J'ai eu un moment d'hésitation quand, après quelques pages, j'ai compris que c'était une suite. Mais finalement, le prologue résumant plutôt bien le premier tome (et les thrillers n'étant absolument pas mon domaine donc absolument pas encourageant dans ce cas ci), j'ai décidé de me lancer quand même. Ce gros pavé broché en édition France Loisirs à couverture cartonnée qui prend de la place dans la bibliothèque doit faire de la place après ses quelques douze années passées devant mes yeux sans être ouvert... 🙄 (oui il était temps, à ma décharge, ce fut un cadeau 😬). J'ai eu du mal à rentrer dedans, vraiment. Je partais avec cet a priori de "j'aime paaaaas" puisque je savais qu'il était question d'enquête policière, j'ai tourné autour avec toute la mauvaise foi du monde les cent premières pages du livre. Et puis d'un coup, je me suis retrouvée complètement happée par l'histoire, les événements, la recherche, les secrets, l'écriture si bien menée. Il fallait que je sache qui, quoi, comment, pourquoi ! Et le bonheur de revenir à Gordes le temps d'une visite, d'imaginer ses hauteurs, ses rues de la mort quand il faut les monter, revoir la mini maison de ma tante perdue au bout d'un chemin, cette petite maison blanche où j'ai passé des jours heureux mémorables entre soirées DVD, gratins de légumes et balades dans les gorges et les sites naturels, me souvenir de ce Luberon dont les couleurs m'avaient fait chavirer. Énorme coup de coeur pour ce roman qui sort pourtant totalement de ma zone de confort. Ce confinement aura la peau de mon cerveau.
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Suspense bien ficelé!
''on est en plein délire les filles! Comment un ancêtre, que l'on ne connait pas, peut-il influencer le cours de notre vie? Comment peut-il marquer le destin de ses descendants? Comment ces non-dits se transmettent-ils à la génération suivante?''. Excellente écriture dans ce roman.
Thème de la psychogénéalogie et des études de Françoise Dolto sur l'enfant ''in utéro'', et ceux qui l'ont suivie.(ou précédée). J'ai apprécié la lecture ce livre!
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Le mot, ici réducteur, n’avait rien du « petit » presque affectueux de Bruno. Il se redressa et regarda Morel de haut. Sa coopération avec le nouveau s’enlisait depuis le début dans une espèce de défiance proche d’une rivalité de potaches, qu’il n’avait pas envie de voir tourner à son désavantage. Quant à Bruno, il crut déceler un vague sermon dans les derniers propos de son remplaçant, du genre : « Cette enquête ne te concerne plus, tu ne fais plus partie de la maison. »
Elle était dure, mauvaise, calculatrice. Froide. Il voulait éloigner Odile de ce voisinage avant qu’elle n’excelle, elle aussi, dans ces domaines. Amoureux, il avait pensé qu’une fois sortie du giron de sa mère Odile se démarquerait de celle-ci en adoptant des airs plus authentiques, oubliant par-dessus tout ce ridicule adage maternel selon lequel les hommes méritaient de souffrir. Longtemps convaincu
que la fille ne pouvait égaler la mère en fourberie, il avait toujours contré les arguments de ses parents qui lui promettaient une vie compliquée avec une compagne aussi hypocrite, arrogante, pimbêche, allumeuse, versatile, et il oubliait les autres qualificatifs que sa mère puisait dans un tiroir sans fond. Odile n’avait jamais plu à ses parents, ni sa mère. Les fiançailles de leur fils les avaient contrariés.
En temps normal, les notes cristallines auraient apaisé ses angoisses, mais ici, dans ce lieu inconnu qu’elle perçut aussitôt comme maléfique et lugubre, elle n’en avait capté que des menaces… Les yeux douloureusement écarquillés dans le salon froid et sombre, elle avait découvert ses liens, puis deux autres filles qu’elle ne connaissait pas, immobilisées dans les mêmes conditions qu’elle, assises dans des fauteuils près du sien, à constituer ce qui lui avait semblé un tribunal improvisé… et puis enfin, la silhouette – vaguement familière ! Oh, mon Dieu ! Faites que… ! – que la lumière d’un haut abat-jour atteignait à peine. Elle avait d’un seul coup compris ! Son hurlement avait buté contre son bâillon, tandis que les doigts s’allégeaient sur les touches blanches et noires, mettant fin à la sonate.
Il tentera d’oublier, enfouissant au plus profond de lui colère, amertume et regret, revenant rarement entre les murs de la maison familiale qui lui rappellent trop son bonheur perdu, auprès de son père grabataire, que les vieux gardiens Anna et Adrien soignent comme leur propre fils.
Jusqu’à ce jour d’octobre 2000, où il revient, poussé par un obscur désir… pour découvrir, horrifié… la mystification du paralytique !
Depuis vingt aimées, Eugène Socrate feint d’avoir perdu la raison pour se faire oublier des siens, croyant les préserver, mais consumé de haine pour les menteuses d’autrefois. Bouleversés, les deux hommes vont réapprendre à communiquer, à renfort de coups de craie sur une ardoise, de clignements de paupières, de soupirs et de tendresse.
Cette jeune fille l’avait ému dès leur premier contact. Il y a des gens, des inconnus, qui remuent des choses à l’intérieur de vous, sans le vouloir. C’était à la fois simple et pourtant source d’émoi, de surprise et d’interrogations. En dehors de ses deux filles, qu’il avait eues sur le tard, à présent mariées, sans enfants, et habitant la région parisienne, Bruno avait une nièce qui lui avait fait cadeau d’une filleule âgée aujourd’hui de douze ans. Florence lui avait donné un reflet de ce que serait bientôt sa petite-nièce : une longue fille blonde au sourire énigmatique, au regard sage et profond. Avec en moins, enfin l’espérait-il pour la fillette, cette vague tristesse au fond des yeux.