Un petit garçon est recueilli à bord d'une Ami 6 sur la route près de Marseille. C'est Vasile, avec sa camionnette de pizzaïolo qui a embouti la voiture et tué les parents du petit.
Le bébé sera surnommé "Ami6" et accueilli par la communauté tsigane de Val-Fleury.
"Ami 6" se transformera en Aziz et de faux papiers marocains seront faits à son nom " Aziz Kemal".
A l'âge de 19 ans, alors qu'il est amoureux de Lila, il est victime d'une volonté du gouvernement français de rapatrier des étrangers.
Aziz quitte le territoire avec un attaché humanitaire plus fragile que lui et pas mauvais bougre pour rejoindre le village fictif d'Irghiz.
S'ensuivent une série de péripéties dangereuses pour le fonctionnaire et pas très passionnantes pour le lecteur.
Le roman avait très bien commencé, sur un ton naïf et humoristique emprunté par l'auteur.
On peut comprendre que le livre ait reçu le Goncourt en 1994 car il faut avouer que le thème est original.
C'est une relecture pour moi.
Je ne me souvenais pas que la deuxième partie comprenait quelques longueurs, voire quelques fantaisies mais cela augurait du futur de l'auteur.
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J’ai commencé dans la vie comme enfant trouvé par erreur. Volé avec la voiture, en fait. J’étais garé sur les clous et, pendant les années qui ont suivi, Mamita, quand je ne finissais pas mon assiette, disait que la fourrière allait venir me chercher. Alors je mangeais trop vite et après je rendais tout, mais dans un sens c'était mieux ; ça m’évitait de prendre du poids. J’étais l’adopté, je restais à ma place.
Chez les Tsiganes, l'enfant c'est sacré. Il doit être le plus gras possible, pour le prestige ; c'est un roi de 0 à 4 ans - après il se débrouille. Moi je me suis débrouillé sans avoir été roi : je tombais de moins haut, je rasais les murs, je ne disais rien, j'étais le plus maigre. À force de se faire oublier, on y arrive.
Souvent, la nuit, le camion-grue de la fourrière venait enlever la voiture mal garée pour la conduire à la casse, et j'étais broyée sous la tôle. Heureusement, dans la roulotte de Mamita, il y avait toujours un des rois qui braillait, ça arrêtait le rêve au moment où j'étais encore vivant, et je pouvais me rendormir. Je savais que j'étais en sécurité, bien au chaud parmi ces gros enfants couverts de chaînes et de médailles qui tintaient dans le noir.
- Il faut que tu comprennes une chose, Aziz : ça fait trois jours que la Brigade a ces types sur le dos, qu'ils réclament des clandestins, des clandestins, des clandestins ! Ils sont dans un état ; on n'en peut plus... Ils ont foutu le bordel au Centre de rétention : ils veulent pas comprendre que les gusses qu'on chope sans papiers ne disent jamais de quel pays ils viennent, comme ça on peut pas les expulser ; (...) Le seul qu'ils ont trouvé à reconduire avant toi, c'était un Noir de Basse-Terre. Ils lui avaient déjà pris son billet. Il a fallu qu'on leur rappelle que la Guadeloupe, c'est français. Tu te rends compte ?
Je me rendais compte, mais c'était leur problème. Moi j'étais marseillais, de coeur, d'accent et de naissance - en tout cas j'avais le bénéfice du doute, et si on devait me reconduire quelque part c'était au virage de la Friourne : mon pays c'était les Bouches-du-Rhône, ma cité Vallon-Fleuri et mon équipe l'OM.
Si on se laisse aller au désespoir, on finit mangé par les rêves qu'on a vécus de travers.
C'est bon d'avoir eu un copain. C'est moins douloureux qu'une femme, quand ça vous quitte. On a toujours l'espoir qu'on restera copains, et que les moments passés ensemble ne seront pas effacés par nouveaux souvenirs avec un autre.
Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" https://filsdelapensee.ch/
Ce garçon me bouleverse. Cette simplicité, cette délicatesse dans le silence, cette attention bienveillante qu'il me porte, cette maturité d'enfant vieux comme les pierres qui a vu couler les siècles autour de ses certitudes...
... Je ne suis pas dupe, Sa vallée d'Irghiz est une simple oasis au pied d'un djebel comme on en a déjà vu trois. Ses hommes gris sont des berbères chleuh comme les autres, qu'il a divinisés pour me faire aimer sa patrie.
Avec humour et tendresse, Didier van Cauwelaert aborde dans son dernier roman 'La Vie absolue' (Albin Michel) les thèmes de la mort, du souvenir et de la filiation, en ressuscitant le personnage de Jacques Lormeau. L'auteur nous en dit plus sur ce livre dans notre interview vidéo.
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