AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782259249188
176 pages
Plon (07/04/2016)
3.9/5   10 notes
Résumé :
Parce qu'elle est à la fois morale (la vertu de réserve) et érotique (« elle fait le charme de l'amour comme le prix des abandons », disait Louise de Vilmorin), la pudeur est sans doute la plus troublante des vertus.
Deux philosophes s'emploient ici à en faire l'éloge, et pour cela sont conduits à s'interroger sur le sexe des anges et la vie amoureuse de Kant.
Valeur désuète et même ringarde ? Loin de là : véritable piment du désir, infiniment plus cha... >Voir plus
Que lire après La pudeurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
A la fois morale et érotique, la pudeur est une vertu très troublante qui pour certains peut paraître désuète de nos jours. On pense tout savoir sur la pudeur mais en réalité le concept est complexe. Adèle van Reeth et Eric Fiat en font l'éloge dans ce petit livre d'entretien qui peut facilement se glisser dans une poche. Le dialogue entre les deux philosophes s'articule par petites touches où sont abordées les notions de désir, d'érotisme, de coquetterie, de décence, de honte… Les auteurs cités sont nombreux. Les références sont également abondantes et éclairent un propos toujours intelligeant et passionnant. Tout au long du dialogue, les deux philosophes s'interrogent sur la définition de la pudeur, différemment des dictionnaires, et l'exploration de la notion de pudeur se confond avec son éloge. La pudeur a du charme, elle aiguise le désir, « La pudeur participe aux joies du désir.» Comme toujours, Eric Fiat parle avec d'infinies précautions et utilise les mots avec tact pour parler d'elle. Pour Eric Fiat, il en va de la pudeur comme de la simplicité ou l'humilité, on ne peut s'en prévaloir sans immédiatement la perdre.
«Disons-le d'emblée, écrit Adèle van Reeth, ce livre ne se présente pas seulement comme une réflexion sur la pudeur mais aussi comme l'occasion d'en faire l'éloge.»
Commenter  J’apprécie          341
Une réflexion sur la pudeur conduite sous forme d'un dialogue entre deux philosophes. Analysée comme étant inhérente à l'essence humaine, la pudeur – « cette gêne troublante de l'esprit à l'endroit du corps » (p. 27) – est avant tout une affaire individuelle et intérieure, selon Eric Fiat, plus moraliste ici que moralisateur et citant volontiers La Rochefoucauld. Professeur de philosophie à Paris Est Marne-la-Vallée, Éric Fiat se soumet au feu des questions d'Adèle van Reeth, dans le même esprit que celui de l'émission radio qu'elle anime (France Culture, Les Nouveaux Chemins de la connaissance). En version papier, cette conversation invite à pratiquer une philosophie vivante et sans chichi. On y trouve l'écho d'une méditation réhabilitant une vertu passée de mode, un peu surannée : la pudeur.

Mais où se niche donc la pudeur ? Est-elle le propre de "l'homme" ? Est-elle plus spécifiquement féminine ? Un pied dans la réflexion philosophique et l'autre dans les arts (musique et cinéma) ou la littérature plus particulièrement, voire même souvent dans l'actualité, Eric Fiat – adepte du clair-obscur transposé au domaine des sentiments – apporte dans ce petit livre bleu nuit, où Cécile de Volanges et Pauline de Théus font de brèves apparitions, quelques éclairages subtils et personnels à de telles interrogations. J'invite à les découvrir. Etrangère aux normes de la décence et de la dignité imposées par les moeurs ou à des contrefaçons grossières (coquetterie, pruderie, pudibonderie), la pudeur authentique est sans posture, spontanée dans ses manifestations ; absolument discrète, elle ne se proclame jamais, selon notre auteur. Fille de quelques inévitables codes culturels, la pudeur craint la honte suscitée par le regard d'autrui. Un sentiment plutôt universel qui nous renvoie, sous nos latitudes, au Paradis terrestre des origines et donc immanquablement à la sexualité, à l'érotisme et à l'amour. Point d'amour sans pudeur, vous l'aurez compris.

