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EAN : 9782352841104
214 pages
Editions du Jasmin (15/06/2017)
4.17/5   9 notes
Résumé :
L’histoire d’une longue descente au pays d’Alzheimer d’un vieil homme racontée par son petit-fils qui l’accompagne jusqu’à son dernier souffle. Antonin fait face à quelque chose d’inhabituel. Son grand-père est malade. Alzheimer ! Le vieil homme garde un secret qu’il n’a jamais osé dire à personne. Qu’a-t-il vécu de si terrible pendant la guerre pour qu’il garde le silence si longtemps ? Arrivera-t-il à lui faire partager son secret avant que ses souvenirs disparais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Mémoire en eaux troubles est un roman tout aussi tendre qu'humain que les éditions du jasmin m'ont permis de découvrir.

Ce livre d'une auteure belge dresse un portrait bien plus coloré et chaleureux de la maladie d'Alzheimer que la plupart des livres lus jusqu'ici.

Antonin n'a que quinze ans quand son grand-père qu'il aime tant se perd dans la boite noire. L'adolescent découvre ce qu'est un mouroir, y décrit dans son langage qui est sien, jeune, moderne et insouciant, le portrait d'une triste vieillesse et où la folie n'est peut-être pas aussi péjorative qu'elle n'y parait. La folie peut devenir une chouette expérience surtout quand son papy chaparde les jolis chapeaux des dames et de son plus beau sourire, pavane comme le plus fier des coqs.

Pourtant ce grand-père garde en lui un terrible secret qui semble le hanter. Dans ses moments désorientés, cette phrase revient : « Les oiseaux saignent de peur, et je n'ai rien pu faire… Je n'ai pas pu sauver les enfants. ».

Antonin se met en quête de comprendre le secret de son papy datant de la guerre afin de l'aider à partir en paix.

Un joli livre qui m'a charmée pour son regard frais et direct sur la vieillesse et ses démons.
Pour cette relation intergénérationnelle attendrissante remise à l'honneur dans un aujourd'hui où vieux et jeunes semblent ne plus se comprendre ni même s'aimer.
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Dans ce roman, l'autrice belge Joëlle van Hee n'y va pas par quatre chemins pour nous parler de choses graves et universelles, mais parvient à le faire sans pathos, avec beaucoup de tendresse, d'humanité et même de l'humour !

Son protagoniste, Antonin, doit faire face à une épreuve terrible : la maladie d'Alzheimer de son grand-père, qu'il adore. le roman évoque, à travers son regard, de façon juste et touchante la souffrance et les réactions parfois maladroites des membres de la famille, le malaise, l'appréhension et le dégoût d'Antonin en découvrant la « section spéciale » où réside son grand-père et la démence des malades - les « schmouls », comme Antonin les nomme spontanément lors de sa première visite. Son sentiment d'impuissance face à l'inéluctable déclin de cet homme qu'Antonin a toujours connu droit et fort, et qu'il admire tant. Ce livre, parce qu'il est si brut et direct, permet d'apprendre beaucoup de choses sur Alzheimer et la fin de vie.

Mais ce ne serait pas rendre justice au roman que de le réduire à cela : il raconte aussi et surtout la tendresse éprouvée par Antonin à l'égard de son grand-père et la manière dont il parvient à apprivoiser ses troubles – et ceux des autres résidents – et à accompagner le vieil homme le mieux possible. L'élan de cohésion familiale face à l'épreuve est restitué de façon juste et belle. J'y ai vu une belle invitation à profiter de la vie et à cultiver les liens si précieux avec ceux qui nous sont les plus chers, même lorsqu'ils ne sont plus ceux qu'ils avaient pu être.

Le roman vit aussi d'une intrigue passionnante, puisque le grand-père d'Antonin semble hanté par un secret remontant à la période tourmentée de la Seconde guerre mondiale : parviendra-t-il à se confier à son petit fils avant que ses souvenirs ne se dissipent complètement ? Et Antonin, qui souhaite de toutes ses forces pouvoir aider son grand-père à se libérer de son fardeau, a-t-il vraiment envie de connaître la vérité ?

