–Tu ne m’enlèveras pas de l’idée que devoir mourir, c’est du gâchis. Regarde-moi, par exemple. Toute cette expérience accumulée, pourquoi, en fin de compte ? On ne dit pas qu’un vieux qui brûle, c’est une bibliothèque qui meurt ?
-En plus, parfois, il s’endort, comme ça, n’importe où devant moi, et il bave. Quand on s’est retrouvés à la retraite, je me suis rendu compte que j’avais épousé un inconnu, vous m’direz, ça aurait pu être pire, ça aurait pu être un vrai con. On partage rien. Même le lit, je l’ai dégagé, il ronflait comme une locomotive et, moi, je suis pas cheminot !
Tu sais, il en faut du courage pour s’écarter du chemin tout tracé. Et ça fait sacrément peur, parce que je me trompe peut-être.
Quoi qu'il arrive, Papy, il nous restera toujours les étoiles. Bernard sourit, avant d'ébouriffer les cheveux de son petit philosophe préféré.
Il avait perdu plus que son poste : il avait perdu son statut, son identité, son utilité.
La vie est un éternel emmerdement. Avant, j'avais un chef, maintenant, j'ai un voisin.
Partir en laissant très peu de choses derrière soi, c'est aussi montrer qu'on fait de la place aux autres.
La vie est mal foutue. A 35 ans on n'a le temps pour rien. A 65 ans, on a le temps, mais rien à faire !
" Marguerite avait raison: la retraite, c'était comme entrer dans une patisserie. Tous les gâteaux avaient l,air appétissants, et Bernard était résolu à les goûter les uns après les autres, afin de savoir lesquels étaient faits pour lui." p.455
Il y a quelque chose de rassurant à savoir que le soleil sera toujours là, avant nous, et après nous. Et j'aime me dire que n'importe où sur la planète il y a toujours quelqu'un qui s'extasie devant tant de beauté. Cela ne coûte rien, et pourtant se lever aux aurores est l'une des choses qui me donnent le plus de bonheur au monde.