AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 70 notes
5
8 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Dans la métropole d'Ambregris se croisent le meilleur et le pire de l'humanité. le missionnaire Dradin, encore souffrant des fièvres de la jungle, s'éprend éperdument d'une femme dont il a simplement aperçu l'image à la fenêtre. « Désormais, il était en vérité un missionnaire, qui se convertissait lui-même à la cause de l'amour, et il ne pouvait pas s'arrêter. » (p. 44) On découvre l'histoire de Jean Mazikert, fondateur d'Ambregris, de ses descendants et des mystères légendaires de la cité. « Comment réagir, à notre époque moderne, lorsqu'on nous affirme que 25 000 personnes ont tout simplement disparu, sans laisser la moindre trace de lutte ? Arrive-t-on simplement à le croire ? » (p. 156) Découvrez Martin Lac, peintre estropié, dont l'oeuvre la plus connue traduit son obsession pour la décapitation à laquelle il a assisté. « Parfois, Martin, une personne fortunée a une vilaine petite idée dans un vilain petit coin de sa tête... Une vilaine petite idée qui consiste à faire réaliser par un peintre une oeuvre pornographique à son goût. » (p. 201) Enfin, vous ferez la connaissance de X, patient d'un hôpital psychiatrique de Chicago, interrogé sur sa curieuse névrose. Et là, c'est l'activité même d'imagination qui devient une maladie, une infirmité, presque une déviance mentale. « Je crois maintenant fermement qu'Ambregris, et tout ce qui lui est associé, est un produit de mon imagination. Je ne crois plus qu'Ambregris existe. » (p. 256)

Suit un nombre impressionnant d'annexes, d'archives inventées, de ressources créées de toutes pièces pour donner vie au monde étrange d'Ambregris. Cela va du rapport médical à une monographie sur le calmar royal en passant par des publicités et un récit biographique de la famille Hoegbotton. Chaque texte a des liens avec les autres et tous composent une carte géographique et temporelle d'Ambregris, cité de sinistre réputation. Certains textes m'ont rappelé les contes d'Hoffmann et évidemment les histoires d'Edgar Allan Poe, le tout richement illustré de gravures épatantes ! Ce qui est vraiment stupéfiant dans ce recueil, c'est que Jeff Vandermeer se fait personnage de son oeuvre, qu'il se transforme en matière créative de son propre livre, allant jusqu'à donner son patronyme à un personnage. D'autres avant lui l'ont fait, mais Jeff Vandermeer apporte un je-ne-sais-quoi plus frappant, plus efficace. Et en fin d'ouvrage, il fantasme sa biographie d'écrivain. Ce n'est certainement pas de l'autofiction, mais plutôt une métafiction si j'ose inventer le terme. Sous la plume de l'auteur, tout devient sujet à la création et à la transformation en fiction.

Du même auteur, je vous recommande évidemment La trilogie du rempart Sud : Annihilation, autorité et Acceptation, et Borne.
Commenter  J’apprécie          211
La Cité des Saints et des Fous c'est Ambregris. Ambregris c'est une ville tentaculaire où la folie peut se trouver au coin de n'importe quelle sordide ruelle. On y croise toutes sortes de créatures : des nains, des champigniens, des calmars, des hommes et des femmes aussi. Et chacun d'eux peut sombrer dans la démence ou le meurtre à n'importe quel moment. Ambregris c'est aussi La Cité des Saints et des Fous de Jeff VanderMeer, oeuvre aussi folle que son sujet le laisse présager.
La Cité des Saints et des Fous est avant tout un recueil de nouvelles. Dradin, amoureux est une romantique histoire d'amour qui se transforme en cauchemar lors du festival du calmar d'eau douce. Dans le Guide Hoegbotton de l'Ambregris des Premiers Temps, un historien écrit l'Histoire d'Ambregris avec moultes détails comme "ce qu'il se passe lorsqu'une armée dotée d'une puissante cavalerie se bat contre une force avant tout navale : rien". La transformation de Martin Lac nous montre comment un artiste sans talent devient subitement l'un des peintres les plus en vogue d'Ambregris. Dans L'étrange cas de X, un psychiatre interviewe l'auteur de… La Cité des Saints et des Fous, afin de déterminer s'il faut le libérer ou le maintenir à l'hôpital.
Une fois lues ces quatre nouvelles, qui occupent à peine la moitié du volume, nous arrivons alors aux annexes. Celles-ci sont divers textes retrouvés dans les effets personnels de X après sa disparition de l'hôpital psychiatrique, et sur lesquels les psychiatres s'arrachent les cheveux. L'ouvrage s'achève alors sur une note à propos des polices de caractères où l'on apprend que le célèbre "Times New Roman mêle l'atmosphère grossière d'un bifteck coriace à la structure d'une pomme de terre, son bouquet minéral se combinant à une texture moelleuse". Enfin l'éditeur, Calmann-Lévy, présente l'auteur sous la forme d'un avis de recherche.
Le tout est abondamment illustré et très joliment mis en page. En outre, la folie du propos n'empêche pas X d'utiliser un vocabulaire riche, de soigner la moindre petite phrase et de montrer un sens de la structure impressionnant. de ce point de vue il montre les mêmes qualités que l'un de ses illustres modèles, Vladimir Nabokov, auquel les références plus ou moins explicites sont nombreuses.
La Cité des Saints et des Fous est donc une grande réussite, une tragi-comédie qui ne peut laisser indifférent, dans n'importe quel sens du terme. Pour ma part, c'est dans le bon.
Commenter  J’apprécie          60
Je sais bien qu'il ne faut pas (trop) galvauder la notion de chef d'oeuvre, mais bon, là, le mot s'impose...

