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3,79

sur 3646 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je referme ce livre les mains tremblantes. Je suis dans mon jardin, j'ai un peu froid et soudain une branche qui grince sous l'effet du vent me fait sursauter. le monde réel se redessine peu à peu autour de moi mais je suis encore sous le choc de ce que je viens de lire. Sombre histoire dont il ne faut rien révéler si ce n'est l'intensité et la noirceur des pages qui vous attendent. Une plongée troublante jusqu'aux tréfonds de l'âme humaine.
C'est avec une écriture fine, précise, des descriptions quasi cliniques que David Vann nous raconte le drame de ce père et de son fils partis pour un an sur une île déserte en Alaska. le père fragile, bien loin du "héros au regard si doux" dont rêvent les petits garçons. le fils de treize ans, qui parle peu mais qui voit et entend tout. Deux inconnus face à face...
C'est merveilleusement construit, David Vann instillant le poison dès les premières pages du récit. L'angoisse monte peu à peu et nous étreint. Nous sommes captifs, pris au piège de ce roman vénéneux.
A partir de là, rien ne nous sera épargné, ni le sang ni les petits arrangements que chacun fait pour vivre avec ses faiblesses. Une lecture aux frontières du dégoût parfois mais qui nous hypnotise, comme lorsqu'on ne peut détacher nos yeux de l'araignée en train de dévorer sa proie.
Autre témoin privilégié de ce drame, présente à chaque page, la sublime et inquiétante Nature. Cet Alaska qui nous fait tant rêver et laisse entendre la musique d'Into the wild". Nous sommes plongés au coeur de ces paysages grandioses et l'on sent le froid qui peu à peu nous envahit. Lacs et neige évoquent la pureté des origines. Perdu au milieu de cet Eden, un homme qui fuit, qui se fuit, depuis toujours, ayant à jamais perdu l'innocence, sans que jamais il n'y ait la possibilité du pardon.
Ce livre, je l'ai refermé avec tristesse. Combien de romans agréables mais sans plus relirais-je avant de retrouver cet éblouissement? Puissant et envoûtant, Sukkwan Island a la fulgurance des grandes oeuvres, de celles que l'on n'oublie pas...


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Comment un homme peut-il s'être aussi mal préparé à vivre en totale autarcie sur une île déserte avec son fils de treize ans ? Quand en plus la malchance s'ajoute au dilettantisme, à l'impression que tout se ligue contre eux, le séjour s'avère encore plus éprouvant physiquement et moralement que prévu. le retour à la nature, initialement évoqué, tourne au cauchemar pour mieux se transformer en aller simple pour le purgatoire. Bienvenue à Sukkwan Island

La première partie du roman, qui en compte deux, plante le décor, les conditions de vie, et installe la relation entre le père et le fils. Une relation qui semble inversée tant le père semble immature, instable et peu rassurant. La déception et le découragement vont crescendo jusqu'au choc incroyable, véritable cliffhanger, qui vous pousse vers la seconde partie et ne vous laisse aucun répit jusqu'à la dernière page. Véritable descente aux enfers, voyage dévastateur aux frontières du désespoir et de la folie, qui nous conduit vers une issue qui semble irrémédiablement fatale.

Impossible d'en dire plus au risque de trop en dire, sinon que le drame vécu par l'auteur dans son enfance a incontestablement influencé son histoire. Elle nous donne une idée de toutes les émotions qui ont pu le traverser et le marquer, à cette époque, entre horreur et fantasmes.

Poignant, stupéfiant, addictif, un roman mémorable qui m'a tenu éveillé jusqu'au bout de la nuit.

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Jim a acheté une cabane sur Sukkwan Island, une île isolée du sud de l'Alaska. Il a décidé d'y passer un an avec Roy, son fils de 13 ans. Avant tout, il s'agit pour lui de changer de vie, de laisser le passé derrière lui et de renouer avec son fils. « Quelque part, il y a eu un mélange de culpabilité, de divorce, d'argent, d'impôts, et tout est parti en vrille. » (p. 12) Jim bouillonne de projets le jour, mais il se laisse aller au désespoir toutes les nuits et s'épanche auprès de son fils. Pour Roy, cette isolation est une folie. « Cela semblait impossible. Tout semblait impossible aux yeux de Roy, ils étaient terriblement mal préparés. » (p. 20) Mais le garçon ne veut pas laisser son père, même si sa présence lui pèse. Il pressent qu'un drame va se nouer sur cette île perdue. « Il avait l'impression qu'il était seulement en train d'essayer de survivre au rêve de son père. » (p. 99) Et quand la tragédie survient, l'étouffante Iliade familiale devient une Odyssée funeste et solitaire.

