David Rosfeld vient d'arriver au chevet d'une vieille dame mourante Ilsa Shaffner. Il ne l'a jamais revue depuis ce jour de 1942, où elle lui a fait quitter clandestinement l'Allemagne Nazie. Il l'a cherchée toute sa vie est c'est une alerte sur son ordinateur qui lui apprend, via le journal télévisé, qu'une vieille dame de ce nom a brusquement perdu la tête et jeté son téléviseur par la fenêtre blessant une voisine et que depuis elle est dans le coma. Ilsa est donc toujours en vie.
Il prend l'avion et on le retrouve au chevet de la vieille dame, qu'une jeune femme vient de traiter de « salope » en lui recouvrant le visage du drap et réclame qu'on ne pratique pas d'acharnement thérapeutique. Quand, cette jeune femme se retourne, Marianne le Brêt est le sosie d'Ilsa en 1942 et qu'elle est déteste celle qui est grand-mère. Il est clair qu'ils ne partagent pas la même opinion à propos de cette femme.
David sait désormais qu'il doit lui apprendre qui était Ilsa Shaffner. Pour Marianne, c'est une criminelle de guerre nazie qui a exécuté froidement tous les enfants dont elle avait la charge en 1942 dans une école d'enfants surdoués juifs qu'elle dirigeait avec son compagnon, Gert, vétérinaire qui de son côté mettait au point un système inédit de dressage des chiens.
Absente du procès de Nuremberg, elle a été chargé à fond par Göering et le colonel Grübblich qui était son supérieur à l'époque, tous deux pensant qu'en la calomniant ils sauveraient leur tête.
C'est cette version que Marianne, avocate à Morlaix qui se bat contre les algues toxiques, a cru toute sa vie.
David, dont le vrai nom est Jürgen Bolt, n'est pas juif, il est seulement un peu attardé et s'occupe des veaux dans la ferme paternelle où tout le monde le maltraite et son père finit par le céder comme un animal aux Nazis qui l'enferment dans un hôpital psychiatrique avec d'autres enfants attardés ou bizarres qui coûtent trop cher à leur patrie et doivent être exécutés via la nouvelle salle de douche qui est en fait la première chambre à gaz.
Dans cet hôpital, Jürgen n'a qu'un ami David enfant surdoué qui a obtenu 180 aux tests de QI réalisés par Ilsa. La mère de David est spécialisée en physique nucléaire et a été exécutée donc, il cède sa place à Jürgen et lui fait apprendre par coeur tout ce qu'il doit savoir pour tromper Ilsa , via un livre, « le secret des atomes » et un enseignement religieux minimum car sa mère n'était pas pratiquante.
Il voit tous les enfants partir à la salle de douche, une serviette sur un bras, une savonnette dans la main et il assiste au premier nettoyage ethnique.
Ilsa l'emmène vers l'école et voit très bien que ce n'est pas l'enfant qu'elle a testé quelques jours auparavant. Il lui dit la vérité et lui démontre qu'il est à la hauteur grâce à ce que David lui a appris. En une seconde, il échappe ainsi à la balle qu'elle allait tirer sur lui.
Ilsa va lui donner des cours particulier et lui inculquer tout ce qui lui manque pour tromper le colonel. Il aura sa cabane qui sera un vrai laboratoire où sa mission est de trouver comment fabriquer la bombe atomique car Einstein est aux Etats-Unis.
Il découvre alors qu'Einstein est un pestiféré aux USA, Hoover maître tout puissant du FBI, l'a éloigné de tous ses anciens condisciples qui travaillent ensemble et en secret, sur la bombe atomique dans le désert, car il le considère comme un espion russe. Ces deux êtres vont en fait bien s'entendre et Einstein paiera les études universitaires de David alors qu'il a bien compris que ce n'était pas un enfant surdoué mais qu'il avait une telle envie d'apprendre pour lui plaire qu'il réussirait.
Il partage son histoire avec Marianne afin de lui faire comprendre qu'Ilsa était quelqu'un de bien et qu'il lui doit la vie car il est devenu David Rosfeld, une scientifique renommé.
Certes Ilsa a été Nazie au début avant la folie Hitlérienne, du temps où le national Socialisme était une idée politique qui marchait avant de devenir une machine à tuer. Après, elle a compris et avec son compagnon Gert, ils ont décidé d'assassiner Hitler.
