Or, Rabelais a conçu avec Thélème un projet de société où la liberté et l'affinement des mœurs éradiqueront la barbarie des fanatismes religieux, idéologiques et marchands plus sûrement que le grand nettoyage d'Hercule et la foudre de Jupiter invoqués par Pantagruel.
Nous vivons dans un monde à l’envers, agissant à rebours de nos plus chers désirs, tournant l’amour en haine, engageant dans l’anéantissement de la maison du monde l’énergie que nous méditions d’employer à la bâtir, nous complaisant dans un cauchemar dont la logique absurde prescrit de rêver encore que nous nous éveillerons un jour.
La science a noyé sa conscience dans les eaux de la rentabilité. La connaissance n’est plus que la reconnaissance financière qui en escomptera les effets sur le marché. « Science sans conscience, disait déjà Pantagruel, n’est que ruine de l’âme. »
Au prétendu christianisme des origines, il préfère la Bonne Nouvelle prêchée par Pantagruel et ses apôtres avec une saine simplicité : " Buvez, mangez, faites l'amour et soyez heureux. "
En fait, Rabelais se situe bien au-delà de la révolution culturelle qu’il salue avec enthousiasme. L’air que souffle son œuvre est assez frais pour vivifier les temps à venir.
Le 22.05.18, Thibault Henneton recevait Gérard Berréby dans "À voix nue" (France Culture), pour un entretien en cinq parties :
"Gérard Berréby vit de petits boulots et se met en quête : que faisaient les Guy Debord, Raoul Vaneigem et consorts avant 1968 ?
Sa première rencontre, c?est avec le poète et plasticien Gil Joseph Wolman, membre fondateur de l?Internationale lettriste : point de départ d?une généalogie des avant-gardes qui le conduira à rassembler et publier, en 1985, ses Documents relatifs à la fondation de l?Internationale situationniste. Ce qui n?a pas plu à tout le monde."
Photo : Gérard Berréby et Ralph Rumney à Cosio d'Arroscia. © Pauline Langlois.
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