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3,73

sur 678 notes
Laissez-vous emporter dans l‘univers sombre et hostile de cet écrivain hors du commun. Dans une ambiance froide, brutale et terrifiante, on assiste, impuissant, au naufrage de relations amoureuses dont on devine avec horreur l'issue tragique et inéluctable.

Le froid polaire semble avoir glacé les habitants d'Alaska. Enfermés dans leur morosité, prisonniers de leurs échecs, leurs pitoyables gesticulations sont autant de vaines tentatives pour forcer le destin, telles des abeilles engluées dans le miel. Prisonniers consentants de relations amoureuses désolantes, mari et femme finissent par se retourner l'un contre l'autre et se détruire mutuellement.

Désolations, c'est aussi une réflexion sur la notion de responsabilité face à son destin, sa vie, son bonheur. Jusqu'où puis-je entrainer l'autre dans mes errances? Qui accabler pour l'échec de ma vie? Torturer mon conjoint et mes enfants permet-il d'évacuer l'agressivité que nourrissent l'amertume et le désespoir? Mari, femme, enfants, personne n'échappe à la vindicte de ces personnages noyés dans leur mal-être.

Quant aux talents de l'écrivain, ils sont indéniables. Quel auteur peut encore se targuer de maîtriser suffisamment les codes narratifs et littéraires pour créer son propre style? Dans ce roman, les dialogues se fondent dans la narration, aucun des échanges n'est mis en exergue, comme pour mieux marquer la dissolution des personnages dans leur environnement et leur impossible maîtrise des évènements. Porté par l'intrigue, l'auteur est phagocyté par ses personnages, le dénouement lui échappe, et on sombre avec lui dans un tourbillon infernal.
Lien : http://litteratureetchocolat..
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Désolations de David Vann est un livre très noir.
Au fin de fond de l'Alaska, on trouve Gary et Irene, la soixantaine, retraités, leurs deux enfants élévés et adultes.
Gary n'a plus qu'une obsession : construire sa cabane sur une Ile en face de chez eux.
Irène est prête à le suivre, mais en lui faisant continuellement des reproches et ses maux de têtes perpétuels ne vont pas arranger les choses.
La météo de l'Alaska, pluie, vent, neige ne vont pas les aider non plus.
On suit également leurs deux enfants qui sont restés à proximité : le fils Mark pêcheur et drogué et Rhoda qui rêve d'un mariage avec un riche dentiste mais qui voit l'enlisement des relations de ses parents et essaie de les aider.
Les personnages sont très intéressants, on voit leur plongée dans un peu plus d'obstination à chaque chapitre. Les paysages d'Alaska sont très bien décrits et on s'y croirait dans ces paysages hostiles.
La fin est prévisible mais ça n'empêche pas d'être très impatient pour la découvrir.
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Deuxième livre que je lis de cet auteur après [u]Sukkwan Island[/u] et seconde fois où je prends un plaisir certain grâce à David Vann. En Alaska nous suivons les réflexions et les moments cruciaux d'une famille et de leurs conjoints. Inutile d'en dire plus il ne faut pas dévoiler l'évolution du récit.
Roman chorale en contraste avec [u]Sukkwan Island[/u] qui était en quelque sorte un huis clos à ciel ouvert, nous assistons avec une certaine distance à des situations et des pensées complexes de personnages qui en viennent à devoir faire des choix décisifs. Toujours avec un style simple et efficace David Vann a réussi à me plonger dans cette histoire, à me décrire la complexité de la psychologie de chaque personnage qui ont tous une importance fondamentale. On les plaint, on les soutient, on les condamne et tout ceci spontanément sans vraiment parvenir à un jugement définitif ou à un avis arrêté. J'ai pensé aux [u]Corrections[/u] de Franzen car il existe aussi ici une certaine approche sociologique qui est très intéressante. Une certaine critique de la classe aisée, une critique du rapport à la nature, une critique du rapport à l'argent également. Tout ceci ponctué par des descriptions agréables des paysages de l'Alaska. Une vraie réussite.
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Encore une fois, l'auteur nous emmène dans des contrées glacées, voire désolées, tellement la vie y semble rude pour les personnages qu'il choisit de nous présenter.
Gary et Irène, un couple d'une cinquantaine d'années habitent sur les rives d'un lac en Alaska et projettent de construire une cabane en rondins au beau milieu d'une île isolée, et ce, alors que l'hiver est déjà là et qu'Irène est de plus en plus souvent malade.
Leur fille, Rhoda, la trentaine, essaie quant à elle de s'accrocher à ses rêves d'une vie de famille idéale en dépit des interrogations du futur mari, et leur fils, pêcheur saisonnier, passe tous ses hivers à fumer des joints.

