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Critique de Melisende


J'ai profité de l'évènement Un mois, une maison, un achat organisé par Vision Livre pour lire Les Dames baroques, l'une des anthologies des éditions du Riez, maison mise à l'honneur en septembre.
Il y a à peine quelques années, je n'étais vraiment pas attirée par les recueils de nouvelles, n'appréciant pas ce format trop court et dans lequel je n'arrivais pas à me plonger. Aujourd'hui, je me suis rendue compte qu'écrire un texte bref mais complet est un exercice difficile et qu'il permet de découvrir rapidement de nouvelles plumes et donc de nouveaux talents.

Autour du thème de la femme, Les Dames baroques propose 20 nouvelles de 20 auteurs différents. Et il y en a pour tous les goûts. Je mentirais en disant que je les ai toutes adorées mais aucune ne m'a véritablement déçue. J'ai noté quelques faiblesses (notamment de style) sur une ou deux d'entre elles, mais dans l'ensemble, j'ai été conquise et suis ravie d'avoir découvert quelques nouveaux auteurs que je ne manquerai pas de suivre, dès que l'occasion se présentera.

Femmes fortes ou persécutées, humaines, déesses, sorcières ou créatures mythologiques, princesses ou esclaves, femmes d'hier ou d'aujourd'hui... autant de personnalités qui prennent vie sous la plume de nos 20 auteurs. Je ne reviendrai pas sur chacun des textes car ce serait trop long - et j'avoue que je serais bien incapable de vous résumer certaines histoires - mais sur les 8 qui ont retenu mon attention, 4 sortant encore plus du lot.

Avec Lapidaire, Karim Berrouka nous offre un joli conte oriental où l'héroïne, une princesse faite de pierres précieuses, cherche l'Amour avec un grand A, celui qui se moque des apparences et de l'or. Un schéma classique mais une belle sensibilité qui fait la différence.
Classique, c'est aussi le cas du Baiser de la sorcière de Armand Cabasson qui met en scène une sorcière condamnée au bûcher. La chute n'est pas très surprenante mais l'ensemble reste efficace. J'ai aimé la narration et l'alternance des paragraphes, tantôt rédigés à la première personne, tantôt offrant un flash-back.
Plus modernes, avec une touche de suspense et de thriller à la Thilliez (notamment pour la deuxième nouvelle), Jusqu'au bout de la vérité de Cyril Carau et Isabella de Sophie Goasguen offrent des chutes particulièrement surprenantes. du rythme et de la tension au creux de ces pages, j'ai été happée par ces histoires !
On retourne au Moyen Age et au fin' amor avec Serments, Eternels serments d'amour de Léonor Lara où les codes du genre sont respectés. Un chevalier épris d'une Belle Dame sans merci qui lui fait tourner la tête. Absence de l'être aimé, attente de son retour, soupirs et combats chevaleresques. J'ai adoré retrouver l'amour courtois et la rencontre avec une femme éthérée grâce à cette nouvelle.
On reste dans le passé avec le conte proposé par Madame d'Aulnoy. Animaux qui parlent et héros qui doit surmonter quelques épreuves sont au programme de ce conte qui m'a très agréablement rappelé les histoires de mon enfance. Un charme désuet imprègne La Belle aux cheveux d'or et je suis heureuse de l'avoir enfin découvert !
Beaucoup plus sombre, Les Crocs de la Basilicate de Elie Darco est, me semble-t-il, la plus longue nouvelle de l'anthologie et une de mes préférées. L'héroïne est ici une servante maltraitée (du fait d'un handicap physique) qui est au service d'un alchimiste un peu fou. Entre deux expériences sur des vampires et des goules, la pauvre jeune femme doit nourrir les monstres et nettoyer les tâches de sang quand le pire est arrivé. Une ambiance de cachot et d'ésotérisme se cache entre ces pages...
Enfin, j'ai envie de mettre en avant la nouvelle de Sophie Dabat, baptisée L'Essor. On y fait la rencontre de deux peuples ennemis qui s'affrontent sans cesse... jusqu'à la chute qui apporte une grosse révélation. J'ai vraiment beaucoup aimé l'émotion qui se dégage de ce conflit où la haine de l'autre fait des dégâts irréparables. J'y ai également trouvé une certaine animalité, comme un retour aux sources des plus anciennes légendes et de la mythologie. Mais par dessus tout, ce qui m'a fait m'arrêter sur ce texte en particulier, c'est l'univers créé par l'auteure. En quelques pages seulement, Sophie Dabat nous happe complètement et nous plonge dans son histoire... et ça fonctionne super bien. C'est maîtrisé et très riche malgré la brièveté de la nouvelle. Et c'est la seule nouvelle qui m'a donné l'impression qu'on pouvait aller plus loin et écrire d'autres choses (un roman !) dans cet univers. Bravo.

J'aurais pu vous parler brièvement d'autres textes mais je préfère m'arrêter là car même s'ils m'ont plu et fait passer d'assez bons moments dans l'ensemble, ils ne m'ont pas assez marquée. Quant à la nouvelle de Sire Cédric - très certainement le nom le plus connu de la liste aujourd'hui, en tout cas du côté des auteurs contemporains - baptisée Succube, si je l'ai trouvé pertinente quant à son thème (le succube, d'où son titre), je n'ai pas été particulièrement fan du sujet. Comme vous pouvez vous en douter, on suit les aventures sexuelles d'un succube (une femme) et de sa proie... sur plusieurs pages. Pas mal écrit, mais ce n'est pas le genre "d'intrigue" qui me passionne.

Vous pouvez le constater, les nouvelles de cette anthologie sont très variées, aussi bien dans le fond que dans la forme ; nul doute que vous y trouviez votre bonheur. Je félicite Estelle Valls de Gomis - l'anthologiste - qui a réussi à rassembler 20 textes de bonne qualité. Difficile de tout aimer dans un recueil, mais pour le coup, il y a peu d'histoires (peut-être deux) qui n'ont pas fait mouche... on peut donc parler de réussite !
Lien : http://bazardelalitterature...
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