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EAN : 9782266014793
Pocket (01/01/1985)
3.85/5   129 notes
Résumé :
Il y a treize générations, un astronef-prison s'est écrasé sur un monde d'azur. Un vrai paradis. Du soleil, la mer à perte de vue, des îles flottantes, des nourritures marines à profusion, Les castes des Détourneurs, des Voyous, des Canailles et des Publicistes se sont adaptées sans peine à cet environnement enchanteur. Mais tout paradis a ses démons. Les Kragens sont des monstres marins semi-intelligents qui dévorent volontiers les réserves des humains. Le plus red... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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1984… gare de Sète. C'est la fin de la journée. Je viens de quitter le lycée et m'apprête prendre le train pour Montpellier. Mais je n'ai rien à lire… Donc petit tour au relais presse.
Tiens… un Jack Vance... Un Monde d'Azur… Ouah que la couverture est belle ! (celle de Siudmak). J'ai déjà lu un Vance auparavant. le 4eme de couverture a l'air cool. Allez… je tente.
Sur le quai, j'ouvre le bouquin. Et là… c'est l'explosion de couleurs et de saveurs exotiques. le quai, la gare, même la belle jeune fille que j'ai remarquée et qui prend le même train que moi, tout disparaît, effacé par ce monde aquatique où ne flottent que des îles que j'imagine comme des nénuphars et des monstres kragens tentaculaires.
Je referme le roman quelques jours plus tard. Il me faut plusieurs jours pour m'en remettre.

L'impression de merveilleux a survécu jusqu'à aujourd'hui. J'espère la « rematérialiser » avec cette relecture. de fait, mes petits neurones sont aujourd'hui moins capables de créer des images rémanentes et la relecture n'écrase pas le ressenti de la première lecture, qui reste plus fort. En revanche mon admiration pour l'auteur rejaillit. Ce roman est vraiment formidable.
Le décor est minimaliste – de l'eau, des nénuphars géants, des éponges et du ciel bleu – mais il n'en faut pas plus pour transporter le lecteur dans un monde qui pourrait être idyllique s'il n'y avait pas ces espèces de gros poulpes bizarres. Les hommes sont arrivés sur cette planète par accident il y a longtemps. La mémoire effacée par les générations se raccroche aux récits des Premiers, devenus bien souvent obscurs. J'ai adoré la complicité qui s'instaure entre l'auteur et les lecteurs qui comprennent les allusions des Anciens alors que les personnages du récit en sont incapables – ils sont même incapables d'imaginer la terre, les rochers et les continents ; comment le pourraient-ils ?

Comme il l'avait fait sur sa Planète Géante – et comme le fera plus tard Robert Silverberg sur Majipoor, un hommage – Jack Vance impose l'absence de métal sur son monde. Cela lui permet de construire toute une technologie « amétallique » de pure beauté. La structure de la société des îles est aussi absolument fascinante, construite sur un système dit « de castes » (dont les noms expliquent immédiatement au lecteur les origines des hommes qui ont amerri ici) mais qui évoque surtout un système de corporations de métier dont l'aspect hiérarchisé porté par le mot « caste » est assez atténué.
Une caste cependant s'est construite dans le but d'imposer sa loi. Les Intercesseurs se sont appuyés sur la crainte des kragens pour les diviniser et se définir eux-mêmes comme les messagers des Dieux (surtout du plus grand d'entre eux, le Zeus des kragens). Cette caste de prêtres est oisive, bouffe gratos les ressources de la communauté, et maintient l'orthodoxie à son profit.
Le récit conte la rébellion contre ce système, menée par un homme, Sklar Hast, persuadé que les kragens ne sont pas des dieux et que la vie de la communauté serait améliorée si l'on pouvait s'en débarrasser. C'est la lutte de l'humanisme contre l'obscurantisme religieux, de la raison contre la foi aveugle et ceux qui en font leur profit. La lutte n'est pas que physique ; elle s'exprime d'abord par des débats entre les deux camps. J'admire toujours l'art du dialogue de Vance, très orienté vers le mensonge et la manipulation de l'auditoire. C'est un de ses points forts.

