Et voilà la fin de l’arc de Brek Zarith, l’un de mes préférés. Ça se passe mal pour son matricule vu que c’est sa chute (en même temps quand on s’appelle « Brek » on s’attend à ce que ça casse à un moment).
L’action se concentre autour de… la cité de Brek Zarith (incroyable non ?) où le tyran Shardar le Puissant voit fondre sur lui les furieux Vikings venus piller ses trésors et le Prince Galathorn récupérer son trône. Il observe aussi (grâce à un système de caméras magiques très sophistiqué ;-) un gars tout seul qui s’avance, arc à l’épaule. Nous, on reconnait Thorgal.
Tout ça n’a pas l’air d’inquiéter notre tyran outre mesure. Il détient Aaricia, la femme de Thorgal, et Jolan leur fils déjà talentueux à 2 ans (c’est lui le système de caméras) et a déjà un plan qui l’espère-t-il va se dérouler sans accroc. Car la chute en question ne sera pas provoquée par ses adversaires, mais par lui-même. Du passé faisons table rase. L’accroc, cependant, s’appelle Thorgal.
Cet album est magique à plus d’un titre. L’ambiance décadente de Brek Zarith est tangible : atmosphère enfumée, corps peinturlurés et dénudés, masques d’animaux, complots des barons. C’est à faire vomir. Je ne sais pas pourquoi mais ça m’a rappelé l’orgie romaine d’Astérix chez les Helvètes, en plus puant. Le retour de Jorund le Taureau à la tête de ses vikings est un plaisir, son incontrôlable avidité explose. Aaricia prend beaucoup de consistance. Et c’est la première apparition de Jolan, ce petit garçon fils de deux mondes qui réserve des surprises à ses parents.
Mais c’est le personnage de Shardar-le-Puissant qui constitue le principal attrait de l’album. Son cynisme intelligent, cruel et serein dégouline dans chacun de ses mots. Il constitue un bon modèle pour Hitler ou Staline. On en vient à apprécier le charisme venimeux du bonhomme tout en espérant ne jamais rencontrer un type pareil dans la vie réelle.
Le seul élément qui m’a gêné est le comportement de Thorgal retrouvant sa famille. Là où Aaricia cède à l’émotion normale d’une épouse et d’une mère, il reste froid et calculateur au point de vouloir laisser leur fils aux mains de Shardar le temps de mettre Aaricia à l’abri, alors qu’il était devenu une loque dans le tome 5 quand il croyait sa femme morte. Cache ta joie, mon gars !
Mais tout le reste est absolument excellent.
Commenter  J’apprécie         284
Dernier album d'un cycle débuté avec la Galère Noire, la chute de Brek Zarith suit le magnifique Au-delà des Ombres, premier véritable chef-d'oeuvre de la série. Thorgal, séparé de sa femme, depuis de longs mois, a affronté le royaume des morts pour lui sauver la vie. Désormais le temps des retrouvailles est proche. Aaricia, ainsi que Jolan, que son père n'a encore jamais vu, sont retenus captifs dans la forteresse de Brek Zarith. La flotte de Jorund-le-Taureau, chef des vikings du nord, vogue vers l'inexpugnable place forte, accompagné de Galathorn, souverain légitime de Brek Zarith, qui s'est allié avec les fiers guerriers, par l'entremise de Thorgal. Shardar, despote aussi fantasque que cruel, règne d'une main de fer sur son royaume et, bien qu'averti de la déferlante qui arrive, il ne semble guère s'en inquiéter, fasciné par Jolan et ses mystérieuse capacités.
S'il ne possède pas la profondeur ni la classe d'Au-delà des Ombres, la chute de Brek Zarith demeure néanmoins un excellent cru. Shardar est un tyran tout à fait convaincant, mélange de cruauté, d'intelligence et de folie (il n'hésite pas à empoisonner toute sa cour et à sacrifier son trésor afin que Galathorn s'empare d'un royaume vidé de toute substance, une sorte de politique de la terre brûlée, en somme). Clairement, ce personnage est une des forces de cet épisode. Ses barons et courtisans arborent des masques et parures à la fois grotesques, grandiloquents et fascinants, qui transpirent la décadence et la luxure. Il règne, en effet, une atmosphère antique dans les entrailles de Brek Zarith, dont la puissance repose en partie sur les sciences antiques, un des centre d'intérêt de son maître. Ainsi, tel Archimède lors du siège de Syracuse, il incendie la flotte viking grâce à des miroirs en cuivre intensifiant les reflets du soleil. de même, les références, explicites ou (à peine) implicites aux légendes antiques émaillent cet album. Comment ne pas penser au mythe du fil d'Arianne, lorsque Thorgal trouve son chemin dans le labyrinthe creusé sous la forteresse grâce aux cheveux d'Aaricia ? Ou encore à Rhéa dupant Cronos en lui présentant une pierre emmaillotée, à la place de Zeus, lorsque Shardar découvre, lors de la course poursuite finale qu'Aaricia ne porte pas Jolan dans ses bras mais une grosse pierre ? Thorgal, héros absolu, viendra à bout de tous les pièges tendus par l'infâme tyran, grâce à sa bravoure et son intelligence (qui sont ses meilleurs armes), bien plus que par sa force.
