Les émotions cachées des plantes/
Didier van Cauwelaert
L'auteur a quitté sa tunique de romancier pour nous parler des secrets que dissimulent les plantes. D'entrée il nous convainc que les plantes n'oublient jamais leur agresseur. Plus loin il nous montre que l'imagination végétale est sans limite et que les plantes sont capables de se déplacer. Je l'avais déjà observé personnellement. L'exemple cité est le suivant : Socratea exorrhiza, le palmier des Andes. Quand son environnement ne lui convient plus, quand des arbres voisins ou des constructions humaines lui cachent le soleil, il déménage, en formant de nouvelles racines apparentes qui le « tirent » vers une exposition plus lumineuse, tandis qu'il laisse mourir à l'ombre ses anciennes racines.
Par ailleurs, la plante est capable de modifier sa structure, sa composition chimique et son apparence, en vue de se défendre, d'attaquer ou de séduire. Pour éveiller l'intérêt des insectes pollinisateurs, les plantes ont donc recours à toute une palette de séduction.
L'auteur insiste ensuite sur les catastrophes engendrées par les manipulations génétiques, la pollution et la déforestation. En moins d'un siècle, l'homme est devenu l'ennemi numéro 1 des plantes. Quand on sait que le règne végétal représente plus de 99% de la biomasse terrestre, on a des raisons de s'inquiéter pour l'humanité car si les plantes peuvent très bien vivre sans l'homme, l'homme ne peut pas survivre sans les plantes. Sans les plantes, sans l'oxygène et l'alimentation qu'elles nous apportent, nous sommes condamnés à mort.
L'auteur nous explique aussi avec de nombreux exemples que les plantes ont de la mémoire, de la lucidité, une fonction de proprioception, et sont capable de communication, de sociabilité, d'entraide et d'anticipation. La plante est un être vivant sensible et connecté.
La lutte contre les fabricants d'OGM vise entre autre à rendre son autonomie perdue à la plante.
On a calculé que si l'on replantait suffisamment d'arbres au lieu de déforester, on n'aurait plus d'effet de serre.
Certains travaux établissent le rôle physico-chimique de la musique dans la croissance des végétaux et renforcement de leurs défenses naturelles.
L'auteur nous cite un cas d'une sorte d'intelligence, celle du myxomycète, être inclassable entre champignon et végétal, dont l'ingéniosité et les astuces pour trouver son chemin dans un labyrinthe, ont étonné et laissé les chercheurs totalement beats, ne pouvant expliquer le phénomène, un défi à la compréhension. En effet cette moisissure se déplace à la vitesse moyenne de deux centimètres et demi par jour, grâce à des vagues de contraction, lesquelles se propagent par des interactions spatiales de diffusion vers la sortie.
On s'est demandé si les plantes aimaient les caresses ? Pour le coup, une plante qu'on touche à plusieurs reprises ralentit sa croissance en se rendant plus épaisse et donc plus résistante. Elle devient méfiante semble-t-il. Une caresse lui apparaît comme un danger et lui inspire une mobilisation de ses défenses qui la rend plus forte et plus belle.
Sont abordés aussi les bienfaits de la sylvothérapie, discipline qui a placé le Japon en précurseur : les bains de forêts y sont remboursés par l'assurance maladie locale. L'arbre exerce bien des effets mesurables sur les problèmes de tension, de dépression, d'autisme, les troubles cardiaques et respiratoires.
Il existe au moins une plante immortelle : c'est le pissenlit. Démonstration apportée par l'auteur au moyen de nombreux exemples concernant cette plante étonnante.
Certains scientifiques expliquent que l'augmentation du pouvoir allergisant des pollens vis à vis de l'homme est liée à la menace qui pèse sur le règne végétal de par la toxicité des produits utilisés, pesticides, insecticides, herbicides etc…
Un ouvrage très intéressant dont je n'ai ici donné qu'un très bref aperçu des sujets abordés. À lire absolument.