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EAN : 9791022612388
352 pages
Editions Métailié (13/01/2023)
3.88/5   62 notes
Résumé :
Le détachement militaire du col de Roca Pelada est perché au-dessus de toutes les villes de la planète et de presque toutes les espèces vivantes, pour y accéder il est plus facile de descendre d’un nuage que de grimper la cordillère. Entre orages magnétiques et pluies de météorites, avec pour tout horizon le désert qui mène aux volcans et aux geysers, face à face deux garnisons de postes de frontière se surveillent. Un jour le commandant de l’un des postes change, e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Le col de Roca Pelada ,un post- frontière dans La Cordillère des Andes. Un poste ne servant qu'à affirmer les symboles nationaux, délimiter les juridictions ,contrôler les bornes le long de la cordillère, dans une des régions les plus désertiques de la planète. Rien de bien fatigant , pour cette curieuse faune de personnages , une vingtaine d'hommes installé de part et d'autre de la ligne invisible, qui faute de travail , majoritairement s'épient. Leur seul moyen de contact avec la civilisation étant l'émetteur radio, et le train qui fonctionne un jour sur deux. À 5000 mt, dans une intense sensation de vacuité et de solitude au désarroi vertigineux, bercé de secousses sismiques , après la Patagonie* nous voici embarqué dans une nouvelle épopée aux confins du monde ,
« Ses milliers de kilomètres carrés étaient déserts, congelés dans l'espace, même si de temps à autre on apercevait un puma en quête d'une femelle, un couple de condors poursuivant un rongeur, une bande de lamas franchissant la frontière ou une renarde allaitant sa portée. Il pouvait aussi arriver qu'un mystérieux monticule de pierres surgisse du jour au lendemain, mais c'était plus rare. »
Comme dans son précédent livre Varela ne lésine pas sur l'humour.
Les types de l'autre côté sont des « carabouffants », des « vautours »…Les fameuses bornes portent chacune un double nom donné de chaque côté. Appelées « cailloux »dans leur jargon ils sont souvent source de majeurs disputes entre les deux garnisons, quand il ne sont pas occupés à se refiler de la farine proteinée riche en vers 😁, du sucre protéiné à base de fourmis, ou des patates séchées pourries….À qui peut mieux escroquer l'autre !

À Roca Pelada l'absurde et la logique sont des mots différents pour qualifier la même chose 😁! Mais le Pompon va être l'arrivée d'une femme en uniforme de l'autre côté de la frontière, en plus le plus haut gradé de tout Roca Pelada , ……Vera Brower 🤩, même son nom suffit à faire rêver……et elle n'est nullement une illusion d'optique provoquée par la distance dans l'atmosphère raréfié. Comme on peut l'imaginer Costa, notre lieutenant n'en dormira plus 😁, mais dommage, par pour la vraie raison pour laquelle on l'a envoyée dans cet endroit.

J'avais beaucoup aimé son précédent livre, et celui-ci est dans la même verve, sauf qu'ici on plane beaucoup plus haut, des altitudes propres à ces pays d'Amérique latine où les décharges d'orages et les amours peuvent être mortelles 😁! Varela à part une réflexion sur le sens de la Vie dans des circonstances particulières, sur l'absurdité des frontières et de l'univers très différent des nôtres des cultures anciennes, nous y offre aussi à nouveau des personnages intéressants, originales qui nous font sourire , comme l'insolent sergent Quipildor 😊et ses beignets, « le sorcier » qui mange des gravillons et s'exprime en plusieurs langues se contrefichant de l'Autorité dans ce No man's Land, les « tropicaux «  qui se saoulent à l'oxygène, et bien sûr notre lieutenant Costa le rêveur et son homologue ennemi Vera la coquine rouquine. Embarquez-vous sans hésiter 😊, une lecture agréable , dépaysante et désopilante et en prime du Suspens !

