Quelles nouvelles ?

Les Jeux de l'amour et du hasard.


Figurez-vous que je l'ai acheté dernièrement, mais que je ne l'ai pas encore lu (je parle ici du livre de Marivaux, pas celui de monsieur Vandamme). Il fait néanmoins partie de ma PAL (pile à lire, pour les non-familiers à la terminologie Bookstagram).

Pour critiquer (ou plutôt chroniquer) ce livre, j'avais convié deux proches sur ma petite terrasse. Il fallait bien cela. Il fallait bien cela car nous n'étions pas d'accord à propos de ce livre. Depuis, une autre réunion s'est tenue (toujours sur la petite terrasse), et un consensus a émergé, que voici.

Monsieur Vandamme ne s'est pas moqué de nous. Son recueil sorti fin novembre, le jour de la sortie d'un album qui m'est cher, est dense et varié. Plus de 300 pages. Varié dans les thèmes, beaucoup d'humour et de tendresse pour les personnages, ludique, très bien écrit. Profondément touchant bien souvent (la première et la troisième nouvelle, la dernière, celle sur les boxeurs notamment).

La première critique était le fruit de trois personnes qui aiment écrire, dont l'imagination est supérieure à la moyenne, dont la pensée est mouvement, jusqu'à finir par s'arrêter sur quelque chose de finalement simple, qui fait sens, et ce depuis la première lecture finalement (mais pourquoi compliquer toujours les choses ainsi ? surtout qu'il fait si bon sur la petite terrasse..) : c'est un excellent livre (et la version brochée est vraiment très belle, je l'ai tenue dans les mains hier soir chez mes parents).

Mais finalement, à bien y réfléchir, la première chronique était somme toute assez logique, n'étant en fait qu'un immense compliment passionné et sinueux : effectivement, c'est le propre des romanciers talentueux que de nous faire nous projeter dans leur univers, personnellement, profondément, et même un peu trop lorsqu'ils sont doués, comme toi, et ce que l'on soit lecteur normal, parano, naïf, intelligent, lucide, érotomane, dangereux.

Ou lecteur qui aime.
Éperdument.
Définitivement.

Écrire court sans être lapidaire et sans trop frustrer le lecteur, n'est pas donné à tous les auteurs. Marc Vandamme dose avec facilité ce savant mélange. Ce recueil nous plonge dans les contradictions humaines où amour, amitié, sexe, rêves, réalités sont souvent malmenées. Entre marivaudages 2.0 ouvertement explicites et chronique des moeurs plus ou moins dépravées, le milieu baigne dans la grisaille contradictoire de l'espèce humaine. Les sujets sont très variés : de l'Afrique à la moto en passant par la boxe, la montagne et les échecs, l'auteur ne se montre jamais mat. La documentation est bien pesée sans transformer le récit en une exposition de savoirs techniques pour spécialistes. Amateurs de douceur, de bienveillance et de chemins de vies paisibles et résilients, euh comment dire, non ne passez pas votre chemin, mais soyez prévenus, vous êtes ici en chemin cabossé. Cassis et dos d'ânes mènent la vie rude aux personnages qui n'en sortent pas toujours indemnes. Parfois, l'histoire ne se termine pas trop mal, certes, mais l'art de la chute est retors pour le plus grand plaisir du lecteur (c'est ce que l'on cherche, non ?) Vous l'aurez compris, j'ai bien apprécié cette galerie de personnages et de situations, davantage dans le côté rêves déçus et chemins de vies brisés, plus que dans les jeux de caches-caches amoureux (qui se montrent parfois jouissifs dans tous les sesn du terme), néanmoins, il faut de tout pour faire un monde et le monde de Monsieur Vandamme, pour sûr, j'y reviendrais.