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3,78

sur 3607 notes
Ami neurasthénique en quête d'aventures primesautières susceptibles d'apaiser les tourments de ton moi intérieur... passe au large, oublie Sukkwan island et va t'inscrire chez les scouts.

Certes il est ici question de paysages préservés, de vie au grand air, youkaïdi youkaïda, de chasse à l'ours et de pêche au saumon qui pourraient, dans un premier temps, faire passer ce récit pour un hymne paisible à la nature sauvage et rebelle de l'Alaska profonde. Nenni, car paradoxalement, au coeur de ce territoire vaste et pur, prend place un huis clos suffocant, un tête-à-tête mortifère entre un jeune garçon et son père, un peu fragile de la cafetière, le père, on s'en apercevra bientôt. Les paysages pré-cités ne seront plus alors qu'un (magnifique) décor pour de glaçantes péripéties dont j'aurai le bon goût de taire – ne me remerciez pas – le déroulement implacable et l'issue non moins sordide.

Difficile d'adorer un livre à la noirceur aussi... réfrigérante, mais difficile aussi de ne pas l'apprécier tant on devine ce que l'auteur a dû extraire de ses tripes pour livrer une histoire aussi sombre et asphyxiante. Alors, pour ceux qui ne l'ont pas encore lue, faites-vous donc votre propre opinion, mais accrochez-vous un peu quand même, on n'est pas chez les Teletubbies là.


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Je referme ce livre les mains tremblantes. Je suis dans mon jardin, j'ai un peu froid et soudain une branche qui grince sous l'effet du vent me fait sursauter. le monde réel se redessine peu à peu autour de moi mais je suis encore sous le choc de ce que je viens de lire. Sombre histoire dont il ne faut rien révéler si ce n'est l'intensité et la noirceur des pages qui vous attendent. Une plongée troublante jusqu'aux tréfonds de l'âme humaine.
C'est avec une écriture fine, précise, des descriptions quasi cliniques que David Vann nous raconte le drame de ce père et de son fils partis pour un an sur une île déserte en Alaska. le père fragile, bien loin du "héros au regard si doux" dont rêvent les petits garçons. le fils de treize ans, qui parle peu mais qui voit et entend tout. Deux inconnus face à face...
C'est merveilleusement construit, David Vann instillant le poison dès les premières pages du récit. L'angoisse monte peu à peu et nous étreint. Nous sommes captifs, pris au piège de ce roman vénéneux.
A partir de là, rien ne nous sera épargné, ni le sang ni les petits arrangements que chacun fait pour vivre avec ses faiblesses. Une lecture aux frontières du dégoût parfois mais qui nous hypnotise, comme lorsqu'on ne peut détacher nos yeux de l'araignée en train de dévorer sa proie.
Autre témoin privilégié de ce drame, présente à chaque page, la sublime et inquiétante Nature. Cet Alaska qui nous fait tant rêver et laisse entendre la musique d'Into the wild". Nous sommes plongés au coeur de ces paysages grandioses et l'on sent le froid qui peu à peu nous envahit. Lacs et neige évoquent la pureté des origines. Perdu au milieu de cet Eden, un homme qui fuit, qui se fuit, depuis toujours, ayant à jamais perdu l'innocence, sans que jamais il n'y ait la possibilité du pardon.
Ce livre, je l'ai refermé avec tristesse. Combien de romans agréables mais sans plus relirais-je avant de retrouver cet éblouissement? Puissant et envoûtant, Sukkwan Island a la fulgurance des grandes oeuvres, de celles que l'on n'oublie pas...


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C'est après avoir lu « Blizzard » de Marie Vingtras, que j'ai eu envie de lire cet autre huis-clos à ciel ouvert sur les terres hostiles de l'Alaska. J'avais déjà été séduit par « Aquarium » de l'auteur, mais pour une inexplicable raison, je n'avais pas encore lu ce best-seller, Prix Médicis étranger 2010, qui a révélé l'auteur.

« Sukkwan Island » est une île isolée du sud de l'Alaska, où Jim décide d'acheter une cabane, afin d'y passer du temps avec son fils de 13 ans. Conscient d'avoir totalement loupé sa vie et éprouvant le besoin de prendre du recul, il espère pouvoir se débarrasser de ses démons intérieurs tout en renouant avec ce fils qu'il a négligé aux fils des divorces. Un séjour de quelques mois sur cette île déserte qui s'annonce physiquement… et mentalement éprouvant !

