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EAN : 9782330069209
75 pages
Actes Sud (02/11/2016)
3.88/5   79 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
David Van Reybrouck retrace ici l’histoire d’un infime territoire coincé entre la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, un confetti au statut unique en Europe, car déclaré neutre par les grandes puissances après la chute de Napoléon et jusqu’en 1919, faute d’un accord sur le tracé des frontières alentour. Il s’agissait à l’origine d’un banal conflit d’intérêts puisque se trouvait là un important gisement de zinc, minerai dont l’explo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Passionnant !
Cet essai se lit comme un roman. Il s'attache à un minuscule territoire coincé entre trois frontières, celles de la Belgique, des Pays-Bas et de l'Allemagne. Minuscule territoire d'abord l'objet de convoitise tant de la Belgique que des Pays-Bas, et que faute d'accord, on déclare provisoirement État neutre. S'il est minuscule, il comporte une richesse, sa mine de zinc qui fournira l'Europe toute entière. Territoire de langue allemande, durant les deux guerres mondiales, il sera annexé par l'Allemagne.
Tout nous est conté au travers de la vie d'un de ses habitants, personnage réel.
J'ai beaucoup appris, et j'ai été conquis !
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La frontière est une idée d'homme. Même naturelle, elle n'est que la projection d'une représentation humaine. Barrière, mur…même de glace ou de corail , ce sont des mots que les hommes ont inventé pour donner forme à certaines de leurs pensées.
Voici…. Moresnet, langue de terre à l'extrême Est de ce qu'aujourd'hui nous appelons la Belgique.
Voilà ces bonhommes en bicornes, en plumes et en plumeaux. Ils balaient l'Europe. Ils se partagent «  le gâteau ». Warteloo est toujours plaine, et il faudra longtemps que les écoliers s'en souviennent.
Il est 1816 au cadran de ce monde, , Les pays Bas la Prusse se mettent d'accord, « un bout pour moi, un bout à toi »..., et mais voilà ...il y a à Moresnet et dans sa terre, un minerai : le zinc.
Le 19 e siècle était de zinc : des toits à la bassine, de l'arrosoir en passant par le laiton. le siècle était galvanisé ! Rendez vous compte, ici repose l'unique gisement de zinc toute l'Europe !
Alors…. « A moi à toi, pas à toi, à moi, non, à moi, non, à moi. »… Allons , allons on va pas en refaire toute une guerre ( pas encore, encore un tout petit peu de patience..) , « elle sera à moi comme à toi ».
Et oui c'est un pays de frontières Moresnet Neutre . Pas un état, ni même une principauté.
Moresnet-Neutre est, comme c'est écrit : neutre.
Une histoire un peu singulière, mais cette histoire appartient à l'Europe et en lisant ce livre force est de constater que la plus grande part de cette histoire, pour finir, je ne la connais pas.
A ce moment là , 250 âmes se trouvaient sur cette terre. Pas de vote, pas de referendum, on ne leur a jamais demandé leur avis. Ils deviendront les sujets d'une curiosité de droit international. Et cela durant 100 ans. Imaginez les va et vient de l'histoire, coincés entre la Prusse et les Pays Bas, et puis la Belgique qui vient aussi se greffer. Un triangle allongé sur le zinc.
Moresnet Neutre a un drapeau. Pas de Tribunal, pas de juridiction, pas de monnaie, pas de langue officielle, ou pas vraiment. Pas de douane, c'est un peu l'île de la Tortue de l'océan européen.
Par contre elle devient capitale de l'espéranto. le code est...napoléonien, mais il n'y a pas de service militaire. Mais lorsque sonne le tocsin , chaque pays reconnaît ses enfants.
Certains iront côté...Belgique, d'autres côté Allemagne , certains...et puis qu'est ce que ça peut faire ? Là non plus on ne leur demande pas leur avis.
Moresnet Neutre fera monument commun. Peau commune. Morts pour l'Europe, ses enfants.... méconnaissants…
«  Im Tode vereint » réunis dans la mort.
L'ouvrage de David van Reybrouck s'intéresse au sort de ces sans noms. de ces enfants, de ces femmes et hommes traversés par les frontières. Comme hachurés par l'histoire. Des destins ballotés, ces peuples, familles, villages, que les puissants décorent à leur guise à coup d'opportunisme patriotique, à coup de wagons de minerai, à coup de fifre, de clairon, de cuivre, de zinc, de laiton, à coup de canon.
« Dans le bois, je trouve quelques vestiges de murs et une dalle de béton là où s'ouvrait autrefois un puits de mine, descendant à trois cents mètres de profondeur. Dans la prairie attenante, le printemps verra de nouveau fleurir la pensée calaminaire, cette petite plante rarissime qui ne pousse que sur les terres riches en zinc. On ne la retrouve nulle part ailleurs au monde. Viola calaminaria, une magnifique fleurette jaune parmi les herbes. Mais nous n'y sommes pas encore. Pour le moment, c'est l'hiver et la première chute de neige. » .
C'est vrai elles ont un petit côté étrange ces pensées, elles dessinent un « drôle » de visage sur les cartes, un peu comme les « drôles d'idées » des hommes quand ils s'inventent des frontières.
Un livre m'a permis de découvrir de nouvelles pièces du puzzle Europe.
 