Un très bon album donc, qui conclue à merveille un excellent cycle en annonçant, en filigrane, toute l'importance que prendra Jolan au fil du temps.
Commenter  J’apprécie         226
Ce sixième tome intitulé La chute de Brek Zarith (ce qui ne ménage pas vraiment le suspens) vient clore le cycle qui avait commencé avec La galère noire et s'était poursuivi avec Au-delà des ombres, et il le fait de fort belle manière puisque cet album est encore meilleur que les précédents.
En plus, on découvre le mystérieux personnage de Jolan, qui viendra sans nul doute enrichir les aventures de Thorgal et Aaricia.
En refusant de servir le prince Galathorn, j'ai aussi trouvé que Thorgal avait dans cet album une réflexion politique intéressante en plus de sa force physique, de son courage et de sa droiture qui ne sont plus à démontrer.
Commenter  J’apprécie         170
Pas mal du tout !
Le dénouement est proche, le roi mégalo n'a plus grand monde pour le soutenir et surtout pour le suivre, ne lui reste que deux otages, Aaricia et son bébé Jolan. L'héritier légitime du royaume de Brek Zarith, ses forces retrouvées, vient avec l'aide des Vikings, des barons et de Thorgall reprendre son palais où seuls les morts l'accueillent. Sardar, le monstre, le tyran, laisse un royaume exsangue, un royaume vide dont les richesses ont été englouties dans un gouffre sans fond mais il lui reste une carte à jouer…, et à perdre.
Une fin heureuse enfin pour Thorgal et sa petite famille qui n'ont qu'une envie se cacher loin des hommes pour vivre enfin en paix.
J'ai adoré la dernière fête au royaume, une fête psychédélique aux couleurs pastelles tellement évocatrices et je n'ai qu'une envie maintenant, me plonger dans le tome suivant pour voir comment Thorgal va découvrir les pouvoirs de son tout jeune fils :-)
Commenter  J’apprécie         140
Une petite touche fantastique qui contribue à l’atmosphère si particulière de cette BD.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Des miroirs, ma chère enfant. De simples miroirs concaves en cuivre, réfléchissant en l'amplifiant l'ardeur du soleil de midi. L'idée n'est pas de moi, d'ailleurs. Archimède avait déjà utilisé ce moyen mille ans avant nous pour incendier les galères romaines qui assiégeaient Syracuse.
-Pourquoi cet acharnement à vouloir emmener un enfant qui ne t'es rien ?
-Qui ne m'est rien ? Tu n'es qu'un barbare ignorant, Thorgal...car cet enfant est tout, puisqu'il possède la force ! Par l'héritage de je ne sais quelles origines inconnues, celui que tu as engendré sera le plus grand.
- Rattrape-le et tue-le, Thorgal! Je veux sa tête!
- Rien ne t'empêche de m'accompagner pour la lui prendre, Galathorn...
Je vous laisse vos sanglantes luttes de princes... Moi c'est une simple affaire d'homme qu'il me reste à régler.
Galathorn:
"[...] Je te supplie de réfléchir, Thorgal. Je ne te demande pas de servir un tyran comme Shardar. J'ai retrouvé mon trône légitime et je veux être un roi juste"
Thorgal:
"Comment peut-il être légitime qu'un homme règne sans partage sur d'autres hommes ? Qu'importera à tes sujets d'avoir changé de maître ?... Ils ne seront jamais que des sujets."
p.48.
Aaricia à Thorgal :
- Je ne veux plus jamais que nous soyons séparés, mon aimé. Plus jamais.
- Nous ne le serons plus Aaricia, je te le promets.
- Et où irons-nous pour vivre heureux ?
- Loin des hommes.