« Pour vous c'est des superstitions, pour moi aussi, mais pour eux c'était la vérité…..
– Et vous autres, vous savez où est la limite entre croyances et superstitions ?
– C'est pareil, ne cherchez pas de limites là où il n'y en a pas. La magie et la raison sont deux manières différentes de voir la même chose. »

Un grand grand merci aux Éditions Métailié et NetGalleyFrance pour l'envoi de ce beau livre.
#Rocapelada #NetGalleyFrance



* « Patagonie route 203 » , son précédent livre.
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Au terme des cent premières pages de ce roman, je n'aurais jamais envisagé de lui attribuer quatre étoiles, peut-être même pas trois, les longueurs, atermoiements, divagations des différents protagonistes devenant vraiment lassantes jusqu'à ce fameux déclic que j'ai connu dans bien des lectures, moment où toutes les perceptions basculent, où le grandiose chasse ce qui semblait n'être que confusion pour revêtir cette dimension exceptionnelle des grands romans.

Enfin, cette première de couverture magnifique tenait ses promesses et l'immersion dans l'absurde, la dérision, l'humour, la mélancolie, la nostalgie qui peuplent les pensées et actes des différents personnages, devenait un plaisir de chaque page non plus parcourue à la hâte mais lue avec délectation, relue même quelquefois.

Un homme, lieutenant d'un poste frontière, entretient une amitié spéciale avec son ennemi, homologue de l'autre poste, tous deux séparés par un no man's land qui sera le théâtre de nombreuses péripéties de ce livre. le lieutenant ennemi est remplacé par une femme, une rouquine à la peau ambrée, au caractère puissant et l'histoire prend une tournure de roman d'amour dépassant largement le cadre de la bluette pour atteindre ces sommets de la relation physique et sentimentale qui peut unir un homme et une femme.

Mais, ce sont tous les autres personnages du livre qui apportent leur touche d'absurde, de dérision, d'incohérence ou de raison, avec toutes les limites du pouvoir lorsqu'il est exercé à plus de 5 000 mètres d'altitude, dans cette cordillère andine qui saisit les corps et les esprits.

Le merveilleux, le magique ont aussi leur place, qu'il s'agisse de découvertes archéologiques ou de la relation fusionnelle de quelques secondes entre le héros principal et une femelle puma qu'il avait eu l'occasion d'observer longuement à la jumelle durant sa gestation, s'interrogeant sur le devenir de sa portée.

Un train attendu durant des semaines, une locomotive folle, la terre qui bouge, les bornes qui se déplacent, les croyances et les sentiments qui se mêlent, tout cet ensemble contribue à la richesse de ce texte dense qu'il faut surtout lire jusqu'au bout en acceptant les longueurs et mises en place de la première partie.

C'est un beau roman de dialogues, de méditation, de poésie, d'amour, de réflexion philosophique sur les attentes des hommes et des femmes, leurs insatisfactions, leur quête perpétuelle de ce qu'ils ne parviennent pas à définir comme le bonheur, une notion qui échappe à l'esprit humain quand il navigue à la haute altitude de Roca Pelada.

