J'ai lu «
Chicha et autres nouvelles » en quarante-cinq minutes.
J'ai lu «
L'Exilée » en une heure et quelques.
Et là, je viens de lire «
le Spectateur » en à peine plus de temps.
Je ne lis pas les livres de
Virginie Vanos, je les dévore.
Et quand je les dévore, je les adore.
Ils coulent tous seuls.
«
le Spectateur » est dans la droite ligne des autres livres de Virginie et j'aime cette unité, cette harmonie, créée par l'unité des personnages, puisqu'on retrouve les mêmes caractères dans «
le Spectateur » et dans «
L'Exilée » mais aussi par la constance, la persistance et la maîtrise du style et des sentiments.
Alors, et je pense que Virginie, avec son humilité de jeune auteure ne m'en voudra pas si je commence par quelques menues critiques sur les rares et minuscules scories que j'ai trouvé dans «
le Spectateur » comme dans ses autres livres.
C'est vrai que quelques fois il m'a semblé que l'évolution des sentiments de ses personnages était un peu trop rapide, qu'il y manquait peut-être une ou deux étapes, un ou deux détails supplémentaires, pour les rendre un peu plus crédibles. Et ainsi, c'est vrai que quelques fois, le fil semble se distendre un peu, manquer un peu de matière, pour rester toujours aussi lumineux, même si on ne le perd jamais.
Mais ce ne sont que des détails qui ne gênent et n'altèrent jamais la lecture et qui n'enlèvent rien à la beauté et à la passion de ce livre.
Ce que j'aime particulièrement dans «
le Spectateur », c'est le style.
Le style de
Virginie Vanos.
Ce livre se lit absolument d'un trait, mais avec ce qu'il faut de souffle pour pouvoir toujours respirer. Il est simple, direct, pur, léger, au sens positif, c'est-à-dire non pas qu'il soit superficiel ou qu'il manque de profondeur, mais aéré, clair, avec juste ce qu'il faut de sophistication ici et là, pour le magnifier et le rendre un peu plus lumineux.
Il est rythmé, presque poétique parfois, et les brèves pauses qu'il offre servent judicieusement à reprendre ce qu'il faut de respiration et d'inspiration pour continuer immédiatement vers la suite.
L'intrigue, encore une fois, comme dans «
L'Exilée », n'est pas bien compliquée mais Virginie sait ménager ce qu'il faut de suspens, même si l'issue qui se propose au fil du roman n'est pas mystérieuse ni difficile à deviner, pour que le lecteur soit irrésistiblement entraîné vers la fin.
Ce que j'aime aussi, et peut-être plus, c'est la façon qu'a Virginie de nous présenter ses personnages.
Je crois qu'il est impossible de ne pas les aimer ou au moins de ne pas avoir d'affection pour eux.
En effet, comme dans «
Chicha » et dans «
L'Exilée », Virginie nous les dépeint par petites touches, nous en offre les contours avec quelques indices sur leur personnalité plus profonde, mais elle le fait avec tant de délicatesse, de respect, d'amusement et d'humour parfois, mais surtout avec tant de compassion et de tendresse, en un mot avec tant d'amour, qu'ils se révèlent comme de vrais amis qu'on aurait envie d'écouter, de comprendre et d'aider.
Comme toujours, Virginie ne veut pas trop les déranger dans leur intimité et elle nous laisse le soin, à nous lecteurs, de les imaginer plus complètement.
J'adore littéralement cette opportunité et cette ouverture que l'auteure nous propose et qui donne une dimension supérieure à son livre, qui bien que sombre parfois, en devient dès lors très lumineux.
Un mot sur l'histoire, sur l'intrigue.
Encore une fois, c'est une histoire simple, limpide, qui se lit facilement sans demander d'efforts de compréhension démesurés.
Les seules complications, et éventuellement les difficultés, qui apparaissent résident dans les sentiments des personnages, dans leur évolution et dans leur interaction entre personnages et en particulier entre Axel, le psychiatre, et Alexandra, sa patiente, car il s'agit effectivement de la rencontre entre un psychiatre et sa patiente qu'il finit par aimer, dans un assez classique phénomène de transfert.
Mais Virginie, justement, les décrit très directement et très simplement avec une étonnante justesse.
Alors, bien sûr, j'entends déjà certains esprits supérieurs et hautement intellectuels nous dire que cette interprétation des émotions et des sentiments est trop superficielle, que c'est plus compliqué que ça, etc, etc…
Moi, je dis que bien que n'étant ni psychanalyste ni psychiatre ni même psychologue mais néanmoins suffisamment versé et expérimenté dans l'observation des comportements que le récit de ce transfert est parfaitement exécuté et crédibilisé par Virginie, moins quelques détails, certainement, mais qui n'auraient rien ajouté à la beauté de l'histoire.
Car ce livre est beau, purement, simplement et honnêtement beau, comme les autres.
Il est fin, il est simple, il est lumineux et il ne laisse à aucun moment indifférent.
Car l'histoire du transfert n'est que le fil.
La vraie histoire, le vrai propos de Virginie, qui nous ramène à l'unité et à l'harmonie de tous ses livres, le vrai sujet, c'est l'amour et l'amitié.
Nous sommes invités à partager la vie des extraordinaires amis du spectateur et franchement, qui ne voudrait avoir un ami comme Orhan qui rassure son ami en lui disant qu'il a enfin découvert l'amour et que même s'il ne récolte rien en retour, c'est la plus belle chose qui pouvait lui arriver ?
Et qui, comme Axel, ne voudrait pas, enfin, pouvoir tout abandonner et laisser son passé derrière lui pour partir sur la route de son destin à la rencontre de son amour enfin trouvé ?
Alors, je n'ai pas pleuré. J'ai respiré. J'ai souri. J'ai pensé à mon véritable et inconditionnel amour.
Et j'ai mis «
le Spectateur » sur ma table de nuit, à côté de «
L'Exilée » et de mes dix autres livres préférés.