Tous les chemins de l'imaginaire furieux mènent à Ambregris.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/06/09/note-de-lecture-la-cite-des-saints-et-des-fous-jeff-vandermeer/
Commenter  J’apprécie          50
AMBREGRIS

Traduction : Gilles Goulet

Qu'est Ambregris ?
Une ville.
En est-on vraiment sûr ?

De nombreux chemins mènent à Ambregris, aucun ne semble disponible pour en sortir. Ambregris est à peine un lieu. Un fantasme peut-être, de ceux viciés et poisseux.
Vandermeer nous propose une odyssée quelque peu malade, d'une ambition démesurée : relater, décrypter un lieu, une dimension, une mégalopole changeante qui rappelle Ankh-Morpork de Pratchett sans la vista comique, une folie borgésienne en sus.

Je n'ai guère goûté la trilogie du Rempart de l'auteur, les Annihilation/autorité/Acceptation aussi incarnés qu'un bol d'eau froide laissé au freezer. Je suis donc entré méfiant, tâtonnant, dans Ambregris.
Ce récit choral, kaléidoscopique, mélange de nouvelles sensiblement victoriennes, quasi gothiques dans le ton et d'essais totalement barrés (dont un sur les calmars géants qui vaut son pesant de cacahouètes caramélisées) me laissait présager un livre concept ivre de sa virtuosité expérimentale.

Et bien... Non.
Par un phénomène inexplicable, Ambregris étend ses tentacules.
Les Champigniens (premiers habitants de Ambregris, curieux personnages de petite taille ressemblant à des champignons, mangeant des champignons et d'autres... Trucs) usent-ils de leurs fongus hallucinogènes sur nous pauvres lectrices, corrompus lecteurs ?
C'est bien possible.

Puis... Vandermeer, tel un Phlip K. Dick possédé et ricanant, rebat les cartes dans l'ultime nouvelle/chapitre/démence et les annexes de ce bouquins furieux et maîtrisé de bout en bout. C'est impressionnant à lire et un peu épuisant.

On ne peut dire qu'on aime La cité des Saints et des Fous, on espère juste en sortir.
Sidérant.
Emplie ras la gueule d'une plume alerte, mouvante, insaisissable, ce bouquin est juste sidérant.

Je remercie Babelio et le Livre de Poche pour cette Masse Critique mémorable !

Lien : https://micmacbibliotheque.b..
Commenter  J’apprécie          40
Ce livre est l'un des plus étonnants que je n'ai jamais lu. C'est un ovni littéraire, une oeuvre à nulle autre pareil. En effet, l'histoire de ce livre n'est pas du tout celle que vous attendez. Ce livre de fantasy est un guide touristique présentant la ville de Ambregris. Une ville qui n'existe pas, mais qui semble ô combien ! réelle !

Ce livre est une compilation de documents divers, allant de la nouvelle au fascicule sur le calamar, ou encore des documents d'un fou échappé de l'asile. Un beau méli-mélo dont l'auteur joue habilement pour nous faire ressentir la ville, son ambiance et ses habitants, son histoire et ses spécificités. La lecture est déroutante à plus d'un titre et navigue entre plusieurs genres, ce qui ne rend pas forcément son rendu très claire. Ici rien n'est donné, il faut comprendre et lire entre les lignes pour tout ce qui est dit.

L'ensemble est hétéroclite, et nécessite une lecture attentive et détaillé, quoi que tout ne soit pas forcément indispensable en terme de lecture (comme la partie codée). Par contre, c'est toujours intéressant de voir le mélange des genres et la façon dont l'auteur décrit cette ville.
Car disons-le, l'intérêt de ce livre est la découverte d'Ambregris, bien plus intéressant que chacune des petites histoires racontées dans le volume. Cette cité ancienne, bâtie sur du sang des anciens habitants et contenant force de mystère et d'étrangeté, fascine tout au long de la lecture. C'est prenant de se sentir comme un chercheur qui déniche des textes et tente de comprendre la réalité au travers du prisme des documents.