Des défauts ? Des déceptions ? Eh bien j'aurais bien aimé que Meril Rohan porte un rôle plus important. L'auteur en a fait quelqu'un d'intelligent, mais dont la présence s'efface derrière celle du savant Kelso. A mon avis Meril aurait pu intégrer le rôle de Kelso. Autre petit défaut : la fin est vraiment trop abrupte et aurait mérité plus de développement.

Des détails. Après relecture, je conforte mon opinion que ce roman fait partie des meilleurs de l'auteur.
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Un petit bijou que cet incroyable roman d'aventure.
Honnêtement c'est du grand, du très grand Vance. Sur fond de science-fiction, c'est finalement l'histoire de la vie en société, L Histoire avec un grand H mais cantonnée dans un environnement beaucoup plus étroit et avec une population de taille limitée. Sinon tout le reste y est, du régime politique basé sur des castes, partant d'un modèle mixant le communisme et la monarchie, sur fond d'une religion dont on ne cite le nom que pour faire respecter tout un panel de règles, et surtout assoir la suprématie et le caractère indispensable d'une classe dirigeante complètement oisive et jouissant de tous les privilèges. Cette classe s'apparente fortement au clergé d'une époque lointaine.

En fait, Jack Vance a créé ici un microcosme dans lequel l'homme est heureux s'il n'a aucune ambition de liberté autre que celle qui est déterminée dès sa naissance. le personnage principal constitue le grain de sable qui va mettre à mal l'intégralité du système. Il ne reconnait pas la légitimité du pouvoir en place. Mais il ne veut pas être roi à la place du roi, non il veut simplement vivre librement. Il veut également comprendre, évoluer, découvrir. Il va se battre pour faire bouger et avancer les choses.
C'est la lutte entre le progrès avec les changements qui l'accompagnent, et l'immobilisme qui convient aux privilégiés et nantis de l'instant T initial.

Je trouve que ce roman a autant de force et d'impact que La ferme des animaux, mais avec encore plus de beauté grâce au décor exotique et tropical de cette planète faite uniquement d'eau. Il y a tant de parallèles que l'on peut faire à chaque chapitre, avec des épisodes de l'histoire réelle de l'humanité.
Hormis quelques aspects et éléments, ce roman pourrait être catalogué de littérature générale. Son message est universel et intemporel.
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Quelle belle découverte ! Merci à Alex pour cette bonne idée du challenge Jack Vance qui m'a poussé sur ce monde d'azur. Voilà une aventure bien rafraîchissante et très originale.

Il y a très longtemps, un vaisseau spatial s'est échoué sur une planète faite principalement d'eau et d'îlots sur lesquels tout n'est que végétal. Pas de fer, pas de pierre, aucun métaux, donc à priori aucune possibilité de se développer. Pourtant nous suivons les aventures de la treizième génération d'humains qui se reproduisent et vivent sur cet archipel en osmose avec leur environnement... enfin à un détail près... les Kragens. Ces êtres aquatique qui se nourrissent des récoltes produites par les humains. Mais il est temps que les choses changent et notre héros va décider de mettre un terme à la domination du Rois Kragens. Reste plus qu'à trouver un moyen face à ce gigantesque et dangereux monstre marin

L'écriture est dans un style assez ancien mais en aucun cas ce livre ne laisse paraître son âge. Par ailleurs, l'histoire est très courte (moins de 250 pages) et alors que ces temps je me plaint des interminables livres de plus de 700 pages voici que pour le coup je regrette que celui-ci ne soit pas plus long. Son principal défaut en est que les 50 dernières pages auraient largement pu faire place à 200 pages pour donner plus de profondeur au roman qui en manque malheureusement un peu.

Ceci étant, ce n'est qu'un petit reproche lié surtout au fait que j'aurais voulu pouvoir m'abreuver encore plus de cette aventure fort sympathique et très prenante. On n'arrive plus à lâcher le livre, il est facile à lire et ça grande force réside dans cet incroyable univers que l'on s'imagine flamboyant et plein de charme, un peu comme l'on peut rêver devant une photo du bord de mer d'un atoll au Maldives.

Donc si vous voulez prendre quelques jours de vacances sans bouger de votre canapé, je vous conseille vivement cette lecture facile, courte, distrayante, captivante et très dépaysante.

