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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
«  La maladie rend le possible inévitable, mais pour combien de temps? . »

«  Er depuis tout ce temps j'attends, L'attente suspend et freine, elle cabre le temps, l'attente c'est moi non plus avec mais contre le temps, je voudrais retenir le temps pour maintenir mon père en vie et l'accélérer pour pouvoir respirer à nouveau » .
«  Comment être en paix avec la fin ? » .

«  Je sais que les mots ne pourront rien . Je sais qu'ils n'auront aucune action sur mon chagrin …Comme le reste de la Littérature » .

Quelques passages de ce récit autobiographique où la philosophe se livre et conte l'année de la mort de son père. « L'intranquillité a ses vertus mais pas quand on est à bout de souffle » .

Elle se livre d'une écriture haletante et nerveuse, tisonne sa douleur et son impossible besoin de consolation par écrit en relatant la mort de son père , décrit le naufrage physique du malade , qui subit une tumeur au cerveau , ,son incompréhensible optimisme alors qu'il sait très bien qu'il est condamné . 
«  Comment puis - je aller moins bien que lui ? » S'interroge sa fille lorsque du fond de son lit d'hôpital, il prétend «  aller très bien » .

Avec une simplicité mêlée de désespoir, de rage et de révolte parfois , elle décrit «  l'absence de drame » , les nombreuses questions sans fin qui envahissent sa tête, cette maudite cigarette qui sait se faire à la fois poison intense et rejet.

Elle nous plonge avec talent , dans les méandres béants de sa tristesse, exprime avec force son impossibilité absolue à dire qu'elle va mal , ou son sentiment atroce d'être «  une mauvaise mère » à travers son désarroi et son chagrin.
Puis , une fois le décès arrivé, égrène avec douleur la liste déchirante , émouvante, douloureuse des «  plus jamais » , «  Plus jamais tes bras autour de moi, plus jamais les trois notes que tu sifflais en rentrant » .

C'est le journal de bord de la perte inouïe , le début du deuil , ce néant faisant s'entremêler avec grâce , âpreté , réalisme , amour , chagrin , mort et abondants souvenirs.
Il faut s'habituer à un monde sans lui , rien ne change et pourtant le monde n'est plus le même , la vie continue , les matins se succèdent , un nouveau chat arrive ce chat «  que sa famille lui fait dans le dos » , lui imposant ce petit félin alors qu'elle aspire à un nouvel enfant ….

Semblable à l'horreur qui la saisit , quelques mois plus tard lorsqu'elle réalise que le beau visage de son père «  est devenu une photo » .

Le drame ne serait- il qu'une suspension provisoire de nos soucis ? .

Mais alors , nous autres , êtres inconsolables, aurons- nous la possibilité de jouir de l'existence en connaissance de cause ? .

Un grand livre sur l'amour . le chagrin conduit le coeur vers la littérature comme un enfant se réfugie dans les bras de sa mère.
Est - ce que les mots des autres consolent ? .

Un beau récit d'une lutte intérieure, mais aussi le compagnon d'une femme et de son chagrin.
Texte percutant et sensible sur le deuil ,pétri d'émotion et de retenue .

