Les morts qui tendraient les bras vers nous, dans le besoin, c'est faux. C'est nous qui tendons les bras dans leur direction, dans l'espoir de nous retrouver en eux.
Tout est possible avec un parent. Les parents sont des dieux. Ils nous font et nous détruisent. Ils déforment le monde, le recréent à leur manière et c'est ce monde-là qu'on connaît ensuite, pour toujours. C'est le seul monde. On est incapable de voir à quoi d'autre il pourrait ressembler.
Le pire, dans l'enfance, c'est de ne pas savoir que les mauvais moments ont une fin, que le temps passe. Un instant terrible pour un enfant plane avec une sorte d'éternité, insoutenable.
Que sommes nous tenus de rembourser pour ce qui s'est déroulé avant nous, dans les générations passées ?
Il y a des choses que les adultes appellent des attentes, ce qui signifie qu'on n'obtient jamais ce qu'on veut, et d'ailleurs, on ne l'obtient pas justement parce qu'on en a envie.
Bienvenue dans le monde adulte, tu y entreras bientôt. Je travaille pour pouvoir travailler davantage. J'essaie de ne rien désirer dans l'espoir d'obtenir quelque chose. Je m'affame pour être moins et plus. J'essaie d'être libre pour pouvoir être seule.
Tout est possible avec un parent. Les parents sont des dieux. Ils nous font et nous détruisent. Ils déforment le monde, le recréent à leur manière et c'est ce monde-là qu'on connaît ensuite, pour toujours. C'est le seul monde. On est incapable de voir à quoi d'autre il pourrait ressembler.
Ce sont les meilleures questions, celles qui restent sans réponse.
Nous sommes nous mêmes soumis à une évolution, chacun de nous progressant d'une vision du monde à une autre, chaque âge oubliant le précédant, chaque esprit effacé. Nous ne voyons plus du tout le monde.
" Je faisais sans cesse des cauchemars dans lesquels elle était sous une grue au port, et un énorme conteneur fendait les airs au-dessus de sa tête. Nous savons que les poissons montent toujours la garde, cachés à l’entrée d’une grotte ou dans les algues, ou accrochés au corail afin de se rendre invisibles. Leur fin peut arriver de tous côtés, d’un instant à l’autre, une bouche plus grande qui jaillit de la pénombre et tout est aussitôt terminé. Mais n’en est-il pas de même pour nous ? Un accident de voiture à n’importe quel moment, une crise cardiaque, une maladie, un conteneur qui se détache et tombe du ciel, ma mère en contrebas qui ne lève même pas les yeux, qui ne voit ni ne sent rien, juste la fin. Le vieil homme me posa la main sur l’épaule. Tout va bien, dit-il. Tu es en sécurité."