Si comme cet homme divorcé vous vous attendez à une bonne dose de nature writing, parsemé de complicité entre un père et son fils pêchant le saumon et coupant du bois pour affronter l'hiver, passez votre chemin car c'est bel et bien un huis-clos particulièrement sombre que nous sert David Vann. le calme et le silence sont certes au rendez-vous de cette vie au grand air, mais les silences et les non-dits entre cet adulte brisé et cet ado qui se cherche encore créent immédiatement une ambiance pesante qui n'annonce rien de bon… et fait même craindre le pire !

Dès les premières pages, le lecteur se sent mal à l'aise en compagnie de cet homme dépressif et pitoyable, puis accompagne cette descente aux enfers angoissante au coeur d'une névrose qui n'épargne rien ni personne. Malgré le grand air, j'ai terminé ce voyage dévastateur qui nous plonge jusqu'aux tréfonds de l'âme humaine totalement asphyxié. J'ai par contre trouvé que la première partie du roman, dont la conclusion m'a laissé bouche bée, se suffisait à elle-même et que la deuxième partie poussait le bouchon inutilement trop loin.
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Prix Médicis étranger 2010, “Sukkwan Island” de l'écrivain américain David Vann pourrait bien être ma principale déconvenue littéraire 2015 !

Ce petit livre commence alors qu'un homme dans la force de l'âge et son fils de treize ans amerrissent à proximité d'un îlot perdu de l'Alaska, leur nouveau lieu de villégiature.
Jim a éprouvé le besoin de prendre un peu de recul avec son métier de dentiste et est impatient de découvrir en compagnie de Roy cet endroit sauvage peuplé de cerfs, d'élans, de mouflons et d'ours. La cabane achetée en même temps que le terrain est vétuste mais ils ont largement le temps de la retaper avant l'hiver…

L'hydravion est à peine reparti, laissant seuls Jim et Roy, que le lecteur s'interroge déjà sur le peu de cohérence de la situation : les parents de Roy ont en effet divorcé plusieurs années auparavant et sa maman bénéficie depuis lors de la garde de leurs deux enfants. Bien que connaissant mieux que quiconque la fragilité mentale de son ex-époux, elle a accepté que Roy s'isole une année entière avec son père dans cet endroit aussi inaccessible que dangereux.
Qui peut croire une seconde à la vraisemblance d'une entrée en matière aussi farfelue ?

Quel soulagement de refermer trois heures plus tard ce bouquin nauséeux au possible, de quitter un personnage principal antipathique, pleutre, passant une grande partie de son temps à s'apitoyer sur son sort, à pleurnicher et à vomir ! Il n'y a rien de positif dans ce roman truffé d'approximations, d'horreurs et d'ennui.

Un petit conseil, si je puis me permettre, aux jeunes lecteurs : “N'approchez pas des rivages particulièrement malsains de Sukkwan Island !”
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Comment un homme peut-il s'être aussi mal préparé à vivre en totale autarcie sur une île déserte avec son fils de treize ans ? Quand en plus la malchance s'ajoute au dilettantisme, à l'impression que tout se ligue contre eux, le séjour s'avère encore plus éprouvant physiquement et moralement que prévu. le retour à la nature, initialement évoqué, tourne au cauchemar pour mieux se transformer en aller simple pour le purgatoire. Bienvenue à Sukkwan Island

La première partie du roman, qui en compte deux, plante le décor, les conditions de vie, et installe la relation entre le père et le fils. Une relation qui semble inversée tant le père semble immature, instable et peu rassurant. La déception et le découragement vont crescendo jusqu'au choc incroyable, véritable cliffhanger, qui vous pousse vers la seconde partie et ne vous laisse aucun répit jusqu'à la dernière page. Véritable descente aux enfers, voyage dévastateur aux frontières du désespoir et de la folie, qui nous conduit vers une issue qui semble irrémédiablement fatale.

Impossible d'en dire plus au risque de trop en dire, sinon que le drame vécu par l'auteur dans son enfance a incontestablement influencé son histoire. Elle nous donne une idée de toutes les émotions qui ont pu le traverser et le marquer, à cette époque, entre horreur et fantasmes.

