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EAN : 9782253107484
672 pages
Le Livre de Poche (01/02/2023)
  Existe en édition audio
4.34/5   124 notes
Résumé :
Des champs de bataille d’Alexandre le Grand à la Villa des Papyrus après l’éruption du Vésuve, des palais de la sulfureuse Cléopâtre au supplice de la philosophe Hypatie, des camps de concentration à la bibliothèque de Sarajevo en pleine guerre des Balkans, mais aussi dans les somptueuses collections de manuscrits enluminés d’Oxford et dans le trésor des mots où les poètes de toutes les nations se trouvent réunis, Irene Vallejo nous fait découvrir la route parsemée ... >Voir plus
Que lire après L'infini dans un roseau : L'invention des livres dans l'AntiquitéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est un petit chef d'oeuvre, un trésor - de connaissances - , une pépite - d'anecdotes - , une merveille qui à sa place dans toute bibliothèque d'amoureux des livres et d'h(h)istoire(s), un joyau d'écriture qui renferme tant de réflexions toutes aussi éclairantes et érudites les unes que les autres. 

C'est un livre brillant. Qui nous en apprend sur ce qui fait la communauté des "babelionautes" : le livre et son histoire.
"La passion du collectionneur de livres ressemble à celle du voyageur. Toute bibliothèque est un voyage ; tout livre est un passeport sans date de péremption".

"Si un livre est un voyage, le titre sera la boussole et l'astrolabe de ceux qui s'aventurent sur ses chemins Cependant, il ne fut pas toujours là pour orienter les voyageurs. Les premiers récits, les plus anciens, arrivèrent au monde sans titre, ni nom". Alors petite explication sur son titre : il fait référence au roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus. Le rouleau de papyrus représenta une fantastique avancée. Après des siècles de recherche de supports et d'écriture humaine sur de la pierre, de l'argile, du bois ou du métal, le langage découvrit finalement son foyer dans une matière vive. 

Le premier livre de l'Histoire est né quand les mots, à peine des bulles d'air, trouvèrent refuge dans la moelle d'une plante aquatique. Face à ses ancêtres inertes et rigides, le papyrus dès le départ un objet flexible, léger, prêt pour le voyage et l'aventure et quelle aventure !!!. 
Malheureusement, le papyrus était sujet à la destruction, qu'il s'agisse d'incendies, d'insectes ou de pillages. il faut considérer comme miraculeux, grâce à la passion, de nombreux lecteurs anonymes que des oeuvres aussi formidables, que les classiques aussi vulnérables, soient arrivées jusqu'à nous "en longeant le précipice des siècles".

La naissance de la philosophie grecque coïncide avec le début des livres. Face à la communication orale qui avait cours à cette époque, l'écriture permit de créer un langage complexe que les lecteurs pouvaient assimiler et méditer tranquillement. Développer un esprit critique est plus simple pour celui qui a un livre entre les mains — et peut interrompre sa lecture, relire, s'arrêter pour réfléchir — que pour l'auditeur captivé par un aède. 

Alors si vous voulez en savoir plus sur l'histoire du livre, en apprendre sur le rôle des Grecs et des Romains dans notre histoire d'amour mutuelle du livre, ce livre est fait pour vous.

Dans la première partie l'auteure s'intéresse à l'héritage des Grecs qui ont fait beaucoup en plus que de créer la démocratie. Leurs écrivains ont créé la base de la civilisation occidentale. 
Les philosophes : Platon, Aristote et Diogène ; 
les dramaturges : Euripide, Aristophane et Eschyle
les historiens : Hérodote, Plutarque, Xénophon et Thucydide
les romanciers : Achille Tatius, Longus ou Ésope et ses fables animales. 
Et n'oublions celui par qui tout aurait commencé Homère et qui est présent dans l'ouvrage comme un fil d'Ariane. 