J'ai frémi à la lecture de ce huis-clos sauvage, de cette captivité en plein air. Ce tragique retour à la nature ne s'accommode pas des besoins inassouvis de Jim, ni de ses angoisses. le plus effrayant, c'est que ces deux naufragés volontaires ne domptent pas l'hostilité de la nature. En fait, ils se révèlent être l'hostilité même. Ils incarnent un danger qu'ils ne peuvent combattre. Étrangement, cette violence m'a fait du bien et j'ai lu le premier roman de David Vann en quelques heures, fascinée par les puissances troubles qui agitent les personnages. le père et le fils ne font que se manquer et les retrouvailles tant espérées surviennent trop tard. Pour cet auteur, la famille est une entité malmenée, une structure sans avenir, une source de chagrin.

Pour une fois, je suis ravie de ne pas avoir lu avec les romans d'un auteur dans l'ordre. Jim et Rhoda sont les héros de Désolations, le deuxième texte de David Vann, mais l'intrigue se situe en amont de Sukkwan Island. Au moins, les références étaient claires et les fils de l'histoire se nouent sans frustration. Dans Désolations, j'avais été subjuguée par la description de la nature. J'ai compris avec Sukkwan Island que David Vann déploie ce talent dans tous ses écrits. La nature, bien que froide et sauvage, n'est jamais l'élément le plus hostile des romans de l'auteur : ce sont les hommes qui portent et déchaînent le chaos. J'ai aimé ce roman pour sa peinture sans concession des tourments de l'homme. David Vann ne se nourrit pas d'illusions et ses textes ont la puissance des meilleurs romans noirs américains.
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SUKKWAN ISLAND
Du merveilleux au tragique. de la lumière aux ténèbres. de la blessure incommensurable de l'amour à l'inertie des corps.
L'un s'éveille et l'autre meurt, tandis qu'une force meurtrière inverse la tendance des ondes vitales.
Le fils a dit ‘non' mais la mère insiste car pour être un bon fils, il convient de dire ‘oui'. Plus tard, c'est le père qui revient avec le même leitmotiv, le même questionnement. Mais là aussi, pour être un bon fils, il faut dire ‘oui'. Oui papa ! Je veux te montrer comme je suis courageux et comme j'aurai la force et l'endurance pour cette épreuve. Même si c'est ton défi. Même si toi-même, tu n'es plus guère capable de le relever...
Mais le fils n'est plus là, déjà... Il est le père. du haut de ces treize ans, il pense, agit et vit comme un adulte.
Regarde ! Entends ! Dit le père !... Je suis si petit... C'est moi qui pleure la nuit, c'est moi qui a mal, c'est moi qui a besoin de tes conseils. C'est moi qui a besoin que tu m'élèves... Porte le haut ! Ce père... Bon ou mauvais puisque tu l'aimes. C'est ce message qui coule du récit. Bien plus que l'horreur qui s'accroît d'heure en heure. le réel ou l'irréalité du dialogue intérieur de cet homme qui nous submerge par tant d'incompréhension.
Car ce qui nous émeut, nous envahit, c'est l'image seule de ce garçon qui est privé d'enfance et auquel on inculque, si tôt déjà, cette image sombre de la vie qui n'est en rien égale à son rêve. Un rêve qui s'envole par delà l'horizon, dans un dernier élan...
Ténébreux comme un paysage d'Island, mais riche en écriture David Vann nous emmène en Alaska.
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Cela faisait un moment que je me disais qu'il fallait que je lise cet auteur. Liligalipette m'y encourageait notamment et je sais qu'elle me fait souvent découvrir des petites pépites. C'est grâce à elle que j'ai découvert Philippe Claudel (que je vous encourage à lire si ce n'est pas déjà fait). Et la dernière critique de Miss Alfie, autre blogueuse influente, m'a décidée.

