! »
Évidemment, cela demande un certain abandon de la part du lecteur, mais – et puisque c'est à la mode ! –, qu'il se permette de lâcher prise et sombre délicieusement dans cette poésie bénie (ou peut-être maudite, pour ce poète qui aime tant Narcisse, lequel les a par trop défiés !) des dieux.
Et, en arrivant au bout de ce chemin de vers, on sait enfin que : « C'est ainsi que l'on se délivre / Des ces écrits si clairs qu'on n'y trouve que soi »…

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Ce que j'aime chez Valéry, c'est la maîtrise absolue de la forme. Il ne propose pas une poésie lyrique. mais une poésie que je qualifierais de froide. Il me fait penser à un sculpteur de marbre très pur. du marbre de Carrare ciselé. le mot marbre revient d'ailleurs souvent dans sa poésie. Ce qui me fascine aussi dans ces mots offerts ( qui je le conçois peuvent sembler hermétiques ) c'est la liberté d'interprétation que Valéry laisse à son lecteur. La part du hasard malgré une précision d'orfèvre ! Car la plupart des vers de Valéry sont beaux en eux-mêmes ; je veux dire qu'il n'y a pas besoin de les remettre dans le contexte d'une strophe pour leur donner du sens. On leur donne le sens que l'on veut. Seul reste le son. Et du coup lorsque je lis le cimetière marin, la dormeuse, les pas ou l'aurore je dessine une histoire qui n'appartient qu'à moi même.
Et puis je découvre, ébahie, que le poète philosophe a écrit :

"Mes vers ont le sens qu'on leur prête. Celui que je leur donne ne s'ajuste qu'à moi, et n'est opposable à personne. C'est une erreur contraire à la nature de la poésie, et qui lui serait mortelle même, que de prétendre qu'à tout poème correspond un sens véritable, unique, et conforme ou identique à quelque pensée de l'auteur."
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« Mes vers ont le sens qu'on leur prête », disait-il. Quel que soit le sens, force est de constater la maîtrise de Paul Valéry dans ses oeuvres poétiques (Exemples d'allitérations dans "Féerie": "battement faible de l'eau lamée"; "usant le seuil secret des échos"; "le diamant fatal fêle d'un fil de jour toute la fable immense").
La portée philosophique et épistémologique de l'oeuvre de Valéry est souvent méconnue, pourtant il est l'un des penseurs éminents du constructivisme.
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Des très beaux poèmes, on y reconnait le mouvement symboliste dans cette idée de suggérer plus que de décrire. Tout n'est plus qu'image fugitive dans ces poèmes féériques, tout n'est plus que symbole. Une oeuvre envoutante à mon sens presque magique, tant l'on se prend à rêver au fil des pages.
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Poèmes dont l'esthétique et la forme sont parfaits et démontrent une belle maîtrise de la langue et des thèmes, pour moi - toutefois - totalement dénués d'émotions.
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Longtemps , de Valery , je n'ai connu que « le cimetière marin » et encore , par fragments. Ce poète un eu guindé , figure tutélaire des lettres , couvert d'honneurs ne m'attirait que peu. Je l'ai redécouvert , comme Mallarmé , et au-delà du formalisme et de l'intellectualisme de sa poésie , j'ai admiré une admirable capacité à faire chanter la langue française .
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