Astrid Shriqui Garain
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Il fut un temps où l'Europe, l'union européenne donc, était une utopie ; maintenant c'est, au mieux, un constat, au pire, une catastrophe, allez savoir. En tout cas, "utopie" est probablement le dernier mot qui vient à l'esprit quand on entend ceux d'union européenne (le premier étant peut-être "administration"?). Heureusement, David van Reybrouck vient nous rafraichir l'esprit et raviver l'espoir d'une union utopique entre nations avec ce très beau texte, fruit d'une enquête menée pendant quelques années dans le village de Moresnet-Neutre (le nom changera à de multiples occasions), nommé ainsi en 1816 après un compromis consistant en une absence de compromis entre la Prusse et les Pays-Bas, délimitant des frontières "provisoires" et laissant un triangle dit neutre, n'appartenant ni à l'un, ni à l'autre... et 2016 marque précisément le bicentenaire de cette curiosité du droit international, curiosité située aujourd'hui aux frontières de la Belgique, de l'Allemagne et des Pays-Bas. C'est que pendant près de cent ans, les habitants de ce petit pays sans douane, ni langue officielle, ni monnaie d'ailleurs, vont vivre une véritable utopie réalisée. Des hommes et des femmes viennent s'y cacher, et la population augmente subitement en quelques décennies. Mais le rêve se termine avec les grandes guerres du début du vingtième siècle. Certains habitants se retrouvent alors dans l'armée allemande, d'autre sous le drapeau belge, parfois des frères se retrouvent face à face dans les tranchées - le cauchemar commence, et s'achèvera bien après la seconde guerre mondiale. Pour nous exposer cela, van Reybrouck a pu se pencher sur le destin d'Emil Rixen, né en 1903 dans ce curieux mais très attachant petit pays neutre et libre de tout nationalisme ; Emil changera, bien malgré lui, cinq fois de nationalité pour mourir en 1971 (l'année de naissance de David van Reybrouck justement, et la mienne au passage), et c'est travers ce destin particulier que cet essai - qui se lit d'ailleurs comme un roman tant il est passionnant - nous invite à réfléchir sur la fin d'une utopie européenne et le retour de la territorialité et des frontières, symboles de la résurgence des nationalismes ; reste quand même le souvenir de cet endroit extraordinaire, maintenant conservé grâce au travail méticuleux de l'auteur belge, travail dont le seul souvenir ravive peut-être en nous des envies et des rêves d'utopie - c'est à espérer. Excellent texte.
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Dans cet essai, David van Reybrouck nous raconte l'histoire d'un petit village de la province de Liège à travers la vie d'Emil Rixen, né en 1903. Conçu dans une union illégitime, il naitra à Moresnet-Neutre où sa mère s'est réfugiée après avoir quitté Düsseldorf, et sera confié à l'adoption. Sans jamais quitté son village natal, il changera cinq fois de nationalité et sera enrôlé dans différentes armées.