Que vous ayez lu Kant et Lévinas ou pas, Casanova ou Sade, Harry Potter plutôt que les Liaisons Dangereuses ou la trilogie de Pagnol, si comme le cocher du Phèdre de Platon, tiraillé entre Eros et Aidôs, vous guidez votre attelage "corps et âme" tant bien que mal, vous sentant parfois en équilibre très instable, alors vous trouverez dans cette lecture les motifs de vous remettre de ce que l'adolescence vous a révélé de plus brutal : le mystère de votre propre incarnation. La voie d'une réconciliation âme/corps sous le signe de la pudeur ? C'est peut être ce qui intéresse Eric Fiat : « Et si je fais de l'homme « l'être vivant pudique », c'est parce qu'il oscille sans cesse entre le désir de lumière et le désir d'ombre, entre l'envie d'être vu et celle de ne pas l'être, mais plus profondément encore entre la joie d'avoir un corps et la honte d'en avoir un. Sentiment oscillant, ambigu, hésitant, incertain, la pudeur dit quelque chose de l'essence de l'homme, dont ni les philosophies dualistes (souvent méprisantes à l'égard du corps compris comme chose indigne de l'âme), ni les philosophies monistes (qui ne voient pas le problème), ne rendent bien compte. J'aimerais trouver une philosophie dynamique, laquelle rendrait hommage à la pudeur et m'aiderait à rendre compte de nos hésitations au sujet de l'incarnation. » p. 127 – 128

Socle possible d'une pratique de la juste mesure au sens aristotélicien du terme (« mésotès »), la pudeur apparaît chez Eric Fiat comme une vertu positive "équilibrante" qu'il est peut-être urgent de réinventer dans une société hantée par la transparence et l'exhibition. L'art et la littérature peuvent y contribuer, c'est ce que me suggère cet échange vraiment fructueux.
Commenter  J’apprécie          130
Cela peut paraître désuet de parler de pudeur de nos jours, mais ce petit livre d'entretien permet de faire le tour de la question en empruntant les chemins de l'intelligence et de la conversation courtoise. Sur ce plan là, le livre est un régal. Les deux débatteurs dont la vivacité et la culture ne peuvent que rejaillir sur le lecteur, font feu de tout bois. de Kant à Derrida, en passant par Françoise Hardy ou Platon, les références sont aussi nombreuses que variées et éclairent un propos qui n'est jamais rasoir. Les deux interlocuteurs, vraiment au diapason, s'interrogent pour définir un peu plus profondément la pudeur autrement qu'à la façon d'une définition de dictionnaire ( "Sentiment de honte, de gêne qu'une personne éprouve à envisager d'être le témoin de choses de nature sexuelle, de la nudité. " ). Cette notion de honte est évidemment évoquée en nuançant sur le fait que quand on est pudique on a honte de rien, on peut juste avec honte à certains moments, mais surtout que la pudeur est à éloigner de la pudibonderie, trop extrême ou de la coquetterie, trop fausse. Très vite la pudeur est définie comme une vertu essentielle pour pimenter le désir amoureux ( " La pudeur n'est pas l'obstacle du désir , mais son involontaire alliée, son levain irréfléchi."), et les deux philosophes, après avoir convoqué Sade et Casanova, dissertent avec ardeur sur le duo Eros et Aidôs ( en gros, le sexe et la retenue). On s'attarde donc sur ce sentiment délicieux qu'est l'approche d'une personne pour tenter de la mettre à nue dans son lit, avec tous les atermoiements voulus, souhaités, désirés qui rendent la chose encore plus agréable ( en gros, le jeu de la drague mais en version intello surannée). le livre ne fait pas l'impasse sur la puberté ( mot de la même famille que pudeur) autre moment qui apporte de la honte dans nos vies, ni sur les hospitalisations, ces parenthèses désagréables où notre pudeur est mise à mal.
Cependant, j'émettrai quelques petites réserves. Tout érudit soit-il sur la honte corporelle et même s'il fait un peu l'impasse sur l'empreinte que les éducations ou les sociétés peuvent donner au corps ( les bains publics au Japon, les hammams dans les pays musulmans où la nudité collective n'est pas du tout gênante), la pudeur des sentiments n'est guère évoquée dans le livre ( sauf un passage de Pagnol) et cela m'a un peu laissé sur ma faim, mais l'exhaustivité n'était pas le but final.