Merci beaucoup aux éditions du Jasmin qui m'ont permis de découvrir Mémoire en eaux troubles. Il s'agit d'un livre très riche et touchant qui donne une belle leçon d'humanité. À titre personnel, j'ai toutefois été un peu dérangée par le registre de la narration : une langue très directe, souvent familière, ironique et ponctuée d'interjections et de points d'exclamation, dont j'imagine qu'elle est supposée refléter l'expression d'un adolescent écorché qui raconte son histoire à l'oral, ou même qui se confie à un journal intime (le lecteur est parfois tutoyé et pris à partie). Ce registre de langue m'a gênée pour entrer pleinement dans l'histoire, mais cela ne m'a pas empêchée d'être émue par la dernière partie du roman. Et cela ne représente que mon expérience subjective et ne perturbera sans doute pas la lecture du coeur de cible du roman, les lecteurs qui ont l'âge d'Antonin !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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« Mémoire en eaux troubles » est un roman témoignage. Telles les écumes frappant les rochers du temps en inaltérable assourdissement. Vivant, il ne craint pas la vieillesse. Pose son front de lignes contre le front ridé du grand-père qu'on se prend à aimer de toutes nos forces. C'est un hymne au temps. Une rencontre d'intériorité entre Antonin jeune adolescent et son grand-père. Ce dernier perd la mémoire et se meurt doucement dans cette Alzheimer aux larmes salées, glissant dans ce contre-courant, à rebours jusqu'à l'abîme. Ce roman est invincible, hors d'âge. Il est souffle rédempteur. Il côtoie cette magnanimité toute naturelle chez Antonin et se risque aux aprioris du grand-âge. Antonin va vivre pour son grand-père jusqu'à l'ultime. Pas de pathos, une voix d'adolescent fraîche et posée, dans les lignes écarte les négatives ondes et l'on entend subrepticement le chant glorieux du Vivre-Ensemble. « Les oiseaux saignent de peur. » continue de murmurer Papy comme si ces mots justifiaient son attitude. » Antonin comprend que le secret qui habite son grand-père est ce morceau de puzzle qui se noyer et vite. Antonin va remonter le fil du temps en urgence absolue, va recoller ce morceau de vie délicatement. L'auteur déploie son écriture magnifiée : « J'imagine qu'il n'y a pas que la fin qui compte, mais une vie qui finit dans le noir, n'est- ce- pas une vie éteinte ? »L'émotion vive écarte les pans des maux sur des mots empreints d'une seconde chance. L'amour est plus fort que la mort. Ce roman digne se courbe face aux entrelacs du temps qui passe. Rien ne s'achève. Ce roman à cette beauté vraie des vérités acquises. C'est un plaidoyer au temps présent à cette adolescence plus mature qu'on ne le pense. La vieillesse est entre les pages la couverture des souvenirs. « Mémoire en eaux troubles « de Joëlle van Hee est universel. C'est un roman perpétuel, qui met le sensible en porte-voix. Thérapeutique, contemporain, majeur, il est à lire de 10 ans à ++++. A déposer dans chaque lieu où la mémoire chante faux. Car la vraie mémoire est au creux de ce roman pur. Publié par les majeures Editions du Jasmin « Mémoire en eaux troubles » vous glissera sur des flots époustouflants.
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Antonin était très proche de son grand-père, aussi a-t'il du mal à accepter sa maladie : Alzheimer.
Malgré tout son attachement est tellement grand qu'il va lui rendre visite régulièrement à l'hôpital psychiatrique où il va très vite s'intégrer auprès des "nouveaux amis" de son grand-père. Mais il se pose beaucoup de questions, surtout à propos d'un secret que son grand père a toujours voulu lui confier. Il pense qu'il 'agit de quelque chose qu'il a fait pendant la guerre et Antonin a très peur de savoir. Mais cela le questionne beaucoup.