Quelle puissance dans le scénario ! J'ai adoré ! Est-ce le fait que cela fasse référence à la survie dans une île ? Ça, c'est mon côté aventurière virtuelle qui ressort. J'aime beaucoup Robinson Crusoé pour cela d'ailleurs. Est-ce le fait que cela m'ait rappelé également un autre livre, le Poids de la neige (de Christian Guay-Poliquin), dans lequel deux hommes devaient survivre dans le grand froid ? Toujours est-il que j'ai vraiment passé des moments agréables dans cette lecture. Je voulais savoir, arriver coûte que coûte à la fin (c'est toujours quand il ne reste plus qu'une dizaine de pages que vous êtes appelées pour des occupations de la vie quotidienne) de ce roman noir… très noir dans lequel il y a du sang et des larmes.

Si vous aimez les lieux inhospitaliers, les scènes glauques, n'hésitez pas !
Lien : https://promenadesculturelle..
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David Vann déroule magistralement cette morne et terrifiante histoire en deux parties.
La toute fin de la première partie m'a glacé. Argh!
Vrai, ça m'a fichu un drôle de coup. Je ne m'y attendais pas!
Je ne savais pas qu'un auteur était capable de faire cela. Ouch!
La mandale pile-poil quand tu regardes ailleurs.
C'est le roman du "trop tard", et c'est ce qui le rapproche de certaine Route post-apocalyptique.
Trop tard pour Jim le looser pathétique qui tente un rapprochement avec ce fils qu'il connaît si mal! Une sorte d'égocentrique dépressif même pas drôle!
Trop tard pour Roy qui a accepté de suivre son père dans une île coupée du monde (en Alaska, l'île!). Un ado, à peine.
Mais qui, vraiment, des deux est l'enfant?
Bon. le lecteur est prévenu par la 4e de couverture: L'aventure va mal tourner. Et dans le saumâtre, David Vann gardera le cap jusqu'à la dernière chute (sic) de son noir roman. Pas de cadeau, t'en as voulu (ou pas) alors tu en auras si toutefois tu vas jusqu'au bout.
Oh, comme je comprend ceux qui ont abandonné le bouquin en cours de lecture!...
Horus fonck, 624e critique, est allé au terme de ce cauchemar en deux parties... Et Sukkwan Island va le hanter quelques temps! Sûr.
Alors, cinq étoiles à mes yeux méritées... Mais cinq étoiles qui me piquent!
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Roy ne voulait pas vraiment se retrouver pendant un an sur cette île en Alaska en compagnie de son père. Sa première réponse était négative, Mais sa mère lui a demandé de bien réfléchir et il a compris qu'il était plus ou moins obligé d'accepter. Ses parents ont divorcé des années plus tôt et il vit avec sa soeur et sa mère en Californie. Il ne connait pas trop son père mais le sait fragile et instable.

Les premiers jours sur l'île vont lui donner raison. Jim, son père n'a rien préparé pour les conditions hivernales terribles de cette région. Roy du haut de ses treize ans doit organiser et prendre en charge les repas en pêchant, vidant le poisson, le cuisinant. La nuit il écoute son père pleurer et s'apitoyer sur son sort. Jim marche beaucoup. Souvent Roy le suit jusqu'au jour où Jim tombe d'une falaise. Roy le traîne jusqu'à la cabane, veille sur lui. Il ne peut prévenir personne, la radio ne fonctionne pas. Roy a un doute : son père est-il tombé ou s'est-il jeté du haut de la falaise ? Jim se remet de sa chute, comptant de plus en plus sur son fils pour le quotidien.

La marche vers l'enfer est enclenchée. La descente va être rude, lente, surprenante, choquante. L'état de sidération est total.

Je ne peux en raconter plus mais pour une fois je vais vous donner mon ressenti. Il n'y a rien de pire pour un enfant de ne pas se sentir en sécurité avec un parent. Alors lorsqu'il doit, en plus, prendre en charge cet adulte qui est censé le protéger, le sentiment d'insécurité est décuplé et l'envie, que tout cela s'arrête, est présente comme une voix lancinante. L'envie de reprendre une vie normale d'enfant.