Suit une galerie de portraits de personnages, de lieux ou d'inventions qui firent beaucoup pour cet objet que nous tenons en main, et pour la propagation du savoir :
- Tout d'abord un jeune homme du nom d'Alexandre a décidé qu'il voulait diriger le monde. Il l'a fait et a obtenu le nom de "le Grand". Il parcourait les routes d'Afrique et d'Asie sans se séparer de son exemplaire de l'Iliade, qu'il consultait, d'après les historiens, pour y glaner des conseils ou pour nourrir sa soif de grandeur. Pour Alexandre la lecture, comme une boussole, lui ouvrait les chemins de l'inconnu. 
- Ensuite un de ses généraux, un homme appelé Ptolémée, qui dirigeait l'Égypte, créa la première bibliothèque à Alexandrie. Pour la première fois, un endroit gardait plusieurs des grands « livres » en un seul endroit. Son bibliothécaire a même créé un système pour garder une trace de tous ces « livres ».
- Callimaque le père des bibliothécaires remplissant les premières fiches bibliographiques de l'Histoire — sûrement des tablettes. En s'inspirant des bibliothèques babyloniennes et assyriennes et de leurs méthodes d'organisation, mais il alla beaucoup plus loin que tous ses prédécesseurs. Il traça un atlas de tous les écrivains et de toutes les oeuvres. Il résolut des problèmes d'authenticité et de fausses attributions.
- Antiphon qui fut un véritable pionnier.Il avait appris que les discours, quand ils sont efficaces, peuvent agir puissamment sur l'état d'esprit des gens : ils bouleversent, réjouissent, passionnent, apaisent.Et qu'il fallait faire parler celui qui souffre sur les raisons de sa peine, car c'est en cherchant les mots que parfois on trouve le remède


Mais aussi des lieux, avec Alexandrie point de départ. Là, où l'argent des rois et l'engagement des savants permirent un grand travail de conservation et de protection. Les Grecs comprirent que les mots fragiles des livres étaient un héritage dont leurs enfants et petits-enfants auraient besoin pour expliquer la vie ; que quelque chose d'aussi éphémère — le dessin d'une bulle d'air, la vibration musicale de nos pensées — avait besoin d'être préservé en pensant aux générations futures ; que les histoires anciennes, légendes, contes et poèmes étaient le témoignage de quelques aspirations et d'une façon de saisir le monde qui refusait de mourir 

La vision des savants de la bibliothèque d'Alexandrie fut de comprendre qu'Antigone, Oedipe et Médée — ces êtres d'encre et de papyrus menacés par l'oubli — devaient voyager à travers les siècles ; que des millions de personnes pas encore nées ne pouvaient en être privées ; qu'ils inspireraient nos rébellions, nous rappelleraient combien certaines vérités peuvent être douloureuses, nous révéleraient nos plis les plus sombres ; qu'ils nous gifleraient chaque fois que nous serions trop fiers de notre condition d'enfants du progrès ; qu'ils resteraient importants pour nous. Pour la première fois, ils envisagèrent les droits des générations futures.

La seconde partie est consacrée aux Romains qui étaient doués pour l'appropriation. Romulus a "volé" la terre de son frère en tuant Remus. Les Romains ont "volé" les femmes des Sabines voisines et, ce faisant, ont créé un vaste empire, "volant" d'autres terres. Ils ont "volé" la terre des Grecs mais ont respecté leur littérature. Un bon aristocrate connaîtrait le grec et le latin. Mais avec leurs auteurs
Les poètes : Virgile, Ovide, Horace ;
les historiens : Tite-Live, Tacite ;
les orateurs : César, Cicéron ;
les dramaturges : Terence, Plaute, Sénèque ;
les  romanciers : Apulée
Même liste, mais personnes différentes.

Voler mais entre guillemets car pour la première fois, "une grande puissance ancienne assumait l'héritage d'un peuple étranger — et vaincu — comme un ingrédient essentiel de sa propre identité. Sans culpabilité, les Romains admirèrent la supériorité grecque et osèrent explorer leurs découvertes, les intérioriser, les protéger prolonger leur onde de choc. Cette entreprise de séduction a eu d'énormes conséquences pour nous tous. C'est là qu'a parut le fil qui unit notre présent au passé, et nous relie à un monde éteint magnifique. Au-dessus, comme des funambule les idées, les découvertes scientifiques, les mythes, les pensées, l'émotion, et aussi les erreurs et les misères de notre histoire marchent d'un siècle à l'autre. Nous avons appelé classiques toutes ces paroles en équilibre dans le vide. À cause de la fascination qu'elle exerce toujours sur nous, la Grèce survit comme le kilomètre zéro de la culture européenne."