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Un rocher pelé à 5000 mètres d'altitude dans la Cordillère des Andes, deux postes frontière de part et d'autre d'une ligne imaginaire et aléatoire, pour ne pas dire étrangement fluctuante comme sait en pondre notre droit international, et un lieutenant à la tête de chacun qui, ensemble, s'affrontent en copinant. Entre deux tournées de whisky ou deux tournois de football, c'est à qui tirera telle météorite de son côté de la frontière, ou repoussera les limites de son territoire de quelques centimètres en pissant le plus loin. Pour vérifier qu'on est bien le dernier à avoir pissé, chaque clan organise des expéditions secrètes régulières mais, la plupart du temps, il s'agit pour les « trouffions » des deux camps de trouver comment passer le temps.
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Alors on s'épie mutuellement, on observe la faune faute de flore et on en oublie de surveiller ce pour quoi on est là : que personne ne traverse la frontière par cet endroit qui n'est pas fait pour ça, car truffé de champs de mines sur lesquels mourir, et de cimetières indiens à piller. Une vie à peu près réglée jusqu'à ce que le lieutenant des « carabouffons », les « vautours » d'en face, soit remplacé par UNE capitaine loin d'être une bouffonne, à la chevelure flamboyante, au duvet caressant et aux yeux ensorceleurs. Il faudra tous les efforts du monde au lieutenant Costa pour garder ses esprits - mais pas sûr qu'il y arrive car, entre les esprits des morts qui hantent le lieu, et son régiment qui perd l'esprit à cause de ballons d'oxygène, il est dur de rester sain d'esprit.
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C'est un roman d'atmosphère, et d'une atmosphère particulière qui ressemble à celle de l'absurde. Ca ne l'atteint pas totalement, par chance pour moi qui le supporte mal, mais on nous fait bien comprendre que la logique et l'absurde sont les deux faces d'une même pièce. Et c'est vrai qu'il suffit parfois de pousser la logique jusqu'au bout pour se rendre compte de son absurdité. En cela, ce roman est réussi avec ses réflexions sur la notion de frontières et de bornes que l'on pose aux pays, aux peuples et à soi-même.
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C'est à la fois ce qui crée des dialogues par moment très drôle, et ce qui atteint ma propre limite de la crédibilité d'une histoire : j'ai du mal à croire qu'un lieutenant de l'armée puisse se laisser déborder autant par ses subalternes, malgré le décor et l'ambiance posés. du coup ces touches d'absurde ou d'exagération ont toujours le don, dans les romans, de me sortir un peu de l'histoire en la décridibilisant, devenant too much pour mes goûts personnels. Dans le même temps, je sortais d'un roman qui dépote un peu et j'étais toujours dans cette dynamique en ouvrant ce roman qui, du coup, m'a paru un peu lent surtout au début.
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Pourtant, entre la lenteur du début où j'ai frôlé l'ennui et le n'importe quoi de la fin où tout part à vau-l'eau qui m'a fait lever les yeux au ciel (mais qui fonctionne très bien avec l'histoire et l'ambiance), j'ai bien aimé les descriptions de l'endroit (« pour y accéder il était plus facile d'y descendre d'un nuage que de grimper la cordillère », « depuis quelques jours de gros nuages violet trônaient sur les cimes comme des oiseaux préhistoriques couvant leurs oeufs ») et les portraits des personnages, qui plantent le potentiel cocasse des situations lunaires ou de l'humour suintant des dialogues à suivre. Si bien que, très vite, cet enlisement dans la roche eh bien, je n'ai plus pu m'en défaire. Au milieu du roman j'étais dans l'ambiance : j'ai franchement ri des dialogues radio codés, et je me suis prise à aimer la relation secrète mais somme toute assez sensuelle entre deux personnages, sous la lune et les nuages.
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Un petit moment suspendu, en demi-teinte pour moi mais qui trouvera sans mal son public car les personnages et l'atmosphère continuent de s'accrocher au lecteur après qu'il a refermé le livre. Un livre comme un sortilège, envoutant dans sa langueur - il n'y a qu'une lettre qui le sauve de la longueur - et dans ses délires oniriques issus du manque d'oxygène et de ces feuilles de coca, que tout le monde mâchonne à tout va pour le supporter !
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Quelque part dans la cordillère des Andes, peut-être bien aux confins de l'Argentine et du Chili ou de la Bolivie, il y a le col de Roca Pelada (« roche pelée » en VO), perché à près des 5000m d'altitude. Autant dire qu'à ces hauteurs quasiment inhumaines, les êtres vivants sont peu nombreux : un puma, des guanacos et quelques hommes. Parmi ces derniers, de rares autochtones et deux détachements de soldats. Oui, deux, car à Roca Pelada, ce milieu de nulle part, passe la frontière, avec donc un poste et des gardes de chaque côté. Dans ce désert du haut du monde, c'est le minéral et le magnétique qui règnent, s'exprimant à travers volcans, geysers, orages, secousses sismiques, électricité statique. Un environnement hostile où les hommes ne sont pas à leur place, encore moins les nouvelles recrues d'un des deux postes, tout juste arrivées de leur plancher des vaches tropical chaud et humide, et victimes du mal de l'altitude.

Il ne se passe pas grand-chose à Roca Pelada, où les commandants de chaque camp tuent le temps en scrutant l'horizon infini à la jumelle à la recherche d'éventuels contrebandiers, en répertoriant des bornes frontière (que les uns et les autres déplacent furtivement pour gagner quelques mètres carré de territoire), et en faisant repeindre à la chaux la ligne de démarcation.

Un jour, survient un grand chamboulement : le commandant Gaitan, de la Ronde des Confins (côté ouest de la frontière) annonce à son homologue Costa, de la Garde-Frontière (côté est), qu'il va être remplacé. Dans cet univers pétrifié, c'est là une surprise de taille, qui devient carrément coup de théâtre quand Costa réalise que le nouveau commandant est une femme, la capitaine Vera Brower.