En effet, la neutralité de cette région persistera jusqu'en 1919 mais ensuite, au gré des conflits mondiaux, Moresnet-Neutre sera ballotée d'un pays à l'autre, avant d'être définitivement rattachée à la Belgique par le Traité de Versailles.

Moresnet s'est construite et développée autour d'une usine de production du zinc. A l'aube de la révolution industrielle, ce graal est en effet très convoité. Non ferreux, malléable à haute température et parfait pour les alliages, il est aussi un excellent conducteur thermique et surtout il résiste à la corrosion. le zinc, allié au cuivre, produit du laiton, allié à l'étain, du bronze. Ce métal, produit en feuille ou en plaque, servira notamment de couverture aux toits de Paris pour faciliter l'évacuation des eaux de pluie, et favorisera l'essor de l'architecture de fer. On comprend donc la convoitise que ce petit territoire a éveillée.

L'histoire que nous raconte Zinc a un côté surréaliste ; par la situation d'abord, par les mille petits détails de la vie quotidienne ensuite. Ainsi, à Moresnet-Neutre seul le franc français a cours mais on accepte les pièces allemandes, le sou d'argent et le franc belge. Il n'y a pas de langue officielle et les habitants parlent l'allemand, le français et un dialecte local appelé Kelmeser Platt et qui mélange bas allemand et limbourgeois.

Ce court récit, parfois technique, toujours passionnant, m'a beaucoup plu. Non seulement parce que je connais ce village et cette région et ai pris plaisir à découvrir leur histoire que je méconnaissais mais aussi parce que van Reybrouck nous la conte merveilleusement bien à travers la vie d'un de ses habitants. Au point qu'on en vient à regretter qu'il ne soit pas plus long.
Zinc est aussi un bel éloge de la neutralité et de l'utopie en cette période de résurgence des nationalismes.

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J'ai appris énormément sur l'histoire de mon pays en lisant cette plaquette consacrée à une bizarrerie de l'Histoire, née de l'indécision des vainqueurs de Napoléon en 1816. J'ai surtout compati au sort des Habitants de Moresnet-Neutre, écartelés entre deux ou trois pays, déchirés entre l'Allemagne et la Belgique lors des deux grandes guerres. le mini-état, insouciant à ses débuts, sans monnaie, sans service militaire, sans instruction obligatoire, devient la capitale de l'espéranto et le centre mondial de l'extraction du zinc.
Puis, les deux grands conflits mondiaux vont ternir ce tableau idyllique ainsi que la fin de l'exploitation minière en 1950. Aujourd'hui, un musée bientôt transféré dans les anciens locaux de la direction de Vieille Montagne (jadis cotée en bourse) rappelle le destin exceptionnel de ce triangle coincé entre l'Allemagne et la Belgique, anciennement Prusse et Royaume-Uni des Pays-Bas.
L'auteur associe les qualités de journaliste et d'historien pour faire revivre une tranche d'histoire insolite entre 1816 et 1968. Les descendants d'Emil Rixen, - né en 1903- témoignent. Les archives précisent le contexte historique et David van Reybrouck sertit l'ensemble dans une écriture alerte et émue.


