A la lecture des premiers mots, on sent la tragédie annoncée...
Car dès lors qu'ils posent un pied sur Sukkwen island, Roy, 13 ans, et son père, Jim, la quarantaine, semblent voués au malheur.
Enveloppés et cernés par cette nature sauvage qui semble être une menace avec ses ours, sa forêt exubérante et sa météo capricieuse, Jim et son fils vont essayer de vivre un an, isolés de tout, sur cette petite ile perdue en Alaska, avec pour seul lien avec le reste du monde, un hydravion qui viendra tous les 2-3 mois.
L'aventure, périlleuse, s'avèrerait réalisable avec de l'expérience, ou un solide bon sens. Mais le père de Roy, qui possède un peu d'expérience, n'est par contre, pas vraiment bien équipé niveau bon sens...
Ce livre, est écrit en 2 parties bien distinctes ; le point de vue de Roy, le fils, dans un premier temps, puis la voix du père, Jim, en deuxième partie. C'est un livre troublant, choquant, où chaque mot est pesé, et pèse son poids... C'est un récit à deux voix, deux âges, deux fonctionnements, si différents et pourtant tellement similaires.
L'écriture de
David Vann est simple, directe, mais poétique. Elle a quelque chose de naturel, d'évident, tout en étant dense et profonde.
On ne ressort pas indemne de cette lecture.
David Vann a 48 ans. Il a mis 10 ans pour écrire ce livre. Il est lui-même né en Alaska et a aussi vécu sur une petite ile dans son enfance.
J'ai lu ce livre en 3 jours, le lâchant parfois pour respirer, car il me semblait que je retenais mon souffle... Et j'ai eu hâte d'arriver à la fin, pour abréger mes souffrances et celles des personnages...