Commence alors entre Costa et Vera un jeu de chat et de souris, l'un cherchant à découvrir la mission secrète de l'autre. Mais entre ces deux officiers appartenant (en théorie) à des armées ennemies, la frontière va (en pratique) se brouiller...

Dans ce roman hypnotique (aah, le mal des montagnes et ses vertiges...), on assiste à des scènes et des dialogues surréalistes, absurdes, savoureux. Les corps et les âmes sont mis à rude épreuve par le manque d'oxygène, parfois victimes d'hallucinations, et fantasment sur un retour vers le monde d'en-bas, animé, mouvant, réel. Entre rigidité militaire et sensation d'être en permanence détaché des contingences matérielles et temporelles, le col de Roca Pelada est le lieu improbable des questionnements existentiels sur le sens de la vie et même sur l'amour. Un paradis (ou un enfer, c'est selon) à l'écart et à l'abri du monde : « Quand Gaitan aurait réalisé ses aspirations dans la plaine, elles se changeraient vite en routine et perdraient leur magie, tôt ou tard il reviendrait vers les hauteurs de Roca Pelada où le passé et le présent étaient des idées aberrantes qui libéraient les hommes de leur mémoire. Ce n'est qu'en retournant dans la cordillère qu'il pourrait jouir de sa mer et de ses femmes exubérantes, son poisson frais, son air marin et ses vagues ».

Malgré quelques longueurs, un beau roman profond, drôle et magnétique.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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« Ne fais pas attention à moi, je suis d'une autre planète, je vois toujours des horizons où tu dessines des frontières ».
Postée par Idil, cette citation de Frida Kahlo qui accueille le lecteur à Roca Pelada, ne m'a pas laissée d'autre choix que de me précipiter sur ce livre. J'avais déjà adoré mon errance en Patagonie sur la route 203, premier bouquin d'Eduardo Fernando Varela, là j'ai été saisi par le vertige dû non pas aux 5000 mètres où culmine le col de Roca Pelada mais par le fond.

Roca Pelada dans la cordillère des Andes. de la roche, des volcans, désert de pierres, des airs de rien. Altitude de croisière, 5000 mètres. L'oxygène se fait rare là où passe une ligne imaginaire qu'on appelle frontière. Qui dit frontière dit gardes frontière. Quelques hommes d'un coté, quelques hommes de l'autre, garants de la sécurité de leurs pays, chargés de surveiller… de surveiller.
Autant dire qu'à cet endroit ravitaillé par les corbeaux locaux, il n'y a rien à faire d'autre que d'observer les quelques signes de vie laissés par les aigles, condors et autres pumas pas encore contaminés par la bêtise du mâle de l'altitude. Oui bêtise puisque pour justifier de sa présence, le soldat qui surveille le néant doit s'occuper et quoi de mieux pour s'occuper et travailler pour la patrie que d'essayer de rogner de la terre au pays voisin. Saine occupation que de déplacer régulièrement les bornes marquant son territoire .
A la cérémonie des « cons d'or » pas de doute, tous les nominés seront gagnant, quel que soit le coté de la ligne où ils seront nés.
A force de n'avoir rien à surveiller, ils s'épient essayant de savoir ce que l'autre coté prépare. Une invasion ? Des beignets ?
Si la routine militaire bat son plein, l'arrivée de la capitaine Vera Brower va quelque peu chambouler le quotidien mais bon, je vais pas raconter le bouquin.

