Je viens de réaliser que cela fait près d'une année que j'ai lu le premier tome de ce dytique de Maxence van der Meersch.
Une fois de plus, ma tendance à me disperser dans le choix de mes lectures a fait son oeuvre…Oui, je sais, j'ai beau le savoir, je suis incorrigible…..
Je n'ai cependant pas eu trop de peine à me remettre dans l'histoire, même après un temps aussi long entre ces deux tomes…
Nous retrouvons Michel Doutreval, jeune médecin et jeune marié à un virage de sa vie qui va déterminer toute sa carrière et vie future…En effet, alors qu'il était destiné à marcher sur les traces de son père, le brillant et fort connu professeur Doutreval, il va choisir d'épouser une ancienne patiente plutôt que la riche jeune fille de bonne famille qu'on lui destinait et donc de tourner le dos à sa famille. Lu comme cela, on se croirait plutôt dans une romance assaisonnée à la sauce harlequin…Eh bien que nenni ! Il n'en est absolument rien…
On va suivre les difficultés d'exercice pour un jeune médecin de ville, sans aucun appui, entre les deux guerres mondiales, dans les années 1930 plus précisément.
La médecine est à l'époque bien loin de ce qu'elle est actuellement et l'on mesure le chemin parcouru depuis…A l'époque des maladies dont nous ne connaissons plus que le nom sévissaient et faisaient beaucoup de ravages comme la diphtérie, la tuberculose par exemple…Il faut dire qu'il n'y avait pas encore les antibiotiques dans le paysage et quand on voit la manière de traiter ce genre de maladies on réalise comme à l'époque les médecins tâtonnaient, expérimentaient et faisaient quelquefois carrément n'importe quoi….
Autre personnage dont nous allons suivre une tranche de vie : la soeur de Michel, Fabienne, que nous retrouvons jeune infirmière….Ses choix de vie vont avoir une influence au niveau de toute sa famille….
Ce livre s'arrête en septembre 1938, à l'aube de la seconde guerre mondiale….
Challenge ABC 2020/2021
Challenge Multi-Défis 2021
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La guerre ! Elle s'éloignait , la grande nuée sinistre. Mais l'ombre en restait sur ces routes, ces convois, ces hommes encore lancés en avant et qui ne s’arrêtaient pas, sur le visage de toute cette foule, oppressée, consternée, muette, qui regardait rouler en grondant ce fleuve de métal, se souvenait de l'invasion et de la dévastation, et n'osait croire, après cette semaine d'agonie , que la main d’acier qui lui poignait le cœur se fut enfin desserrée.
La race humaine, elle,se sélectionne à rebours. La guerre ne tue que les robustes. Et la médecine conserve les rabougris.
C'était comme un trou noir ouvert devant lui, où il sombrait pour quelques interminables secondes.
Une de ces mélopées sauvages, où les Noirs du Nouveau Monde, à leur insu peut-être, ont fait passer la souffrance de l'exil et le souvenir de leur ciel natal, et que les hommes d'Amérique, et après eux tous les hommes de notre temps, ont tout de suite reconnues, aimées, adoptées, sans doute parce qu'ils y ont retrouvé l'écho de leur propre tristesse, leur ennui, leur regret, leur nostalgie d'on ne sait quoi que leur âme vide et inquiète a conscience, obscurément, d'avoir perdu...
Mais la chose à quoi se résine moins encore qu'à mourir, c'est à tuer en lui une vérité .ça ne compte plus pour lui de mourir, quand il est sur d'une vérité.
La maison dans la dune (1988), extrait.