Emphyrio

Ghyl regarda ses esquisses et opta pour une composition harmonieuse où des garçons grimpaient à un arbre fruitier, un dessin qu'il adapta au grain naturel du bois.
Amiante approuva le choix du motif. "Il convient parfaitement, il est baroque et gai. Il est toujours préférable d'éviter la tristesse. Le bonheur est fugace, contrairement au mécontentement et à l'ennui."

Leur solitude était totale. Ils se retrouvaient dans une immense savane limitée, loin à l’est et à l’ouest, par des pains de sucre de granit ou de calcaire dénudés. Le ciel, d’un bleu à la fois doux et lumineux, était très différent de celui mauve et poussiéreux d’Halma. Des tiges raides et jaunes coiffées de baies écarlates leur arrivaient aux chevilles et formaient un tapis qui s’étendait à perte de vue, en virant à l’ocre moutarde dans le lointain. Ici et là se dressaient des chicots d’arbrisseaux, quelques arbres noirs massifs, touffus et déchiquetés.