Irene Vallejo a un talent brillant pour parler de toutes ces histoires gréco-romaines et les relier à notre monde contemporain.

Qu'est-ce qui empêche une histoire de sombrer dans l'oubli ? Quelqu'un crée une histoire, elle est copiée, traduite, vendue dans les librairies, stockée dans une bibliothèque, échangée, transportée à l'étranger, enseignée .

Ni le savoir ni toute la littérature ne tient dans un seul cerveau mais, grâce aux livres, chacun de nous trouve les portes ouvertes à tous les récits et à toutes les connaissances. On peut penser, comme l'avait prédit Socrate, que nous sommes devenus une poignée de prétentieux ignorants. Ou que, grâce aux lettres, nous faisons partie du cerveau le plus grand et le plus intelligent ayant jamais existé. « de tous les instruments de I'homme, le plus étonnant est, sans doute, le livre. Les autres sont des extensions de son corps. le microscope et le télescope sont des extensions de sa vue ; le téléphone est une extension de la voix; puis nous avons la charrue et l'épée, extensions de son bras. Mais le livre est différent : le livre est une extension de la mémoire et de l'imagination. »

Alors que les textes des anciennes civilisations tombaient dans l'oubli au fil des siècles et, dans le meilleur des cas, furent redéchiffrés bien longtemps plus tard, l'Iliade et L'Odyssée n'ont jamais cessé d'avoir des lecteurs. 

En Grèce commença une chaîne de transmission et de traduction qui ne s'est jamais brisée et a réussi à entretenir la possibilité de se souvenir et de converser à travers le temps, la distance et les frontières. Nous lecteurs d'aujourd'hui, nous pouvons nous sentir seuls, au milieu de la frénésie, quand nous cultivons nos lents rituels. Mais nous avons derrière nous une longue généalogie et nous ne devrions pas oublier que, sans nous connaître, nous avons participé, entre autres, à un fantastique sauvetage.

On doit aux livres la survie des plus belles idées fabriquées par l'espèce humaine, sans les livres, les plus belles choses de notre monde seraient tombées dans l'oubli et nous, LECTEURS, y participons, chaque jour en partageant nos critiques en relevant des citations qui nous marquent. Homère serait fier...

Tout comme Homère chantait des chansons à son public (comme le dit l'auteure : "Lire, c'est écouter de la musique faite de mots"). Tellement simple et basique. Nous enseignons aux autres à suivre nos traces, afin qu'ils puissent apprécier la lecture et transmettre cette passion des livres. Homère serait fier...
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Depuis toute petite, Irene Vallejo baigne dans les livres grâce à sa mère qui lui lisait énormément d'histoires.
Et l'écriture et les livres sont devenus sa passion.
Alors, avec un courage pharaonique, c'est le cas de le dire, elle a entrepris ce livre.
Elle est remontée aux toutes premières origines de l'écriture et de la transmission.
Depuis l'Antiquité jusqu'aux tablettes numériques, il semblerait qu'elle n'ait rien oublié.
C'est un travail pharamineux qui laisse sans voix.
Quel dommage que je sois si ignare en histoire
Malgré cela, j'ai été passionnée et le fait qu'Irene Vallejo mêle des passages de sa vie personnelle et des faits et des références littéraires ou cinématographiques actuels, permet à une néophyte de mon espèce d'avoir suivi sans difficultés cette fabuleuse épopée de l'écriture, des livres et des bibliothèques.
J'admire énormément cette capacité à mener des recherches très précises et à conclure un livre si abouti.
On traverse à travers toutes les civilisations le long chemin qui nous a mené jusqu'aux lecteurs de babelio et de Navarre.
C'est une superbe aventure dans laquelle nous embarque l'auteure.
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" Les livres sont faits pour unir les hommes par delà la mort, et nous défendre contre l'ennemi le plus implacable de toute vie : la fugacité et l'oubli." (Stefan Zweig)
Voilà un formidable récit sur l'invention des livres dans l'Antiquité d'Irène Vallejo. Tout s'écrit à partir d'un roseau.
Les critiques sont d'ailleurs assez unanimes, excepté (comme l'a bien dit Laetitiaflagothier ici) le coté purement historique lié aux liens (?) entre Alexandre le Grand et à la bibliothèque d'Alexandrie.
Mais, ce livre est tellement agréable à lire et Irène Vallejo est tellement une formidable conteuse, qu'on lui pardonne.
Cet essai reste vraiment passionnant, malgré quelques longueurs parfois, et quelques manques de datation dans les nombreux propos à travers les différentes époques qu'elle nous fait vivre, et à travers les nombreux personnages qui parsèment l'histoire des livres, du livre.
Pour les amoureux des écrits, L Infini dans un roseau restera une référence
tant il est bourré d'anecdotes notamment sur les grecs et sur les romains bien sûr.
Le fait qu'elle parle d'elle aussi et de sa jeunesse ajoute une émotion particulière à cette lecture.
N'oublions pas, et elle nous le raconte, qu'au cours des époques passées lointaines et plus récentes, que certains ont brulé en masse des livres qui ne correspondaient pas à leur "vision" .
Le passé est là pour nous parler aujourd'hui, et ceux qui voudraient supprimer des livres ou déboulonner des statues feraient mieux de réfléchir.
"Sans les livres, les plus belles choses de notre monde seraient tombées dans l'oubli." conclut-elle.