Nous les regardons se débattre contre leurs sentiments, leurs angoisses et surtout contre les éléments, dans cette région où la nature peut être très hostile si on ne la respecte pas.
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On retrouve le même style minimaliste et sans fioriture qui se concentre sur l'essentiel, à savoir le devenir d'un couple en dérive et de ceux qui les entoure (leurs deux enfants et leurs partenaires). Mais c'est bien là le seul point commun avec Sukkwan Island, même l'environnement y est moins hostile. Ca ne foisonne pas d'action (loin s'en faut) et pourtant on ne s'ennuie pas une minute tandis que l'auteur nous fait partager le quotidien et les pensées de ses personnages. C'en est presque jubilatoire de voir la haine s'installer progressivement entre Gary et Irene, n'y voyez pas là un plaisir sadique, c'est juste la plume de David Vann qui excelle à alourdir le climat sans concessions, ni parti pris.

Si Gary et Irene sont d'accord pour dire qu'ils n'ont pas vécu la vie qu'ils espéraient chacun en rejette la faute sur l'autre, d'abord en ruminant ses regrets dans son coin, puis peu à peu en se les balançant à la gueule de plus en plus crûment. Il n'y a aucune violence physique mais parfois les mots peuvent faire plus de mal qu'une gifle, et avec le temps le mal se gangrène dans le coeur et l'esprit, la rancoeur, poussée à son paroxysme, ne peut que déboucher sur une issue fatale. Et c'est le cas ici, on devine que ça finira mal et l'on regarde le couple s'enfoncer jusqu'au point de non retour, jusqu'à l'irréparable.