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Très touchée par ce texte de la philosophe Adèle van Reeth sur le décès de son père et son chagrin.
Elle raconte de manière très simple la maladie de son père ( tumeur au cerveau), son attachement, sa mort et la tristesse qui ne la quitte plus ensuite. A partir de son témoignage personnel, elle atteint l'universel. Elle pose de nombreuses questions sur la fin de la vie et le chagrin des proches, la manière de continuer à vivre sans ceux qu'on a aimés. Elle se livre de manière très sincère. Un ouvrage qui pourra toucher tout le monde.
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Le grand départ annoncé avec cet après inconnu, puis ce fichu manque.
Du statut de père en combat contre son cancer depuis 2 ans, le père d'Adèle van Reeth passe à ceux que l'on appelle en fin de vie. Terme qui sous-entend qu'on ne sait pas quand le malade va nous quitter, comment il va le faire, ni si nous serons à ses côtés le moment venu.
L'autrice a commencé l'écriture de ce livre en se disant que cela ne changerait rien, ne guérirait rien, mais que le besoin de mettre cet évènement à plat se révélait impératif pour elle. Même allaiter son enfant pendant qu'elle tape le texte sur l'ordinateur ne la freinera. Faut que ça accouche.
Dès les premiers mots, les premiers chapitres nous sommes plongés dans l'environnement et la tête d'Adèle van Reeth. Elle est à vif, cette période puis la perte l'ont massacré.
Elle en est devenue plus humaine pour moi qui la considérait comme un être froid, hautain, trop affirmative à chaque fois qu'elle prenait la parole lors des émissions littéraires, émissions qu'elle animait avant de devenir Directrice à France Inter.
Quelques redites dans ce livre, beaucoup même, mais on peut lui pardonner ; elle avait besoin de le dire avec toutes sortes d'images, tout type de mots, sous tous les angles

Quelques citations parleront mieux que tout ce que je pourrais commenter de ce témoignage.
« Il existe une tristesse sans consolation. Un état d'âme puissant et indépendant de toute causalité explicite. C'est l'inconsolable, ce sentiment de perte qui persiste, la certitude qu'il manque quelque chose à notre vie, comme si nous n'étions pas complets et que cette incomplétude originaire naissait non pas de la frustration, ni de la colère, mais un chagrinais nom, sans visage. »
« Cette tristesse peut devenir une histoire d'amour toxique. »
« Il y eut tellement de rendez-vous d'où je pensais sortir en larmes, je redoutais le rendez-vous de la -dernière fois-, …une situation d'urgence qui dure deux ans ça consume combien de réserve d'énergie, sans doute celle qui était prévue pour les dix prochaines années, j'ai tout cramé, j'ai tout donné… ».
« Je m'adresse à toi, enfin, je rassemble mon courage et j'écris, sans avoir de message à te délivrer …ce qui me manque, c'est un type de présence que j'ai encore, mais qui a changé depuis que l'horizon de ta disparition s'est dessiné dans ma vie. »
« Voilà un an que tu es mort. Un an que le monde n'est plus le même….Je prends la mesure du temps qui coule sans toi . »
« Mon papa, je voulais te dire que je vais bien …je compose…mes larmes coulent moins…c'est ta manière d'être resté au monde, un grain de sel au creux d'une larme.»

En un mot, j'ajouterais ; on survit, ça oui, mais comment ? À quel prix ? Jusqu'à la prochaine perte d'un être cher dont l'absence mérite elle aussi tout notre amour, toute notre tristesse.
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Voilà un livre qui me tentait depuis que j'ai entendu l'autrice en discuter sur France Inter avec Jérôme Garcin qui présentait son livre: mes fragiles.
Adèle van Reeth a perdu son papa, il est mort lentement, d'une tumeur au cerveau.

Sur une temporalité d'un peu plus d'un an, 5 chapitres intitulés hiver, printemps, été, automne et hiver (encore), elle balaye sa fin de vie à l'hôpital concomitamment au fait qu'elle se découvre enceinte, son décès, ses funérailles, puis la venue de ce petit être et enfin l'hiver encore; un an que tu es mort est enterré.

C'est un livre facile à lire, même si elle fait souvent appel à ses auteurs fétiches par le biais de citations qui nous proposent de réfléchir à tout ça: la vie, la mort, la perte d'un être cher, la grossesse, la vie professionnelle au milieu de tous ces chamboulements affectifs et hormonaux, l'équilibre de la famille, l'envie de se lever malgré tout ou a contrario le manque total d'énergie et pratiquement l'envie d'en finir.
Je l'ai trouvée très touchante dans tous ces petits riens qu'elle décrit justement si bien, la sidération de la vie qui s'en va d'un côté alors que de l'autre, elle continue à battre, et qu'il faut arriver à trouver un équilibre.