Impossible d'écrire de cette façon sans avoir vécu ce sentiment de terreur. J'ai tourné les pages, rapidement, me demandant où était le bouton pause, histoire de reprendre mon souffle, mes esprits. Mais non, jusqu'au bout, jusqu'au fond du trou, jusqu'à l'éternité, jusqu'à la dernière page, dernière phrase, dernier mot.

Un récit époustouflant, choquant mais combien salutaire !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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« Il commençait à se demander si son père n'avait pas échoué à trouver une meilleure façon de vivre. Si tout cela n'était qu'un plan de secours et si Roy, lui aussi ne faisait pas partie d'un immense désespoir qui collait à son père partout où il allait. »

C'est superbement écrit, construit. Un grand roman qui narre l'histoire d'un fils et l'histoire d'un père. L'histoire de deux hommes, l'un ouvert, en attente de compréhension, l'autre fermé, enfermé plus exactement. Ce n'est pas l'histoire d'un père et de son fils, mais l'histoire d'un fils et de son père. Il n'y a pas d'échange réciproque dans cette histoire et c'est ce qui me frappe le plus. C'est donc de surprise en étonnement que je suis tombée petit à petit jusqu'au moment où la chute fût fatale et suis partie dans une spirale démentielle. Deux parties dans ce roman très bien menées dans lesquelles je suis entrée complètement. Une plongée dans les mêmes interrogations que l'enfant pour finir par dévisser et me noyer dans la folie, incroyablement décrite par David Vann.

« J'aurais pu (...) Si les saumons avaient bondi comme les oiseaux sur la route. »
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Je savais en ouvrant Sukwan Island que j'allais lire une histoire dure mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit aussi dure et violente.
Un père et son fils se retrouvent seuls sur une île en Alaska. le père est dépressif et ne le cache pas à son fils qui en souffre et vit la détresse de son père au quotidien. Il se sent alors le devoir de le protéger, de l'aider,de le surveiller, de le seconder et de le soutenir. Toutefois leur relation manque de chaleur , il y a peu de paroles, pas ou peu de contacts physiques, la communication entre eux est difficile.
L'atmosphère est pesante dans ce paysage hostile qui tient un rôle important au point d'en devenir presque un personnage .
On redoute donc dans ce climat rude le drame, on sait qu'il va y en avoir un, la quatrième de couverture nous prévient et beaucoup d'indices tout au long des pages le confirment mais j'ai été sous le choc devant LE drame auquel je ne m'attendais pas.
Ce livre est dur, sombre mais j'ai vécu intensément cet isolement en Alaska.
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A la lecture des premiers mots, on sent la tragédie annoncée...
Car dès lors qu'ils posent un pied sur Sukkwen island, Roy, 13 ans, et son père, Jim, la quarantaine, semblent voués au malheur.
Enveloppés et cernés par cette nature sauvage qui semble être une menace avec ses ours, sa forêt exubérante et sa météo capricieuse, Jim et son fils vont essayer de vivre un an, isolés de tout, sur cette petite ile perdue en Alaska, avec pour seul lien avec le reste du monde, un hydravion qui viendra tous les 2-3 mois.
L'aventure, périlleuse, s'avèrerait réalisable avec de l'expérience, ou un solide bon sens. Mais le père de Roy, qui possède un peu d'expérience, n'est par contre, pas vraiment bien équipé niveau bon sens...
Ce livre, est écrit en 2 parties bien distinctes ; le point de vue de Roy, le fils, dans un premier temps, puis la voix du père, Jim, en deuxième partie. C'est un livre troublant, choquant, où chaque mot est pesé, et pèse son poids... C'est un récit à deux voix, deux âges, deux fonctionnements, si différents et pourtant tellement similaires.
L'écriture de David Vann est simple, directe, mais poétique. Elle a quelque chose de naturel, d'évident, tout en étant dense et profonde.
On ne ressort pas indemne de cette lecture.
David Vann a 48 ans. Il a mis 10 ans pour écrire ce livre. Il est lui-même né en Alaska et a aussi vécu sur une petite ile dans son enfance.
J'ai lu ce livre en 3 jours, le lâchant parfois pour respirer, car il me semblait que je retenais mon souffle... Et j'ai eu hâte d'arriver à la fin, pour abréger mes souffrances et celles des personnages...
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