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Voilà un ouvrage qui devrait être le livre de chevet de tous les amoureux du livre comme l'est , sans aucun doute, Irène Vallejo. Car ce n'est pas qu'une somme de savoir mais un hymne passionné à tous ceux qui ,dans l' Antiquité européenne ( et au -delà) oeuvrèrent à la confection , la conservation , l'entretien ,le classement ,la diffusion et l'usage de l'écrit sur pierre, bois, argile , cire, papyrus , parchemin et papier . Au fil des chapitres on redécouvre cette incroyable histoire , on rencontre les figures connues ou quasi oubliées qui participèrent à la saga . Toujours menacé , par les censeurs , les dictateurs ,les fanatiques , les insectes , l'eau et le feu , le livre est un phénix toujours annoncé mourant (aujourd'hui encore) , toujours renaissant . L'aventure est superbe et bellement racontée avec passion et humour car si le livre est vecteur de savoir et de culture , il l'est tout autant de plaisir et de rêve.
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J'ai pris un très grand plaisir à lire cet ouvrage. On devine un énorme travail derrière cette histoire du livre, de la fin de l'oralité à la chute de l'empire romain. On découvre ainsi la montée en puissance de ce support, lié à la création de l'alphabet et de l'écriture. L'auteure déroule ainsi une histoire de près de 3000 ans dans un récit vivant et riche d'informations et d'anecdotes. Elle n'hésite d'ailleurs pas à se référer à des évènements actuels pour étayer ses explications, ce qui facilité grandement notre compréhension. Elle revisite ainsi, toute l'antiquité occidentale, à travers le prisme du livre.
Un grand merci à l'auteure.
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critiques presse (1)
LeDevoir
13 décembre 2021
N’hésitant pas à recourir à des anecdotes personnelles, conjuguant épisodes connus ou méconnus de l’Histoire, la philologue espagnole a compressé toute son érudition entre les pages de ce livre qui se lit comme un roman.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Citation pour tous les lecteurs :