Cette lecture est probablement la plus surprenante que je n'ai jamais faite, dans le sens où la surprise est avant-tout sur le récit et la façon dont il est construit, et le sujet de l'histoire. Je n'avais jamais lu, auparavant, la construction d'une ville par des documents épars, et l'idée est tout simplement génial de le combiner à de la fantasy. Une lecture innovante, surprenante et diablement intéressante, qui m'a beaucoup plu. Si vous trouvez à nouveau ce livre, jetez-vous dessus !
Commenter  J’apprécie          41
Un livre vraiment à part dans la littérature fantastisque. La Cité des Saints et des Fous est un livre-univers qui nous décrit Ambregris, une cité tortueuse, décadente mais aussi charmeuse et très vivante. On va la visiter au travers de 4 grandes nouvelles, qui prennent à peu près la moitié des quelques 500 pages de l'ouvrage. Tout le reste étant constitué d'annexes!

La suite de cette chronique est sur le blog:
Lien : http://www.chemins-khatovar...
Commenter  J’apprécie          30
Tout d'abord merci aux éditions le livre de poche et à babelio pour cette masse critique.

J'ai bataillé.
J'avais rarement lu un bouquin qui partait autant dans tous les sens.
Le livre d'environ 600 pages se compose de quatre nouvelles qui représente la moitié du petit pavé et pour l'autre d'un nombre impressionnant d'annexes.

(Coup de gueule, ON) Bon, déjà le premier point noir sera pour les éditions le livre de poche. La couverture. Non, non, non et re-non. Dans les littératures de l'imaginaire, on veut des belles couvertures. Des couvertures avec de belles illustrations qui nous font rêver. Pas un truc moche fais à la va vite par un infographiste peut inspirer qui va chercher des png sur Istock. (Coup de gueule OFF)

Pour être honnête je n'ai lu que trois des nouvelles et abandonné l'une d'elles à un peu moins de la moitié à cause des trop nombreuses notes de bas de page dont certaines prenaient presque tout une page. Étant donné que je ne suis pas fan des notes de bas de page j'ai fait une overdose assez rapidement.
Comme je le disais ça part dans tout les sens et j'ai vraiment eu du mal a rentrer dans Ambregis ou m'attacher au personnages.
Pourtant le tout est bien écris mais à mon grand regret je suis passé complètement à coté de l'univers de l'auteur et je pense que je ne serais pas le seul dans ce cas.
Commenter  J’apprécie          22
La cité des Saints et des fous est un recueil de 4 nouvelles agrémentées par de nombreuses annexes venant enrichir l'univers. L'auteur nous offre un texte brillant, plein d'inventivité avec un talent de conteur fabuleux qui nous fait ressentir avec une étonnante intensité toute la moiteur de son univers, les inquiétudes de ses personnages et l'ambiance pesante qui monte crescendo. Ce recueil met avant tout en avant la ville d'Ambregris, que l'on découvre sous toutes ses facettes à travers des textes très variés sous leurs formes narratives. Plus qu'une oeuvre de fiction, le livre se veut être un véritable guide nous permettant de découvrir la cité d'Ambregris. Cela est d'autant plus frappant à la lecture, les textes présentant chacun une structure très différente les uns des autres. Il ne s'agit ainsi pas d'un simple recueil de nouvelles dans un même univers, La cité des Saints et des Fous ressemble plus à un essai dans lequel on aurait regroupé tous les textes connus autour d'Ambregris pour un travail de recherche. On ne rentre donc pas dans ce livre comme dans une oeuvre de fiction quelconque, on y rentre pour découvrir les secrets de notre propre monde et d'une cité aussi fascinante que terrifiante.

Amateur d'ambiances dérangeantes et très réalistes, d'expériences de lecture et de ville-personnage, ce livre est un must have.

Lien : https://sometimesabook.com/2..
Commenter  J’apprécie          20
Un ouvrage qui part dans tous les sens. Jeff VanderMeer a beaucoup d'imagination, on le savait déjà à l'époque, mais il semble avec Ambregris perdre le fil de sa narration pour se concentrer sur un foisonnement de détails qui forment plus un "guide touristique" qu'un véritable roman.
Si on rentre dans son "délire", nul doute que le résultat est grandiose mais si on reste à la porte... tout est remis en cause.
Commenter  J’apprécie          20
"La Cité des saints et des fous de Jeff VanderMeer", c'est un livre de timbré !
Les premières nouvelles sont bizarres, on cherche là ou l'auteur veut en venir, puis on se prend à l'histoire, celle qui est au deuxième plan, celle de l'auteur !
Etonnant, bourré d'annexes qui alimentent le récit et l'éclairent parfois de quelques détails bienvenus.
Commenter  J’apprécie          22




Lecteurs (259) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4856 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}