Poignant, stupéfiant, addictif, un roman mémorable qui m'a tenu éveillé jusqu'au bout de la nuit.

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Jim a acheté une cabane sur Sukkwan Island, une île isolée du sud de l'Alaska. Il a décidé d'y passer un an avec Roy, son fils de 13 ans. Avant tout, il s'agit pour lui de changer de vie, de laisser le passé derrière lui et de renouer avec son fils. « Quelque part, il y a eu un mélange de culpabilité, de divorce, d'argent, d'impôts, et tout est parti en vrille. » (p. 12) Jim bouillonne de projets le jour, mais il se laisse aller au désespoir toutes les nuits et s'épanche auprès de son fils. Pour Roy, cette isolation est une folie. « Cela semblait impossible. Tout semblait impossible aux yeux de Roy, ils étaient terriblement mal préparés. » (p. 20) Mais le garçon ne veut pas laisser son père, même si sa présence lui pèse. Il pressent qu'un drame va se nouer sur cette île perdue. « Il avait l'impression qu'il était seulement en train d'essayer de survivre au rêve de son père. » (p. 99) Et quand la tragédie survient, l'étouffante Iliade familiale devient une Odyssée funeste et solitaire.

J'ai frémi à la lecture de ce huis-clos sauvage, de cette captivité en plein air. Ce tragique retour à la nature ne s'accommode pas des besoins inassouvis de Jim, ni de ses angoisses. le plus effrayant, c'est que ces deux naufragés volontaires ne domptent pas l'hostilité de la nature. En fait, ils se révèlent être l'hostilité même. Ils incarnent un danger qu'ils ne peuvent combattre. Étrangement, cette violence m'a fait du bien et j'ai lu le premier roman de David Vann en quelques heures, fascinée par les puissances troubles qui agitent les personnages. le père et le fils ne font que se manquer et les retrouvailles tant espérées surviennent trop tard. Pour cet auteur, la famille est une entité malmenée, une structure sans avenir, une source de chagrin.

Pour une fois, je suis ravie de ne pas avoir lu avec les romans d'un auteur dans l'ordre. Jim et Rhoda sont les héros de Désolations, le deuxième texte de David Vann, mais l'intrigue se situe en amont de Sukkwan Island. Au moins, les références étaient claires et les fils de l'histoire se nouent sans frustration. Dans Désolations, j'avais été subjuguée par la description de la nature. J'ai compris avec Sukkwan Island que David Vann déploie ce talent dans tous ses écrits. La nature, bien que froide et sauvage, n'est jamais l'élément le plus hostile des romans de l'auteur : ce sont les hommes qui portent et déchaînent le chaos. J'ai aimé ce roman pour sa peinture sans concession des tourments de l'homme. David Vann ne se nourrit pas d'illusions et ses textes ont la puissance des meilleurs romans noirs américains.
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SUKKWAN ISLAND
Du merveilleux au tragique. de la lumière aux ténèbres. de la blessure incommensurable de l'amour à l'inertie des corps.
L'un s'éveille et l'autre meurt, tandis qu'une force meurtrière inverse la tendance des ondes vitales.
Le fils a dit ‘non' mais la mère insiste car pour être un bon fils, il convient de dire ‘oui'. Plus tard, c'est le père qui revient avec le même leitmotiv, le même questionnement. Mais là aussi, pour être un bon fils, il faut dire ‘oui'. Oui papa ! Je veux te montrer comme je suis courageux et comme j'aurai la force et l'endurance pour cette épreuve. Même si c'est ton défi. Même si toi-même, tu n'es plus guère capable de le relever...
Mais le fils n'est plus là, déjà... Il est le père. du haut de ces treize ans, il pense, agit et vit comme un adulte.
Regarde ! Entends ! Dit le père !... Je suis si petit... C'est moi qui pleure la nuit, c'est moi qui a mal, c'est moi qui a besoin de tes conseils. C'est moi qui a besoin que tu m'élèves... Porte le haut ! Ce père... Bon ou mauvais puisque tu l'aimes. C'est ce message qui coule du récit. Bien plus que l'horreur qui s'accroît d'heure en heure. le réel ou l'irréalité du dialogue intérieur de cet homme qui nous submerge par tant d'incompréhension.
Car ce qui nous émeut, nous envahit, c'est l'image seule de ce garçon qui est privé d'enfance et auquel on inculque, si tôt déjà, cette image sombre de la vie qui n'est en rien égale à son rêve. Un rêve qui s'envole par delà l'horizon, dans un dernier élan...
Ténébreux comme un paysage d'Island, mais riche en écriture David Vann nous emmène en Alaska.
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Ayant lu récemment un livre de Sandrine Collette abordant une thématique proche, avec père et fils comme protagonistes principaux, j'ai été tenté de reprendre le livre de David Vann et de flirter à nouveau avec cette île pour essayer d'y découvrir autre chose que lors de ma première lecture.