Parlons un instant de toi, qui lis ces lignes.
À présent, le livre ouvert entre les mains, tu te consacres à une activité mystérieuse et inquiétante, même si l'habitude t'interdit de t'étonner de ce que tu es en train de faire.
Réfléchis bien. Tu es silencieux/se, parcourant des yeux des rangées de lettres qui ont un sens pour toi et te communiquent des idées indépendantes du monde qui t'entoure en ce moment même.
Tu t'es retiré/e, pour ainsi dire, dans une pièce intérieure où on te parle de personnes absentes, c'est-à-dire de fantômes visibles seulement pour toi, et où le temps passe plus ou moins vite selon ton intérêt ou ton ennui.
Tu as créé une réalité parallèle semblable à l'illusion cinématographique, une réalité qui dépend juste de toi. Tu peux, à tout moment, détourner les yeux de ces paragraphes et retourner participer à l'action et au mouvement du monde extérieur.
Mals en attendant tu restes à la marge, où tu as choisi d’être,
Il y a une aura presque magique dans tout cela
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Les scientifiques appellent "effet Google" ce phénomène de relaxation de la mémoire. On a tendance à se souvenir mieux de l'endroit où est conservée une information que de l'information elle-même. Il est évident que la connaissance disponible est plus importante que jamais, mais presque tout est stocké en dehors de notre cerveau. Des questions inquiétantes surgissent : sous ce déluge de données, que reste-t-il de la connaissance ? Notre mémoire paresseuse est-elle en train de devenir un carnet d'adresses où chercher une information, sans trace de l'information elle-même ? Sommes-nous au fond plus ignorants que nos ancêtres à forte mémoire des anciens temps de l'oralité ?
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Si le poète romain classique Martialis disposait d'une machine à voyager dans le temps pour me rendre visite cet après-midi il verrait peu de choses connues. Il serait étonné au sujet des ascenseurs, la sonnette près de la porte, le routeur pour le wifi, les vitres des fenêtres, le réfrigérateur, les lampes, le four à micro-ondes, les photos, les prises électriques, le ventilateur, la chasse-d'eau des toilettes, les fermetures Éclair, les fourchettes et l'ouvre-boîte. (...) Mais entre les livres il se serait senti chez lui, il les reconnaîtrait. Il saurait comment les tenir, les ouvrir, les feuilleter. Il suivrait les lignes du doigt. Il se serait senti soulagé, quelque chose de son monde étant resté.
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Beaucoup de philologues affirment que le mot "Europe" possède une origine orientale. Ils la relient à l'akkadien "Erebu", parent du terme arabe actuel "ghurubu. Tous deux signifient "le pays où meurt le soleil" ; la terre du couchant. Au temps qu'évoquent les mythes grecs, la terre privilégié des grandes civilisations s'étendait entre le Tigre et le Nil. En comparaison, notre continent était un territoire sauvage, le Far West, obscure et barbare.
Si cette hypothèse est exacte, notre continent a un nom arabe. J'essaie d'imaginer les traits de la femme qui se nomme Europe - une Phénicienne ; on dirait aujourd'hui une Syro-Libanaise, sans doute à la peau sombre et aux traits marqués, aux cheveux bouclés ; le genre d'étrangère qui de nos jours susciterait la méfiance des ces Européens observant, les sourcils froncés, les vagues de réfugiés.
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Tant qu'il reste fermé, un livre est seulement une partition muette, contenant les paroles et la musique d'une symphonie possible. Il n'y a pas d'histoire, pas de page qui ne palpite sans l'effleurement d'yeux étrangers. Pour prendre vie, il faut des interprètes qui fassent vibrer les cordes, parcourt fébrilement le pentagramme, assurent les chants avec leur propre accent, modulent la mélodie au rythme de leurs souvenirs. Lire exige de croire en l'histoire, mais aussi de la créer. La littérature, comme le disait Ursula K. Le Guin, propose une collaboration entre le narrateur et le public, entre l'écrivaine et la lectrice ; c'est de la fabulation et de la cofabulation. Ainsi, écrire suppose aussi de se livrer soi-même à d'autres mains, regards et voix. (page 509)
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Vidéo de Irene Vallejo
Lors de son passage en France, nous avons eu le plaisir de rencontrer Irene Vallejo aux Éditions des Belles Lettres. L'autrice avait eu la gentillesse de préparer un petit mot à l'attention de ses futurs audio-lecteurs français.
Pour en savoir plus sur ce livre audio lu par Katherine Erhardy, rendez-vous ici : https://www.audiolib.fr/livre/linfini-dans-un-roseau-suivi-du-manifeste-pour-la-lecture-9791035407506/
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