Ce roman est très touchant et très émouvant parce qu'il parle sans détour de la maladie d'Alzheimer de manière très concrète mais aussi de façon très décomplexée et spontanée. Il nous montre aussi des aspects positifs de cette maladie, c'est très rare.
De plus la relation entre Antonin et sont grand-père est très réaliste et attendrissante.
Il n 'y a pas du tout de pathos dans ce texte, extrêmement bien écrit au contraire, on y découvre l'âme des personnages.
A lire !
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Antonin a toujours été proche de son grand-père. Quand celui-ci est interné dans une maison spécialisée dans les patients atteints de la maladie d'Alzheimer, il décide, après une hésitation, de s'y rendre régulièrement.

Il découvre un monde particulier avec ses règles et ses lois. Il finit même par reconnaître chaque patient et s'y attache.

Mais son grand-père semble encore tourmenté. Il a sur la conscience un drame lié à la guerre dont il souhaiterait se défaire. Mais sa mémoire l'empêche de se livrer vraiment. Commence alors pour Antonin une enquête pour retrouver son passé…

Un livre formidable qui emprunte la trame policière mais qui garde en son coeur la profonde humanité de ces patients particuliers dont la vie et l'histoire s'échappent par petits bouts.

L'amour du petit-fils pour le vieil homme qui s'étiole ne va pas s'arrêter face au temps qui impose de nouvelles façons de vivre et de communiquer et même s'élargir à la cohorte diverse et bariolée mais toujours bien vivante de ces “schmouls”.

Un récit à l'écriture fluide et colorée qui nous réconcilie avec Alzheimer et nous propose de profiter de chaque instant de vie, même habitée par la maladie.

A lire absolument !
Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- Tu as vu les moiseaux ? répète-t-il.
Il n’attend pas de réponse, je le sais. Il cherche seulement à attirer mon attention. Je m’approche de lui et je lui prends la main. Elle tremble toujours autant. Pauvre Papy…
Quand on est « moiseau » on n’imagine pas plonger et devenir poisson. Comment passer de l’air à l’eau sans y laisser toutes ses plumes ? Se faire poisson, c’est troquer ses ailes contre des nageoires et des écailles, c’est se glisser dans une combinaison de caoutchouc. S’enfoncer dans la mer, pénétrer dans un plasma vert où tout est mou et souple, où les bruits et les mouvements sont étouffés, où tout est lisse, où tout fuit, où tout est pris dans cette matière fluide qui te tient en suspension entre deux courants, deux lumières, deux températures. Les rayons du soleil y sombrent, les arbres y ont de longs cheveux et les vents s’y déplacent sans souffler, sans craquer mais en te faisant plier. Être poisson c’est ne plus pouvoir se débarrasser de cette seconde peau qui te colle au corps, ni ce de ce sel qui te colle aux yeux. C’est ne plus avoir de pères, ne plus jamais avoir soif, ne plus jamais tomber et se faire mal, mais couler, couler, couler, jusqu’au fond du fond du fond, sur le sable mou, dessous, et couler encore. C’est être l’épicentre d’une onde de choc qui jamais ne s’arrête de faire des vagues. C’est encaisser tous les coups, toutes les ondes de choc des autres, sans savoir pourquoi, sans comprendre. Rien. Jamais. Devenir poisson, c’est se souvenir qu’on était libre quand on était oiseau. C’est le regarder, cet oiseau, et ressentir encore l’ivresse de quand on déployait les bras pour glisser sur les ailes du vent. C’est sentir le vent traverser son cœur comme quand on montait toujours plus haut, qu’on fendait l’air à plein bec et qu’on se laissait tomber, pour se redresser juste avant que le sol ne nous rattrape… Être poisson, c’est être incapable de hurler son impuissance liquide…
Je croyais pouvoir oublier mon cafard chez Papy, c’est râpé. Un mot, « moiseau », a suffi à me faire toucher le fond à ses côtés. Ses mots inventés sont si beaux.
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Papy m’avait parlé de son Alzheimer, il m’avait dit : « C’est une chienne de maladie, je lui ai donné ma tête à ronger comme on jette un os à une bête féroce. »
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Le milieu hospitalier est l’endroit le plus inhospitalier du monde.
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Doublement enfermé : enfermé dans la section spéciale, enfermé dans sa tête.
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