Ce n'est pas l'épiphanie que certain.e.s lecteurices semblaient en attendre à en croire les chroniques et critiques lues ici-mêmes. Mais c'est justement ce qui fait que moi j'ai apprécié de la lire. Il ne s'agit pas d'un essai philosophique, il ne s'agit pas d'une fiction, il s'agit probablement plus d'une catharsis mais qui peut aider toute personne ayant perdu un proche et se trouvant dans la même situation.

On est évidemment loin du feel-good et pourtant c'est un livre qui m'a fait du bien, parfois retourner le fer chaud dans la plaie aide à expurger et finalement à cicatriser.
J'ai perdu mon papa il y a deux ans maintenant, je me suis donc retrouvée grandement dans les interrogations et réflexions de l'autrice. C'est en ce sens que ce livre m'a fait du bien, il m'a permis de m'interroger moi aussi, avec du recul, je ne suis plus dans la douleur immédiate de la perte mais dans la réflexion de l'après (et aussi du "et moi maintenant")?

Bref, certains trouveront que ce texte n'est pas digne de la plume de l'autrice, d'autres trouveront qu'il est fabuleux. Moi je pense comprendre ces différentes critiques mais très subjectivement j'y ai trouvé mon compte et je n'hésite pas à le recommander à quiconque cherche à se consoler de l'inconsolable (même si la perte de ses parents, c'est dans l'ordre des choses, relativisons).
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"Un corps qui se meurt, jour après jour, à l'opposé d'un embryon qui se forme, jour après jour".
Alors qu'elle attend un enfant, Adèle van Reeth voit son père emporté par une tumeur au cerveau.
Certes, bien des écrits ont déjà témoigné de l'amour filial et de la douleur du deuil et il est vrai que l'on pourrait reprocher à Adèle van Reeth quelques digressions, mais on ne peut que saluer la richesse de son questionnement "philosophique" , exprimé en des mots simples qui le rendent accessible à tout un chacun.
Un de ces livres qui ne sauraient se contenter d'une seule lecture.
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Suite à son très réussi récit sur la vie ordinaire et la maternité, voilà qu'Adèle van Reeth creuse avec «Inconsolable» la sépulture littéraire de son défunt père. Toujours dans l'analyse critique d'une réalité propre mais universelle, elle sonde l'émotion sous le radar philosophique. Comment se consoler? Vieillit-on plus rapidement sous le lourd fardeau de la peine? Est-ce qu'un chat, figure de l'affection pure, peut devenir un remède pour combler cette affliction? van Reeth ne lésine pas et fait de l'anecdote une merveilleuse manière de raisonner. En évoquant «The Köln Concert» de Keith Jarret comme métaphore absolue du laisser-aller, elle défend que c'est dans l'action que l'improvisation se joue et qu'il faut une part de laxité pour être capable de supporter l'inconcevable.
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Adèle van reeth nous partage son cheminement suite au décès de son père. Que faire du vide laissé ? Peut on y mettre un sens quand on a pas de religion?
Très beau livre , je me suis complètement retrouvée dans ce texte et dans ce parcours. Un livre sur l humanité en somme mais qui ne donne pas de leçons de morale
La plume est forcément sensible et riche ( l auteure anime'les chemins de la philosophie ' sur inter ).
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Hiver du début
chapitre 1, entrée tonitruante : J'entre ici en perdante.
suivi au chapitre 2 de l'évocation approfondie et stimulante (comme si elle en avait été, ce qui n'est pas le cas, elle n'était pas née) du "concert" improvisé de Keith Jarrett à Cologne le 24 janvier 1975
et hop, je passe à la dernière page, à la dernière phrase
Hiver de la fin :
"peut-être que tout au bout de l'infiniment petit, un jour, je te retrouverai"