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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Sans avoir déménagé une seule fois dans sa vie, il a été successivement citoyen d'un État neutre, sujet de l'Empire allemand, habitant du royaume de Belgique et citoyen du Troisième Reich. Avant de redevenir belge, ce qui sera son cinquième changement de nationalité, il est emmené comme prisonnier de guerre allemand. Il n'a pas traversé de frontières, ce sont les frontières qui l'ont traversé.
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Et le voilà, Emil, au milieu de soldats allemands et d'anciens nazis, lui qui a donné à son fils le prénom du roi des Belges, et dont la femme a refusé la Mutterkreuz. Le voilà, lui, l'homme qui a participé à l'occupation de l'Allemagne sous l'uniforme belge et à celé de la Belgique sous l'uniforme allemand, lui, l'enfant adultérin, l'homme dont l'identité, tel un bloc de minerai de zinc, a été fondue et refondue si souvent qu'il en est résulté détachement et résignation. Un moderne Job, frappé et éprouvé par l'histoire.
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Pendant ce temps, Emil entre en contact d'une tout autre manière avec les Américains. La Résistance transmet son prisonnier aux libérateurs. Il apparaît donc qu'il n'a pas été arrêté en tant que Belge suspecté de collaboration, mais en tant qu'Allemand servant dans la Wehrmacht. Ce qui correspond à la réalité. Sans avoir déménagé une seule fois dans sa vie, il a été successivement citoyen d'un État neutre, sujet de l'Empire allemand, habitant du royaume de Belgique et citoyen du Troisième Reich. Avant de redevenir belge, ce qui sera son cinquième changement de nationalité, il est emmené comme prisonnier de guerre allemand. Il n'a pas traversé de frontières, ce sont les frontières qui l'ont traversé.
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"Des élections? jamais tenues. Des impôts? Extrêmement faibles et uniques en leur genre, calculés sur la base de la superficie du terrain, du nombre de portes, de fenêtres, de meubles et de personnel de maison que l'on possédait. De monnaie? Aucune. Officiellement, seul le franc français avait cours, mais on acceptait aussi les pièces allemandes, thaler, reichsmark, sou d'argent, ainsi que le franc belge. De langue? Aucune. L'allemand, le français et le dialecte local, le Kelmeser Platt, à mi-chemin du bas allemand et du limbourgeois, se mêlaient joyeusement. La douane? C'était bon pour les autres pays voisins. L'enseignement? Aucune obligation de scolarité. La défense? Pas de service militaire. La justice? Pas de juridiction. Au civil ou au pénal, les affaires devaient être portées devant un tribunal belge ou allemand. Le juge devait alors se remettre à feuilleter son Code Napoléon de 1804 ou son Code pénal de 1810 et prononcer des condamnations pour des délits parfois abolis en tant que tel dans son pays, et ce au nom des lois d'un pays qui, dans l'intervalle, avait lui-même cessé d'exister. Condamné pour vagabondage en 1900? Pas de chance ! Chez nous, ce n'est plus vraiment sanctionné, mais dans l'Empire français d'il y a cent ans, c'était passible de six mois de prison. La mésaventure est arrivée à un homme qui avait mendié à Moresnet-Neutre."
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En outre, l'année 1837, vit la création de la Société anonyme des mines et fonderies de zinc de la Vieille Montagne, en abrégé " Vieille Montagne", traduction française de d'Altenberg, l'ancien nom de la carrière de zinc. La fonderie de zinc en faillite de Dony connut un nouveau départ spectaculaire dès que François-Dominique Mosselman, banquier parisien aux racines bruxelloises, commença à s'y intéresser. Au cours des décennies suivantes, Vieille Montagne allait devenir l'un des plus gros producteur de zinc au monde, ce qui ne fit que souligner l'importance de cette zone frontalière et rendre un accord international à sin sujet plus hypothétique que jamais.
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Vidéo de David Van Reybrouck
David van Reybrouck est né à Bruges en 1971 dans une famille flamande de fleuristes, de relieurs, d'électriciens et d'artistes. Il a étudié l'archéologie et la philosophie aux universités de Louvain et de Cambridge et détient un doctorat à l'université de Leyde. Militant pour la démocratie et le climat, David van Reybrouck est essayiste, historien, romancier et auteur de théâtre. Son nouveau livre, **Nous colonisons l'avenir**, vient de paraître.
« Je passe beaucoup de mon temps dans les salles de réunion alors que je préfère être dans mon atelier littéraire. Mais franchement, en tant qu'écrivain, aujourd'hui, je trouve difficile d'écrire quand il y a un trou dans le toit. C'est difficile d'écrire quand ça goutte et donc, de temps en temps, je me mets debout pour aider et faire quelque chose contre ce problème. [...] J'essaie de trouver l'équilibre entre mes activités littéraires et démocratiques… La lutte pour trouver cet équilibre en vaut la peine, et la conséquence est nette : il y a certains livres que je ne veux pas écrire parce que je suis en train de parler à un ministre ou que je suis en train d'organiser ou de mettre sur pied quelque chose avec des citoyens. »
Pour découvrir l'oeuvre de David van Reybrouck : https://www.actes-sud.fr/contributeurs/david-van-reybrouck
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