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Fritz Haber tome 3 sur 4
EAN : 9782756015040
160 pages
Delcourt (03/11/2010)
4.04/5   28 notes
Résumé :

1915 fut pour Fritz Haber une année fatidique, lorsque le 22 avril il lança son ordre de lâcher la première attaque aux gaz sur le front belge. 1915 fut aussi pour ses amis et "coreligionnaires" comme Enstein, Walter Rathenau ou encore Haim Weizmann, l'année de toutes les contradictions. Empêtrée dans le plus terrible des conflits internationaux, embrumée dans les miasmes d'une idéologie nationaliste ainsi que ... >Voir plus
Que lire après Fritz Haber, Tome 3 : Un vautour, c'est déjà presque un aigle ...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une bande dessinée pour une fois ! Trois plutôt… La série Fritz Haber de David Vandermeulen est composée pour l'instant de trois volumes qui devraient être rejoint dans les années à venir par deux ou trois autres épisodes qui formeront à eux tous une biographie du chimiste allemand Fritz Haber. Les volumes déjà parus s'intitulent :
1. L'esprit du temps (2005)
2. Les Héros (2007)
3. Un vautour, c'est déjà presque un aigle… (2010)

Un peu d'histoire…
Qui est Fritz Haber ?
Né en 1868, ce chimiste allemand était un homme plein d'ambition et il fut l'un des premiers à réfléchir sur le développement de l'industrie chimique et l'utilité de cette science pour la guerre : on l'appellera le « père de l'arme chimique », celui qui travailla sur les gaz toxiques (le chlore notamment) utilisés durant la Première Guerre Mondiale. Nationaliste, fier de sa nationalité, il rejeta sa judaïté qui le tourmenta longtemps pour se convertir au protestantisme. Il sut toutefois se lier d'amitié avec les figures juives, Albert Einstein (pourtant pacifiste) et Haïm Weizmann (qui deviendra président de l'État d'Israël). L'année 1915 eut pour lui un goût doux amer : d'un côté, le suicide de son épouse – chimiste également, écoeurée par ce qu'elle considérait comme une perversion de la chimie, elle désapprouvait son utilisation comme arme –, de l'autre, des victoires militaires grâce au gaz moutarde notamment. Toujours en s'interrogeant sur l'identité juive allemande. Voilà ce que racontent les trois premiers volumes.
Et après ?
En 1918, il reçoit le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la synthèse de l'ammoniac (le procédé Haber), utilisé pour les engrais et les explosifs. Continuant ses travaux sur les gaz, il mit au point le Zyklon B qui sera utilisé des années plus tard dans les chambres à gaz des camps d'extermination. Mais quand Hitler arrive au pouvoir, il écarte les juifs de la fonction publique (fonction publique à laquelle appartenaient scientifiques et universitaires) et Fritz Haber est condamné à l'exil en 1933 pour mourir un an plus tard.

Maintenant que nous sommes tous des experts en Fritz Haber, qu'en est-il de la bande dessinée ?
C'est une bande dessinée riche à tous points de vue. Graphique, c'est un véritable régal pour les yeux (j'ai d'ailleurs eu l'occasion de voir une cinquantaine de superbes originaux en lavis javel et encre sépia ainsi que des agrandissements qui avaient déjà été exposés à Angoulême, à Lausanne ou encore à Aix-en-Provence. Magnifique). Historique, l'érudition et la réflexion sont exceptionnelles ; les dialogues sont fidèles aux écrits des grands personnages.
Mais ce n'est pas une oeuvre qui se laisse aborder facilement ; ce n'est pas une BD que l'on peut lire en deux minutes. le dessin, blanc et sépia, est réaliste, mais parfois flou, ce qui offre des contrastes surprenants. Contrastes engendrés également par les tâches lumineuses créées par la javel sur les aquarelles sépia. David Vandermeulen ne place pas ses dialogues dans des bulles, mais dans des cases totalement rédigées ou bien sous forme de sous-titres. Ensuite, chaque début de chapitre possède sa citation (littéraire, philosophique, historique…) et pour étudier à fond la bande dessinée, il faudrait se pencher sur chaque citation et la mettre en relation avec ce qui suit. Un autre point un peu ardu de la bande dessinée est le parallèle fait entre la vie de Fritz Haber et celle de Siegfried, le héros des Nibelungen : j'ai été très surprise quand, sans un mot, je me suis retrouvée face à des planches mettant en scène un homme à cheval ! Mais cette comparaison ne fait qu'augmenter la qualité de la bande dessinée. David Vandermeulen a décidément placé la barre très très haut…

Un chef d'oeuvre graphique et historique qui éclaire un personnage clé mais trop ignoré et trop méconnu.