(phrase dont je pense qu'elle ne mesure pas la portée car au bout inatteignable de l'infiniment petit, il y a dissolution de toute identité, celle du père, la sienne, et participation infinie et infime à la VIE (vibration, Information, Énergie)

Je cherche alors Adèle van Reeth dont je n'ai jamais entendu parler
je découvre son animation de l'émission les chemins de la philosophie sur France-Culture, sa nomination à la tête de France-Inter, le remplacement qu'elle provoque pour 2024 de Laure Adler, Jérôme Garcin, bref une femme de pouvoir et de savoir
Le premier hiver en 21 chapitres, lu samedi 6 janvier, est chahutant pour le lecteur parce que chahuté pour l'auteur, en tant que fille traversant la France en train pour rendre visite à son père, mourant d'une tumeur au cerveau, en tant que femme de réflexion passant du je au nous ou on, tentant d'universaliser ce qu'elle vit au plus intime, sans être sûre des mots à employer ou de leur définition, en tant qu'épouse et mère à laquelle est fait cadeau d'un chat non-désiré.
Le mot inconsolable est à la fois traité
- comme nom, l'inconsolable, c'est l'expérience fondatrice de l'être humain, il existe une tristesse sans consolation, un chagrin sans nom et sans visage, sans cause, une incomplétude, un manque innommable
- comme adjectif, une mère inconsolable à la perte d'un enfant, une fille inconsolable à la perte de son père, un fils inconsolable à la perte de sa mère (comme Garcin)
Le concerto de Keith Jarrett est l'occasion d'un 2° chapitre. Dans les deux chapitres le concernant, ce qu'elle met en valeur, en relief, c'est le pouvoir de l'artiste créant une mélodie du flux temporel s'écoulant seconde après seconde, chaotique et devenant harmonie, à partir des 4 notes annonçant le début du concert sol ré do la.
Quand elle tente de comprendre l'universalité de ce qu'elle vit, elle est femme de connaissances en philosophie mais pas philosophe. Épicure peut servir pour l'acceptation de la mort mais il s'agit ici du mourir, des deux ans et demi en milieu hospitalier d'un père gravement diminué et en fin de vie.
Pour les moments de présence dans la chambre du père, la philosophie ne lui sert à rien. Les conseils du médecin, de l'infirmière sont plus accompagnants. Caresses, mots d'amour, regards, propos caractéristiques en ce genre de circonstance, propos de déni, de pudeur, de retenue "tout ira bien", "tout va bien", je vais très bien", 'tu es en de bonnes mains", "laissez-le partir", autorisez-le à partir", 'dites-le lui, il vous entend", "qu'il meure en paix !".
Viennent sous sa plume, Perec, Flaubert, Ionesco, Derrida. Comme si elle se confrontait à la liste des 50 choses à faire avant de mourir, au projet de Flaubert de se dissoudre comme auteur, comme multiples "je" dans l'absolu de la littérature, dans le Soi de l'universel, à la révélation de Ionesco, l'absurdité du monde impitoyable, digne pourtant d'amour et de beauté, au rôle du regard animal quand Derrida porte un regard sur lui et se sent vu à poil par le regard de sa chatte, "le point de vue de l'autre absolu".
De retour à Paris, se font sentir des besoins addictifs, une dope de tristesse sans fond, un abus de cigarettes dont elle sait que ça raccourcit la vie. Et là, s'exprime la brillante : il y a une érotique de la cigarette, une métaphysique du filtre, une éthique du fumeur, une esthétique de la bouffée. Démerdez-vous pour dérouler le tapis des déclinaisons.
Elle tente de trouver la paix. Les 4 pages du chapitre 16 sont remplies du mot "paix".