Si le bouquin est moins « dérangeant » et moins « percutant » que Sukkwan Island il n'en reste pas moins agréable à lire, comme pour son prédécesseur à éviter toutefois en période de blues à l'âme…
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On n'avait pas cédé aux sirènes de Sukkwan Island, le précédent roman de David Vann : trop d'engouement, trop de ferveur sur les blogs, l'effet de mode nous avait paru suspect.
Mais on ne pouvait pas bouder trop longtemps et le pitch de son second roman, Désolations, semblait prometteur.
Au fin de fond de l'Alaska, Gary et Irene sont à la retraite, leurs gosses élevés et devenus adultes.
Gary n'a plus qu'une obsession : construire sa cabane sur Caribou Island (c'est le titre en VO), l'île perdue au milieu du lac en face de chez eux.
Irene est prête à la suivre, tout, même la folie de Gary, plutôt que d'être abandonnée à nouveau (elle ne s'est jamais remise de la fuite de son père et de la pendaison de sa mère).
Dès les premières pages tout est dit : on sait qu'on va accompagner ce vieux couple finissant dans une lente mais certaine descente aux enfers, jusqu'à un dénouement qui ne pourra être que tragique.
Bientôt Irene sera prise de maux de tête terribles, qu'on devine psychosomatiques. Tous deux s'entêtent, chacun de son côté, Gary à bâtir sa cabane de travers, Irene à ne pas le lâcher pour ne pas lui laisser l'occasion de la planter sur la rive.
Et pour être sûr que cette histoire soit vraiment terrible, David Vann va nous emmener chez lui en Alaska.
Un pays de désolation. Pluies, neiges, vents et moustiques. Un pays de pêcheurs : à la ligne ou au chalut, mais David Vann ne nous donne certainement pas envie d'aller pêcher le saumon avec eux ! Rien à voir, par exemple, avec la pêche de la truite à la mouche dans le Maine où nous conviait William G. Tapply (dans la même collection). le Maine c'est quand tu veux, mais l'Alaska sûrement pas !
Autour de Gary et Irene, leurs deux enfants qui sont restés à proximité : le fils Mark plante de la marie-jeanne dans son jardin, Rhoda quant à elle rêve d'un mariage avec un riche dentiste qui court le jupon. On se dit qu'ils ont des excuses, ils vivent en Alaska.
Voilà pour l'histoire et son décor.
Reste le bouquin de David Vann : passées les premières pages, c'est terrible. On dévore ce bouquin à vive allure, impossible de le reposer, c'est pire qu'un polar. L'obsession de Gary, pourchassé par les muets reproches de sa sorcière de femme, est devenue la notre. On partage les affres d'Irene qui s'obstine à sauver son couple et à suivre son abruti de mari. Tous les personnages, couple, enfants, conjoints, sont attachants, épais et vrais. On croit prendre parti pour l'un ou l'autre, on aimerait bien s'identifier à quelqu'un, ne serait-ce qu'un demi-héros, mais le chapitre suivant le dépeint sous un jour encore plus sombre et plus désolant. Même Rhoda la fille qui nous paraissait longtemps bien sympathique.
David Vann écrit là où ça fait mal. Et il écrit bien. Vraiment très bien.
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Irène et Gary sont un couple à l'aube d'une nouvelle étape: ils ont eu deux enfants, devenus adultes, ont mené une vie de couple avec ses hauts et ses bas, mais là, Gary a décidé de réaliser le rêve de sa vie: bâtir une cabane sur une île du lac au bord duquel ils vivent, en Alaska, et y habiter "à la dure". Irène le suit plutôt contrainte et forcée, affaiblie par d'étranges migraines. Un ressentiment mutuel va se manifester entre les époux, elle, car elle voit bien le manque de préparation dans ce projet, forcée d'obéir sans discuter, lui, frustré par la faiblesse de sa femme, à qui il reproche de ralentir son travail.
Un hiver précoce fragilise encore plus cette entreprise, et on se retrouve à assister, impuissant, à la dure prise de conscience de leurs limites.
En parallèle, on suit aussi les atermoiements des deux enfants du couple, car chez David Vann, on est quasi constamment dans le désespoir, et les rancoeurs. J'ai encore une fois beaucoup aimé la montée en tension très maîtrisée, les descriptions de la nature hostile qui nous laissent presque transis, la galerie de personnages désabusés, tourmentés par l'insatisfaction. L'univers de David Vann: un puits sans fond, noir, dans lequel je m'engouffre avec plaisir !
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Dans ce roman, le lecteur est amené à suivre la lente descente aux enfers d'une famille.
Il y a le frère, un peu marginal, qui a pris ses distances avec sa famille. Il y a la soeur dont la vie personnelle n'est pas un succès. Il y a aussi le père qui regrette ses choix et aimerait pouvoir vivre comme il le souhaite maintenant la retraite venue et comme il le souhaite c'est isolé de tout dans une cabane rudimentaire construite de ses mains. Et puis il y a la mère, personnage central dont les maux de têtes inexpliquées rendent le quotidien insupportable.
Et puis il y a la nature hostile.
Pour ce qui est du style j'ai eu un peu de mal avec les phrases nominales et l'absence de marque de ponctuation pour les dialogues. Mais David Vann excelle en revanche dans l'art de créer des ambiances pesantes qui laisse le lecteur dans l'attente du moment où tout va basculer (ce qui arrive un peu tard pour ma part dans ce roman).
Désolation c'est un peu le sentiment des personnages sur leur vie,c'est aussi le regard d'Irene sur son environnement et cela n'a pas été le grand frisson pour moi...
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Après Sukkwan Island, dans Désolations , David Vann nous emmène une fois de plus en Alaska, région qui l'a vu naître et qui reste indéniablement pour lui une source d'inspiration.
Les paysages de l'Alaska et la nature dure et immuable sont les témoins silencieux des petits et grands drames qui se nouent. Pourtant ce n'est pas tant à cette nature sauvage que se heurtent les personnages, mais plutôt à la nature humaine bien plus impitoyable.
David Vann excelle dans la description des tensions interpersonnelles sous-jacentes. le mal-être entre proches est le coeur de ce roman riche en non-dits, en tromperies et en paranoïa.
Il n'y a pas dans Désolations de moment choc, de tournant comme dans Sukkwan Island. C'est pire : la tristesse et la mélancolie sont présentes tout le long du roman jusqu'au dénouement. Pas de happy end ! On partage la vie des personnages, leurs souffrances. On sent la tragédie s'installer et s'amplifier. Pourtant on continue, tels des voyeurs faisant leur introspection, désireux de savoir comment les personnages vont gérer les situations conflictuelles et quelle aurait été notre attitude.
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Est-ce que l'amour, c'est suivre l'autre même si on pense que ses idées, ses projets sont complètement fous ? Ou bien agit-on juste par peur de se rebeller, de dire enfin non, et sans doute, de voir se rompre d'un coup les années de vie commune et de partage ?