Et puis, il y a dans cet ouvrage, un élément qui m'a à la fois fait sourire et agacé. Adèle van Reeth et Eric Fiat sont tous les deux philosophes mais l'un tient lieu d'érudit et l'autre de passe-plat. Et devinez qui se pavane avec son savoir ? L'homme bien sûr. C'est lui qui sait, qui énonce, qui a réfléchi. Elle acquiesce, pose les questions, dirige le débat mais fait un peu potiche. Il n'y a qu'un moment où elle s'insurge, lorsque le mâle vraiment macho ne voit dans la pudeur et la coquetterie que des éléments féminins. le mâle philosophe, avec ironie et fausse humilité et quelques détours, renvoie la féministe de quelques instants dans ses pénates et continuera de gloser sans retenue jusqu'à la fin du livre. Et le lecteur, enfin moi surtout, a donc lu avec intérêt toute cette prose intelligente mais avec en arrière pensée que c'était quelque part les paroles d'une personne pas vraiment moderne, d'une époque où l'on faisait salon et l'on pérorait avec l'envie d'entendre glousser de plaisir son auditoire. Cela a son charme mais en 2016.... j'espérait que c'était devenu hors d'usage.
"La pudeur" reste un livre qui éveille et titille l'esprit mais son côté un peu daté dans les idées et la pause prise par les deux débatteurs, peut éveiller chez certains une légère méfiance.
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          41
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
Bibliobs
16 août 2016
La journaliste Adèle Van Reeth et le philosophe Eric Fiat font l'éloge d'une manière d'être malheureusement désuète.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Il est paradoxal de faire l'éloge de la pudeur, aussi bien quand il s'agit de la sienne que celle d'autrui. Il n'est pas possible de faire l'éloge de sa propre pudeur, parce que la pudeur, au même titre que la modestie, la simplicité, la pureté, la dignité ou l'humilité fait partie de ces vertus fragiles qu'on ne peut proclamer posséder sans immédiatement les perdre. L'exhibition de ces vertus équivaut à leur annulation... on ne peut pas être modeste et le dire...
Commenter  J’apprécie          251
L'image risque toujours d'empêcher l'imagination quand l'écrit la suscite. Chaque lecteur d'Un amour de Swann est libre de donner à Odette les traits qui plairont à son propre coeur - quand dans son film Schlöndorff impose à tous qu'elle ait ceux, par ailleurs fort aimables, d'Ornella Muti. Je veux dire par là qu'il y a une pudeur intrinsèque à la littérature (elle fait imaginer la nudité d'Odette mais ne la montre pas), quand il faut certain art au cinéaste qui la montrera sans blesser la pudeur. Mais à l'intérieur même de la littérature je veux maintenir cette distinction entre érotisme et pornographie, entre Histoire de ma vie de Casanova, et Justine ou les malheurs de la vertu, laquelle distinction tient au statut réservé à l'attente et donc à la pudeur.
Eric Fiat, p. 66
Commenter  J’apprécie          140
Notre époque n'est pas univoque et l'heureuse libération de la femme coexiste avec le retour de son enfermement. Pour reprendre notre idée d'une proximité du défaut et de l'excès, je dirai qu'il est peu de présence dans le monde plus obscène que celle des femmes habillées en burqa : n'est-ce pas une sorte d'impudique obsession sexuelle que révèlent les hommes qui leur imposent ce vêtement, alors qu'ils prétendent servir la pudeur ?
Eric Fiat, p. 164
Commenter  J’apprécie          110
Je crois qu'il faut se démarquer de ceux qui ne voient dans la pudeur qu'une vertu désuète, ringarde, justement parce qu'ils la confondent avec l'ingrate décence, avec la coupable honte, avec la grise pruderie.
Eric Fiat, p.51
Commenter  J’apprécie          160
Pour dire les choses à la manière de Pascal : "On ne voit rien de pudique ou d'impudique qui ne change de qualité en changeant de climat. Pudeur en-deçà des Pyrénées, impudeur au-delà... Trois degrés d'élévation du Pôle renversent toutes les normes de la décence." Je ne contesterai donc nullement l'idée d'une relativité des critères de la pudeur et de l'impudeur. Mais il me semble que le sentiment de pudeur est, lui, universel.
Eric Fiat, p. 154
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Eric Fiat (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eric Fiat
Intervention de Eric Fiat, professeur de philosophie, responsable du master d'éthique, Université Gustave Eiffel, lors du colloque "La médecine confrontée aux limites" au Collège des Bernardins.
Pour en savoir plus : https://bit.ly/3ooeImo
Le Collège des Bernardins est un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l'homme.
Pour tout savoir de l'actualité du Collège des Bernardins, suivez-nous sur les réseaux sociaux
Facebook : https://www.facebook.com/CollegedesBernardins/ Twitter : https://www.twitter.com/CBernardins Instagram : @collegedesbernardins
+ Lire la suite
autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (38) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}