Il lui raconte la visite de l'école par Hitler qui se montre beaucoup plus intéressé par le dressage truqués des chiens qu'aux enfants qui ont tellement peur qu'ils n'arrivent pas à expliquer leurs travaux.
Marianne a consenti à l'écouter et il va lui raconter toute l'histoire d'Ilsa (qui pour David s'arrêtait à 1945 dans ses recherches car, Ilsa avait été déportée à Matthaüsen à la suite de la tentative d'assassinat d'Hitler ratée de Gert qui sera fusillé. Matthaüsen où elle sera violée, confiera sa fille en vue d'adoption à une famille pour la protéger alors qu'elle fera partie des scientifiques que Staline et les USA vont se « partager ». Ensuite elle aura en quelque sorte un statut de témoin protégé.
Ilsa a sauvé la vie de David une deuxième fois en l'envoyant aux USA auprès d'Einstein qui a été son maître afin qu'il découvre le Boson et leur rencontre est truculente comme la suite du livre d'ailleurs…….
Ce que j'en pense :
Ce livre est magnifique. L'
amour infini que David portait à Ilsa qui était teinté de sexualité bien sûr puisqu'il avait 14 ans en 1942 et sa reconnaissance envers celle qui lui a sauvé la vie le pousse a convaincre à tout prix Marianne que c'était quelqu'un de bien. Un devoir de mémoire et de réhabilitation.
Mais le malheur et la haine se transmettent hélas de génération en génération. La mère de Marianne est décédée d'un cancer, elle était rongée par la haine de cette mère nazie criminelle et par la colère aussi et qui a rejeté sa propre fille Marianne car elle ressemblait trop à Ilsa. La haine et la colère peuvent maintenir en vie mais souvent elles conduisent à la mort.
On trouve aussi le mythe de la culpabilité : le comportement anorexique de Marianne est là pour en attester, (je me punis, j'expie en en mangeant pas) de même que le désir de payer, de réparer par le biais de son travail d'avocat et sa lutte contre les algues tueuses les paysans de Bretagne lui ont envoyé une photo d'Ilsa posant à côté des dignitaires du régime nazi !!! Pour la faire taire car elle avait trouvé un sanglier mort sur la plage…
On retrouve aussi la quête de l'identité chère à l'auteur, et qu'il analyse à travers nos deux héros mais aussi avec Ilsa bien sûr, on ne sait vraiment jamais qui sont les gens qui nous entourent, ils ont leur part de mystère, leur faiblesse et leur force et ils sont à la recherche de qui ils sont vraiment (leur légende personnelle dirait
Paolo Coelho).
On peut se demander aussi jusqu'où on peut prendre la place de quelqu'un d'autre : David a eu une brillante carrière mais il a toujours été en second derrière les autres, chacune de ses découvertes ayant été attribuée à un autre scientifique, tel le Boson de Rosfeld qu'Ilsa lui avait demandé de mettre en évidence et qui a été attribué à Higgs. (C'est en apprenant cela qu'Ilsa a jeté son téléviseur par la fenêtre). On est redevable quand on est un survivant. On doit rester dans l'ombre de celui dont on a « usurpée la place » même si c'est lui qui vous l'a demandé.
On retrouve aussi dans ce livre l'importance de l'
amour : David est
amoureux d'Ilsa, ce sont ses premiers émois d'adolescents, et il va faire tout ce qu'il peut pour ne pas la décevoir, pour réussir ce qu'elle attend de lui, il va se transcender et se comporter comme un surdoué. En fait il devient quelqu'un d'autre, comme si la façon dont l'autre le regarde modifiait sa personnalité.
Peu à peu, ils vont découvrir la vie d'Ilsa que tout le monde aimait bien car elle était gentille et ne dérangeait personne, son appartement, ses secrets et cela va leur donner à tous les deux l'occasion d'orienter leur vie autrement tout en la réhabilitant.
Une belle histoire et en même temps une belle leçon de vie.
Didier van Cauwelaert sait très bien décrire les états d'âme de chacun des 2 héros, leur sensibilité à fleur de peau, on s'amuse avec les expériences
amoureuses d'Einstein ou la sensualité de David mais en fait cela détend l'atmosphère et ramène à l'aspect humain des héros, on peut être un génie et avoir une libido farfelue, il n'y a pas la tête d'un côté et le corps de l'autre sinon on serait en face de stéréotypes et cela enlèverait du sel à cette belle histoire.
Il y a beaucoup de tendresse dans ce livre, malgré la violence de l'histoire et c'est très bien écrit comme d'habitude…