Meurtre sur un bateau-de-fleurs

Nous nous permettons de conseiller au lecteur français d'aujourd'hui de se faire un peu l'imitateur du lecteur chinois de jadis et, lorsqu'il aura terminé ce roman, d'en relire tout au moins les premières pages. Cette nouvelle lecture lui apportera un plaisir supplémentaire, et nous sommes sûrs que, saisissant alors tout à fait la pensée de l'auteur, il admirera comme nous l'art avec lequel il a su relier la fin de l'histoire à son commencement. (Note des traducteurs)

— J’ai sauvé la vie à cette garce-là et qu’ai-je obtenu en retour ? Des mines dégoûtées, c’est tout ! J’ai beau lui tanner le cuir, ça ne sert à rien.
— Il faut taper longtemps sur une femme avant qu’elle devienne raisonnable, remarqua Ma Jong avec philosophie.

La loi spécifie que toute personne, en accusant à tort une autre d’avoir commis un crime, sera punie comme si elle avait commis elle-même ce crime.

Les bonnes mœurs ne sont pas toujours les compagnes fidèles du savoir.

Dans les cités pourvues d’une enceinte, les portes sont closes à la tombée de la nuit. On se sent tout à fait maître de la situation. Mais dans une ville ouverte aux quatre vents comme celle-ci, une ville dont les faubourgs s’égaillent au pied de la montagne ou s’étendent sur la rive du lac, les gens peuvent entrer ou sortir absolument comme il leur plaît !

Les bonheurs inattendus sont les plus grands !

Il existe des passions si intenses, si violemment inhumaines, qu’elles acquièrent une sorte de vie propre et conservent le pouvoir de faire du mal longtemps après la mort de ceux qui les éprouvaient.

Seuls les imbéciles attachent crédit aux ragots !

incipit :
Personne, je crois, ne qualifiera d'insignifiante carrière les vingt années passées par moi au service de notre illustre Empereur Ming ! Il est vrai que mon père vénéré le servit cinquante années et venait de célébrer son soixante-dixième anniversaire quand il mourut avec le titre de Conseiller d'Etat. J'aurai quarante ans dans trois jours, mais fasse le Ciel Auguste que je ne sois plus alors de ce monde;

On prétend que les chiffres ne peuvent mentir, Votre Excellence ; rien n’est plus faux. Tout dépend de la façon dont on les présente !