Note 5/6
Wiitoo Takatoulire
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Après ma déception suite à la lecture du roman La mémoire des étoiles, j'étais un peu inquiète. Et si je n'aimais aucun roman de Jack Vance, cet auteur incontournable de la SF ?

Cette deuxième incursion dans son univers s'est avérée très positive, j'ai trouvé Un monde d'azur excellent malgré un début un peu difficile/lent (je ne suis pas arrivée à me décider).

Il y a tout d'abord la cohérence du fonctionnement de la communauté et l'existence des Mémoires des Premiers (dont sont tirés les Analectes).

« D'après ma propre lecture des Analectes, dit Sklar Hast, tous décrivent le Monde d'Origine comme étant un asile de fous. »

J'ai aussi beaucoup aimé les explications sur la façon de fabriquer les choses, c'est plus facile pour les imaginer. Il y a également les scènes inoubliables comme pour ne citer qu'elles.

Je n'ai pas réussi a bien cerner le personnage de Sklar Hast. Celui qui m'a le plus marquée est Barquan Blasdel. Il est à proprement parler effroyable.

Contrairement à La face des eaux de Robert Silverberg, ici la planète est un peu en arrière plan. Ce n'est plus la planète vs les personnages mais deux camps opposés qui s'affrontent. Ce qu'il se passe entre eux est universel.

Voilà, un très bon moment de lecture.




Challenge multi-défis 2019
Challenge défis de l'imaginaire 2019
Challenge Jack Vance vs Philip K. Dick 2019
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Ayant lu, il y a peu, «La Face des Eaux» de Robert Silverberg, c'est tout d'abord sous un angle comparatif que j'ai voulu découvrir ce roman de Jack Vance. En effet, outre le fait que ces deux romans soient des «planet opera», ils ont tous deux la particularité de proposer pour cadre une planète recouverte d'eau où des humains ont dû s'adapter.

Mais la ressemblance s'arrête là puisque le thème développé ensuite n'est pas le même. J'en ai d'ailleurs très vite oublié mon objectif de départ pour me laisser embarquer par le récit de Vance.

Nous sommes donc sur une planète recouverte d'eau où vit une petite population humaine. Douze générations plus tôt, un vaisseau spatial s'était écrasé sur ce monde pour couler au fond de l'océan, ne laissant que deux cents survivants. Leurs descendants se sont adaptés à ce milieu et vivent sur des îlots constitués de plantes aquatiques géantes. Mais ils doivent accepter la domination du Roi Kragen, une espèce de gros monstre marin. En échange d'offrandes, des éponges, il assure leur sécurité face aux autres kragens. Mais certains hommes ne supportent plus ce joug, et un incident va engendrer une confrontation de plus en plus agressive entre les adorateurs du kragen et les révoltés...

Et bien je dois dire que mon intérêt n'a cesser de croître au fil des pages de ce roman.

Ce fut d'abord une lecture vraiment facile et agréable. La plume de Vance est fluide, il a le talent de nous immerger facilement dans l'univers qu'il nous propose dans ses descriptions. Et puis la construction et le rythme de l'histoire font que je ne me suis pas ennuyée une minute dans ce roman.

Ensuite le thème m'a intéressé. On ne réagit pas tous de la même manière face au joug de quelqu'un ou quelque chose qui semble plus puissant. Il y a ceux qui se résignent, ceux qui cherchent à en tirer partie et ceux qui cherchent à s'en libérer. C'est ce qui est développé ici et même si j'ai trouvé l'approche de l'auteur plutôt manichéenne, cette escalade vers la violence ne m'a pas déplu pour autant, ni sa conclusion. Vance a su me tenir en haleine jusqu'au bout.

Un vrai petit bijou donc que ce roman.

Et j'ajoute à cela le plaisir que j'ai eu de partager cette lecture avec Srafina. Merci à elle pour les échanges, c'était bien sympathique et nous avons eu je pense le même ressenti pour cette lecture.