Le site dédié à Fritz Haber créé par David Vandermeulen : editions-delcourt.fr/fritzhaber
Le blog de l'auteur sur Fritz Haber : fritz-haber.over-blog.com
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Savez-vous ce qu'est le mouvement völkisch ? l'Organisation Consul ? la BASF ? Savez-vous qui est Adolf Roth ? Si non, tenez-vous à proximité d'une source de renseignements pour vous accompagner dans la lecture exigeante de ce troisième volume de la série [b]Fritz Haber[/b] : si l'aspect divertissant n'est jamais exclu, l'aspect documentaire domine toutefois la genèse de cet album enrichissant.
Le graphisme, dans la continuité du propos, se veut d'une sobriété à l'image des années évoquées. Ambiance sépia et sans phylactères : les textes sont rapportés en bas des cases ou dans des cases à part, à la manière des titrages de films muets.


Chaque début de chapitre est introduit par la citation d'un écrivain, d'un homme politique ou d'un scientifique allemand, précurseur ou contemporain de l'époque, qui enrichit la compréhension du chapitre à venir ainsi que l'évolution historique et politique du pays :


« Ainsi va le monde : personne ne sait ce qu'on pourra faire un jour des choses. L'ouvrier qui a posé ces vitres ne pensait assurément pas que le plomb pourrait causer un violent mal de tête à l'un de ses arrière-neveux (et quand mon père m'engendra, au diable s'il se demande qui, des oiseaux du ciel ou des vers de la terre, mangerait ma carcasse !) »
Goethe, Götz de Berlichingen


L'écriture en elle-même ne s'embarrasse pas de bavardages inutiles. Les dialogues sont brefs et percutants, même s'ils s'autorisent parfois de beaux développements un peu plus imagés, vecteurs d'émotions intenses qui s'accordent à merveille avec le dessin et l'ambiance de l'album.


Troisième volume, mais aucune faiblesse à dénoter. La suite promet d'être tout aussi enthousiasmante…
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Ce troisième tome avance lentement mais inexorablement pour arriver à la date fatidique du 22 avril 1915. En ce jour, le désormais capitaine Fritz Haber lance pour la première fois une attaque au chlore sur les tranchées françaises. le nuage, porté par un vent favorable espéré depuis des semaines par le grand chimiste, sème la mort sur son passage.

Je ne sais pas ce qui est le plus effarant dans ce tome au sous-titre évocateur : l'attitude de Haber et de quelques autres, prêts à jouer les dératiseurs sur leurs semblables, ou celle des "vrais" militaires ne jurant que par les canons et les obus. Comme s'il y avait une bonne ou une meilleure façon de tuer un humain.

Albert Einstein et Romain Rolland sont les seuls, sur la fin du tome, à sembler avoir l'esprit clair. La critique va bon train, et l'on désirerait que leur discussion dure encore un peu ! La fin est un peu abrupte mais permet de redonner un petit peu d'espoir en l'humanité. Même si la montée inexorable de l'antisémitisme laisse prévoir le pire.
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Ce tome 3 est très graphique et peut-être mieux réussi que le premier tome. Fritz haber à mis en place un gaz provocant de gros dégâts et pouvant être utilisé dans la guerre des tranchées. On semble considéré ce scientifique à sa juste valeur et une opération va être menée dans les Flandre. Ypres deviendra tristement célèbre avec l'utilisation de gaz pour la première fois dans cette guerre. Avec cette bd on découvre les dessous de l'utilisation de l'hyperite.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
S'il est vrai que les historiens et les philologues sont pour la plupart des chauvins enragés, je crois un peu plus en les scientifiques et en les mathématiciens. Ils sont bien plus internationalistes [...]
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Seuls quelques rares buissons retiennent encore de petits halos de gaz fluorescents. Un épouvantable silence s’impose. Dans le no man’s land, on n’entend plus que les bottes allemandes foulant et écrasant la mort. Partout l’on découvre des cadavres d’oiseaux, de lapins, de taupes, de rats ; tous ces animaux qui, pour mourir, ont quitté leurs repaires.
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À Rome, comme partout ailleurs, au début de la civilisation, celui qui forge le soc et l'épée est tenu en même estime que celui que les manie.
Theodor Mommsen
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« Ainsi va le monde : personne ne sait ce qu’on pourra faire un jour des choses. L’ouvrier qui a posé ces vitres ne pensait assurément pas que le plomb pourrait causer un violent mal de tête à l’un de ses arrière-neveux (et quand mon père m’engendra, au diable s’il se demanda qui, des oiseaux du ciel ou des vers de la terre, mangerait ma carcasse !) »

Goethe, Götz de Berlichingen
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Le nationalisme allemand est une maladie infantile, c'est la rougeole de l'humanité !
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