Or, Rabelais a conçu avec Thélème un projet de société où la liberté et l'affinement des mœurs éradiqueront la barbarie des fanatismes religieux, idéologiques et marchands plus sûrement que le grand nettoyage d'Hercule et la foudre de Jupiter invoqués par Pantagruel.
Toute guerre est d’abord une guerre menée contre soi-même
"Qui boit comme un moine, meurt verge roide."
Rabelais
Au prétendu christianisme des origines, il préfère la Bonne Nouvelle prêchée par Pantagruel et ses apôtres avec une saine simplicité : " Buvez, mangez, faites l'amour et soyez heureux. "
Nous vivons dans un monde à l’envers, agissant à rebours de nos plus chers désirs, tournant l’amour en haine, engageant dans l’anéantissement de la maison du monde l’énergie que nous méditions d’employer à la bâtir, nous complaisant dans un cauchemar dont la logique absurde prescrit de rêver encore que nous nous éveillerons un jour.
La science a noyé sa conscience dans les eaux de la rentabilité. La connaissance n’est plus que la reconnaissance financière qui en escomptera les effets sur le marché. « Science sans conscience, disait déjà Pantagruel, n’est que ruine de l’âme. »
En fait, Rabelais se situe bien au-delà de la révolution culturelle qu’il salue avec enthousiasme. L’air que souffle son œuvre est assez frais pour vivifier les temps à venir.
L’argent achète les consciences et garantit au marché, où la planète est vendue à l’encan, la caution d’une servilité rarement attestée à un tel degré dans notre histoire.