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Critique de Bequelune


Lu il y a 10 ans, ce livre m'avait vraiment enthousiasmé. Je viens de retrouver ce texte (une note de lecture sous forme originale) écrite il y a plusieurs années. Un livre qui peut être d'actualité avec les événements des Gilets jaunes.

"On raconte qu'il y a des bouquins qui peuvent mettre le feu aux poudres. Assis sur un tas de pavés, appuyé contre la carcasse brûlée d'une voiture de police, je gribouille quelques notes. J'avais eu connaissance d'une brochure distribuée un an et demi avant Mai 68, de la misère en milieu étudiant, et là, tu viens de me faire découvrir un livre entier, publié en 1967, dans le même état d'esprit de révolte insouciante, de joie de vivre revendiquée. Un manuscrit qui s'appelle Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, d'un certain Raoul Vaneigem, prof de philologie déchu et révolutionnaire romantique.

On raconte qu'il y a des bouquins qui ne se lisent pas du premier au dernier mot. le Traité de savoir-vivre est le genre de livres qui peut se commencer à n'importe quelle page. « Le meilleur ordre d'un livre, c'est de n'en avoir pas », affirme son auteur. Ce n'est pourtant ni un dictionnaire ni une encyclopédie ; il s'approche peut-être davantage d'un recueil de poèmes, ou d'un spicilège de slogans. le Traité se compose de deux parties qu'il faudrait lire de façon simultanée : la perspective du pouvoir appelant à un renversement de perspectives.

On raconte qu'il y a des bouquins qui ont le pouvoir de vous faire changer de regard sur le monde. Celui-là en fait partie. Depuis que je l'ai lu, il me suit partout. Il est d'ailleurs dans un état pitoyable aujourd'hui, mais ce n'est pas bien grave. Ce Traité dans ma poche, c'est pour me rappeler qu'avoir le moral peut être révolutionnaire, que le négatif est l'alibi d'une résignation à n'être jamais soi.
On raconte qu'il y a des bouquins qui sont des cocktails Molotov prêts à l'emploi. La plume de Raoul Vaneigem est d'un romantisme certain, pleine d'emportements lyriques et de charges passionnées. du reste, nombre de phrases du livre peuvent être directement utilisées comme des slogans : « Vivre sans temps mort, jouir sans entrave. » ; « Il n'y a de communautaire que l'illusion d'être ensemble. » ; « Nous ne voulons pas d'un monde où la certitude de ne pas mourir de faim s'échange contre le risque de mourir d'ennui. »

Après avoir feuilleté ce bouquin, je me suis renseigné sur l'Internationale situationniste, à laquelle avait appartenu Raoul Vaneigem dans sa jeunesse. Rapprochant plusieurs artistes politisés – notamment les lettristes –, des théoriciens et des libres penseurs, les écrits de cette Internationale révolutionnaire ont, parait-il, beaucoup influencé Mai 68. Je note que Guy Debord et sa Société du spectacle ou Noël Godin et son mouvement des entarteurs participent aussi de cette guérilla joyeuse."
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