Personnellement, de là où j'en suis (le double de son âge), c'est le mot "apaisement" qui m'est un repère. Processus lent, permanent d'apaisement par une mise entre parenthèses difficile des pourquoi, des comment, de la pensée réflexive, du tourniquet mental qui me fait tourner en bourrique, mise entre parenthèses difficile du savoir, tentatives essoufflées d'être à l'écoute du corps souffrant et mourant, des réactions du mien, (de ses soupirs venus du profond), tentatives d'être dans l'acceptation de ce qui se passe comme ça se passe, sans mots convenus, rassurants, avec davantage de gestes d'amour que de mots d'amour.
Et si possible, échapper au dualisme vie-mort (on ne sait rien de ce que j'appelle le miracle-mystère de la naissance, le mystère-miracle de la mort), échapper à la séparation corps-âme-esprit, à la distinction temps-éternité, être le plus possible dans le présent, dans le temps de l'inspir et de l'expir.
Je me souviens du bouche à bouche avec l'épousée dans le coma et en apnée.
Tristesse sans fond mais sans regret, sans nostalgie, le temps de ces mots sur FB.

Les 13 chapitres non numérotés écrits pendant le printemps suivant la mort du père sont consacrés à l'absence, qui paradoxalement a une présence écrasante, lui faisant prendre conscience de façon chaotique mais qu'elle retranscrit de façon logique de ce qui est perdu.
Ce qui se perd avec le père mort, c'est essentiellement la perte définitive de l'amour du père, cet amour qui a construit la fifille, l'adolescente, l'étudiante,
ce sont les accès de tristesse qui s'en suivent, de façon imprévisible, difficile à gérer, pas du genre je suis triste => je pleure d'où l'usage de la pensée magique dont Joan Didion (l'année de la pensée magique) et Joyce Carol Oates (j'ai réussi à rester en vie) se sont servies
cela lui permet de faire un beau portrait du métier de son père, Benoît van Reeth (1956-2021), archiviste paléographe, conservateur général du patrimoine et ancien directeur des Archives nationales d'outre-mer ; c'est le début d'un futur travail d'épitaphière, l'écriture de la légende de Benoît.
Mais pour le moment, elle n'est pas en état, c'est trop proche d'autant qu'en ce printemps, une vie nouvelle est en train de croître dans son ventre; à gauche du temps, la mort du père, à droite du temps, la naissance de son futur enfant
elle en profite pour régler son sort au "réjouissons-nous" du rituel catholique lors des enterrements et au propos idiot selon elle de d'Ormesson : "il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants"
son argumentaire est celui des matérialistes, des athées; c'est un discours qui aujourd'hui me paraît étriqué et dépassé mais très répandu encore et induisant de façon massive les comportements des gens en deuil

ma petite note personnelle : détestant le "réjouissons-nous"du rituel catholique, j'ai opté pour une cérémonie républicaine après la disparition de l'épousée

quant à la mémoire des vivants, apparemment, la riche en connaissances philosophiques, la douée pour les questions relevant de la métaphysique, n'a pas encore pris conscience
que tout est mémoire, information,
que nous sommes l'expression, l'incarnation d'une mémoire vieille de l'histoire de cet univers et de son évolution (impossible d'en faire d'ailleurs un récit logique et convaincant), qu'elle est poussière d'étoiles, que le rouge de son sang, l'hémoglobine, vient de loin dans le temps et l'espace, que son microbiote est constitué de bactéries colonisatrices vieilles de 3,5 milliards d'années, que son ADN lui survivra 1 million d'années après sa mort
que tout ce qu'elle vit, éprouve, pense, que tout ce bazar immatériel est mémorisé au moment même où elle le vit, en partie dans ses différentes mémoires, pouvant se détériorer mais sans falsification dans la mémoire éternelle et infinie de l'univers.

Je vais poursuivre ma lecture mais peut-être arrêter ma note car j'en arrive à comparer mes comportements avec les siens. or, chaque personne en deuil avance ou recule, s'effondre ou se redresse selon ce qu'elle est et selon ce qu'elle accepte de la gestion de la mort par la société à laquelle elle appartient.