Eduardo Fernando Varela nous donne l'occasion, à travers ce roman, de réfléchir sur le bien fondé d'avoir le droit de circuler à tel ou tel endroit suivant l'endroit où l'on est né. Sur l'absurdité des hommes qui acceptent de se retirer du monde, de la vie, en ayant pour mission d'entretenir la peur de l'autre, le repli sur soi des fauves que nous sommes qui pissent dans tous les coins pour marquer leur territoire. Petits pissous entre parenthèses que nous, « oxydantaux », n'hésitons pas à aller faire ailleurs quand il s'agit d'aller piller les sols lointains mais que nous n'acceptons pas de la part de gens qui veulent seulement vivre (mais c'est une autre histoire, je sais)…
Petite réflexion aussi sur les limites que nous nous mettons dont nous sommes seuls responsables et sur la prise de conscience que la liberté dont nous nous targuons n'est que conditionnelle.
Si j'ai préféré l'humour et les dialogues savoureux de son précédent bouquin, le sourire s'invite régulièrement au fil des pages.
Merci à Idil pour, une fois encore, la piste de lecture bien étoilée.
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critiques presse (5)
LeMonde
17 avril 2023
Pour l’imaginaire, les territoires hostiles sont parfois les plus fertiles. C’est le cas chez Eduardo Fernando Varela. Dans Patagonie route 203, son premier roman (Métailié, 2020), cet écrivain argentin, également scénariste de cinéma et de télévision, se plongeait dans la pampa ­patagonienne pour composer le road-trip hilarant d’un chauffeur routier transportant des fruits exotiques de contrebande.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Marianne_
21 mars 2023
C’est une quête de l’indicible, dans les hautes montagnes de la Cordillère des Andes, là où la raréfaction de l’oxygène ralentit les gestes et les idées, et où les mots, bizarrement, changent de sens.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Bibliobs
21 mars 2023
C’est le « Désert des tartares » façon Varela, en moins philosophique et plus rocambolesque.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
03 mars 2023
Par Eduardo Fernando Varela, deux garnisons en face à face à plus de 5 000 mètres d’altitude défendent chacune leur frontière.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
02 mars 2023
Cette fois-ci, rangé des embardées, c’est un huis clos qu’il nous propose, perché dans la cordillère des Andes, précisément dans un poste-frontière de la fictive Roca Pelada, c’est-à-dire la «Roche pelée».
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Les journées sur cette frontière morne et pétrifiée, pareille à un planisphère abandonné, étaient toutes semblables : celle qui commençait s'immiçait dans celle qui finissait et on ne pouvait pas affirmer avec certitude que la journée en cours n'était pas celle de la veille ou du lendemain. Cette intense sensation de vacuité et de solitude provoquait un désarroi vertigineux. La mince couche d'air n'avait pas le même poids que dans la plaine et sous la pression atmosphérique minimale le temps s'effilochait, donnant l'impression que les faits et les pensées sans début ni fin, ne prenaient jamais corps. Si les soixante-dix pour cent de la planète étaient recouverts d'eau, à Roca Pelada cet espace était occupé par le ciel dont les lambeaux se détachaient des hauteurs comme des feuilles transparentes et se déposaient sur les choses.
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Pendant les nuits glaciales, lorsque l’onde des sons s’incurvait vers le bas, il entendait avec une netteté surnaturelle le claquement des cailloux qui glissaient des cratères comme de petits torrents, ou encore le murmure bouillonnant des sources. C’était une raison suffisante pour qu’il reste ici, mais il ne trouvait pas les mots pour l’exprimer, il avait essayé de l’écrire dans ses carnets, sans autre résultat que des phrases dépourvues de sens. Les mots qu’il couchait sur le papier finissaient par se dissoudre dans l’atmosphère comme ceux qu’il lisait dans les livres et il était alors impuissant à maintenir ses pensées dans un cadre.
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Tous deux comprirent que le moment était venu d'ensevelir définitivement leurs corps, de tracer de nouveau la ligne qui les séparait pour en retrouver les contours perdus dans les vapeurs du volcan,alors, se pressant l'un contre l'autre, poussés par un désir fiévreux, leurs mains et leurs bouches se joignirent. Ils avaient besoin de conjurer l'abîme où ils allaient se précipiter dans quelques heures, quand tout serait fini, quand cette douce pénombre se serait évanouie et que retomberait sur eux la lumière incandescente de Roca Pelada qui était une autre forme de l'oubli.
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– Pourquoi tu veux changer de vie maintenant que tu es tout près de la retraite ?
– Et quand veux-tu que je change de vie, quand je serai mort ?
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Ne soyez pas naïf, Costa, une nation n'est rien d'autre qu'une multitude de gens qui vivent au même endroit et croient aux mêmes choses. Effacez cette ligne absurde et dessinez la autrement, horizontalement, verticalement, ou comme ça vous chante, vous aurez toujours une nation de chaque côté et un illusionniste qui trouvera les mots pour le justifier. Ainsi qu'un troupeau de moutons dociles et contents, comme vous.
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