Ah, bon sang,
Tschaï !
Nous voilà aujourd'hui face à un monstre du planet-opera, genre pour lequel je suis absolument inculte, et plus généralement face à un monstre de SF, tant le nom de Vance revient régulièrement et son cycle en filigrane.
Moi, vous le savez, je suis pas un expert en SF. On dira que je lis pour deux tiers de l'horreur, et le reste se partage entre SF, fantasy et littérature générale ; même si cela se redistribue au fil des ans, mes lectures se diversifiant toujours un peu plus... Il en reste que des "experts", vous en trouverez pleins sur la blogosphère et que cette critique sera cantonnée à ce que j'en ai ressenti.
Et vous le savez, mon attitude face aux "classiques" est transparente : que le bouquin soit vieux de trois siècles, acclamé par des centaines de milliers de lecteurs, ma rencontre avec lui restera un face-à-face et donc, un mauvais bouquin, à mes yeux, un mauvais bouquin.
Sauf que "tschaï" n'est décidément pas un classique survendu et encore moins un mauvais bouquin.
On y suivra, à travers quatre courts romans, l'épopée d'Adam Reith, notre Ulysse moderne, qui s'étant écrasé sur une planète extra-terrestre fera tout ce qui est en son pouvoir pour rentrer chez lui.
Et nous voilà parti pour des centaines de pages d'aventure, menée tambours battant, aussi exotiques que téméraires.
Tschaï est une planète explosive, une expérience exacerbée de la vie: tout y est extrême, des émotions aux coutumes de chaque race, des soleils couchants aux végétations luxuriantes. Si vous êtes avides d'aventure, vous en aurez pour votre argent.
Jack Vance a en plus la merveilleuse idée de ne jamais lâcher son héros. Vous vivrez ainsi les nuits passées dans les tavernes au bord de la route, les discussions banales avec un quidam, et ce pour une immersion totale. J'avais déjà fait cette remarque concernant les récits de
Sapkowski, que je trouvais particulièrement intelligent lorsqu'il s'agissait de faire découvrir son lore, usant de détails a priori banals dans sa narration mais jouant beaucoup pour le travail d'ambiance. C'est la même chose ici.
Et quel héros ! Adam Reith est prêt à tout pour rentrer (littéralement à tout) et, pas de chance pour ses antagonistes, il est particulièrement débrouillard. Guidé, face à toutes ces races extraterrestres, par une humanité à laquelle il ne cesse de se rattacher et de promouvoir, il bravera les obstacles avec un courage et une malice qui feront frissonner le lecteur de plaisir à bien des reprises.
En fait,
Tschaï, à bien des égards, aurait pu être un "sans-faute". J'ai une passion sans borne pour le divertissement, le "vrai divertissement", celui qui te fait détourner le regard de tout le reste.
Et "tschaï" était un sans-faute... Jusqu'au dernier tome, "Le Pnume".
Franchement, fait chier.
"Le Pnume" est tout ce que n'est pas "Le Dirdir", troisième et meilleur tome de la saga. Ce dernier tome est extrêmement poussif, ajoutant une longueur très malvenue à l'intrigue générale, et cristallise quelques défauts de l'auteurs repérés ici ou là dans les tomes précédents. Franchement, pendant 100 pages Adam va se demander si oui ou non il se taperait l'ado avec laquelle il s'échappe, c'est hélas un peu cringe.
De la même manière, quelle tragédie de clôturer la saga avec si peu d'émotions ! Si on sait que Vance, du moins dans
Tschaï, n'est pas dans la débauche sentimentaliste, il serait complètement faux de ne pas lui reconnaître quelques scènes touchantes. Mais cette fin de saga est tout de même très machinale, très déshumanisée, ce qui est quand même un comble face à la morale de cette histoire...
Bref, "tschaï" est réellement un texte fondateur. C'est excellent.
J'aurais pu faire une critique exaltée, mettre un 5*/5, mais hélas le dernier tome sent très sévèrement la croquette, et ça fait chier...