Merci mère Noëlle d'avoir glissé sous le sapin, ce livre après celui de Jérôme Garcin. C'est un livre poil-à-gratter, qui fait réagir et ça me convient. La mort et le mourir, c'est deux temps différents. le mourir de l'autre est une chose, le sien, une autre.

Fin de lecture, mardi 9 janvier.
L'été ou la lucidité, les réflexions sur c'est quoi écrire, pourquoi on écrit ? Ce sont les pages 140-141 qui servent de 4° de couverture. La découverte que l'écriture pour consoler est une arnaque, qu'écrire est une trahison. le voile se déchire. Un autre usage de l'écriture lui est nécessaire, plus concret, plus immédiat, plus ordinaire. Et c'est la dispersion des cendres en famille, près d'une chapelle abandonnée, au pied d'un cyprès, tout neuf planté

L'automne, c'est la saison de l'alourdissement car bébé s'agite, pèse, naît enfin. Une vie nouvelle suit une mort. La fille est devenue mère. Les odeurs montent, enveloppent, deviennent prégnantes. Elle pense moins au père, plus au bébé. La tristesse est là en fond, parfois se manifeste mais moins. le goût de la vie revient. Avec lui, l'attention aux saveurs, aux instants. Des possibles s'ouvrent. Ce n'est pas sur le sens à donner à la vie ou sur l'absurde de la vie qu'il faut s'escrimer. C'est avec courage, faire ce qu'on a à faire, apprécier ce qu'on fait, être dans le détail. L'automne est la saison de la récolte, elle vit plus pleinement ce qu'elle vit, avec davantage de conscience.
J'ai trouvé l'expression poil à gratter au cours de l'été. J'ai vainement attendu, l'automne venu, le mot gratitude. Merci la vie.Vive la vie.

Dernière remarque : parlant de sa grossesse, puis de l'allaitement, je me suis étonné qu'elle ne soit pas assommée par cette évidence : donner la vie, c'est aussi donner la mort. La mort subite des nourrissons comme les fausses couches sont des expériences fréquentes sur lesquelles on fait silence.

Note personnelle :
l'épousée lors de ce que j'ai reçu comme son testament oral, le 29 octobre 2010 m'a dit deux choses
- je sais que je vais passer, où vais-je passer ? 4 livres sont nés de ce défi
- un morceau de Sylvain se balade quelque part / un garçon, Sylvain, attendu et prénommé par elle et ayant pris la forme d'une fille, Katia. C'est sur ça que je travaille, ayant découvert ce qu'on appelle le micro-chimérisme foetal-maternel et le rôle des cellules buissonnières.

Lien : https://les4saisons.over-blo..
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Parler longuement d'une perte, d'une disparition, d'un vide, n'est pas chose facile, les cent-quatre-vingt-dix-huit pages de cet essai y arrivent pourtant. Les émotions considérées à travers la littérature et la philosophie. Évoquer l'absence, c'est bien sûr l'associer aux présences qui la confirment. Aux paroles affectées, banales, mièvres, voire inutiles, qui la ravivent trop souvent. Les expressions toutes faites offertes par ceux qui croient l'atténuer ne sont que des résonances sans effet. Lorsqu'à l'évidence de cette absence on se résigne sur plusieurs mois, qu'on s'y prépare alors qu'on espère toujours la conjurer, sa survenue reste encore une méchante stupeur. Les obligations du quotidien qui reprennent le dessus ne la rendent pas moins brûlante, seulement plus gérable d'abord, plus acceptable peu à peu. Une naissance qui s'annonçait, les demandes de la maternité qui en découlent, poussent à la surmonter. La mort remplacée aussi vite par une nouvelle existence n'est pas qu'une ironie de la vie, elle est un soutien à point nommé. Un chat, imposé, qui force son insistance dans la place autant que dans l'affection de sa maîtresse s'y emploie aussi, sans un quelconque état d'âme.
Lien : https://franqueuil.com/2023/..
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