Challenge «2019, l'année Jack Vance - Philip K. Dick
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Sklar Hast était un homme positif et direct, sans grande affabilité, dépourvu de méchanceté ou de ruse, et doté de peu de patience, ou de tact. Les apprentis lui en voulaient pour sa rudesse, mais ils le respectaient ; Zander Rohan trouvait qu'il était d'un pragmatisme excessif, et qu'il ne manifestait pas à ses supérieurs - c'est-à-dire à Rohan lui-même - le respect qui leur était dû. Sklar Hast n'y attachait aucune importance. Zandar Rohan prendrait bientôt sa retraite, et Sklar Hast deviendrait Maître Transmetteur le moment venu. Il n'était pas pressé ; dans ce monde placide, limpide et immuable, où le temps semblait aller paresseusement à la dérive, il n'y avait rien à gagner en se hâtant.
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L'appétit du Roi Kragen, tout comme sa masse, ne faisait que croître d'année en année, et Sklar se demanda quelle taille il finirait par atteindre. Y avait-il une limite ? Au cours de sa propre existence, Sklar avait vu le Roi Kragen grandir de façon perceptible, pour atteindre maintenant une longueur d'à peu près dix-huit mètres. Sklar jeta un coup d'oeil renfrogné vers l'ouest, dans la direction où l'on voyait généralement apparaître le Roi Kragen, se déplaçant grâce à de longs battements de ses quatre ailerons de propulsion qui le faisaient ressembler à quelque vaste et grotesque anthropoïde nageant la brasse. Là s'arrêtait, bien sûr, la ressemblance avec un humain. Le corps du Roi Kragen était formé d'un cartilage noir très résistant, un long cylindre surmontant un lourd rectangle dont les coins se prolongeaient par des ailerons. Le cylindre qui constituait la partie principale du Roi Kragen s'ouvrait à l'avant en une gueule bordée de quatre mandibules et de huit palpes, et à l'arrière sur un anus.
Au-dessus de ce cylindre, légèrement en avant, s'élevait une tourelle d'où sortaient quatre tiges oculaires : deux regardant vers l'avant, deux vers l'arrière. Le Roi Kragen était une effroyable force de destruction, mais heureusement on pouvait l'apaiser. Il raffolait des éponges en copieuse quantité, et une fois son appétit satisfait, il ne faisait de mal à personne ni aucun dégât ; il empêchait même que d'autres kragens en maraude ne viennent dans la région. Soit il les tuait, soit ils s'enfuyaient à sa vue, dans de grands battements affolés de leurs nageoires.
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Méril haussa les épaules. "J'ignore la réponse. Mais les décisions que tu as prises seul auraient dû l'être en commun.
— Non, s'entêta Sklar Hast. Irions-nous suffisamment loin, pourrions-nous réagir assez vite, s'il fallait se réunir chaque fois qu'une action s'impose ? Imagine les protestations et les manœuvres dilatoires de Myrex et de Voiderveg, et même de ton père ! Rien ne pourrait se faire ; nous resterions enlisés.
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Sklar toisa longuement Zander Rohan. Il soupira et prit sa décision.
- Il y a aussi un passage dans ces mêmes statuts où il est dit qu'un homme ne conservera le titre de Maître de sa profession qu'aussi longtemps qu'ils sera en pleine possession de ses moyens. En conséquence je récuse non seulement votre droit à me juger, mais je vous conteste aussi le titre de Maître-transmetteur.
Le silence emplit soudain la salle de l'auberge. Zander Rohan reprit la parole d'une voix étranglée :
- Vous pensez donc être plus habile que moi ?
- Je peux le prouver à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.
- Pourquoi n'avez-vous pas exprimé jusqu'à maintenant cette fanfaronnade ?
- Si vous voulez connaître la vérité, c'est parce que je ne voulais pas vous humilier.
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Sommes-nous donc si puissants qu'il nous suffise d'agiter les mains au-dessus de l'océan pour commander à toutes les créatures ? Vous devez vous rendre compte que le confort et l'abondance ne sont ni un don naturel ni un droit acquis, mais que ce sont des avantages on ne peut plus incertains.
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Videos de Jack Vance (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jack Vance
Extrait du livre audio « Madouc, Lyonesse, T3 » de Jack Vance, traduit par E.C.L Meistermann et Pierre-Paul Durastanti, lu par Marvin Schlick. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/madouc-9791035410391/
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