Cette nouvelle approche m'a amené vers une vision différente de cette histoire au point d'en revoir mon appréciation et d'en écrire de nouvelles perceptions. Même si ce livre porte en lui un drame humain, j'ai mieux compris les tourments du père en les rapprochant de ceux de l'autre père, celui mis en scène dans « On était des loups ».

Finalement, les deux hommes sont accablés de tourments qui les amène à l'extrême limite, renier ou non leur paternité et devenir les auteurs d'une destinée tragique pour leur progéniture. Les deux enfants sont jeunes, celui de Sukkwan Island a treize ans et peut paraître bien plus autonome que celui de 5 ans, mais pas forcément.

Il reste le talent des auteurs, apprécié différemment par les lecteurs selon leur sensibilité. J'ai finalement du mal à les départager.

Dans Sukkwan Island, on est au coeur des décors fantastiques de l'Alaska, que je souhaitais davantage décrits, avec le même regret pour le cadre du livre de Sandrine Collette. Toutefois, David Vann a choisi l'Alaska pour situer son histoire, Sandrine Collette ne précisant pas les lieux où se développe son roman, mais les deux auteurs ont créé une tension palpable tout au long de la lecture, allant crescendo vers l'apothéose dans le dénouement.
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Autant j'ai été séduite par Aquarium autant je me retrouve perplexe à la fin de Sukkwann Island.

Une première partie au coeur d'une nature sauvage et hostile où un fils et son père se lancent dans une cohabitation solitaire durant un an sur cette petite île de l'Alaska. Ils se connaissent peu et mal. Au départ, les occupations au sein de cette île pour survivre accaparent leurs pensées. Puis doucement, la nature du père vient assombrir cette cohabitation. On sent assez vite que ce père ne tourne pas rond. Il semble obnubilé par sa vie couleurs de regrets. Il en oublie son fils Roy, treize ans et déjà si seul.

Quand arrive la deuxième partie, on se retrouve plongé sans préambule ni préparation dans un tsunami très peu compréhensible. C'est brutal, tranché et surprenant.

Que dire de ce roman ? Qu'il décrit à la perfection une atmosphère des plus mystérieuses. Anxiogène, non pas vraiment. Il y a quelque chose de dérangeant dans ce livre car rien n'est clair. C'est je pense un roman qui doit se laisser digérer après lecture. Il questionne sur beaucoup de thèmes: parentaux, les liens père-fils, l'absence, les regrets, la folie ambiante.

J'aurai pour ma part adhéré davantage à cette histoire si comme dans Aquarium, j'avais ressenti une scission entre la lumière et l'ombre avec un peu plus de clarté. Il faut aimer cogiter sur un livre pour déguster toute la finesse de Sukkwann Island. Je préfère pour ma part quand ça éclôt au grand jour sans vous laisser dans une bouillabaisse de questions. Je salue néanmoins le côté nature-writing qui est exploité avec brio.
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" Je crois que j'ai merdé Roy ". Quoi de plus naturel pour un père de vouloir passer du temps avec son fils . Jim ancien dentiste a acheté l'ile de "Sukkwan Island et part en expédition pour 1 an avec Roy son fils de 13ans.
Attention âme sensible s'abstenir. J'ai vécu un vrai cauchemar avec ce livre de David Vann. L'écrivain ne nous épargne rien, la névrose à l'état pur, la démence au bout du chemin. Je ne m'attendais pas à un tel niveau de folie.
Que dire d'autre, le style ou l'écriture ne m'a pas transporté, bref une grosse déception. J'ai un autre livre de l'auteur qui m'attend dans ma pal " Aquarium"
J'espère avoir plus de chance avec cet autre roman.
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