Une question que se pose Irène, qui accepte de suivre Gary et de l'aider à construire la cabane dont il rêve sur Caribou Island en Alaska, une île perdue et inhabitée, inhospitalière au possible. Les éléments se déchaînent contre eux et elle est consciente que cette cabane n'est pour son mari qu'une fuite en avant de plus, une utopie à laquelle se raccrocher pour (se) faire croire qu'il est capable de réaliser ses rêves. Mais Irène s'accroche, au péril même de sa vie. Des maux de têtes insupportables l'assaillent qui la laissent épuisée, quasiment aveugle et impotente, mais elle participe à l'obsession de la cabane comme un automate qu'on n'arriverait pas à débrancher…

Leur fille observe et ne comprend pas ses parents, mais a déjà bien du mal à s'occuper de son propre couple vacillant pour leur apporter son aide, qui n'est de toute façon pas souhaitée.

Pas de page 113 ici, la fameuse page qui nous a fait sursauter dans Sukkwan Island. Mais une lente montée de la folie et du drame qui pèse, pèse… Si j'ai beaucoup aimé ce roman, il m'a cependant paru extrêmement déprimant. Vous le savez, amis lecteurs, j'ai un mal fou avec les gens qui se laissent vivre, qui se laissent mener par le bout du nez et acceptent leur propre malheur sans ruer dans les brancards. Cette Irène, comme j'avais envie de la secouer, de lui botter les fesses en lui disant « barre toi, mais barre toi de là, ton homme aura ta perte ! ». Rhoda également se voile la face… de même que le père. Chacun d'eux continue sur une voie qu'il sait périlleuse, dangereuse, mais ne veut pas s'en détourner, accepter qu'on puisse se tromper, et renoncer parfois aussi par sagesse.

Ici, on est seul face à la nature, qui n'a rien d'accueillant et de chaleureux. Mais les protagonistes de l'histoire sont également seuls face à eux-mêmes, dans leur folie, dans leur obsession, leur volonté bornée. La désolation, c'est celle du paysage aride et violent, mais aussi celle des coeurs, secs et racornis. C'est l'angoisse insidieuse qui monte au fil des pages, qui se diffuse dans les pensées, qui fait craindre le pire. C'est la menace de la tragédie qui plane sur les têtes, l'attente d'une fin inévitablement violente et malheureuse, implacable et à laquelle il est vain de tenter d'échapper…

La virginité du territoire, de cette île isolée pourra-t-elle rendre jeunesse et amour au couple ? La vie au contact de la nature les ramènera-t-elle vers leurs racines ? C'est ce que veut croire Gary, mais la nature ici est rebelle et sauvage et ne s'en laisse pas conter…

Un roman magnifique, mais bien désolant. Tant de gâchis dans les vies…

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